‘’Allier compétitivité et coopération pour un développement durable : croissance ou décroissance ? ‘’
Mehdi Lahlou
La croissance économique, exprimée en quantité de biens et services produits et en rythme d’augmentation de la richesse monétaire, a partout eu – dans les économies modernes - comme fondement une forte compétition entre entreprises au sein d’un même pays et entre nations.
Par compétition on entend généralement le fait de parvenir à la plus grande variété de produits en alliant amélioration de la qualité, gains de productivité, et donc réduction des coûts de production, pour arriver au profit matériel – monétaire – le plus haut possible.
Abordée de la sorte, la compétitivité telle qu’elle a opéré jusqu’à aujourd’hui, a conduit à toutes les limites sociales et environnementales qui s’accumulent de nos jours pour limiter l’horion du développement, en en faisant un phénomène de moins en moins durable ;
Or la prise en compte des intérêts des générations futures par la préservation de la vie sur terre sur le long et le très long termes - soit ce qui représente la porte d’entrée au Développement Durable – nécessite aujourd’hui, à l’échelle planétaire et au niveau de chaque pays, une autre approche qui doive être basée davantage sur la solidarité entre les hommes et l’équilibre entre présent et futur que sur la compétitivité économique et financière, pour parvenir au plus grand gain individuel.
Il est évident qu’il ne saurait être question maintenant de demander à certains pays de réduire le niveau de vie actuel de leurs populations, ou d’exiger d’autres de ne pas chercher à relever celui des leurs. Cela poserait de tels problèmes politiques et sociaux qu’on arriverait exactement à l’opposé de l’objectif recherché à terme ;
La compétitivité dans la coopération permettrait d’arriver progressivement à ceci et à cela en recourant notamment aux ressorts de l’éducation et du développement des savoirs humains et en approfondissant la recherche scientifique et technique, pour trouver les solutions les plus économes en ressources, y compris naturelles, et les moins polluantes, pour répondre aux besoins matériels des hommes. Les mêmes ressorts devraient fonder la recherche d’une autre architecture des relations entre les peuples, laquelle en tenant compte du caractère inextensible de notre planète et de l’interdépendance, in fine, des actions matérielles auxquelles nous la soumettons, devrait nous conduire à élaborer un autre partage des produits que nous en retirons.
En partant également de la notion de ‘’Bien commun‘’ attachée désormais à certaines composantes naturelles à la base de la vie sur terre tels que la forêt, l’eau ou l’air, la coopération – plutôt que la compétition - voudrait que nul ne soit exclu d’en profiter et qu’aucune nation, aucun groupe humain, n’agisse dans une démarche de prédation de telles ressources.
Prenons-nous aujourd’hui les démarches nécessaires en ce sens ? l’Humanité se dirige-t-elle vers moins de confrontation, plus de solidarité et un meilleur partage des ressources fournies par et/ou grâce à l’action de l’homme ou prend-elle un chemin opposé ?
D’aucuns ont pensé que les processus d’intégration économique régionale entamés ici et là (Union européenne, ALENA et autres zones de libre échange) ou la Mondialisation économique – dont le fondement serait aujourd’hui le recours par tous aux mêmes lois du marché - allaient réduire les motifs de conflits, augmenter les complémentarités et généraliser le bien-être, dans un meilleur respect de la nature, dans de vastes régions du monde. Or, tel n’a pas été le résultat obtenu jusqu’à maintenant à partir de l’ensemble des transformations économiques, politiques et institutionnelles que les sociétés humaines ont connues, notamment au cours des 40/50 dernières années.
Le système économique s’est mondialisé au même titre qu’un ensemble de valeurs et d’aspirations, mais la coopération n’est pas pour autant devenue le moteur du changement comme, par ailleurs, le monde ne s’est pas davantage éloigné de quelques risques/tendances majeurs, dont certains n’ont jamais été ressentis aussi proches et aussi dramatiques.
1/ Sur le plan du climat et de son évolution, on sait désormais, à coup sûr, que les 20 dernières années ont accumulé des records de chaleur ; on sait également que si l’évolution du climat jusqu’aux années 1960 pouvait s’expliquer par des causes naturelles, cela n’était plus possible à partir des années 1970.
