Association pour le Contrat Mondial de L'Eau
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Acme-Maroc Medhi LAHLOU
Président ACME-Maroc, Professeur INSEA, Membre fondateur de la Coalition mondiale contre la privatisation et la marchandisation de l'eau et du Forum alternatif maghrébin de l’eau. Membre fondateur de l’Université du Bien commun
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revue de presse
Lundi 20 Février 2012
LEMONDE
Article paru dans l'édition du 21.02.12
Après avoir eu la peau d'"Atomic Anne", comme on appelle Anne Lauvergeon chez Areva, Henri Proglio aura-t-il celle de "son Frérot" chez Veolia ? Ces derniers jours, en tout cas, le patron d'EDF a contacté plusieurs administrateurs du groupe de services liés à l'environnement pour les convaincre de se débarrasser de l'actuel PDG, Antoine Frérot. Et évoquer avec eux son remplacement, qui pourrait être acté lors du prochain conseil d'administration de l'ancienne Générale des eaux le 29 février.
Plusieurs noms circulent, à commencer par celui de Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l'écologie de Nicolas Sarkozy. On parle aussi d'Augustin de Romanet, administrateur de Veolia en partance de la Caisse des dépôts et consignations et ancien directeur de cabinet de M. Borloo, qui aurait l'avantage de bien connaître les collectivités locales et d'être un proche de Proglio. Celui-ci fait démentir par son entourage. Tout comme Jacques Veyrat, ex-patron du Groupe Louis-Dreyfus, en quête de poste depuis ses différends avec Margarita Louis-Dreyfus. La solution Daniel Bouton, ex-patron de la Société Générale et administrateur de Veolia, est également évoquée.
"COUPER LE CORDON"
Au moins 5 des 17 administrateurs de Veolia auraient été approchés ces derniers temps, soit par M. Proglio, soit par M. Borloo, avec l'entremise d'Alain Minc, l'un des proches conseillers de M. Sarkozy : M. de Romanet, mais aussi Olivier Costa de Beauregard, qui représente la famille Dassault, Philippe Kourilsky, professeur au Collège de France et administrateur indépendant, Serge Michel, patron de la société de conseil Soficot et ancien de la Générale des Eaux, et Louis Schweitzer, l'ex-P-DG de Renault.
A tous, MM. Proglio et Borloo auraient affirmé que la gestion de M. Frérot était catastrophique et que le maintenir à la tête de l'entreprise serait "suicidaire". "La vérité, c'est que Proglio n'arrive pas à couper le cordon", décrypte un administrateur de Veolia. Lorsqu'il avait été nommé à la tête d'EDF, fin 2009, le nouvel homme fort du nucléaire français avait tenté de garder le contrôle de Veolia. Mais cette double casquette n'avait tenu qu'un peu moins d'un an, tant la bronca était importante, au sein de Veolia comme dans les milieux d'affaires.
"L'unique objectif de Proglio est d'installer Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia", affirme une source proche de l'affaire, les autres noms "sont des leurres". Les deux hommes, il est vrai, se connaissent de longue date. En privé, M. Proglio donne du "mon frère" à M. Borloo et souhaiterait lui trouver un poste qui lui conviendrait, depuis que celui-ci a renoncé, en octobre 2011, à se présenter à l'élection présidentielle. M. Proglio était ainsi de la fête d'anniversaire surprise, organisée le 8 avril 2011 par Béatrice Schönberg, la femme de l'ex-ministre, à l'occasion des 60 ans de Jean-Louis Borloo.
400 MILLIONS D'EUROS DE PERTE EN 2011
Cette hypothèse d'un parachutage du président du parti radical à la tête de Veolia n'est pas nouvelle. Elle avait déjà surgi en 2009. A l'époque, on évoquait un tandem composé de l'ancien ministre et de Patricia Barbizet, directrice générale d'Artemis, la holding de la famille Pinault. Mais l'affaire avait été vite enterrée, tant elle paraissait incongrue aux yeux du monde des affaires.
M. Proglio avait alors placé M. Frérot, son bras droit et "un ami de vingt ans". Depuis, les relations entre les deux hommes se sont nettement détériorées alors que M. Frérot est engagé dans une vaste restructuration de Veolia. Il a ainsi déprécié ses actifs de 838 millions d'euros dans les comptes du groupe, qui devrait, selon nos informations, conduire Veolia à annoncer, le 1er mars, des pertes de quelque 400 millions d'euros en 2011.
