Les politiques gouvernementales, la mondialisation et le financement massif de projets au nom des réformes de la politique de l'eau vont capturer l'eau des pauvres au profit des riches.

Rahul Kumar NEW DELHI -
Dans une conférence de presse, jeudi, presqu'une douzaine d'organisations non gouvernementales, oeuvrant pour les droits à l'eau, sa conservation et sa défense ont annoncé le lancement d'une campagne pour sauver le Gange- ce fleuve saint, le plus adoré d'Inde -. La campagne commencera le 28 février par l'observation d'une pénitence et l'adresse d'une excuse au fleuve, à partir d'un temple hindou perché sur une colline de la commune de Tehri, à environ 400 km au nord de la capitale indienne de New Delhi.
Dans une conférence de presse, jeudi, presqu'une douzaine d'organisations non gouvernementales, oeuvrant pour les droits à l'eau, sa conservation et sa défense ont annoncé le lancement d'une campagne pour sauver le Gange- ce fleuve saint, le plus adoré d'Inde -. La campagne commencera le 28 février par l'observation d'une pénitence et l'adresse d'une excuse au fleuve, à partir d'un temple hindou perché sur une colline de la commune de Tehri, à environ 400 km au nord de la capitale indienne de New Delhi.

Vandana Shiva
Pour Vandana Shiva , présidente de la "Research Foundation of Science Technology and Ecology" (RFSTE), le lancement de cette campagne, s'impose car: " la politique gouvernementale, la mondialisation et le financement massif de projets au nom des réformes de la politique de l'eau vont capturer l'eau des pauvres au profit des riches. Ce mega projet ne peut pas permettre l'accès de l'eau au peuple, mais, avec certitude, ne peut que l'en éloigner. "
Les associations présentes ont souligné que leur campagne apportera la démocratie de l'eau, assurant que chaque goutte sera conservée, utilisée pour la moisson et partagée par le peuple. " L'Eau est un bien commun. Notre combat est pour rendre l'eau, une ressource commune. Nous condamnons toute politique qui fait de l'eau un produit d'État ," a tonné Shiva.
Pour Sunderlal Bahuguna, du Chipko Aandolan, Mouvement de conservation indien bien connu, " le saint créateur du Gange - le glacier Gangotri - a diminué et un désert se crée dans les montagnes. "Je crois que l'abattage d'arbres dans l'Himalaya et le réchauffement mondial fait rétrécir le glacier. J'ai arrêté le riz alimentaire parce que sa récolte consomme beaucoup d'eau."
" Les Barrages sont pensés pour être une source d'eau mais ceux-ci sont une source provisoire. Ils ont une durée de vie courte et une fois le barrage rempli de sable et de vase et rendu inutile, il doit être abandonné. Malheureusement les barrages ne sont construits que pour devenir une bonne affaire de construction ," s'est lamenté Bahuguna.
Il attaque l'arrangement du gouvernement indien concernant le fleuve qui va laisser des rivières polluées et épuisées. Des rivières éternelles comme l'Yamuna et le Ganga ne seront plus alimentées et seront abandonnées à cause de tels projets, il faut donc que le peuple s'opposent à de tels arrangements.
Ce projet, annoncé par le gouvernement indien en 2003, planifie de détourner l'eau de rivières en crue vers des rivières en déficit. Le projet est promu pour augmenter le potentiel d'irrigation et contrôler les inondations et doit relier les rivières de L'Himalaya comme les rivières de la péninsule indienne.
La première Liaison "Ken-Betwa Link " - est vertement critiquée par des activistes. D'après Bhartendu Prakash issu du Madhya Pradesh, un Etat du centre de l'Inde : " les multinationales fixent les yeux sur les deux rivières - le Ken et le Betwa. Leur jonction apportera l'eau à quelques régions en créant un déficit pour d'autres. Ainsi, presque la moitié de la célèbre Réserve du "Panna Tiger" sera noyée à cause de ce surplus d'eau et de ce projet phénoménal. "
Il ajoute : " les résidents devront être transférés et réhabilités, ce qui causera beaucoup d'autres problèmes. Ces projets sur ces deux rivières sont désastreux au niveau écologique, humanitaire et culturel et détruiront toutes sortes de vie dans le centre de l' Inde. c'est une fraude de faire croire au peuple que ce projet fera des miracles pour eux ."
