Mais qui est donc Mohamed Ajroudi ?

Liberation
Après avoir négocié tout l'été avec cet homme d'affaires franco-tunisien, Veolia veut aujourd'hui porter plainte pour escroquerie au motif qu'Ajroudi ne serait qu'un bonimenteur faisant miroiter de fausses relations auprès des monarchies du Golfe .
Lequel retourne le compliment : selon lui, leur rupture tiendrait plutôt à l'irruption intempestive d'un ami d'Henri Proglio (PDG de Veolia), Alexandre Djourhi, homme d'affaires franco-algérien, qui aurait réclamé sa part du gâteau. Retour sur d'invraisemblables tractations.
Pour les marchands d'eau, le Moyen-Orient fait figure d'Eldorado : Le baril de pétrole flambe à 44 dollars, mais le baril d'eau minérale est à 225 dollars... Emmanuel Petit, cadre chez Veolia, propose de constituer une société contrôlée à 51 % par les Français et 49 % par des capitaux arabes. Il entre en contact avec Ajroudi et le présente à sa direction comme «représentant les intérêts de divers membres de la famille régnante saoudienne, en particulier le roi et le régent», pas moins.
S'ensuit un curieux ballet pour organiser un rendez-vous avec Proglio. Emmanuel Petit contacte d'abord Alain Marsaud, ancien magistrat recruté par Vivendi pour s'occuper d'intelligence économique, aujourd'hui député UMP qui conserve une attache chez Veolia comme administrateur d'une filiale dans le dessalement d'eau de mer (Sidem), enjeu crucial au Moyen-Orient.
Lequel retourne le compliment : selon lui, leur rupture tiendrait plutôt à l'irruption intempestive d'un ami d'Henri Proglio (PDG de Veolia), Alexandre Djourhi, homme d'affaires franco-algérien, qui aurait réclamé sa part du gâteau. Retour sur d'invraisemblables tractations.
Pour les marchands d'eau, le Moyen-Orient fait figure d'Eldorado : Le baril de pétrole flambe à 44 dollars, mais le baril d'eau minérale est à 225 dollars... Emmanuel Petit, cadre chez Veolia, propose de constituer une société contrôlée à 51 % par les Français et 49 % par des capitaux arabes. Il entre en contact avec Ajroudi et le présente à sa direction comme «représentant les intérêts de divers membres de la famille régnante saoudienne, en particulier le roi et le régent», pas moins.
S'ensuit un curieux ballet pour organiser un rendez-vous avec Proglio. Emmanuel Petit contacte d'abord Alain Marsaud, ancien magistrat recruté par Vivendi pour s'occuper d'intelligence économique, aujourd'hui député UMP qui conserve une attache chez Veolia comme administrateur d'une filiale dans le dessalement d'eau de mer (Sidem), enjeu crucial au Moyen-Orient.
«Petit soldat».
Marsaud, qui préside le groupe d'amitié parlementaire France-Emirats arabes unis, accepte de faire l'intermédiaire, «bénévolement», souligne-t-il.
Le 24 mai, Petit, Ajroudi et Marsaud déjeunent à l'Assemblée. Leurs récits divergent. Selon Petit, Marsaud leur présente «l'homme sans qui Proglio n'est rien» : Alexandre Djourhi, proche de la famille Delon mais aussi de dirigeants africains. Chez Veolia, on admet qu'il est un «ami de longue date» du PDG, mais qu'il n'a aucune fonction dans le groupe. Toujours selon Petit, Djourhi exige 20 % du capital du futur Veolia Middle Est.
Démenti offusqué des intéressés : pour Marsaud, toute cette histoire est « grotesque ».
Les mêmes se retrouvent début juin au George-V, en présence de Proglio. L'accord 51-49 est évoqué. Petit et Ajroudi soutiennent que Djourhi prend brutalement la parole : «Je vous arrête, c'est moi qui parle. Henri n'est pas un général, c'est un petit soldat.» Un proche de Proglio juge cette version «totalement hallucinante : Henri n'est pas du genre à se laisser couper le sifflet comme ça» . Petit la maintient pourtant dans deux courriers envoyés au parquet de Paris et au juge Courroye.
Le 24 mai, Petit, Ajroudi et Marsaud déjeunent à l'Assemblée. Leurs récits divergent. Selon Petit, Marsaud leur présente «l'homme sans qui Proglio n'est rien» : Alexandre Djourhi, proche de la famille Delon mais aussi de dirigeants africains. Chez Veolia, on admet qu'il est un «ami de longue date» du PDG, mais qu'il n'a aucune fonction dans le groupe. Toujours selon Petit, Djourhi exige 20 % du capital du futur Veolia Middle Est.
Démenti offusqué des intéressés : pour Marsaud, toute cette histoire est « grotesque ».
Les mêmes se retrouvent début juin au George-V, en présence de Proglio. L'accord 51-49 est évoqué. Petit et Ajroudi soutiennent que Djourhi prend brutalement la parole : «Je vous arrête, c'est moi qui parle. Henri n'est pas un général, c'est un petit soldat.» Un proche de Proglio juge cette version «totalement hallucinante : Henri n'est pas du genre à se laisser couper le sifflet comme ça» . Petit la maintient pourtant dans deux courriers envoyés au parquet de Paris et au juge Courroye.