En cause : plusieurs acquisitions réalisées par M. Proglio lorsqu'il était à la tête de Veolia, principalement en Calabre (Italie) et aux Etats-Unis. Bouclées à un prix "anormalement élevé", selon un cadre dirigeant de Veolia, elles représentent aujourd'hui des foyers de pertes importants.
"Avec la crise, Frérot est obligé de sortir les cadavres du placard et ça ne plaît pas à Proglio", assure un proche des deux hommes. Les ex-amis de vingt ans, en tout cas, ne se parleraient plus depuis qu'une vive altercation les aurait opposés il y a dix jours. "Frérot a demandé à Proglio si c'était vrai qu'il contactait les administrateurs pour le faire remplacer et il a refusé de lui répondre", poursuit-il.
En mettant M. Borloo à la tête de Veolia – le raisonnement est aussi valable pour M. de Romanet – M. Proglio, selon certains, s'achèterait une assurance-vie. Très proche de M.Sarkozy – il lui a récemment permis de sauver la face dans l'affaire Photowatt, du nom de cette entreprise menacée de faillite que le président de la République avait promis de sauver et qui a finalement été reprise par EDF –, l'actuel patron d'EDF a en effet tout à craindre d'un retour de la gauche au pouvoir. "Il sait que si Hollande passe, sa tête va tomber", décrypte un de ses proches. "Mais croire que quelqu'un comme Borloo, qui n'a aucune notion de management, puisse diriger une entreprise de 300000 salariés est tout simplement grotesque et inouï", assure un proche de M. Frérot.
UN CONSEIL D'ADMINISTRATION PARTAGÉ
Lundi 20 février, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie et toute nouvelle porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy, a qualifié de "rumeurs de presse" l'éventuelle éviction de M.Frérot et son remplacement par M.Borloo.
Quoi qu'il en soit, rien n'est joué, veut-on croire dans l'entourage de M. Frérot. Selon nos calculs, le conseil d'administration de Veolia serait partagé. MM. Schweitzer, Michel, Bouton ou encore Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, auraient assuré Antoine Frérot de leur soutien. D'autres administrateurs semblent vouloir rester neutres, comme Esther Koplowitz, patronne du groupe de construction espagnol FCC, ou Mohd Alhadami, qui représente le fonds souverain du Qatar. "Lui ne peut pas bouger car prendre part à un putsch écarterait durablement les qataris des conseils d'administration des sociétés qu'ils convoitent, comme EADS par exemple", confie un avocat d'affaires.
C'est la famille Dassault, elle aussi proche de M. Sarkozy, qui pourrait faire la décision. Deuxième actionnaire du groupe, avec 5,9 % du capital, derrière la Caisse des Dépôts (9,5 %), elle possède deux sièges au conseil d'administration du groupe. "Or, s'ils ont bien été contactés par l'entourage de Proglio, personne ne connaît leur position", assure un proche des négociations.
Cédric Pietralunga
Plusieurs noms circulent, à commencer par celui de Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l'écologie de Nicolas Sarkozy. On parle aussi d'Augustin de Romanet, administrateur de Veolia en partance de la Caisse des dépôts et consignations et ancien directeur de cabinet de M. Borloo, qui aurait l'avantage de bien connaître les collectivités locales et d'être un proche de Proglio. Celui-ci fait démentir par son entourage. Tout comme Jacques Veyrat, ex-patron du Groupe Louis-Dreyfus, en quête de poste depuis ses différends avec Margarita Louis-Dreyfus. La solution Daniel Bouton, ex-patron de la Société Générale et administrateur de Veolia, est également évoquée.
"COUPER LE CORDON"
Au moins 5 des 17 administrateurs de Veolia auraient été approchés ces derniers temps, soit par M. Proglio, soit par M. Borloo, avec l'entremise d'Alain Minc, l'un des proches conseillers de M. Sarkozy : M. de Romanet, mais aussi Olivier Costa de Beauregard, qui représente la famille Dassault, Philippe Kourilsky, professeur au Collège de France et administrateur indépendant, Serge Michel, patron de la société de conseil Soficot et ancien de la Générale des Eaux, et Louis Schweitzer, l'ex-P-DG de Renault.
A tous, MM. Proglio et Borloo auraient affirmé que la gestion de M. Frérot était catastrophique et que le maintenir à la tête de l'entreprise serait "suicidaire". "La vérité, c'est que Proglio n'arrive pas à couper le cordon", décrypte un administrateur de Veolia. Lorsqu'il avait été nommé à la tête d'EDF, fin 2009, le nouvel homme fort du nucléaire français avait tenté de garder le contrôle de Veolia. Mais cette double casquette n'avait tenu qu'un peu moins d'un an, tant la bronca était importante, au sein de Veolia comme dans les milieux d'affaires.