Depuis cette période c’est l’augmentation de l’effet de serre, en raison de l’augmentation des émissions anthropiques de gaz à effet de serre, qui pilote le climat.
Le Club de Rome avait très probablement ainsi raison de parler, au début des années 1970, de la ‘’fin de la croissance’’ mais pas là où ses rédacteurs le signifiaient, c’est-à-dire pas au niveau de la disponibilité des ressources mais en raison des usages inconsidérés de ces mêmes ressources – comme cela est démontré désormais, chaque jour davantage - et de leurs effets sur les équilibres combien fragiles de notre environnement.
2/ Avec la mondialisation, la société de consommation à l’occidentale, modèle vécu jusque là par une minorité de la population mondiale est devenu Le Modèle économique dominant en Europe, en Amérique, au Japon et Australie et de plus en plus en Chine, en Inde, en Amérique Latine, au Moyen Orient et jusqu’en Afrique, aussi bien du Nord que du Sud.
D’ici le milieu du 21ième siècle, il est très probable que 6 à 7 milliards de personnes soient régies par les lois de ce modèle
3/ La terre n’a jamais été aussi riche et n’a jamais permis de produire autant de ressources alimentaires depuis que la vie existe sur terre, pourtant il y a encore 860 millions de personnes sous alimentées dans le monde. Un nombre en progression, puisqu’il était égal à 820 millions en 1990. Il faut ainsi convenir qu’on est donc encore bien loin de diviser ce nombre par deux comme cela avait été convenu en 1996 lors du sommet mondial de l’alimentation.
4/ La mondialisation de l’économie n’a pas eu que des effets positifs – en termes d’accroissement des échanges entre nations et d’augmentation de la richesse mondiale exprimée dans l’absolu. Ainsi, si la richesse en terme de biens et services produits (et consommés) a augmenté dans beaucoup de pays qui étaient déjà des puissances industrielles (Europe de l’ouest, Amérique du Nord, Japon) ou qui le sont devenues récemment (Chine, Inde et Brésil) des régions entières et des millions de personnes (notamment en Afrique, en Asie du Sud et en Amérique Latine) ont été laissées pour compte, ainsi:
- La précarité sociale a augmenté, y compris dans nombre de villes européennes et nord-américaines ;
- Alors que l’espérance de vie se situe un peu partout dans les pays industrialisés bien au-delà des 70 ans, elle est sur le recul dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, plus spécialement, en raison de mauvaises conditions alimentaires, d’habitat, d’hygiène et de santé, qui accroissent dans les zones les plus pauvres la vulnérabilité des populations, favorisant la progression du sida et d’autres épidémies (dont le paludisme et la tuberculose) qu’on croyait sur le déclin.
Les pays les plus affectés sont ceux-là mêmes où des conflits armés ont fait (récemment) ou font encore rage: Erythrée-Ethiopie, Libéria, Sierra-Leone, Côte d’Ivoire ou République démocratique du Congo, etc…
- Concomitamment, dans les mêmes zones, encore plus qu’ailleurs, la forêt recule, le désert poursuit son avancée et les eaux sont de plus en plus polluées, parce que des hommes et des femmes vivant dans un total dénuement détruisent par un comportement inconscient des dangers qui guettent un environnement qu’ils sont dans tous les cas incapables de défendre par l’insuffisance même des moyens monétaires ou matériels qu’ils sont en mesure de mobiliser
- Et, sur le même continent, les neiges du Kilimandjaro fondent chaque année plus vite, plus inexorablement, suivant en cela ce qui se passe un peu partout à travers le monde en raison du réchauffement climatique et de la poursuite des rejets de CO2 en l’air et des autres pollutions industrielles et chimiques dans les différentes mers et rivières, grandes et moins grandes, au nord comme au sud de la planète, c’est-à-dire partout où il n’y a de place que pour la compétition économique et le gain financier immédiat.
