La communauté internationale célèbre aujourd’hui, sous l'égide de l'ONU, la 15ème « Journée mondiale de l'eau ». Cette célébration intervient alors que l'absence d'accès à une eau potable touche encore plus de 1,1 milliard d'êtres humains et celle des moyens d’assainissement affecte 2,6 milliards de personnes, particulièrement dans les pays les plus pauvres, surtout en Afrique, où le processus de marchandisation de l'eau, entamé au début des années 1980 - à la faveur des programmes d’ajustement structurel, initiés par la Banque mondial et le FMI – semble s'accélérer.
Au Maroc, pays d’Afrique du Nord soumis à partir de 1982 aux directives économiques et financières des deux entités internationales sus-citées, le Droit d’accès à l’eau, bien que garanti par la loi sur l’eau – publiée voici maintenant 13 ans - est de moins en moins effectif.
Ceci, d’une part, en raison de la Gestion déléguée qui a de fait transformé l’eau en marchandise, en faisant payer aux citoyens-usagers les coûts des services attachés à l’eau plus les bénéfices des entreprises et aussi en raison de la forte augmentation des tarifs de l’eau, particulièrement depuis 2006, d’autre part, à cause de la tendance effrénée à la privatisation de toutes les sources d’eau du pays, quels que soient le débit de leurs eaux ou le degré de pauvreté des populations vivant dans les régions où elles jaillissent.
Le cas du village de Ben S’mim, tout en étant emblématique de cette tendance, est par ailleurs exemplaire de la résistance populaire et des solidarités qui se manifestent de plus en plus nettement aujourd’hui au Maroc, comme dans de nombreuses autres régions du monde, soumises aux mêmes pressions du libéralisme à pas forcé et des seules lois du marché, notamment dans le domaine vital de l’eau.
Ces éléments illustrant l’incohérence d’une politique économique et sociale sensée théoriquement assurer l’amélioration des conditions de vie de la population marocaine notamment à travers un meilleur accès à l’eau, sont par ailleurs aggravés par :
a/ l’irrégularité de plus en plus grande des précipitations, conséquence directe du réchauffement du climat
b/ le fait que l’agriculture absorbe plus de 80 % des eaux mobilisées, avec un taux de perte de plus de 60 % en raison notamment de modes d’irrigation obsolètes
c/ les pollutions de toutes natures, et autres usages inconsidérés, qui continuent d’affecter autant les eaux de surface que les nappes phréatiques dont dispose le pays
Consciente de tous les dangers actuels et futurs attachés à cet état des choses, ACME-Maroc réitère en cette journée mondiale de l’eau ses revendications pour :
1/ La reconnaissance de l’accès à l’eau pour tous au Maroc comme un droit humain fondamental
2/ Une réforme globale de la politique de l’eau au Maroc, avec désignation d’une instance nationale à même d’élaborer une stratégie d’ensemble de long terme en la matière et de procéder aux arbitrages nécessaires entre les différents usages de l’eau
3/ Une autre politique économique et sociale, notamment dans les secteurs du tourisme et de l’agriculture, qui tienne compte de la baisse des ressources en eau du pays et qui permette aussi bien de protéger ces ressources contre les pollutions/gaspillage qui les affectent aujourd’hui que de les recycler pour en optimiser l’usage.
4/ L’intégration de l’éducation à l’eau (et à l’environnement en général) dans les cursus d’enseignement, fondamental notamment.
Par ailleurs, ACME-Maroc, tout en attendant d’en savoir davantage sur les termes réels de la révision du contrat de Gestion déléguée intervenue le 14 mars 2008, affirme que :
1/ Les modifications au contrat initial, telles que publiées, sont loin de correspondre à ce qui était attendu. Surtout, les reversements au profit de la ville de Casablanca par la Lydec ne couvrent qu’une faible partie des manquements contractuels qui ont été relevés par la commission d’enquête dont le rapport a été publié le 7 novembre 2007.
2/ Il y a toujours besoin d’une enquête parlementaire et judiciaire pour déterminer ce qui s’est réellement passé lors de la signature du contrat de Gestion déléguée à Casablanca en 1997, et aussi pour les contrats de même nature qui ont suivi à Rabat et à Tanger/Tétouan
3/ Le silence médiatique et politique – aucun débat sur le sujet n’a notamment eu lieu au parlement – qui a entouré la révision telle qu’annoncé, la rapidité de cette révision et l’ampleur des montants dont il y a été question montrent les marges dont bénéficiait la société délégataire. De telles marges, quelle que soit leur importance, indiquent bien que le seul moteur du capital privé – national ou étranger – dans l’eau comme ailleurs, est le profit financier et à court terme. Or un tel moteur est antinomique par rapport à un droit humain fondamental comme celui de l’accès à l’eau.