Ces politiques de l'eau récemment adoptées par des états comme le Maharashtra et le Rajasthan furent condamnées par les différents orateurs, lors de la conférence. Shiva a rappelé: " les gouvernements en Inde sont esclaves sous la pression de la Banque mondiale. Mais nous protesterons contre la privatisation dans tout le pays - à Delhi, au Rajasthan ou au Maharashtra. Cette politique de l'aide édicte l'eau comme une propriété de l'état ce qui facilitera plus tard sa conversion comme propriété privée ."
Les associations présentes ont souligné que leur campagne apportera la démocratie de l'eau, assurant que chaque goutte sera conservée, utilisée pour la moisson et partagée par le peuple. " L'Eau est un bien commun. Notre combat est pour rendre l'eau, une ressource commune. Nous condamnons toute politique qui fait de l'eau un produit d'État ," a tonné Shiva.
Pour Sunderlal Bahuguna, du Chipko Aandolan, Mouvement de conservation indien bien connu, " le saint créateur du Gange - le glacier Gangotri - a diminué et un désert se crée dans les montagnes. "Je crois que l'abattage d'arbres dans l'Himalaya et le réchauffement mondial fait rétrécir le glacier. J'ai arrêté le riz alimentaire parce que sa récolte consomme beaucoup d'eau."
" Les Barrages sont pensés pour être une source d'eau mais ceux-ci sont une source provisoire. Ils ont une durée de vie courte et une fois le barrage rempli de sable et de vase et rendu inutile, il doit être abandonné. Malheureusement les barrages ne sont construits que pour devenir une bonne affaire de construction ," s'est lamenté Bahuguna.
Il attaque l'arrangement du gouvernement indien concernant le fleuve qui va laisser des rivières polluées et épuisées. Des rivières éternelles comme l'Yamuna et le Ganga ne seront plus alimentées et seront abandonnées à cause de tels projets, il faut donc que le peuple s'opposent à de tels arrangements.
Ce projet, annoncé par le gouvernement indien en 2003, planifie de détourner l'eau de rivières en crue vers des rivières en déficit. Le projet est promu pour augmenter le potentiel d'irrigation et contrôler les inondations et doit relier les rivières de L'Himalaya comme les rivières de la péninsule indienne.
La première Liaison "Ken-Betwa Link " - est vertement critiquée par des activistes. D'après Bhartendu Prakash issu du Madhya Pradesh, un Etat du centre de l'Inde : " les multinationales fixent les yeux sur les deux rivières - le Ken et le Betwa. Leur jonction apportera l'eau à quelques régions en créant un déficit pour d'autres. Ainsi, presque la moitié de la célèbre Réserve du "Panna Tiger" sera noyée à cause de ce surplus d'eau et de ce projet phénoménal. "
Il ajoute : " les résidents devront être transférés et réhabilités, ce qui causera beaucoup d'autres problèmes. Ces projets sur ces deux rivières sont désastreux au niveau écologique, humanitaire et culturel et détruiront toutes sortes de vie dans le centre de l' Inde. c'est une fraude de faire croire au peuple que ce projet fera des miracles pour eux ."
Ces politiques de l'eau récemment adoptées par des états comme le Maharashtra et le Rajasthan furent condamnées par les différents orateurs, lors de la conférence. Shiva a rappelé: " les gouvernements en Inde sont esclaves sous la pression de la Banque mondiale. Mais nous protesterons contre la privatisation dans tout le pays - à Delhi, au Rajasthan ou au Maharashtra. Cette politique de l'aide édicte l'eau comme une propriété de l'état ce qui facilitera plus tard sa conversion comme propriété privée ."

Le président de "Tarun Bharat Sangh " (TBS), Monsieur Rajendra Singh a ajouté que ce réseau hydrographique qui existait depuis des siècles, fondé sur une communauté qui gérait l'eau avec succès, avait été repris par le gouvernement et dépecé. " Nos leaders n'ont pas compris la politique mondiale d'eau dans laquelle "MNCS" fera des profits tandis que le peuple payera un lourd tribu pour son accès. "
Pour, Naqvi, " beaucoup de personnes pensent que le gouvernement de Delhi et la Banque mondiale ont annulé le processus de privatisation de l'eau à Delhi en raison des pressions supportées et des agitations. Le fait est que la demande de prêt par le gouvernement de Delhi à la Banque mondiale est en attente et n'a pas été annulée. Jusqu'à ce qu'il soit annulé nous ne pouvons pas être sûrs d'avoir gagné la guerre contre la privatisation à Delhi ."
Les activistes de l'eau travaillent maintenant sur des alternatives à cette politique d'eau pour que le gouvernement ainsi que le peuple puissent croire à des voies autres que la privatisation pour la gestion des ressources d'eau du pays.