En marge de tout cela, et très probablement en raison même de cela, quelques uns des principaux problèmes que connaît l’humanité s’aggravent :
* Le déséquilibre des échanges entre pays riches et pays pauvres s’accentue au même titre que grossit l’écart de richesse qui les sépare
* Le phénomène migratoire, dans sa composante clandestine, non voulue par les pays les plus riches – qui en sont théoriquement les destinataires – enfle avec tous les drames humains qui l’accompagnent en termes de noyades et d’élévation d’obstacles sans cesse plus forts face à la mobilité des personnes
* La rareté de l’eau est déjà là, ou alors elle est en train de guetter pour un grand nombre de pays en Asie, au Moyen Orient, en Afrique et en Amérique Latine. Et pas seulement, puisque certaines années, ce sont désormais de grandes régions d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Océanie qui sont affectées.
Pourtant, des facteurs de rééquilibrage existent, des moyens pour retourner de telles tendances, qui portent en elles d’énormes menaces pour l’ensemble de l’humanité, peuvent être mobilisés dont beaucoup passent par la coopération plutôt que par la compétition forcenée, par des approches globales et à long terme plutôt que par des visions unidimensionnelles et à court terme, par la préservation des biens communs plutôt que par la recherche du profit immédiat au détriment des intérêts de vie sur le long terme de la communauté des humains.
Le développement durable, qui vise à améliorer nos conditions de vie et la satisfaction de nos besoins tout en ‘’ laissant à nos enfants une planète en bon état ‘’ , peut être fondé sur un certain nombre d’enseignements tirés de l’histoire moderne, y compris celle qui a permis de faire basculer les pays d’Europe de l’ère des guerres – y compris les deux mondiales qu’a connu le 20ième siècle – à celle de l’intégration à travers la construction à ce jour d’une Union regroupant 27 nations.
Il est ainsi permis d’avancer que :
• La forme d’organisation politique et institutionnelle adoptée par certains peuples est plus importante pour leur niveau et cadre de vie que les ressources naturelles et physiques dont ils disposent.
• La valeur et les compétences acquises par les humains sont très souvent – lorsque ce que ce n’est pas tout le temps – plus importantes, en termes de progrès, de viabilité et de durabilité que leur nombre
• Les processus d’ouverture, d’intégration régionale et de recherche de complémentarités sont plus favorables que la fermeture et l’isolement.
• On peut arriver à des résultats économiques et sociaux plus en phase avec les intérêts des populations par le dialogue et la coopération davantage que par le conflit et la confrontation.
De ce point de vue, il y lieu de mettre en avant comme éléments de construction commune, dans tous les cas d’une conflictualité moindre, des facteurs considérés par quelques uns comme des motifs de clash a priori, surtout entre pays riches du ‘’nord’’ et pays pauvres du ‘’sud’’ :
& Au niveau démographique, l’augmentation et la jeunesse des populations du sud peuvent tout aussi bien être vues comme des chances pour faire face au vieillissement et au déclin des taux de croissance des populations du nord.
& Dans cette même perspective, une autre approche pourrait être menée sur les plans économique et social mettant plus en phase l’existence d’une main d’œuvre abondante d’un côté (au sud, toujours) et des ressources techniques et monétaires plus facilement mobilisables de l’autre (au nord). Une telle approche devrait démarrer en premier lieu par une école au sud qui recrute – et garde – davantage d’enfants qu’elle ne l’a fait jusqu’à aujourd’hui plutôt que de les laisser errer trop tôt, et bien mal lotis, sur les sentiers des migrations ‘’ingérables’’.
& Pour l’école, au sud comme au nord, comme pour la préservation de l’environnement à travers le monde, des ressources financières potentielles importantes peuvent être mobilisées, pour peu que la volonté politique pour ce faire perce. Les milliards de dollars dépensés en guerres et en armements de toutes natures - pour, entre autres, gérer les conséquences sécuritaires de tous les déséquilibres économiques, sociaux et environnementaux nés justement d’une compétition sans règles – sont là pour démontrer que lorsque des Etats décident d’une priorité, ils parviennent à trouver les moyens pour la traduire dans les faits.
