Coca-Cola a fait sa réapparition en Inde en 1993.

Le Dossier COCA COLA d'ACME
PepsiCo s'y installait la même année. Après seize ans d'absence motivés par un litige fiscal, la compagnie d'Atlanta effectuait son retour en force. Difficile en effet pour une multinationale de l'agroalimentaire qui ambitionne l'hégémonie mondiale de rester plus longtemps à l'écart d'un pays continent. Le marché indien des boissons non alcoolisées, évalué à 1,2 milliard de dollars, a de quoi faire saliver les fabricants de sodas . Dès lors, rien d'étonnant à ce que Coca-Cola y ait fait d'importants investissements et qu'il y ait ouvert pas moins de cinquante unités de production à travers le pays .
PepsiCo s'y installait la même année. Après seize ans d'absence motivés par un litige fiscal, la compagnie d'Atlanta effectuait son retour en force. Difficile en effet pour une multinationale de l'agroalimentaire qui ambitionne l'hégémonie mondiale de rester plus longtemps à l'écart d'un pays continent. Le marché indien des boissons non alcoolisées, évalué à 1,2 milliard de dollars, a de quoi faire saliver les fabricants de sodas . Dès lors, rien d'étonnant à ce que Coca-Cola y ait fait d'importants investissements et qu'il y ait ouvert pas moins de cinquante unités de production à travers le pays .

Mehdiganj
La plus grande des usines d'embouteillage est installée à Plachimada, dans l'État du Kerala, au sud de l'Inde. De cet établissement, qui emploie moins de quatre cents personnes, vont sortir, chaque jour, 1.200.000 bouteilles. Or la fabrication de sodas est vorace en eau. Il faut 9 litres d'eau pour fabriquer 1 litre de Coca. Pour assurer sa production, la firme a obtenu l'autorisation de procéder au forage de plusieurs puits et de pomper quotidiennement 560.000 litres d'eau. A priori, on peut douter que les quantités autorisées suffisent à couvrir la production quotidienne affichée. Difficile, en l'absence de tout compteur, de savoir si Coca se contente bien de ses quotas.

Mehdiganj
Six mois seulement après la mise en service de l'usine, les populations avoisinantes, en particulier les paysans, déplorent un manque d'eau. Le niveau des puits a considérablement baissé, ce qui contraint les plus pauvres, les dalits (les intouchables), à parcourir de plus longs trajets pour s'approvisionner en eau. Coca-Cola est accusé de puiser le double des quantités autorisées. La compagnie s'en défend et incrimine la sécheresse des dernières années. Les précédentes canicules n'avaient pourtant jamais provoqué de tels dégâts. Jadis réputée pour être "le grenier à riz" du Kerala, la région doit faire appel aux camions-citernes.
La pénurie n'est pas le seul problème. La qualité elle-même de l'eau se trouve altérée. Elle a changé de couleur, elle est devenue impropre à la consommation, au point de provoquer chez certaines personnes des allergies de peau, des vomissements, des diarrhées… On découvre alors que l'entreprise déverse de manière inconsidérée ses déchets dans les rivières et les champs alentour. Les sols et les eaux souterraines ont selon toute vraisemblance été contaminés. Une pollution renforcée par le fait que l'usine a vendu aux paysans ses boues industrielles comme engrais.
Dans un pays où l'accès à l'eau potable demeure le problème quotidien de plus de 400 millions de personnes et où plus de 70 % de la population vit directement ou indirectement de l'agriculture, un tel désastre écologique ne pouvait engendrer que la révolte. En avril 2002, la population de Plachimada et des environs entame une marche de protestation contre Coca-Cola. Cette manifestation, la première d'une longue série, s'achève par un sit-in devant l'usine. Le piquet, qui a fêté son millième jour le 15 janvier 2005, est aujourd'hui encore présent aux portes de l'usine.
Le même scénario semble devoir se répéter à des milliers de kilomètres de là, plus au nord, à Mehdiganj dans l'État d'Uttar Pradesh, et à Kala Dera, dans le Rajasthan.