... Les activistes ont décidé de tenir des Parlements de l'eau dans toutes ces villes en Inde où le peuple voient leurs ressources d'eau se raréfier ou polluée.
Source : southasia.oneworld.net
Traduction bénévole
Pour, Naqvi, " beaucoup de personnes pensent que le gouvernement de Delhi et la Banque mondiale ont annulé le processus de privatisation de l'eau à Delhi en raison des pressions supportées et des agitations. Le fait est que la demande de prêt par le gouvernement de Delhi à la Banque mondiale est en attente et n'a pas été annulée. Jusqu'à ce qu'il soit annulé nous ne pouvons pas être sûrs d'avoir gagné la guerre contre la privatisation à Delhi ."
Les activistes de l'eau travaillent maintenant sur des alternatives à cette politique d'eau pour que le gouvernement ainsi que le peuple puissent croire à des voies autres que la privatisation pour la gestion des ressources d'eau du pays.
... Les activistes ont décidé de tenir des Parlements de l'eau dans toutes ces villes en Inde où le peuple voient leurs ressources d'eau se raréfier ou polluée.
Source : southasia.oneworld.net
Traduction bénévole
Le Gange, un dépotoir à fleuve ouvert

Varanasi
Pollution. Face au 1,7 milliard de litres d'eaux usées déversés chaque jour dans la rivière sacrée, les capacités des usines de traitement s'avèrent insuffisantes.

Tous les matins à l'aube, Veer Bhadra Mishra fait sa prière sur les bords du Gange à Varanasi (anciennement Bénarès), la ville sacrée de l'hindouisme. Mahant (grand prêtre) de l'un des plus importants temples de la ville, il décline ses ablutions en trois gestes : la salutation au soleil, l'immersion dans le fleuve sacré et la boisson d'une gorgée de «nectar» gangétique. Depuis des années, le vieux mahant déroge toutefois à la tradition : il ne boit pas l'eau. « Je suis religieux, mais je ne suis pas aveugle », dit-il. Si sacré soit-il, le Gange est en effet l'un des cours d'eau les plus pollués au monde. Tout au long de ses 2 525 kilomètres, des usines et des municipalités y déversent leurs déchets : 1,7 milliard de litres d'eaux usées par jour, selon les estimations, dont la majeure partie n'est pas traitée. Sans compter la pollution occasionnée par les riverains (sacs plastique, lessive, carcasses d'animaux, etc.) et la multitude de dépouilles humaines qui y flottent, de nombreux hindous n'ayant pas assez d'argent pour payer la crémation totale des corps de leurs proches avant de disperser leurs cendres dans le fleuve. La police, aussi, jette les corps non réclamés dans la rivière.

Photo de DESHAKALYAN CHOWDHURY/AFP/Getty
Laver les péchés.
Cette triste réalité, la plupart des Indiens préfèrent cependant l'ignorer, le Gange étant le symbole de la pureté dans la mythologie hindoue. Tous les ans, des millions de fidèles viennent ainsi s'y tremper pour laver leurs péchés. Des millions d'autres vivent sur ses berges et s'y lavent donc quotidiennement, y compris les dents. Rien qu'à Varanasi, environ 60 000 personnes se baignent chaque jour sur les célèbres ghâts (quais). « Comment voulez-vous que ça me rende malade ? C'est le Gange !» s'étonne un pèlerin de passage. Veer Bhadra Mishra , lui, connaît trop bien la science pour se risquer à boire le « nectar ». En plus de ses fonctions religieuses, l'homme est en effet ingénieur hydraulique, ancien directeur du département d'ingénierie civile de l'université de Bénarès. A la tête d'une ONG, la Sankat Mochan Foundation (SMF), il se bat depuis 1982 pour nettoyer la rivière qu'il considère comme sa «mère». « Mon amour pour le Gange est la seule chose qui continue de me motiver, soupire-t-il, car, en vingt ans de lutte, rien n'a changé. Le fleuve est même plus pollué qu'avant .»