Mehdi Lahlou
La croissance économique, exprimée en quantité de biens et services produits et en rythme d’augmentation de la richesse monétaire, a partout eu – dans les économies modernes - comme fondement une forte compétition entre entreprises au sein d’un même pays et entre nations.
Par compétition on entend généralement le fait de parvenir à la plus grande variété de produits en alliant amélioration de la qualité, gains de productivité, et donc réduction des coûts de production, pour arriver au profit matériel – monétaire – le plus haut possible.
Abordée de la sorte, la compétitivité telle qu’elle a opéré jusqu’à aujourd’hui, a conduit à toutes les limites sociales et environnementales qui s’accumulent de nos jours pour limiter l’horion du développement, en en faisant un phénomène de moins en moins durable ;
Or la prise en compte des intérêts des générations futures par la préservation de la vie sur terre sur le long et le très long termes - soit ce qui représente la porte d’entrée au Développement Durable – nécessite aujourd’hui, à l’échelle planétaire et au niveau de chaque pays, une autre approche qui doive être basée davantage sur la solidarité entre les hommes et l’équilibre entre présent et futur que sur la compétitivité économique et financière, pour parvenir au plus grand gain individuel.
Il est évident qu’il ne saurait être question maintenant de demander à certains pays de réduire le niveau de vie actuel de leurs populations, ou d’exiger d’autres de ne pas chercher à relever celui des leurs. Cela poserait de tels problèmes politiques et sociaux qu’on arriverait exactement à l’opposé de l’objectif recherché à terme ;
La compétitivité dans la coopération permettrait d’arriver progressivement à ceci et à cela en recourant notamment aux ressorts de l’éducation et du développement des savoirs humains et en approfondissant la recherche scientifique et technique, pour trouver les solutions les plus économes en ressources, y compris naturelles, et les moins polluantes, pour répondre aux besoins matériels des hommes. Les mêmes ressorts devraient fonder la recherche d’une autre architecture des relations entre les peuples, laquelle en tenant compte du caractère inextensible de notre planète et de l’interdépendance, in fine, des actions matérielles auxquelles nous la soumettons, devrait nous conduire à élaborer un autre partage des produits que nous en retirons.
En partant également de la notion de ‘’Bien commun‘’ attachée désormais à certaines composantes naturelles à la base de la vie sur terre tels que la forêt, l’eau ou l’air, la coopération – plutôt que la compétition - voudrait que nul ne soit exclu d’en profiter et qu’aucune nation, aucun groupe humain, n’agisse dans une démarche de prédation de telles ressources.
Prenons-nous aujourd’hui les démarches nécessaires en ce sens ? l’Humanité se dirige-t-elle vers moins de confrontation, plus de solidarité et un meilleur partage des ressources fournies par et/ou grâce à l’action de l’homme ou prend-elle un chemin opposé ?
D’aucuns ont pensé que les processus d’intégration économique régionale entamés ici et là (Union européenne, ALENA et autres zones de libre échange) ou la Mondialisation économique – dont le fondement serait aujourd’hui le recours par tous aux mêmes lois du marché - allaient réduire les motifs de conflits, augmenter les complémentarités et généraliser le bien-être, dans un meilleur respect de la nature, dans de vastes régions du monde. Or, tel n’a pas été le résultat obtenu jusqu’à maintenant à partir de l’ensemble des transformations économiques, politiques et institutionnelles que les sociétés humaines ont connues, notamment au cours des 40/50 dernières années.
Le système économique s’est mondialisé au même titre qu’un ensemble de valeurs et d’aspirations, mais la coopération n’est pas pour autant devenue le moteur du changement comme, par ailleurs, le monde ne s’est pas davantage éloigné de quelques risques/tendances majeurs, dont certains n’ont jamais été ressentis aussi proches et aussi dramatiques.
1/ Sur le plan du climat et de son évolution, on sait désormais, à coup sûr, que les 20 dernières années ont accumulé des records de chaleur ; on sait également que si l’évolution du climat jusqu’aux années 1960 pouvait s’expliquer par des causes naturelles, cela n’était plus possible à partir des années 1970.