À Mehdiganj, la multinationale croit calmer la colère qui gronde en faisant livrer aux populations des couvertures et des ustensiles de cuisine. C'est tout ce que les services de communication de la compagnie ont trouvé comme réponse à des problèmes de pollution et de pénurie d'eau. Cette désinvolture ne fait qu'exacerber le mouvement de protestation, d'autant que des études scientifiques et gouvernementales vont venir confirmer les lourds soupçons qui pèsent désormais à l'égard de Coca-Cola.
En juillet 2003, des chercheurs anglais de l'Université d'Exeter publient les résultats de leurs études sur les boues industrielles de l'usine de Plachimada. Il s'avère que les déchets, ceux-là même que Coca revend aux paysans comme engrais, contiennent des doses élevées de métaux toxiques, tels que du cadmium et du plomb. Pour ces experts, il ne fait pas de doute que les niveaux détectés, qui dépassent amplement les seuils définis par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ont contaminé la terre, l'eau ainsi que la chaîne alimentaire. Se trouvent particulièrement exposés les femmes enceintes et les enfants, le plomb pouvant provoquer des lésions graves du système nerveux, le cadmium des cancers du foie, du rein… Le vice-président de Coca-Cola en Inde, M. Sunil Gupta, réfute les accusations en bloc. Ce n'est que sur injonction gouvernementale que l'entreprise cessera de revendre ses boues industrielles.
En août 2003, c'est au tour du Centre for Science and Environnement (CSE) de jeter un pavé dans la mare des sodas. Cette organisation non gouvernementale basée à New Delhi a analysé douze boissons distribuées par Coca-Cola et PepsiCo. Son étude révèle la présence de quatre pesticides (lindane, chloropyrifos, malathion, DDT) dans des quantités qui mettent en danger la santé des consommateurs . En l'absence de normes indiennes en la matière, les deux entreprises ont beau jeu d'arguer qu'elles ne sont nullement dans l'illégalité. Le CSE a établi que les mêmes sodas distribués sur le sol américain ne contenaient quant à eux pas le moindre milligramme de produits toxiques. Mais est-ce vraiment une surprise?
Selon l'organisation écologiste, les doses relevées s'expliqueraient par le fait que les usines pompent l'eau à des profondeurs, entre 30 et 150 mètres, où les pesticides infiltrés dans les sols persistent en grande quantité. On sait que par le passé l'agriculture indienne, pour relever le défi alimentaire, a usé massivement de produits chimiques. Si Coca-Cola et PepsiCo ne peuvent être tenus pour les uniques responsables de la situation, du moins l'aggravent-ils par leur pillage des eaux, leurs déversements intensifs de déchets, et plus grave peut-être, leur manière de répondre aux accusations.
A lire, mardi 11 avril 2006, la suite:
L'eau reconnue bien public au désespoir de Coca-Cola
Tout le dossier est déjà disponible. En voici le sommaire:
Première partie
- La légende Coca-Cola
- Coca-Cola boycotté… aux Etats-Unis
- Une action à la baisse, un bénéfice à la hausse
- On trouve de tout dans le Coca indien, même des pesticides
- L'eau reconnue bien public au désespoir de Coca-Cola
Deuxième partie
- Un Coca colombien bien frappé
- Fermer les yeux
- "Du temps de cerveau humain disponible" pour Coca-Cola
- 8 pages de documentation
Ce dossier (33 pages format PDF) est payant (sauf pour les abonnés: cliquez ici)
Téléchargez le dossier, en deux parties, au moyen du service téléphonique AlloPass
1,80 euros chaque partie depuis la France débité sur votre facture de téléphone.
La pénurie n'est pas le seul problème. La qualité elle-même de l'eau se trouve altérée. Elle a changé de couleur, elle est devenue impropre à la consommation, au point de provoquer chez certaines personnes des allergies de peau, des vomissements, des diarrhées… On découvre alors que l'entreprise déverse de manière inconsidérée ses déchets dans les rivières et les champs alentour. Les sols et les eaux souterraines ont selon toute vraisemblance été contaminés. Une pollution renforcée par le fait que l'usine a vendu aux paysans ses boues industrielles comme engrais.
