
La gestion de l’eau a engendré la corruption de certains élus municipaux. Les réseaux doivent être rénovés pour un accès à une eau de qualité. Une assistance nombreuse a assisté mardi soir à la projection du documentaire Water makes money. Le documentaire Water makes money, présenté dans l’amphithéâtre de l’Isepp, mardi, s’est révélé volontairement polémique et a donc suscité des débats parfois très animés à la fin de sa projection.
De Toulouse à Bruxelles, de Buenos Aires à Nairobi en passant par Grenoble ou Paris, ce documentaire de 82 minutes de Leslie Franke et Herdoror Lorenz tend à montrer comment de grandes multinationales ont pris le contrôle de la gestion de l’eau à travers le monde. Ainsi on apprend que Veolia et Suez Environnement se partagent 80% de la gestion de l’eau en métropole et prennent part à de nombreux projets dans le monde.
Dans chaque municipalité où la gestion de l’eau a fait l’objet d’un partenariat privé-public (PPP), le prix de l’eau a augmenté pour le consommateur, parfois jusqu’à 103% quelle que soit la multinationale alors en place.
Une législation opaque, des conseils municipaux et des maires souvent incompétents en matière de droit, associés à des multinationales dont la raison de vivre est le profit, autant de raisons égrenées dans ce documentaire qui prône davantage un retour à une gestion municipale (en régie) de l’eau.
Trois intervenants, Alexandre Brailowsky://, directeur des relations sociétales de Suez Environnement, Hubert Viaris de Lesegno, directeur général de la Brasserie de Tahiti et Gilles Lorphelin, directeur général des services (DGS) de la mairie de Mahina ont partagé avec le public leur expertise en la matière.
Ainsi l’eau, cet “or bleu” est devenu en quelques années la proie de multinationales. Le premier élément que met en évidence Water makes money est la corruption. On apprend qu’André Santini, président du Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif) signait ses courriers sur un papier à en-tête de… Veolia dont il aurait d’ailleurs touché 40 000 €euros (4 773 268 Fcfp).
Bien d’autres personnages politiques apparaissent comme Alain Carignon, ancien maire de Grenoble, jugé et condamné pour corruption et abus de biens sociaux. “L’un des grands problèmes de ces années-là était la corruption”, explique Alexandre Brailowsky, directeur des relations sociétales de Suez Environnement. “Le système français était opaque. Les choses ont évolué depuis. Par exemple, le droit d’entrée est interdit en France. Un autre point me paraît important : ce que j’appelle la dérive partagée. Si les instances communales décident d’engager un partenariat avec le privé pour la gestion de l’eau, elles ne doivent jamais perdre leurs prérogatives décisionnelles. Ce sont elles qui décident d’un schéma directeur de gestion et c’est aux entreprises à mettre en œuvre ces décisions. Les dérives viennent souvent d’une mauvaise répartition des rôles.”
L’accès à l’eau potable est devenu, du fait de son caractère indispensable, une denrée qu’on s’arrache. “En Polynésie, les choses ne sont pas tout à fait pareilles”, rappelle Gilles Lorphelin, directeur général des services (DGS) de la mairie de Mahina. “Le Fonds européen de développement (FED) permet d’aider les communes à améliorer ses services en matière d’approvisionnement en eau potable. Ses fonds vont en priorité à l’assainissement. En 2015, toutes les communes devront s’être dotées des équipements et moyens nécessaires à un bon accès à l’eau potable. Or nous voyons encore aujourd’hui et pas seulement ici, en Polynésie, une grande disparité des moyens et de l’accès à l’eau.”
Aujourd’hui, seules 13 communes ont accès à une eau de qualité, 30 à une eau de moins bonne qualité. La chloration permet généralement de garantir la potabilité de l’eau à cause de la défectuosité du réseau. “Le problème de la qualité de l’eau vient de deux facteurs : le captage ou la production d’eau et le transport de cette eau”, explique Hubert Viaris de Lesegno, directeur général de la Brasserie de Tahiti. “Pour nos jus, nous captons l’eau en profondeur, ce qui nous permet d’avoir de l’eau de très bonne qualité. Si on transportait cette eau vers le consommateur, elle serait contaminée parce que les tuyaux des réseaux sont contaminés !”
Il y a un autre problème auquel la Polynésie va devoir faire face : les limites de la ressource en eau. En effet, alors qu’en moyenne, dans le monde, une personne consomme en moyenne 200 litres par jour, en Polynésie française, on consomme environ 1 000 litres par personne et par jour. “Une consommation importante qui a un impact direct sur le budget des communes et donc sur les administrés. À Mahina, cela représente 115 millions par an et uniquement en électricité pour transporter cette eau jusqu’au consommateur. Ce budget ne tient pas compte des salaires et de la nécessaire rénovation du réseau hydraulique qui date des années soixante”, précise le DGS de la mairie de Mahina. Beaucoup de choses sont encore à faire dans ce domaine à l’horizon de 2015… pas seulement au niveau des communes.