Depuis cette période c’est l’augmentation de l’effet de serre, en raison de l’augmentation des émissions anthropiques de gaz à effet de serre, qui pilote le climat.
Le Club de Rome avait très probablement ainsi raison de parler, au début des années 1970, de la ‘’fin de la croissance’’ mais pas là où ses rédacteurs le signifiaient, c’est-à-dire pas au niveau de la disponibilité des ressources mais en raison des usages inconsidérés de ces mêmes ressources – comme cela est démontré désormais, chaque jour davantage - et de leurs effets sur les équilibres combien fragiles de notre environnement.
2/ Avec la mondialisation, la société de consommation à l’occidentale, modèle vécu jusque là par une minorité de la population mondiale est devenu Le Modèle économique dominant en Europe, en Amérique, au Japon et Australie et de plus en plus en Chine, en Inde, en Amérique Latine, au Moyen Orient et jusqu’en Afrique, aussi bien du Nord que du Sud.
D’ici le milieu du 21ième siècle, il est très probable que 6 à 7 milliards de personnes soient régies par les lois de ce modèle
3/ La terre n’a jamais été aussi riche et n’a jamais permis de produire autant de ressources alimentaires depuis que la vie existe sur terre, pourtant il y a encore 860 millions de personnes sous alimentées dans le monde. Un nombre en progression, puisqu’il était égal à 820 millions en 1990. Il faut ainsi convenir qu’on est donc encore bien loin de diviser ce nombre par deux comme cela avait été convenu en 1996 lors du sommet mondial de l’alimentation.
4/ La mondialisation de l’économie n’a pas eu que des effets positifs – en termes d’accroissement des échanges entre nations et d’augmentation de la richesse mondiale exprimée dans l’absolu. Ainsi, si la richesse en terme de biens et services produits (et consommés) a augmenté dans beaucoup de pays qui étaient déjà des puissances industrielles (Europe de l’ouest, Amérique du Nord, Japon) ou qui le sont devenues récemment (Chine, Inde et Brésil) des régions entières et des millions de personnes (notamment en Afrique, en Asie du Sud et en Amérique Latine) ont été laissées pour compte, ainsi:
- La précarité sociale a augmenté, y compris dans nombre de villes européennes et nord-américaines ;
- Alors que l’espérance de vie se situe un peu partout dans les pays industrialisés bien au-delà des 70 ans, elle est sur le recul dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, plus spécialement, en raison de mauvaises conditions alimentaires, d’habitat, d’hygiène et de santé, qui accroissent dans les zones les plus pauvres la vulnérabilité des populations, favorisant la progression du sida et d’autres épidémies (dont le paludisme et la tuberculose) qu’on croyait sur le déclin.
Les pays les plus affectés sont ceux-là mêmes où des conflits armés ont fait (récemment) ou font encore rage: Erythrée-Ethiopie, Libéria, Sierra-Leone, Côte d’Ivoire ou République démocratique du Congo, etc…
- Concomitamment, dans les mêmes zones, encore plus qu’ailleurs, la forêt recule, le désert poursuit son avancée et les eaux sont de plus en plus polluées, parce que des hommes et des femmes vivant dans un total dénuement détruisent par un comportement inconscient des dangers qui guettent un environnement qu’ils sont dans tous les cas incapables de défendre par l’insuffisance même des moyens monétaires ou matériels qu’ils sont en mesure de mobiliser
- Et, sur le même continent, les neiges du Kilimandjaro fondent chaque année plus vite, plus inexorablement, suivant en cela ce qui se passe un peu partout à travers le monde en raison du réchauffement climatique et de la poursuite des rejets de CO2 en l’air et des autres pollutions industrielles et chimiques dans les différentes mers et rivières, grandes et moins grandes, au nord comme au sud de la planète, c’est-à-dire partout où il n’y a de place que pour la compétition économique et le gain financier immédiat.