"L'unique objectif de Proglio est d'installer Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia", affirme une source proche de l'affaire, les autres noms "sont des leurres". Les deux hommes, il est vrai, se connaissent de longue date. En privé, M. Proglio donne du "mon frère" à M. Borloo et souhaiterait lui trouver un poste qui lui conviendrait, depuis que celui-ci a renoncé, en octobre 2011, à se présenter à l'élection présidentielle. M. Proglio était ainsi de la fête d'anniversaire surprise, organisée le 8 avril 2011 par Béatrice Schönberg, la femme de l'ex-ministre, à l'occasion des 60 ans de Jean-Louis Borloo.
400 MILLIONS D'EUROS DE PERTE EN 2011
Cette hypothèse d'un parachutage du président du parti radical à la tête de Veolia n'est pas nouvelle. Elle avait déjà surgi en 2009. A l'époque, on évoquait un tandem composé de l'ancien ministre et de Patricia Barbizet, directrice générale d'Artemis, la holding de la famille Pinault. Mais l'affaire avait été vite enterrée, tant elle paraissait incongrue aux yeux du monde des affaires.
M. Proglio avait alors placé M. Frérot, son bras droit et "un ami de vingt ans". Depuis, les relations entre les deux hommes se sont nettement détériorées alors que M. Frérot est engagé dans une vaste restructuration de Veolia. Il a ainsi déprécié ses actifs de 838 millions d'euros dans les comptes du groupe, qui devrait, selon nos informations, conduire Veolia à annoncer, le 1er mars, des pertes de quelque 400 millions d'euros en 2011.
En cause : plusieurs acquisitions réalisées par M. Proglio lorsqu'il était à la tête de Veolia, principalement en Calabre (Italie) et aux Etats-Unis. Bouclées à un prix "anormalement élevé", selon un cadre dirigeant de Veolia, elles représentent aujourd'hui des foyers de pertes importants.
"Avec la crise, Frérot est obligé de sortir les cadavres du placard et ça ne plaît pas à Proglio", assure un proche des deux hommes. Les ex-amis de vingt ans, en tout cas, ne se parleraient plus depuis qu'une vive altercation les aurait opposés il y a dix jours. "Frérot a demandé à Proglio si c'était vrai qu'il contactait les administrateurs pour le faire remplacer et il a refusé de lui répondre", poursuit-il.
En mettant M. Borloo à la tête de Veolia – le raisonnement est aussi valable pour M. de Romanet – M. Proglio, selon certains, s'achèterait une assurance-vie. Très proche de M.Sarkozy – il lui a récemment permis de sauver la face dans l'affaire Photowatt, du nom de cette entreprise menacée de faillite que le président de la République avait promis de sauver et qui a finalement été reprise par EDF –, l'actuel patron d'EDF a en effet tout à craindre d'un retour de la gauche au pouvoir. "Il sait que si Hollande passe, sa tête va tomber", décrypte un de ses proches. "Mais croire que quelqu'un comme Borloo, qui n'a aucune notion de management, puisse diriger une entreprise de 300000 salariés est tout simplement grotesque et inouï", assure un proche de M. Frérot.
UN CONSEIL D'ADMINISTRATION PARTAGÉ
Lundi 20 février, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie et toute nouvelle porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy, a qualifié de "rumeurs de presse" l'éventuelle éviction de M.Frérot et son remplacement par M.Borloo.
Quoi qu'il en soit, rien n'est joué, veut-on croire dans l'entourage de M. Frérot. Selon nos calculs, le conseil d'administration de Veolia serait partagé. MM. Schweitzer, Michel, Bouton ou encore Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, auraient assuré Antoine Frérot de leur soutien. D'autres administrateurs semblent vouloir rester neutres, comme Esther Koplowitz, patronne du groupe de construction espagnol FCC, ou Mohd Alhadami, qui représente le fonds souverain du Qatar. "Lui ne peut pas bouger car prendre part à un putsch écarterait durablement les qataris des conseils d'administration des sociétés qu'ils convoitent, comme EADS par exemple", confie un avocat d'affaires.
C'est la famille Dassault, elle aussi proche de M. Sarkozy, qui pourrait faire la décision. Deuxième actionnaire du groupe, avec 5,9 % du capital, derrière la Caisse des Dépôts (9,5 %), elle possède deux sièges au conseil d'administration du groupe. "Or, s'ils ont bien été contactés par l'entourage de Proglio, personne ne connaît leur position", assure un proche des négociations.
Cédric Pietralunga
Association pour le Contrat Mondial de L'Eau