Eau : quelle politique alternative et internationale ?

Les pays du tiers-monde sont frappés par les privatisations imposées dans le domaine hydraulique.
Au début des années quatre-vingt, l’ONU avait décrété à grands sons de trompe une Décennie de l’eau. Vingt ans plus tard, à l’orée du XXIe siècle, 1,8 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau. Les objectifs du millénaire, également fixés par les Nations unies, prévoient pour 2015 une réduction de moitié de ce chiffre de population ; il est d’ores et déjà évident que cette promesse ne sera pas réalisée. Dans certaines parties du monde, notamment en Afrique, la situation continue même de se dégrader. L’eau était donc très logiquement au coeur du Forum de Bamako. Notamment à travers deux ateliers, organisés à l’initiative du groupe parlementaire européen GUE-GVN, portant respectivement sur les privatisations imposées par les institutions financières internationales, et sur les coopérations à bâtir entre les élus, en particulier les Parlements africains et le Parlement européen.
« Voici deux mois, le ministre a reconnu que la privatisation (de l’eau comme de l’électricité) a été un échec », souligne Sekou Diarra (CAD Mali) en ouverture du premier débat. Le contrat de vingt ans signé en 2000 prévoyait par exemple que le repreneur, SAUR International, s’engageait à investir 140 milliards de francs CFA sur les cinq premières années ; cette promesse n’engageait que ceux qui y croyaient : en 2003, on en était seulement à 40 milliards. Le même groupe a refusé les baisses de tarifs demandées par le gouvernement malien. « Ce qui n’empêche pas que, sur injonction de l’OMC, les États africains continuent d’être contraints à s’enfoncer dans la voie de la privatisation de l’eau et de l’électricité. »
Au début des années quatre-vingt, l’ONU avait décrété à grands sons de trompe une Décennie de l’eau. Vingt ans plus tard, à l’orée du XXIe siècle, 1,8 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau. Les objectifs du millénaire, également fixés par les Nations unies, prévoient pour 2015 une réduction de moitié de ce chiffre de population ; il est d’ores et déjà évident que cette promesse ne sera pas réalisée. Dans certaines parties du monde, notamment en Afrique, la situation continue même de se dégrader. L’eau était donc très logiquement au coeur du Forum de Bamako. Notamment à travers deux ateliers, organisés à l’initiative du groupe parlementaire européen GUE-GVN, portant respectivement sur les privatisations imposées par les institutions financières internationales, et sur les coopérations à bâtir entre les élus, en particulier les Parlements africains et le Parlement européen.
« Voici deux mois, le ministre a reconnu que la privatisation (de l’eau comme de l’électricité) a été un échec », souligne Sekou Diarra (CAD Mali) en ouverture du premier débat. Le contrat de vingt ans signé en 2000 prévoyait par exemple que le repreneur, SAUR International, s’engageait à investir 140 milliards de francs CFA sur les cinq premières années ; cette promesse n’engageait que ceux qui y croyaient : en 2003, on en était seulement à 40 milliards. Le même groupe a refusé les baisses de tarifs demandées par le gouvernement malien. « Ce qui n’empêche pas que, sur injonction de l’OMC, les États africains continuent d’être contraints à s’enfoncer dans la voie de la privatisation de l’eau et de l’électricité. »
L’écart entre pays riches et pauvres s’approfondit...

