
Giulio Tremonti a ajouté que le groupe d'électricité italien va adresser à la Commission européenne un "mémorandum" retraçant les différentes étapes de la préparation d'une OPA qui aurait débouché sur un dépeçage de Suez : le secteur énergétique à Enel, notamment les centrales nucléaires d'Electrabel en Belgique; l'environnement et les services hors de France à Veolia, le grand concurrent de Suez dans les secteurs de l'eau et du traitement des déchets ; l'environnement dans l'Hexagone à un troisième partenaire.
Une opération dont les Italiens pensaient qu'elle serait accueillie favorablement à Paris puisque, à les croire, l'initiative en revient à Henri Proglio, le PDG de Veolia qui est aussi un proche de Jacques Chirac. Dans le mémorandum de 8 pages, dont Le Monde s'est procuré une copie, il est effectivement spécifié qu'il a pris contact avec Enel à l'automne 2005. Il ne l'aurait pas fait sans le soutien du président, pensent-ils. Une première réunion se tient àRome, le 18 novembre 2005, entre M. Proglio et Fulvio Conti, administrateur délégué d'Enel. Très vite "émerge, à l'initiative de Veolia, la volonté d'étudier une éventuelle opération conjointe d'acquisition de Suez", note le document.
Alain Minc, président d'AM Conseil (et du conseil de surveillance du Monde), est à la manœuvre. Il le reconnaît mais s'étonne que le mémorandum ait "fuité". "J'ose espérer que, s'agissant d'agendas privés, ni des services privés, ni des services publics ne sont impliqués", dit-il, avant de s'emporter : "Halte au syndrome du complot contre la nation ! Conseiller un groupe européen, ce n'est pas un crime de haute trahison."
DÎNER À ROME
Le montage financier est précisé, le 2 décembre 2005, au cours d'une réunion à Milan : Enel, avec un trésor de guerre de 15 milliards d'euros, paiera en numéraire, Veolia en liquide et en actions. La date de lancement est fixée à "fin mars". Les 7 et 13 décembre 2005, les deux groupes peaufinent le partage de Suez. Début janvier, ils sont prêts à une offre conjointe directe Enel-Veolia à 80 %-20 %. La première donne mandat au Crédit suisse, la seconde à la Société générale et à BNP Paribas.
Réunis à Paris, le 11 janvier, M. Proglio et M. Conti décident alors de prévenir le gouvernement français de "façon informelle". Le 15, poursuit le document, Thierry Breton est mis dans la confidence par le PDG de Veolia lors d'une rencontre que ne dément pas Bercy. Le ministre de l'économie exprime sa "perplexité", évoque la possibilité d'impliquer Gaz de France dans l'opération et demande un délai de réflexion. Les jours suivants, le patron de Suez est informé – directement par M. Breton, affirme-t-on à Rome – du plan Enel-Veolia. Très remonté, Gérard Mestrallet réclame aussitôtl'intervention de Dominique de Villepin.
Au cours d'un dîner à Rome, le 30 janvier, les états-majors des deux assaillants décident de lancer leur offre conjointe dès que le français aura trouvé un partenaire pour la reprise des activités environnement de Suez en France. Veolia affirme être en cours de négociation avec un acheteur français. Le 9février, M. Conti décrit à M. Tremonti les grandes lignes de l'OPA sur Suez.
Les événements se précipitent le 21 février, quand Il Giornale, le quotidien du frère de Silvio Berlusconi, évente le projet. Enel doit reconnaître qu'elle "étudie plusieurs dossiers, dont celui d'Electrabel" M. de Villepin et M. Breton téléphonent à leurs homologues italiens pour leur dire tout le mal qu'ils pensent de ce projet. Le lendemain matin, M. Proglio confirme pourtant à M. Conti sa volonté de poursuivre l'opération. Mais dans la journée, Jacques Chirac appelle Silvio
Berlusconi, insistant à son tour sur la nature hostile de l'OPA. Et M. Proglio rappelle M. Conti pour lui dire, selon le document, qu'"on l'a invité à interrompre toute tractation" avec Enel. Une pression de l'Elysée ? Quelques heures plus tard, Veolia assure qu'il n'a "pas de projet de participation directe ou indirecte à une offre publique relative à la société Suez", alimentant, chez les Italiens, le sentiment d'avoir été trahis par Veolia. Le 25 février, M. de Villepin annonce le projet de fusion Suez-Gaz de France.
Une opération dont les Italiens pensaient qu'elle serait accueillie favorablement à Paris puisque, à les croire, l'initiative en revient à Henri Proglio, le PDG de Veolia qui est aussi un proche de Jacques Chirac. Dans le mémorandum de 8 pages, dont Le Monde s'est procuré une copie, il est effectivement spécifié qu'il a pris contact avec Enel à l'automne 2005. Il ne l'aurait pas fait sans le soutien du président, pensent-ils. Une première réunion se tient àRome, le 18 novembre 2005, entre M. Proglio et Fulvio Conti, administrateur délégué d'Enel. Très vite "émerge, à l'initiative de Veolia, la volonté d'étudier une éventuelle opération conjointe d'acquisition de Suez", note le document.
Alain Minc, président d'AM Conseil (et du conseil de surveillance du Monde), est à la manœuvre. Il le reconnaît mais s'étonne que le mémorandum ait "fuité". "J'ose espérer que, s'agissant d'agendas privés, ni des services privés, ni des services publics ne sont impliqués", dit-il, avant de s'emporter : "Halte au syndrome du complot contre la nation ! Conseiller un groupe européen, ce n'est pas un crime de haute trahison."
