La station de Boisbriand

La station de Boisbriand, financée par le gouvernement québécois, a été construite il y a 15 ans au bord de la rivière des Mille-Îles. Elle utilise une technologie de biofiltration qui n’a jamais fait ses preuves.. La station ne traite complètement que la moitié des eaux usées. Sans compter qu’on a sous-évalué la croissance démographique de la région. Résultats: on retrouve, dans l’effluent, jusqu’à 3,7 millions de coliformes fécaux par 100 ml d’eau. Or, la norme réglementaire pour la baignade est de 200 cf/100 ml d’eau.
Pierre Payment

Pierre Payment, microbiologiste et chercheur à l’Institut Armand-Frappier, a étudié, en 2003, les usines d’épuration de la rivière des Mille-Îles. Il constate qu’il est impossible de nager dans cette eau, ou alors on risque de contracter une gastroentérite, une hépatite, une méningite ou d’autres maladies plus ou moins graves. Du côté des autorités, on se relance la balle. Le maire de la ville, Robert Poirier, blâme le gouvernement provincial pour le mauvais fonctionnement de son usine. Au ministère québécois de l’Environnement, on dit que c’est à la municipalité d’assumer ses responsabilités dans ce domaine.
Pour améliorer la qualité de l’eau, il faudrait la désinfecter. La station de Boisbriand a bien essayé, avec des rayons ultraviolets, mais ça fonctionne mal. On montre du doigt les rejets du secteur industriel, qui dépassent régulièrement les limites permises. Cette usine attend les autorisations finales pour augmenter sa capacité.
À quand les dimanches à la plage?
Le panache
Les problèmes d’eau, il y en a aussi dans la région de Montréal. On a construit la station d’épuration des eaux usées de Montréal au début des années 80, dans la foulée de la politique d’assainissement des eaux du gouvernement québécois. Cette usine traite aujourd’hui plus de 60 % des eaux usées de la province.
Les pluies fortes obligent parfois cette station à déverser directement les eaux usées dans le fleuve. Autre gros problème de l’usine de Montréal: on n’a pas encore trouvé de technologie adéquate pour désinfecter l’eau. Ainsi, chaque jour depuis 20 ans, cette station rejette au fleuve, à la pointe est de l’île, plus de 2,5 millions de mètres cubes d’eau non désinfectée, contenant des coliformes fécaux. Ce problème de désinfection est répandu. Plus de la moitié des eaux traitées, au Québec sont rejetées dans les cours d’eau sans désinfection.
La propreté des eaux préoccupe bien des citoyens, et cela ne date pas d’hier.
Il y a des solutions dans l’air, tant à Boisbriand qu’à Montréal. Mais les processus sont longs – les études, les rapports, les autorisations. Combien de temps faudra-t-il encore attendre avant de pouvoir se baigner librement dans nos cours d’eau?