En marge de tout cela, et très probablement en raison même de cela, quelques uns des principaux problèmes que connaît l’humanité s’aggravent :
* Le déséquilibre des échanges entre pays riches et pays pauvres s’accentue au même titre que grossit l’écart de richesse qui les sépare
* Le phénomène migratoire, dans sa composante clandestine, non voulue par les pays les plus riches – qui en sont théoriquement les destinataires – enfle avec tous les drames humains qui l’accompagnent en termes de noyades et d’élévation d’obstacles sans cesse plus forts face à la mobilité des personnes
* La rareté de l’eau est déjà là, ou alors elle est en train de guetter pour un grand nombre de pays en Asie, au Moyen Orient, en Afrique et en Amérique Latine. Et pas seulement, puisque certaines années, ce sont désormais de grandes régions d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Océanie qui sont affectées.
Pourtant, des facteurs de rééquilibrage existent, des moyens pour retourner de telles tendances, qui portent en elles d’énormes menaces pour l’ensemble de l’humanité, peuvent être mobilisés dont beaucoup passent par la coopération plutôt que par la compétition forcenée, par des approches globales et à long terme plutôt que par des visions unidimensionnelles et à court terme, par la préservation des biens communs plutôt que par la recherche du profit immédiat au détriment des intérêts de vie sur le long terme de la communauté des humains.
Le développement durable, qui vise à améliorer nos conditions de vie et la satisfaction de nos besoins tout en ‘’ laissant à nos enfants une planète en bon état ‘’ , peut être fondé sur un certain nombre d’enseignements tirés de l’histoire moderne, y compris celle qui a permis de faire basculer les pays d’Europe de l’ère des guerres – y compris les deux mondiales qu’a connu le 20ième siècle – à celle de l’intégration à travers la construction à ce jour d’une Union regroupant 27 nations.
Il est ainsi permis d’avancer que :
• La forme d’organisation politique et institutionnelle adoptée par certains peuples est plus importante pour leur niveau et cadre de vie que les ressources naturelles et physiques dont ils disposent.
• La valeur et les compétences acquises par les humains sont très souvent – lorsque ce que ce n’est pas tout le temps – plus importantes, en termes de progrès, de viabilité et de durabilité que leur nombre
• Les processus d’ouverture, d’intégration régionale et de recherche de complémentarités sont plus favorables que la fermeture et l’isolement.
• On peut arriver à des résultats économiques et sociaux plus en phase avec les intérêts des populations par le dialogue et la coopération davantage que par le conflit et la confrontation.
De ce point de vue, il y lieu de mettre en avant comme éléments de construction commune, dans tous les cas d’une conflictualité moindre, des facteurs considérés par quelques uns comme des motifs de clash a priori, surtout entre pays riches du ‘’nord’’ et pays pauvres du ‘’sud’’ :
& Au niveau démographique, l’augmentation et la jeunesse des populations du sud peuvent tout aussi bien être vues comme des chances pour faire face au vieillissement et au déclin des taux de croissance des populations du nord.
& Dans cette même perspective, une autre approche pourrait être menée sur les plans économique et social mettant plus en phase l’existence d’une main d’œuvre abondante d’un côté (au sud, toujours) et des ressources techniques et monétaires plus facilement mobilisables de l’autre (au nord). Une telle approche devrait démarrer en premier lieu par une école au sud qui recrute – et garde – davantage d’enfants qu’elle ne l’a fait jusqu’à aujourd’hui plutôt que de les laisser errer trop tôt, et bien mal lotis, sur les sentiers des migrations ‘’ingérables’’.
& Pour l’école, au sud comme au nord, comme pour la préservation de l’environnement à travers le monde, des ressources financières potentielles importantes peuvent être mobilisées, pour peu que la volonté politique pour ce faire perce. Les milliards de dollars dépensés en guerres et en armements de toutes natures - pour, entre autres, gérer les conséquences sécuritaires de tous les déséquilibres économiques, sociaux et environnementaux nés justement d’une compétition sans règles – sont là pour démontrer que lorsque des Etats décident d’une priorité, ils parviennent à trouver les moyens pour la traduire dans les faits.