Rabat, le 20 mars 2008
ACME-Maroc
18, Rue Mecca, Hassane,
App. 3, Rabat, Maroc
Tél : 00 212 372642 20
Fax : 00 212 37 75 50 86
http://www.acme-eau.org
Au Maroc, pays d’Afrique du Nord soumis à partir de 1982 aux directives économiques et financières des deux entités internationales sus-citées, le Droit d’accès à l’eau, bien que garanti par la loi sur l’eau – publiée voici maintenant 13 ans - est de moins en moins effectif.
Ceci, d’une part, en raison de la Gestion déléguée qui a de fait transformé l’eau en marchandise, en faisant payer aux citoyens-usagers les coûts des services attachés à l’eau plus les bénéfices des entreprises et aussi en raison de la forte augmentation des tarifs de l’eau, particulièrement depuis 2006, d’autre part, à cause de la tendance effrénée à la privatisation de toutes les sources d’eau du pays, quels que soient le débit de leurs eaux ou le degré de pauvreté des populations vivant dans les régions où elles jaillissent.
Le cas du village de Ben S’mim, tout en étant emblématique de cette tendance, est par ailleurs exemplaire de la résistance populaire et des solidarités qui se manifestent de plus en plus nettement aujourd’hui au Maroc, comme dans de nombreuses autres régions du monde, soumises aux mêmes pressions du libéralisme à pas forcé et des seules lois du marché, notamment dans le domaine vital de l’eau.
Ces éléments illustrant l’incohérence d’une politique économique et sociale sensée théoriquement assurer l’amélioration des conditions de vie de la population marocaine notamment à travers un meilleur accès à l’eau, sont par ailleurs aggravés par :
a/ l’irrégularité de plus en plus grande des précipitations, conséquence directe du réchauffement du climat
b/ le fait que l’agriculture absorbe plus de 80 % des eaux mobilisées, avec un taux de perte de plus de 60 % en raison notamment de modes d’irrigation obsolètes
c/ les pollutions de toutes natures, et autres usages inconsidérés, qui continuent d’affecter autant les eaux de surface que les nappes phréatiques dont dispose le pays
Consciente de tous les dangers actuels et futurs attachés à cet état des choses, ACME-Maroc réitère en cette journée mondiale de l’eau ses revendications pour :
1/ La reconnaissance de l’accès à l’eau pour tous au Maroc comme un droit humain fondamental
2/ Une réforme globale de la politique de l’eau au Maroc, avec désignation d’une instance nationale à même d’élaborer une stratégie d’ensemble de long terme en la matière et de procéder aux arbitrages nécessaires entre les différents usages de l’eau
3/ Une autre politique économique et sociale, notamment dans les secteurs du tourisme et de l’agriculture, qui tienne compte de la baisse des ressources en eau du pays et qui permette aussi bien de protéger ces ressources contre les pollutions/gaspillage qui les affectent aujourd’hui que de les recycler pour en optimiser l’usage.
4/ L’intégration de l’éducation à l’eau (et à l’environnement en général) dans les cursus d’enseignement, fondamental notamment.
Par ailleurs, ACME-Maroc, tout en attendant d’en savoir davantage sur les termes réels de la révision du contrat de Gestion déléguée intervenue le 14 mars 2008, affirme que :
1/ Les modifications au contrat initial, telles que publiées, sont loin de correspondre à ce qui était attendu. Surtout, les reversements au profit de la ville de Casablanca par la Lydec ne couvrent qu’une faible partie des manquements contractuels qui ont été relevés par la commission d’enquête dont le rapport a été publié le 7 novembre 2007.
2/ Il y a toujours besoin d’une enquête parlementaire et judiciaire pour déterminer ce qui s’est réellement passé lors de la signature du contrat de Gestion déléguée à Casablanca en 1997, et aussi pour les contrats de même nature qui ont suivi à Rabat et à Tanger/Tétouan
3/ Le silence médiatique et politique – aucun débat sur le sujet n’a notamment eu lieu au parlement – qui a entouré la révision telle qu’annoncé, la rapidité de cette révision et l’ampleur des montants dont il y a été question montrent les marges dont bénéficiait la société délégataire. De telles marges, quelle que soit leur importance, indiquent bien que le seul moteur du capital privé – national ou étranger – dans l’eau comme ailleurs, est le profit financier et à court terme. Or un tel moteur est antinomique par rapport à un droit humain fondamental comme celui de l’accès à l’eau.
Rabat, le 20 mars 2008
ACME-Maroc
18, Rue Mecca, Hassane,
App. 3, Rabat, Maroc
Tél : 00 212 372642 20
Fax : 00 212 37 75 50 86
http://www.acme-eau.org