L’écart entre pays riches et pauvres s’approfondit, relève Jean-François Carlier (CGT) : l’Afrique représente 10 % de la population, mais ne consomme que 2 % de l’énergie mondiale. « La moyenne de l’électrification en Afrique subsaharienne, hors Afrique du Sud, plafonne à 15 % », ajoute-t-il, notant que SAUR, sommé d’abandonner EDM (Énergie du Mali), laisse une ardoise de 50 milliards à l’État malien. « Les entreprises publiques sont nécessaires, mais aussi l’intervention citoyenne », conclut-il, évoquant la récente mobilisation populaire au Niger pour refuser la hausse annoncée du prix de l’eau. Même point de vue chez Nanourou Koné, responsable syndical à EDM : « Les privatisations nous sont imposées par les bailleurs de fonds, mais l’eau, l’électricité, c’est la vie. Elles doivent être des biens publics. Aux syndicats, associations et élus de se donner la main pour arracher l’accès à l’eau de l’emprise du capital privé. »
Tableau identique aux Indes, nation également frappée par la privatisation, enchaîne P. K. Murthy, secrétaire général du syndicat CITV. « Nos ouvriers, nos paysans sont payés 10 à 15 roupies par jour. Comment les imaginer payer la bouteille d’eau à 10 roupies ? » Jadis les autorités avaient promis au moins une lampe par maison. « Ce qui a été le cas pour 40 % à 50 % de nos villages. Aujourd’hui, l’électricité a été cédée à des entreprises privées et les villages qui avaient obtenu une lampe par maison retombent dans le noir . »
Francis Wurtz cite l’Association pour un contrat mondial de l’eau, créée par Ricardo Petrella, avec qui le groupe GUE a conclu un partenariat privilégié. « L’eau doit être reconnue comme un droit humain universel, un bien public mondial, et à bien public, gestion publique. Faire adopter des plans d’action, des objectifs chiffrés, des calendriers et agendas doit devenir l’affaire du plus grand nombre. Il faut agir dans le même sens au niveau des institutions internationales, y compris en avançant l’idée d’un service public mondial de l’eau », déclare le président de GUE, reprenant à son compte le mot d’ordre de Ricardo Petrella : « L’eau pour tous en 2020 ! » Les peuples ne sont pas sans armes pour se faire entendre, comme le prouvent certaines initiatives sud-américaines : « En Uruguay, la loi interdit la privatisation de l’eau. Et l’évolution est identique en Argentine . ».
« Le 27 octobre 2005, les principales compagnies concernées ont créé une fédération internationale des opérateurs privés de l’eau. Face à ce pôle de lobbying mondial,
il serait temps pour nous de dépasser le stade actuel. En développant la culture de coopération dans le monde associatif (réseaux). En incitant les entreprises publiques de l’eau à s’organiser elle aussi à l’échelle mondiale.
En agissant de même au niveau des parlementaires : l’eau pourrait ainsi être une première forme de coopération concrète pan-africaine entre les élus du continent. »
Ricardo Petrella, Association pour le Contrat Mondial de l'Eau
Tableau identique aux Indes, nation également frappée par la privatisation, enchaîne P. K. Murthy, secrétaire général du syndicat CITV. « Nos ouvriers, nos paysans sont payés 10 à 15 roupies par jour. Comment les imaginer payer la bouteille d’eau à 10 roupies ? » Jadis les autorités avaient promis au moins une lampe par maison. « Ce qui a été le cas pour 40 % à 50 % de nos villages. Aujourd’hui, l’électricité a été cédée à des entreprises privées et les villages qui avaient obtenu une lampe par maison retombent dans le noir . »
Francis Wurtz cite l’Association pour un contrat mondial de l’eau, créée par Ricardo Petrella, avec qui le groupe GUE a conclu un partenariat privilégié. « L’eau doit être reconnue comme un droit humain universel, un bien public mondial, et à bien public, gestion publique. Faire adopter des plans d’action, des objectifs chiffrés, des calendriers et agendas doit devenir l’affaire du plus grand nombre. Il faut agir dans le même sens au niveau des institutions internationales, y compris en avançant l’idée d’un service public mondial de l’eau », déclare le président de GUE, reprenant à son compte le mot d’ordre de Ricardo Petrella : « L’eau pour tous en 2020 ! » Les peuples ne sont pas sans armes pour se faire entendre, comme le prouvent certaines initiatives sud-américaines : « En Uruguay, la loi interdit la privatisation de l’eau. Et l’évolution est identique en Argentine . ».
« Le 27 octobre 2005, les principales compagnies concernées ont créé une fédération internationale des opérateurs privés de l’eau. Face à ce pôle de lobbying mondial,
il serait temps pour nous de dépasser le stade actuel. En développant la culture de coopération dans le monde associatif (réseaux). En incitant les entreprises publiques de l’eau à s’organiser elle aussi à l’échelle mondiale.
En agissant de même au niveau des parlementaires : l’eau pourrait ainsi être une première forme de coopération concrète pan-africaine entre les élus du continent. »
Ricardo Petrella, Association pour le Contrat Mondial de l'Eau