
Cyanobactéries ou Anabaena sperica
17 octobre 2006
Selon la plus récente compilation réalisée par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) à la demande du Devoir, le nombre de lacs touchés est passé de 50 l'an dernier à 71 cette année. En 2003, quelque 43 lacs se sont retrouvés aux prises avec des proliférations des cyanobactéries qui produisent une toxine dangereuse pour les humains et les animaux à certaines concentrations.
Dans certaines régions, comme au lac Massawippi, en Estrie, où l'on a assisté à un important «bloom» d'algues bleues-vertes, les populations riveraines, notamment celle de North Hatley, ont dû cesser toute utilisation de l'eau pendant plusieurs jours, y compris pour la douche, en raison des fortes concentrations de toxines. À Québec, où on a décelé au cours des derniers jours la présence de cyanobactéries dans le lac Saint-Charles, qui alimente la ville en eau, l'alerte n'a heureusement pas été critique. En effet, les concentrations n'ont pas dépassé les 1000 cyanobactéries par millilitre d'eau et l'on n'a relevé vendredi dernier aucune trace de bactérie ou de toxine à la prise d'eau municipale ou à la sortie du système de traitement, précisait hier soir le directeur régional du MDDEP, Michel Vallières.
Selon la plus récente compilation réalisée par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) à la demande du Devoir, le nombre de lacs touchés est passé de 50 l'an dernier à 71 cette année. En 2003, quelque 43 lacs se sont retrouvés aux prises avec des proliférations des cyanobactéries qui produisent une toxine dangereuse pour les humains et les animaux à certaines concentrations.
Dans certaines régions, comme au lac Massawippi, en Estrie, où l'on a assisté à un important «bloom» d'algues bleues-vertes, les populations riveraines, notamment celle de North Hatley, ont dû cesser toute utilisation de l'eau pendant plusieurs jours, y compris pour la douche, en raison des fortes concentrations de toxines. À Québec, où on a décelé au cours des derniers jours la présence de cyanobactéries dans le lac Saint-Charles, qui alimente la ville en eau, l'alerte n'a heureusement pas été critique. En effet, les concentrations n'ont pas dépassé les 1000 cyanobactéries par millilitre d'eau et l'on n'a relevé vendredi dernier aucune trace de bactérie ou de toxine à la prise d'eau municipale ou à la sortie du système de traitement, précisait hier soir le directeur régional du MDDEP, Michel Vallières.
Les «fleurs d'eau»,

Cyanobactéries ou Anabaena sperica
Les «fleurs d'eau», le joli nom que l'on donne aux dangereux «blooms» ou explosions de cyanobactéries, ont été relativement stables sur la rive sud du Saint-Laurent entre 2004 et 2006, contrairement à l'augmentation vraiment importante constatée sur la rive nord.
Ainsi, le nombre de fleurs d'eau s'est maintenu sur la rive sud dans les trois dernières années respectivement à 30, 28 et 31 lacs. C'est véritablement la situation enregistrée sur la rive nord du fleuve qui fait exploser cette année le bilan provincial. En effet, on enregistrait en 2004 seulement 13 blooms d'algues bleues-vertes au nord du Saint-Laurent. Mais ce nombre grimpait à 20 l'an dernier et faisait un bond de 100 % cette année, alors qu'on y dénombrait 40 lacs où la présence des cyanobactéries a été confirmée par le ministère.
Mais la relative stabilité qui se dégage du bilan de la rive sud exige d'être nuancé car, tout comme sur la rive nord, les mêmes lacs ne sont pas également atteints d'une année à l'autre et tous ne sont pas touchés chaque année.
Ainsi, le nombre de fleurs d'eau s'est maintenu sur la rive sud dans les trois dernières années respectivement à 30, 28 et 31 lacs. C'est véritablement la situation enregistrée sur la rive nord du fleuve qui fait exploser cette année le bilan provincial. En effet, on enregistrait en 2004 seulement 13 blooms d'algues bleues-vertes au nord du Saint-Laurent. Mais ce nombre grimpait à 20 l'an dernier et faisait un bond de 100 % cette année, alors qu'on y dénombrait 40 lacs où la présence des cyanobactéries a été confirmée par le ministère.
Mais la relative stabilité qui se dégage du bilan de la rive sud exige d'être nuancé car, tout comme sur la rive nord, les mêmes lacs ne sont pas également atteints d'une année à l'autre et tous ne sont pas touchés chaque année.