Malgré le milliard d'euros dépensé jusqu'ici par le gouvernement indien dans le cadre du Ganga Action Plan (GAP), le Gange continue de suffoquer. A la sortie de Varanasi, la concentration en coliformes fécaux (1) est entre 2 000 et 4 000 fois supérieure à la limite recommandée par l'Organisation mondiale de la santé pour une baignade sans danger. Bien qu'on ne sache pas avec précision l'impact que cela a sur la population, une étude récente estime que 66 % des habitants de la ville ayant un contact quotidien avec le fleuve souffrent de gastro-entérite aiguë, de dysenterie, de typhoïde, d'hépatite A ou même de choléra. Et si, dans d'autres cités fluviales, la faute incombe aux industries, ici, ce sont les égouts municipaux qui sont en ligne de mire. La capacité des trois usines de traitement des eaux usées est en effet de 102 millions de litres par jour, alors que la ville en génère... 260 millions. « Le gouvernement a construit sans réfléchir, accuse Veer Bhadra Mishra. Les objectifs étaient bons, mais la mise en place des projets défie toute logique. »
Cette triste réalité, la plupart des Indiens préfèrent cependant l'ignorer, le Gange étant le symbole de la pureté dans la mythologie hindoue. Tous les ans, des millions de fidèles viennent ainsi s'y tremper pour laver leurs péchés. Des millions d'autres vivent sur ses berges et s'y lavent donc quotidiennement, y compris les dents. Rien qu'à Varanasi, environ 60 000 personnes se baignent chaque jour sur les célèbres ghâts (quais). « Comment voulez-vous que ça me rende malade ? C'est le Gange !» s'étonne un pèlerin de passage. Veer Bhadra Mishra , lui, connaît trop bien la science pour se risquer à boire le « nectar ». En plus de ses fonctions religieuses, l'homme est en effet ingénieur hydraulique, ancien directeur du département d'ingénierie civile de l'université de Bénarès. A la tête d'une ONG, la Sankat Mochan Foundation (SMF), il se bat depuis 1982 pour nettoyer la rivière qu'il considère comme sa «mère». « Mon amour pour le Gange est la seule chose qui continue de me motiver, soupire-t-il, car, en vingt ans de lutte, rien n'a changé. Le fleuve est même plus pollué qu'avant .»
Malgré le milliard d'euros dépensé jusqu'ici par le gouvernement indien dans le cadre du Ganga Action Plan (GAP), le Gange continue de suffoquer. A la sortie de Varanasi, la concentration en coliformes fécaux (1) est entre 2 000 et 4 000 fois supérieure à la limite recommandée par l'Organisation mondiale de la santé pour une baignade sans danger. Bien qu'on ne sache pas avec précision l'impact que cela a sur la population, une étude récente estime que 66 % des habitants de la ville ayant un contact quotidien avec le fleuve souffrent de gastro-entérite aiguë, de dysenterie, de typhoïde, d'hépatite A ou même de choléra. Et si, dans d'autres cités fluviales, la faute incombe aux industries, ici, ce sont les égouts municipaux qui sont en ligne de mire. La capacité des trois usines de traitement des eaux usées est en effet de 102 millions de litres par jour, alors que la ville en génère... 260 millions. « Le gouvernement a construit sans réfléchir, accuse Veer Bhadra Mishra. Les objectifs étaient bons, mais la mise en place des projets défie toute logique. »
Corps flottant.
Lancée en 1986 à la suite d'une campagne de SMF, la première phase du GAP aurait, de fait, mérité un peu plus de réflexion, du moins en ce qui concerne Varanasi, où 8 millions d'euros ont été dépensés. Les pompes construites le long des ghâts pour intercepter une partie des égouts sont, par exemple, inondées au moins trois mois de l'année et ne peuvent donc pas fonctionner. Elles sont également sujettes aux coupures d'électricité, tout comme le crématorium électrique censé réduire le nombre de corps flottant dans la rivière et les usines de traitement des eaux usées. « Nous n'avons pas d'argent pour acheter l'essence des générateurs», s'excuse un responsable gouvernemental. Résultat : en cas de panne, soit les eaux usées se déversent dans le Gange, soit elles refluent vers la ville et ressortent par les bouches d'égout...
Plus ahurissant encore, les usines en question n'ont pas été conçues pour éliminer les matières fécales, pourtant considérées comme un foyer de gastro-entérites. L'eau «traitée», qui est censée servir à l'agriculture, contamine donc les nappes phréatiques des villages environnants. Et en période de mousson, quand les champs ne sont pas irrigués, elle repart directement dans la rivière. «Tout n'est pas parfait, avoue-t-on au ministère de l'Environnement, mais il fallait procéder par priorités, car ces aménagements coûtent extrêmement cher. Or l'environnement n'est pas une priorité dans le budget de l'Etat.»
Huit ans de statu quo .
