
Tout est question d’acheminement, de traitement et de récupération. En 2001, les derniers chiffres de l’Ifen donnaient une fourchette de 1,8 à 3,8 euros le m3, la palme du plus haut tarif revenant sans surprise à l’Ile-de-France. En réalité, toujours selon l’Ifen*( Institut français de l’environnement), un peu plus de la moitié des Français payent au-dessus de la moyenne nationale, établie à 2,8 euros.
Comment calcule-t’on alors le prix de l’eau et surtout comment se justifie de tels écarts ?
Il faut avant tout bien avoir à l’esprit que l’eau n’arrive pas par enchantement jusque sur nos lieux de vies. Avant même de pouvoir distribuer, il faut pouvoir approvisionner, trouver une ou plusieurs ressources fiables et potables. C’est ici que l’eau commence à se chiffrer.
Quand l’Homme décide d’extraire à son cycle naturel des quantités d’eau souvent astronomique pour son usage collectif. La topographie, le type d’expédient, les infrastructures et le type de réseau mis en place…et bien évidemment l’exploitant. À proprement parler, le prix de l’eau en France ne se calcule pas. On peut plutôt avancer qu’il s’estime. Près de la moitié de cette « estimation » est imputée à votre consommation d’eau pour l’alimentation, et 51% pour l’assainissement. Aujourd’hui ce qui coûte le plus cher aux communes, et donc au consommateur, c’est son assainissement. Entre 1998 et 2001, le prix de l’eau sur la France entière a ainsi augmenté de 8%, soit deux fois plus vite que l’indice des prix à la consommation.
Vases communiquants
Le service de distribution d’eau comme celui de son traitement ne sont pas du tout uniformes en France et toutes les communes ne prennent pas les mêmes mesures et n’ont pas affaire à la même eau. Depuis fin 2005, elles ont d’ailleurs pour obligation de trouver elles-mêmes une solution au traitement des eaux usées. C’est ici que la part du privé intervient pour le plus grand nombre. Le ministère de l’Ecologie et du développement durable a démontré que l’eau était 34% plus élevé quand sa gestion était confiée à des entreprises privées sur des communes de moins de 10 000 habitants. Pourquoi un tel écart ? Avant tout parce qu’il est évident qu’une entreprise privée de gestion de l’eau n’est pas une œuvre de charité et qu’elle est là, et c’est somme toute assez compréhensif, pour faire des profits. Ensuite, gérer l’eau n’est pas une mince affaire et les sanctions pénales peuvent décourager plus d’un maire de mettre en place une politique en interne alors qu’à sa porte frappe trois géants de l’eau en France, reconnus pour leur savoir-faire, et à qui il est bien souvent plus facile de confier le bébé !
Jusqu’à présent, ces régies privées étaient plus sereines et pouvaient gérer l’eau un peu comme bon leur semblaient tant que personne ne tombait malade ! Mais aujourd’hui le consommateur est devenu curieux et la première association à dénoncer le prix (abusif) de l’eau en France est l’UFC-Que Choisir. En 2006, elle a fait apparaître des injustices inexplicables et inexpliquées pour la plupart démontrant par exemple, que l’eau distribuée à Lyon serait 1,7 fois plus chère que son prix de revient. Ce rapport monte à 2,5 en Île-de-France. Là où l’on demande plus de clarté et de limpidité aujourd’hui, c’est sur la possible surfacturation des services et surtout l’opacité des comptes rendus annuels, devenus obligatoires mais qui ont une forte propension à rester, volontairement ou pas, opaques. En réalité, le marché des services de l’eau en France représente la première éco-industrie du pays.
Doit-on pour autant en faire un produit de consommation gratuit ?
Personne à ce jour n’a la réponse. Mais n’oublions pas que d’ici à 2015, le marché potentiel de l’eau sera de 180 milliards de dollars par an, contre 80 aujourd’hui. Soyons honnête, il n’est pas vraiment question de gratuité mais de services publics sans but lucratif. Une eau échappe pourtant à ce schéma, c’est celle mise en bouteille qui représentait déjà en 2004 un marché de 148 milliards de litres distribués. Cette consommation augmente en moyenne de 12% par an. Une autre histoire d’eau lucrative.