Fleur d’eau de cyanobactéries sous forme d’écume en surface de l’eau et dépôt d’écume sur la plage (en période de vent très calme) − Baie Missisquoi, septembre 2001, Martin Mimeault, MENV
Ainsi, dans le bassin de la Yamaska, cinq des onze lacs touchés depuis trois ans ont été frappés pendant ces trois années consécutives. Il s'agit notamment des lacs Boivin et du réservoir Choinière dans le territoire de Granby. C'est d'ailleurs dans ce réservoir que cette municipalité prend ses eaux brutes qu'elle traite à grand prix, y compris avec un système de charbon activé, pour pouvoir effacer toute trace des toxines et des cyanobactéries. On retrouve aussi dans la liste des lacs touchés depuis trois ans dans le bassin de la Yamaska les lacs Brome, Roxton et Waterloo. Tous ces lacs n'ont pas fait l'objet d'un avis de non-consommation par les services de santé publique car, si on y a décelé des algues bleues-vertes, les concentrations n'atteignaient pas nécessairement la cote d'alerte rouge, i.e. le niveau de danger où la consommation et même le contact avec l'eau peut être dangereux.
Le bassin de la rive sud où l'on retrouve le plus grand nombre de lacs touchés est sans contredit celui de la rivière Saint-François, dont le bassin versant abritait 14 lacs touchés cette année, comparativement à 9 et 8 en 2004 et 2005.
Les autres lacs touchés en rafale depuis trois ans sont les lacs Nairne dans le bassin de la Malbaie, Maskinongé à Saint-Gabriel-de-Brandon, de la Sablière à Saint-Joseph du lac dans le bassin de l'Outaouais, les lacs Saint-Augustin, Saint-Joseph et Sergent dans la région de la Capitale-Nationale, le lac Témiscouata et la Baie de Missisquoi sur le lac Champlain, un des premiers à avoir fait les manchettes pour cette raison au milieu des années 90.
Nouveaux lacs touchés
Sur la rive nord, on compte cinq lacs touchés cette année pour la première fois dans le bassin de la Gatineau, deux dans le bassin de l'Harricana, sept dans le bassin de l'Assomption, six dans le bassin de la Lièvre, deux respectivement dans les bassins de la Rivière-du-Nord, de l'Outaouais et de la rivière Rouge.
Un biologiste gouvernemental, qui n'a pas eu le temps hier d'obtenir les complexes autorisations pour pouvoir parler à un journaliste avant l'heure de tombée, expliquait que l'augmentation des blooms de cyanobactéries ne peut être automatiquement attribuée à des facteurs «structurels» comme le déboisement, une trop grande densité d'occupation par les humains, par l'état souvent lamentable des installations septiques, par des apports d'oligo-éléments comme le phosphore utilisé en agriculture, sur les golfs et dans les parterres, etc.
La température très pluvieuse du début de la saison estivale, disait-il, pourrait avoir joué un rôle «conjoncturel» cette année en stimulant l'érosion et les apports de matière organique dans les plans d'eau, ce qui les enrichit en phosphore, cet oligo-élément qui favorise les fleurs d'eau bleues-vertes.
La matière organique qui s'accumule annuellement au fond des lacs avec des concentrations de phosphore variables selon les milieux est décomposée par des bactéries de toute sorte, une intense activité biologique qui peut engendrer un état d'anoxie ou d'absence d'oxygène. C'est alors qu'apparaissent toute une autre série de bactéries anoxiques qui extraient le phosphore de cette matière décomposée. Le «monstre phosphore» qui sommeillait dans les sédiments se réveille alors pour favoriser, selon les conditions climatiques et biochimiques, l'une ou l'autre des nombreuses populations de phytoplancton, dont la plus dangereuse est celle des cyanobactéries. Chaque population a sa «fenêtre» de développement, ce qui explique qu'un lac peut être atteint une année mais pas l'autre, explique le même biologiste.
Mais les facteurs «structurels» jouent un rôle majeur dans ces blooms d'algues. Et il est rare que la situation s'améliore, compte tenu de la pression croissante qu'exerce la villégiature sur les écosystèmes lacustres. Par exemple, le phosphore présent dans les déjections humaine finit par sortir des fosses septiques. Ce phosphore rejoindra les lacs par lixiviation dans les eaux souterraines s'il n'y a pas suffisamment de racines d'arbres pour le capter. Les mêmes arbres vont évidemment ralentir le processus d'érosion qui charrie la matière organique et le phosphore en surface pour l'empêcher de devenir une bombe biologique à retardement, en attendant les conditions propices d'un bloom d'algues. Mais le même phosphore peut aussi, comme l'azote, favoriser une explosion des grandes algues, qui paralysent l'utilisation des lacs par les villégiateurs.
C'est pour mettre fin de façon permanente au vieillissement prématuré du lac Dion que la municipalité de Saint-Damien-de-Bruckland, dans Bellechasse, a adopté à la demande de la majorité de ses riverains un règlement qui obligera les 67 propriétaires de chalets à brancher les toilettes domestiques sur des fosses scellées. Seules les «eaux grises» pourront être rejetées à la fosse septique et au champ d'épuration. Ce plan de restauration du lac Dion a exigé une approbation spéciale du MDDEP parce qu'il dépassait toutes les normes provinciales. Il a été mis au point par un expert embauché par les riverains et la municipalité, expliquait hier au Devoir la présidente du Comité de restauration, Véronique Brisson. Cette prise en charge sans concession des apports d'origine humaine dans ce lac pour éviter son eutrophisation s'inscrit dans un plan d'ensemble de mesures, dont la plantation de 30 000 arbustes à l'époque où le ministère les fournissait gratuitement aux riverains.