Lettre :
Encore mieux : à la fin de l'été, Mohamed Ajroudi déjeune avec Jean-René Fourtou, PDG de Vivendi, qui cherche à vendre les 20,4 % que son groupe détient encore dans Veolia. «Fourtou a prévenu Veolia qu'Ajroudi s'est proposé pour les 20 % », affirme un protagoniste. Cela commence à faire beaucoup. Tout va alors dégénérer très vite, d'autant que Fourtou et Marsaud sont en très mauvais termes.
Début octobre, les ponts sont coupés avec Ajroudi.
Motif du revirement : Veolia aurait entretemps sondé Alain Juillet, responsable du service d'intelligence économique mis en place par Raffarin. Lequel aurait dressé un tableau peu flatteur d'un Ajroudi faisant miroiter ses relations mais ne représentant finalement que lui-même.
Yazid Sabeg, président de la Compagnie des signaux, arrive en renfort pour narrer à Veolia sa propre expérience : en 1995, lors de la vente de frégates à l'Arabie Saoudite, Ajroudi l'aurait «harcelé» en sa qualité de «représentant du prince-gouverneur Al-Walid», semblant faire référence au plus célèbre des neveux du roi (actionnaire du George-V, d'Eurodisney et de la Citybank) pour monnayer son intervention. Il l'aurait menacé en ces termes : «En Arabie Saoudite, on sait couper les têtes.»
Ajroudi ironise : «Le prince-gouverneur s'appelle Saoud, pas Walid.» Sabeg (1) admet du moins avoir rencontré Al-Walid via Ajroudi. Proglio ne peut en dire autant : selon lui, c'était dans ce seul but qu'il avait accepté le rendez-vous au George-V.
Mais le prince n'est pas venu, Ajroudi prétextant une «crise de tics
La semaine dernière, au George-V, Mohamed Ajroudi fulmine en présence de Libération.
«Je n'ai jamais demandé à les rencontrer, n'inversons pas les rôles. Il n'a jamais été question d'Al-Walid. Je n'appartiens à personne : dans mes affaires, j'ai fait des tas de tours de table.» Il brandit une lettre de la direction de Suez au roi, à l'occasion d'une affaire montée par lui : «Mohamed Ajroudi nous a admirablement conseillés tout au long du chemin.» S'interroge à voix haute : «C'est cela être un escroc ?»
Début octobre, Emmanuel Petit était licencié.
Veolia lui reproche d'avoir épousé la cause d'Ajroudi plutôt que celle de son employeur. Il a une tout autre explication : «J'ai dénoncé des pratiques que je réprouve, on m'a dit de la fermer.» Dans ses plaintes, il évoque une commission de 18 millions de dollars versée par la Sidem. Depuis il se dit menacé : à son domicile, des visiteurs ont peint des croix et des cercueils.
(1) Curieusement, Sabeg avait embarqué Djourhi dans sa voiture à l'issue du déjeuner à l'Assemblée.
CONTACTEZ JL TOULY
Libération le journal
Début octobre, les ponts sont coupés avec Ajroudi.
Motif du revirement : Veolia aurait entretemps sondé Alain Juillet, responsable du service d'intelligence économique mis en place par Raffarin. Lequel aurait dressé un tableau peu flatteur d'un Ajroudi faisant miroiter ses relations mais ne représentant finalement que lui-même.
Yazid Sabeg, président de la Compagnie des signaux, arrive en renfort pour narrer à Veolia sa propre expérience : en 1995, lors de la vente de frégates à l'Arabie Saoudite, Ajroudi l'aurait «harcelé» en sa qualité de «représentant du prince-gouverneur Al-Walid», semblant faire référence au plus célèbre des neveux du roi (actionnaire du George-V, d'Eurodisney et de la Citybank) pour monnayer son intervention. Il l'aurait menacé en ces termes : «En Arabie Saoudite, on sait couper les têtes.»
Ajroudi ironise : «Le prince-gouverneur s'appelle Saoud, pas Walid.» Sabeg (1) admet du moins avoir rencontré Al-Walid via Ajroudi. Proglio ne peut en dire autant : selon lui, c'était dans ce seul but qu'il avait accepté le rendez-vous au George-V.
Mais le prince n'est pas venu, Ajroudi prétextant une «crise de tics
La semaine dernière, au George-V, Mohamed Ajroudi fulmine en présence de Libération.
«Je n'ai jamais demandé à les rencontrer, n'inversons pas les rôles. Il n'a jamais été question d'Al-Walid. Je n'appartiens à personne : dans mes affaires, j'ai fait des tas de tours de table.» Il brandit une lettre de la direction de Suez au roi, à l'occasion d'une affaire montée par lui : «Mohamed Ajroudi nous a admirablement conseillés tout au long du chemin.» S'interroge à voix haute : «C'est cela être un escroc ?»
Début octobre, Emmanuel Petit était licencié.
Veolia lui reproche d'avoir épousé la cause d'Ajroudi plutôt que celle de son employeur. Il a une tout autre explication : «J'ai dénoncé des pratiques que je réprouve, on m'a dit de la fermer.» Dans ses plaintes, il évoque une commission de 18 millions de dollars versée par la Sidem. Depuis il se dit menacé : à son domicile, des visiteurs ont peint des croix et des cercueils.
(1) Curieusement, Sabeg avait embarqué Djourhi dans sa voiture à l'issue du déjeuner à l'Assemblée.
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Libération le journal