
En vendant sa filiale d'eau britannique pour 8 milliards de livres (11,9 milliards d'euros), dont 3,2 milliards de livres de reprise de dettes, le numéro deux allemand de l'énergie, RWE, soucieux de renforcer ses moyens financiers pour participer au grand "monopoly" énergétique en cours, réalise une plus-value de 500 millions d'euros.
Allan Moss, patron depuis 1993 de la plus grosse banque d'investissement australienne, Macquarie Bank, est une figure emblématique du capitalisme de son pays. Le nouveau propriétaire de Thames Water ne cesse de se répandre au-delà de sa base de départ. Sa stratégie consiste à détenir une large gamme d'actifs tangibles, en particulier les autoroutes à péage, les aéroports, les centres commerciaux et les fournisseurs d'énergie, placés dans une vingtaine de fonds d'infrastructure spécialisés cotés en Bourse. Il s'agit en général d'investissements à long terme dans des quasi-monopoles, peu sensibles aux cycles économiques, produisant un rendement moyen, mais prévisible.
UN MONOPOLE PRIVÉ
Tel est le cas de Thames Water, compagnie issue de la privatisation de 1989 qui avait transféré l'approvisionnement en eau potable de l'Angleterre à dix grandes compagnies, les Water Services Companies, correspondant aux anciennes autorités régionales. En 2005, la compagnie a enregistré un bénéfice de 346,5 millions de livres, soit une progression de 31 %, pour un chiffre d'affaires de 1,4 milliard de livres, en hausse de 18 %.
Cette réussite de l'entreprise desservant la capitale et le sud-est du royaume est basée sur des tarifs élevés, 526,50 livres par foyer. Les factures doivent d'ailleurs augmenter de 24 % en moyenne au cours des cinq prochaines années. Mais pour répondre aux exigences européennes et tenter de réduire les pertes dans un réseau de distribution délabré datant en partie de l'ère victorienne, Thames Water a dû consentir des investissements énormes, pesant sur son bilan. Au plus grand dam des associations de consommateurs, des carences graves continuent d'affecter le réseau de la région la plus riche du Royaume-Uni.
"L'intérêt pour les compagnies d'eau observé depuis l'an dernier est motivé par les perspectives prometteuses du secteur, résultat de l'augmentation de la population, du réchauffement climatique, des impératifs d'améliorer la qualité de l'eau potable et de la nécessité de moderniser les infrastructures", affirme le bureau conseil Global Water Intelligence pour expliquer la foire d'empoigne autour de Thames Water.
Parmi les autres candidats figuraient, en effet, l'Etat du Qatar, allié à l'UBS, le groupe australien d'énergie Alinta et le fonds d'investissement britannique Terra Firma. L'autre attrait est que de monopole d'Etat, le secteur de l'eau est devenu en fait un monopole privé, figé. A l'inverse du gaz et de l'électricité, dénationalisés à la même époque, mais ouverts aux vents de la concurrence.
Enivrante, cette eau britannique...
Marc Roche
Article paru dans l'édition du 18.10.06
Article Reuters
Allan Moss, patron depuis 1993 de la plus grosse banque d'investissement australienne, Macquarie Bank, est une figure emblématique du capitalisme de son pays. Le nouveau propriétaire de Thames Water ne cesse de se répandre au-delà de sa base de départ. Sa stratégie consiste à détenir une large gamme d'actifs tangibles, en particulier les autoroutes à péage, les aéroports, les centres commerciaux et les fournisseurs d'énergie, placés dans une vingtaine de fonds d'infrastructure spécialisés cotés en Bourse. Il s'agit en général d'investissements à long terme dans des quasi-monopoles, peu sensibles aux cycles économiques, produisant un rendement moyen, mais prévisible.
UN MONOPOLE PRIVÉ
Tel est le cas de Thames Water, compagnie issue de la privatisation de 1989 qui avait transféré l'approvisionnement en eau potable de l'Angleterre à dix grandes compagnies, les Water Services Companies, correspondant aux anciennes autorités régionales. En 2005, la compagnie a enregistré un bénéfice de 346,5 millions de livres, soit une progression de 31 %, pour un chiffre d'affaires de 1,4 milliard de livres, en hausse de 18 %.
Cette réussite de l'entreprise desservant la capitale et le sud-est du royaume est basée sur des tarifs élevés, 526,50 livres par foyer. Les factures doivent d'ailleurs augmenter de 24 % en moyenne au cours des cinq prochaines années. Mais pour répondre aux exigences européennes et tenter de réduire les pertes dans un réseau de distribution délabré datant en partie de l'ère victorienne, Thames Water a dû consentir des investissements énormes, pesant sur son bilan. Au plus grand dam des associations de consommateurs, des carences graves continuent d'affecter le réseau de la région la plus riche du Royaume-Uni.
"L'intérêt pour les compagnies d'eau observé depuis l'an dernier est motivé par les perspectives prometteuses du secteur, résultat de l'augmentation de la population, du réchauffement climatique, des impératifs d'améliorer la qualité de l'eau potable et de la nécessité de moderniser les infrastructures", affirme le bureau conseil Global Water Intelligence pour expliquer la foire d'empoigne autour de Thames Water.
Parmi les autres candidats figuraient, en effet, l'Etat du Qatar, allié à l'UBS, le groupe australien d'énergie Alinta et le fonds d'investissement britannique Terra Firma. L'autre attrait est que de monopole d'Etat, le secteur de l'eau est devenu en fait un monopole privé, figé. A l'inverse du gaz et de l'électricité, dénationalisés à la même époque, mais ouverts aux vents de la concurrence.
Enivrante, cette eau britannique...
Marc Roche
Article paru dans l'édition du 18.10.06
Article Reuters