DÎNER À ROME
Le montage financier est précisé, le 2 décembre 2005, au cours d'une réunion à Milan : Enel, avec un trésor de guerre de 15 milliards d'euros, paiera en numéraire, Veolia en liquide et en actions. La date de lancement est fixée à "fin mars". Les 7 et 13 décembre 2005, les deux groupes peaufinent le partage de Suez. Début janvier, ils sont prêts à une offre conjointe directe Enel-Veolia à 80 %-20 %. La première donne mandat au Crédit suisse, la seconde à la Société générale et à BNP Paribas.
Réunis à Paris, le 11 janvier, M. Proglio et M. Conti décident alors de prévenir le gouvernement français de "façon informelle". Le 15, poursuit le document, Thierry Breton est mis dans la confidence par le PDG de Veolia lors d'une rencontre que ne dément pas Bercy. Le ministre de l'économie exprime sa "perplexité", évoque la possibilité d'impliquer Gaz de France dans l'opération et demande un délai de réflexion. Les jours suivants, le patron de Suez est informé – directement par M. Breton, affirme-t-on à Rome – du plan Enel-Veolia. Très remonté, Gérard Mestrallet réclame aussitôtl'intervention de Dominique de Villepin.
Au cours d'un dîner à Rome, le 30 janvier, les états-majors des deux assaillants décident de lancer leur offre conjointe dès que le français aura trouvé un partenaire pour la reprise des activités environnement de Suez en France. Veolia affirme être en cours de négociation avec un acheteur français. Le 9février, M. Conti décrit à M. Tremonti les grandes lignes de l'OPA sur Suez.
Les événements se précipitent le 21 février, quand Il Giornale, le quotidien du frère de Silvio Berlusconi, évente le projet. Enel doit reconnaître qu'elle "étudie plusieurs dossiers, dont celui d'Electrabel" M. de Villepin et M. Breton téléphonent à leurs homologues italiens pour leur dire tout le mal qu'ils pensent de ce projet. Le lendemain matin, M. Proglio confirme pourtant à M. Conti sa volonté de poursuivre l'opération. Mais dans la journée, Jacques Chirac appelle Silvio
Berlusconi, insistant à son tour sur la nature hostile de l'OPA. Et M. Proglio rappelle M. Conti pour lui dire, selon le document, qu'"on l'a invité à interrompre toute tractation" avec Enel. Une pression de l'Elysée ? Quelques heures plus tard, Veolia assure qu'il n'a "pas de projet de participation directe ou indirecte à une offre publique relative à la société Suez", alimentant, chez les Italiens, le sentiment d'avoir été trahis par Veolia. Le 25 février, M. de Villepin annonce le projet de fusion Suez-Gaz de France.
Suez : Enel accuse Veolia de trahison article de Capital

Les dirigeants de Suez et GDF ont annoncé lors de la présentation de l'opération de fusion qu'ils travaillaient à leur rapprochement depuis de nombreux mois, et que les rumeurs de rachat de Suez par l'italien Enel n'avait fait qu'accélérer le mouvement. Or, le groupe italien soutenu par son gouvernement énonce d'autres éléments, qui mettent en cause le premier concurrent de Suez : Veolia Environnement.
Plainte à Bruxelles
Le groupe dirigé par Fluvio Conti s'apprête aujourd'hui à remettre un document à la Commission européenne ayant pour objectif de prouver que le gouvernement français aurait enfreint les règes de concurrence au sein d' l'UE. Et de montrer que Henri Proglio, patron de Veolia Environnement, aurait "trahi" ses engagements.
Selon le document cité par Les Echos, Veolia aurait été à l'origine du rapprochement avec Enel afin de s'emparer de Suez. L'Italien récupérait ainsi les activités d'énergie (Electrabel et gaz) et le Français les activités d'environnement. Après plusieurs mois de discussions, Henri Proglio fait part au gouvernement de ses intentions ; Thierry Breton affiche alors un sentiment réservé. Quelques fuites dans la presse italienne plus tard, le patron de Veolia se voit même "invité à interrompre toute négociation en vue de l'acquisition de Suez" par le gouvernement français.
Enel et le gouvernement italien estiment donc que le véto français et la fusion Suez-GDF constituent une entrave aux règles de la concurrence
Plainte à Bruxelles
Le groupe dirigé par Fluvio Conti s'apprête aujourd'hui à remettre un document à la Commission européenne ayant pour objectif de prouver que le gouvernement français aurait enfreint les règes de concurrence au sein d' l'UE. Et de montrer que Henri Proglio, patron de Veolia Environnement, aurait "trahi" ses engagements.
Selon le document cité par Les Echos, Veolia aurait été à l'origine du rapprochement avec Enel afin de s'emparer de Suez. L'Italien récupérait ainsi les activités d'énergie (Electrabel et gaz) et le Français les activités d'environnement. Après plusieurs mois de discussions, Henri Proglio fait part au gouvernement de ses intentions ; Thierry Breton affiche alors un sentiment réservé. Quelques fuites dans la presse italienne plus tard, le patron de Veolia se voit même "invité à interrompre toute négociation en vue de l'acquisition de Suez" par le gouvernement français.
Enel et le gouvernement italien estiment donc que le véto français et la fusion Suez-GDF constituent une entrave aux règles de la concurrence