Pour ne rien arranger, la seconde phase du GAP, qui aurait dû débuter en 1995, a été retardée en raison d'un affrontement entre l'Etat et la ville de Varanasi. Celle-ci soutient un projet élaboré par SMF et des chercheurs américains, consistant à construire, en aval de la ville, une série de bassins pour le traitement des eaux usées. Une option qui a l'avantage de réduire la dépendance électrique, mais que le gouvernement, lui, n'estime pas viable. Après huit ans de statu quo, les autorités ont décidé, en 2003, de mettre en oeuvre le projet d'origine qui, pour un coût de 7,3 millions d'euros, prévoit de rénover en partie le système d'égouts, de construire une nouvelle usine de traitement et de rééquiper celles existantes pour régler la question des matières fécales. Problème : même après la fin des travaux, prévue pour fin 2006, la capacité des usines restera inférieure aux besoins. «Ils continuent à vouloir utiliser les mêmes technologies qu'avant, alors que l'on sait aujourd'hui qu'elles sont inefficaces», s'insurge Veer Bhadra Mishra.
Conscient des lacunes, le gouvernement vient toutefois de mener une étude avec l'agence de développement japonaise Jica pour assurer la suite du programme dans quatre villes fluviales, dont Varanasi. Si l'accord est signé, celle-ci devrait bénéficier d'un investissement de 90 millions d'euros, financé par un prêt de la Banque japonaise de coopération internationale. Le détournement total des égouts n'interviendrait toutefois qu'en 2015 au plus tôt. D'ici là, des millions de pèlerins continueront de se purifier dans une eau sacrément sale.
(1) Ces bactéries sont présentes dans les excréments des animaux à sang chaud.
Libération 31 janvier 2005
pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gange
Lancée en 1986 à la suite d'une campagne de SMF, la première phase du GAP aurait, de fait, mérité un peu plus de réflexion, du moins en ce qui concerne Varanasi, où 8 millions d'euros ont été dépensés. Les pompes construites le long des ghâts pour intercepter une partie des égouts sont, par exemple, inondées au moins trois mois de l'année et ne peuvent donc pas fonctionner. Elles sont également sujettes aux coupures d'électricité, tout comme le crématorium électrique censé réduire le nombre de corps flottant dans la rivière et les usines de traitement des eaux usées. « Nous n'avons pas d'argent pour acheter l'essence des générateurs», s'excuse un responsable gouvernemental. Résultat : en cas de panne, soit les eaux usées se déversent dans le Gange, soit elles refluent vers la ville et ressortent par les bouches d'égout...
Plus ahurissant encore, les usines en question n'ont pas été conçues pour éliminer les matières fécales, pourtant considérées comme un foyer de gastro-entérites. L'eau «traitée», qui est censée servir à l'agriculture, contamine donc les nappes phréatiques des villages environnants. Et en période de mousson, quand les champs ne sont pas irrigués, elle repart directement dans la rivière. «Tout n'est pas parfait, avoue-t-on au ministère de l'Environnement, mais il fallait procéder par priorités, car ces aménagements coûtent extrêmement cher. Or l'environnement n'est pas une priorité dans le budget de l'Etat.»
Huit ans de statu quo .
Pour ne rien arranger, la seconde phase du GAP, qui aurait dû débuter en 1995, a été retardée en raison d'un affrontement entre l'Etat et la ville de Varanasi. Celle-ci soutient un projet élaboré par SMF et des chercheurs américains, consistant à construire, en aval de la ville, une série de bassins pour le traitement des eaux usées. Une option qui a l'avantage de réduire la dépendance électrique, mais que le gouvernement, lui, n'estime pas viable. Après huit ans de statu quo, les autorités ont décidé, en 2003, de mettre en oeuvre le projet d'origine qui, pour un coût de 7,3 millions d'euros, prévoit de rénover en partie le système d'égouts, de construire une nouvelle usine de traitement et de rééquiper celles existantes pour régler la question des matières fécales. Problème : même après la fin des travaux, prévue pour fin 2006, la capacité des usines restera inférieure aux besoins. «Ils continuent à vouloir utiliser les mêmes technologies qu'avant, alors que l'on sait aujourd'hui qu'elles sont inefficaces», s'insurge Veer Bhadra Mishra.
Conscient des lacunes, le gouvernement vient toutefois de mener une étude avec l'agence de développement japonaise Jica pour assurer la suite du programme dans quatre villes fluviales, dont Varanasi. Si l'accord est signé, celle-ci devrait bénéficier d'un investissement de 90 millions d'euros, financé par un prêt de la Banque japonaise de coopération internationale. Le détournement total des égouts n'interviendrait toutefois qu'en 2015 au plus tôt. D'ici là, des millions de pèlerins continueront de se purifier dans une eau sacrément sale.
(1) Ces bactéries sont présentes dans les excréments des animaux à sang chaud.
Libération 31 janvier 2005
pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gange