Dans un pays où l'accès à l'eau potable demeure le problème quotidien de plus de 400 millions de personnes et où plus de 70 % de la population vit directement ou indirectement de l'agriculture, un tel désastre écologique ne pouvait engendrer que la révolte. En avril 2002, la population de Plachimada et des environs entame une marche de protestation contre Coca-Cola. Cette manifestation, la première d'une longue série, s'achève par un sit-in devant l'usine. Le piquet, qui a fêté son millième jour le 15 janvier 2005, est aujourd'hui encore présent aux portes de l'usine.
Le même scénario semble devoir se répéter à des milliers de kilomètres de là, plus au nord, à Mehdiganj dans l'État d'Uttar Pradesh, et à Kala Dera, dans le Rajasthan.
À Mehdiganj, la multinationale croit calmer la colère qui gronde en faisant livrer aux populations des couvertures et des ustensiles de cuisine. C'est tout ce que les services de communication de la compagnie ont trouvé comme réponse à des problèmes de pollution et de pénurie d'eau. Cette désinvolture ne fait qu'exacerber le mouvement de protestation, d'autant que des études scientifiques et gouvernementales vont venir confirmer les lourds soupçons qui pèsent désormais à l'égard de Coca-Cola.
En juillet 2003, des chercheurs anglais de l'Université d'Exeter publient les résultats de leurs études sur les boues industrielles de l'usine de Plachimada. Il s'avère que les déchets, ceux-là même que Coca revend aux paysans comme engrais, contiennent des doses élevées de métaux toxiques, tels que du cadmium et du plomb. Pour ces experts, il ne fait pas de doute que les niveaux détectés, qui dépassent amplement les seuils définis par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ont contaminé la terre, l'eau ainsi que la chaîne alimentaire. Se trouvent particulièrement exposés les femmes enceintes et les enfants, le plomb pouvant provoquer des lésions graves du système nerveux, le cadmium des cancers du foie, du rein… Le vice-président de Coca-Cola en Inde, M. Sunil Gupta, réfute les accusations en bloc. Ce n'est que sur injonction gouvernementale que l'entreprise cessera de revendre ses boues industrielles.
En août 2003, c'est au tour du Centre for Science and Environnement (CSE) de jeter un pavé dans la mare des sodas. Cette organisation non gouvernementale basée à New Delhi a analysé douze boissons distribuées par Coca-Cola et PepsiCo. Son étude révèle la présence de quatre pesticides (lindane, chloropyrifos, malathion, DDT) dans des quantités qui mettent en danger la santé des consommateurs . En l'absence de normes indiennes en la matière, les deux entreprises ont beau jeu d'arguer qu'elles ne sont nullement dans l'illégalité. Le CSE a établi que les mêmes sodas distribués sur le sol américain ne contenaient quant à eux pas le moindre milligramme de produits toxiques. Mais est-ce vraiment une surprise?
Selon l'organisation écologiste, les doses relevées s'expliqueraient par le fait que les usines pompent l'eau à des profondeurs, entre 30 et 150 mètres, où les pesticides infiltrés dans les sols persistent en grande quantité. On sait que par le passé l'agriculture indienne, pour relever le défi alimentaire, a usé massivement de produits chimiques. Si Coca-Cola et PepsiCo ne peuvent être tenus pour les uniques responsables de la situation, du moins l'aggravent-ils par leur pillage des eaux, leurs déversements intensifs de déchets, et plus grave peut-être, leur manière de répondre aux accusations.
A lire, mardi 11 avril 2006, la suite:
L'eau reconnue bien public au désespoir de Coca-Cola
Tout le dossier est déjà disponible. En voici le sommaire:
Première partie
- La légende Coca-Cola
- Coca-Cola boycotté… aux Etats-Unis
- Une action à la baisse, un bénéfice à la hausse
- On trouve de tout dans le Coca indien, même des pesticides
- L'eau reconnue bien public au désespoir de Coca-Cola
Deuxième partie
- Un Coca colombien bien frappé
- Fermer les yeux
- "Du temps de cerveau humain disponible" pour Coca-Cola
- 8 pages de documentation
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