Erika Thibault
De Toulouse à Bruxelles, de Buenos Aires à Nairobi en passant par Grenoble ou Paris, ce documentaire de 82 minutes de Leslie Franke et Herdoror Lorenz tend à montrer comment de grandes multinationales ont pris le contrôle de la gestion de l’eau à travers le monde. Ainsi on apprend que Veolia et Suez Environnement se partagent 80% de la gestion de l’eau en métropole et prennent part à de nombreux projets dans le monde.
Dans chaque municipalité où la gestion de l’eau a fait l’objet d’un partenariat privé-public (PPP), le prix de l’eau a augmenté pour le consommateur, parfois jusqu’à 103% quelle que soit la multinationale alors en place.
Une législation opaque, des conseils municipaux et des maires souvent incompétents en matière de droit, associés à des multinationales dont la raison de vivre est le profit, autant de raisons égrenées dans ce documentaire qui prône davantage un retour à une gestion municipale (en régie) de l’eau.
Trois intervenants, Alexandre Brailowsky://, directeur des relations sociétales de Suez Environnement, Hubert Viaris de Lesegno, directeur général de la Brasserie de Tahiti et Gilles Lorphelin, directeur général des services (DGS) de la mairie de Mahina ont partagé avec le public leur expertise en la matière.
Ainsi l’eau, cet “or bleu” est devenu en quelques années la proie de multinationales. Le premier élément que met en évidence Water makes money est la corruption. On apprend qu’André Santini, président du Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif) signait ses courriers sur un papier à en-tête de… Veolia dont il aurait d’ailleurs touché 40 000 €euros (4 773 268 Fcfp).
Bien d’autres personnages politiques apparaissent comme Alain Carignon, ancien maire de Grenoble, jugé et condamné pour corruption et abus de biens sociaux. “L’un des grands problèmes de ces années-là était la corruption”, explique Alexandre Brailowsky, directeur des relations sociétales de Suez Environnement. “Le système français était opaque. Les choses ont évolué depuis. Par exemple, le droit d’entrée est interdit en France. Un autre point me paraît important : ce que j’appelle la dérive partagée. Si les instances communales décident d’engager un partenariat avec le privé pour la gestion de l’eau, elles ne doivent jamais perdre leurs prérogatives décisionnelles. Ce sont elles qui décident d’un schéma directeur de gestion et c’est aux entreprises à mettre en œuvre ces décisions. Les dérives viennent souvent d’une mauvaise répartition des rôles.”
L’accès à l’eau potable est devenu, du fait de son caractère indispensable, une denrée qu’on s’arrache. “En Polynésie, les choses ne sont pas tout à fait pareilles”, rappelle Gilles Lorphelin, directeur général des services (DGS) de la mairie de Mahina. “Le Fonds européen de développement (FED) permet d’aider les communes à améliorer ses services en matière d’approvisionnement en eau potable. Ses fonds vont en priorité à l’assainissement. En 2015, toutes les communes devront s’être dotées des équipements et moyens nécessaires à un bon accès à l’eau potable. Or nous voyons encore aujourd’hui et pas seulement ici, en Polynésie, une grande disparité des moyens et de l’accès à l’eau.”
Aujourd’hui, seules 13 communes ont accès à une eau de qualité, 30 à une eau de moins bonne qualité. La chloration permet généralement de garantir la potabilité de l’eau à cause de la défectuosité du réseau. “Le problème de la qualité de l’eau vient de deux facteurs : le captage ou la production d’eau et le transport de cette eau”, explique Hubert Viaris de Lesegno, directeur général de la Brasserie de Tahiti. “Pour nos jus, nous captons l’eau en profondeur, ce qui nous permet d’avoir de l’eau de très bonne qualité. Si on transportait cette eau vers le consommateur, elle serait contaminée parce que les tuyaux des réseaux sont contaminés !”
Il y a un autre problème auquel la Polynésie va devoir faire face : les limites de la ressource en eau. En effet, alors qu’en moyenne, dans le monde, une personne consomme en moyenne 200 litres par jour, en Polynésie française, on consomme environ 1 000 litres par personne et par jour. “Une consommation importante qui a un impact direct sur le budget des communes et donc sur les administrés. À Mahina, cela représente 115 millions par an et uniquement en électricité pour transporter cette eau jusqu’au consommateur. Ce budget ne tient pas compte des salaires et de la nécessaire rénovation du réseau hydraulique qui date des années soixante”, précise le DGS de la mairie de Mahina. Beaucoup de choses sont encore à faire dans ce domaine à l’horizon de 2015… pas seulement au niveau des communes.
Erika Thibault