« Eaux primées* »

Immédiatement après la loi des PPP, le gouvernement provincial a adopté la loi 62, ou Loi sur les compétences municipales. Cette loi permet aux municipalités de confier en totalité au privé le traitement de leurs eaux usées. De plus, la gestion de l’eau potable, c'est-à-dire la production d’eau potable, la construction, l’alimentation et l’entretien des réseaux d’aqueducs pourront se retrouver entre les mains d’entreprises privées pour des contrats d’une durée maximale de 25 ans.
Malgré le tollé soulevé par la loi 62 parmi les citoyens et les groupes écologistes, comme la Coalition Eau-Secours, le gouvernement a profité de la tourmente des négociations publiques pour bonifier la loi 62 en adoptant en douce la loi 134 afin de permettre aux villes de confier au privé non seulement la gestion de l’eau, mais également son financement.
Les détracteurs de la privatisation de la gestion de l’eau avancent plusieurs arguments démontrant l’inanité de cette propension au « tout-au-privé », pour ne pas dire au tout-à-l’égout.
Après des années de privatisation de la gestion de l’eau dans plusieurs pays comme la France, le Royaume-Uni, l’Argentine et le Brésil, force est de constater qu’elle n’a pas donné les fruits de ses promesses. Selon Gaétan Breton**, au Royaume-Uni et au Brésil, « les entrées nettes ont été négligeables, voire négatives » pour les administrations publiques. Il ajoute qu’en France, les géants de l'eau ont utilisé toutes les corruptions pour arriver à leurs fins, à tel point que certains élus se sont même retrouvés en prison.
De plus, avec la privatisation, la qualité de l’eau devient une variable avec laquelle on peut jouer pour augmenter les profits. Toujours selon Gaétan Breton, « en France, les villes qui avaient privatisé leurs services d'eau ont vu les tarifs augmenter jusqu'à 400 % pendant que la qualité descendait au point d'entraîner des poursuites pour empoisonnement ».
Pour les citoyens qui ne paient pas à temps, ce sont les coupures d’eau qui les guettent, si ce n’est pas déjà fait, l’entretien des réseaux de distribution étant souvent laissé aux soins des municipalités, car ce n’est pas assez rentable pour le privé de colmater les fuites. Et nous n’avons pas parlé des déversements d’eaux usées, de la détérioration des conditions de travail, des baisses de salaire, du FMI (Fond monétaire international) ni de la Banque mondiale.
Mais gare ! Une fois l’eau devenue un bien de consommation comme les autres, il est alors possible qu’elle soit assujettie aux accords de commerce internationaux. Sachant que les pénuries d'eau sont en voie de devenir critiques aux États-Unis, doit-on craindre une vente de feu ?
*Le mot d’esprit est emprunté à Gaétan Breton, auteur de l’essai Tu me pompes l’eau – Halte à la privatisation (Triptyque).
**Gaétan Breton est professeur titulaire au département des sciences comptables à l'UQÀM. Il a présidé la Commission environnement du Conseil de la souveraineté et a été trésorier de la coalition Eau-Secours. Il est présentement membre du conseil d'administration du Comité Social Centre-Sud, de la commission scientifique d'Attac-Québec et de l'exécutif national de l'Union des forces progressistes.
Malgré le tollé soulevé par la loi 62 parmi les citoyens et les groupes écologistes, comme la Coalition Eau-Secours, le gouvernement a profité de la tourmente des négociations publiques pour bonifier la loi 62 en adoptant en douce la loi 134 afin de permettre aux villes de confier au privé non seulement la gestion de l’eau, mais également son financement.
Les détracteurs de la privatisation de la gestion de l’eau avancent plusieurs arguments démontrant l’inanité de cette propension au « tout-au-privé », pour ne pas dire au tout-à-l’égout.
Après des années de privatisation de la gestion de l’eau dans plusieurs pays comme la France, le Royaume-Uni, l’Argentine et le Brésil, force est de constater qu’elle n’a pas donné les fruits de ses promesses. Selon Gaétan Breton**, au Royaume-Uni et au Brésil, « les entrées nettes ont été négligeables, voire négatives » pour les administrations publiques. Il ajoute qu’en France, les géants de l'eau ont utilisé toutes les corruptions pour arriver à leurs fins, à tel point que certains élus se sont même retrouvés en prison.
De plus, avec la privatisation, la qualité de l’eau devient une variable avec laquelle on peut jouer pour augmenter les profits. Toujours selon Gaétan Breton, « en France, les villes qui avaient privatisé leurs services d'eau ont vu les tarifs augmenter jusqu'à 400 % pendant que la qualité descendait au point d'entraîner des poursuites pour empoisonnement ».
Pour les citoyens qui ne paient pas à temps, ce sont les coupures d’eau qui les guettent, si ce n’est pas déjà fait, l’entretien des réseaux de distribution étant souvent laissé aux soins des municipalités, car ce n’est pas assez rentable pour le privé de colmater les fuites. Et nous n’avons pas parlé des déversements d’eaux usées, de la détérioration des conditions de travail, des baisses de salaire, du FMI (Fond monétaire international) ni de la Banque mondiale.
Mais gare ! Une fois l’eau devenue un bien de consommation comme les autres, il est alors possible qu’elle soit assujettie aux accords de commerce internationaux. Sachant que les pénuries d'eau sont en voie de devenir critiques aux États-Unis, doit-on craindre une vente de feu ?
*Le mot d’esprit est emprunté à Gaétan Breton, auteur de l’essai Tu me pompes l’eau – Halte à la privatisation (Triptyque).
**Gaétan Breton est professeur titulaire au département des sciences comptables à l'UQÀM. Il a présidé la Commission environnement du Conseil de la souveraineté et a été trésorier de la coalition Eau-Secours. Il est présentement membre du conseil d'administration du Comité Social Centre-Sud, de la commission scientifique d'Attac-Québec et de l'exécutif national de l'Union des forces progressistes.