Pour en savoir plus
http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/eco_aqua/cyanobacteries/index.htm
Le bassin de la rive sud où l'on retrouve le plus grand nombre de lacs touchés est sans contredit celui de la rivière Saint-François, dont le bassin versant abritait 14 lacs touchés cette année, comparativement à 9 et 8 en 2004 et 2005.
Les autres lacs touchés en rafale depuis trois ans sont les lacs Nairne dans le bassin de la Malbaie, Maskinongé à Saint-Gabriel-de-Brandon, de la Sablière à Saint-Joseph du lac dans le bassin de l'Outaouais, les lacs Saint-Augustin, Saint-Joseph et Sergent dans la région de la Capitale-Nationale, le lac Témiscouata et la Baie de Missisquoi sur le lac Champlain, un des premiers à avoir fait les manchettes pour cette raison au milieu des années 90.
Nouveaux lacs touchés
Sur la rive nord, on compte cinq lacs touchés cette année pour la première fois dans le bassin de la Gatineau, deux dans le bassin de l'Harricana, sept dans le bassin de l'Assomption, six dans le bassin de la Lièvre, deux respectivement dans les bassins de la Rivière-du-Nord, de l'Outaouais et de la rivière Rouge.
Un biologiste gouvernemental, qui n'a pas eu le temps hier d'obtenir les complexes autorisations pour pouvoir parler à un journaliste avant l'heure de tombée, expliquait que l'augmentation des blooms de cyanobactéries ne peut être automatiquement attribuée à des facteurs «structurels» comme le déboisement, une trop grande densité d'occupation par les humains, par l'état souvent lamentable des installations septiques, par des apports d'oligo-éléments comme le phosphore utilisé en agriculture, sur les golfs et dans les parterres, etc.
La température très pluvieuse du début de la saison estivale, disait-il, pourrait avoir joué un rôle «conjoncturel» cette année en stimulant l'érosion et les apports de matière organique dans les plans d'eau, ce qui les enrichit en phosphore, cet oligo-élément qui favorise les fleurs d'eau bleues-vertes.
La matière organique qui s'accumule annuellement au fond des lacs avec des concentrations de phosphore variables selon les milieux est décomposée par des bactéries de toute sorte, une intense activité biologique qui peut engendrer un état d'anoxie ou d'absence d'oxygène. C'est alors qu'apparaissent toute une autre série de bactéries anoxiques qui extraient le phosphore de cette matière décomposée. Le «monstre phosphore» qui sommeillait dans les sédiments se réveille alors pour favoriser, selon les conditions climatiques et biochimiques, l'une ou l'autre des nombreuses populations de phytoplancton, dont la plus dangereuse est celle des cyanobactéries. Chaque population a sa «fenêtre» de développement, ce qui explique qu'un lac peut être atteint une année mais pas l'autre, explique le même biologiste.
Mais les facteurs «structurels» jouent un rôle majeur dans ces blooms d'algues. Et il est rare que la situation s'améliore, compte tenu de la pression croissante qu'exerce la villégiature sur les écosystèmes lacustres. Par exemple, le phosphore présent dans les déjections humaine finit par sortir des fosses septiques. Ce phosphore rejoindra les lacs par lixiviation dans les eaux souterraines s'il n'y a pas suffisamment de racines d'arbres pour le capter. Les mêmes arbres vont évidemment ralentir le processus d'érosion qui charrie la matière organique et le phosphore en surface pour l'empêcher de devenir une bombe biologique à retardement, en attendant les conditions propices d'un bloom d'algues. Mais le même phosphore peut aussi, comme l'azote, favoriser une explosion des grandes algues, qui paralysent l'utilisation des lacs par les villégiateurs.
C'est pour mettre fin de façon permanente au vieillissement prématuré du lac Dion que la municipalité de Saint-Damien-de-Bruckland, dans Bellechasse, a adopté à la demande de la majorité de ses riverains un règlement qui obligera les 67 propriétaires de chalets à brancher les toilettes domestiques sur des fosses scellées. Seules les «eaux grises» pourront être rejetées à la fosse septique et au champ d'épuration. Ce plan de restauration du lac Dion a exigé une approbation spéciale du MDDEP parce qu'il dépassait toutes les normes provinciales. Il a été mis au point par un expert embauché par les riverains et la municipalité, expliquait hier au Devoir la présidente du Comité de restauration, Véronique Brisson. Cette prise en charge sans concession des apports d'origine humaine dans ce lac pour éviter son eutrophisation s'inscrit dans un plan d'ensemble de mesures, dont la plantation de 30 000 arbustes à l'époque où le ministère les fournissait gratuitement aux riverains.
Pour en savoir plus
http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/eco_aqua/cyanobacteries/index.htm