* « De l’eau à tous prix », Les Données de l’environnement, Ifen, n° 90, janvier-février 2004. téléchargeable sur le site de l’Ifen, www.ifen.fr
Caroline Idoux est spécialisée dans la presse nature et environnement. Elle vient de publier un ouvrage aux éditions delachaux et nestlé : l’état de l’eau en France : les conséquences d’une exploitation irraisonnée »
par La rédaction pro-environnement , vendredi 1 juin 2007 -
Comment calcule-t’on alors le prix de l’eau et surtout comment se justifie de tels écarts ?
Il faut avant tout bien avoir à l’esprit que l’eau n’arrive pas par enchantement jusque sur nos lieux de vies. Avant même de pouvoir distribuer, il faut pouvoir approvisionner, trouver une ou plusieurs ressources fiables et potables. C’est ici que l’eau commence à se chiffrer.
Quand l’Homme décide d’extraire à son cycle naturel des quantités d’eau souvent astronomique pour son usage collectif. La topographie, le type d’expédient, les infrastructures et le type de réseau mis en place…et bien évidemment l’exploitant. À proprement parler, le prix de l’eau en France ne se calcule pas. On peut plutôt avancer qu’il s’estime. Près de la moitié de cette « estimation » est imputée à votre consommation d’eau pour l’alimentation, et 51% pour l’assainissement. Aujourd’hui ce qui coûte le plus cher aux communes, et donc au consommateur, c’est son assainissement. Entre 1998 et 2001, le prix de l’eau sur la France entière a ainsi augmenté de 8%, soit deux fois plus vite que l’indice des prix à la consommation.
Vases communiquants
Le service de distribution d’eau comme celui de son traitement ne sont pas du tout uniformes en France et toutes les communes ne prennent pas les mêmes mesures et n’ont pas affaire à la même eau. Depuis fin 2005, elles ont d’ailleurs pour obligation de trouver elles-mêmes une solution au traitement des eaux usées. C’est ici que la part du privé intervient pour le plus grand nombre. Le ministère de l’Ecologie et du développement durable a démontré que l’eau était 34% plus élevé quand sa gestion était confiée à des entreprises privées sur des communes de moins de 10 000 habitants. Pourquoi un tel écart ? Avant tout parce qu’il est évident qu’une entreprise privée de gestion de l’eau n’est pas une œuvre de charité et qu’elle est là, et c’est somme toute assez compréhensif, pour faire des profits. Ensuite, gérer l’eau n’est pas une mince affaire et les sanctions pénales peuvent décourager plus d’un maire de mettre en place une politique en interne alors qu’à sa porte frappe trois géants de l’eau en France, reconnus pour leur savoir-faire, et à qui il est bien souvent plus facile de confier le bébé !
Jusqu’à présent, ces régies privées étaient plus sereines et pouvaient gérer l’eau un peu comme bon leur semblaient tant que personne ne tombait malade ! Mais aujourd’hui le consommateur est devenu curieux et la première association à dénoncer le prix (abusif) de l’eau en France est l’UFC-Que Choisir. En 2006, elle a fait apparaître des injustices inexplicables et inexpliquées pour la plupart démontrant par exemple, que l’eau distribuée à Lyon serait 1,7 fois plus chère que son prix de revient. Ce rapport monte à 2,5 en Île-de-France. Là où l’on demande plus de clarté et de limpidité aujourd’hui, c’est sur la possible surfacturation des services et surtout l’opacité des comptes rendus annuels, devenus obligatoires mais qui ont une forte propension à rester, volontairement ou pas, opaques. En réalité, le marché des services de l’eau en France représente la première éco-industrie du pays.
Doit-on pour autant en faire un produit de consommation gratuit ?
Personne à ce jour n’a la réponse. Mais n’oublions pas que d’ici à 2015, le marché potentiel de l’eau sera de 180 milliards de dollars par an, contre 80 aujourd’hui. Soyons honnête, il n’est pas vraiment question de gratuité mais de services publics sans but lucratif. Une eau échappe pourtant à ce schéma, c’est celle mise en bouteille qui représentait déjà en 2004 un marché de 148 milliards de litres distribués. Cette consommation augmente en moyenne de 12% par an. Une autre histoire d’eau lucrative.
* « De l’eau à tous prix », Les Données de l’environnement, Ifen, n° 90, janvier-février 2004. téléchargeable sur le site de l’Ifen, www.ifen.fr
Caroline Idoux est spécialisée dans la presse nature et environnement. Elle vient de publier un ouvrage aux éditions delachaux et nestlé : l’état de l’eau en France : les conséquences d’une exploitation irraisonnée »
par La rédaction pro-environnement , vendredi 1 juin 2007 -