Des élus franciliens le répètent sur tous les tons : «C’est une occasion historique.» Demain, le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), regroupant 144 villes de banlieue parisienne, va renouveler son équipe dirigeante, celle qui devra négocier d’ici à 2010 la reconduction ou pas du contrat qui la lie depuis 1923 à la Générale des eaux (rebaptisée Veolia).
Fatras. Le Sedif, c’est quatre millions d’usagers consommant 300 milliards de litres par an. Le principal client - au monde ! - de Veolia. Il fait figure de symbole dans le débat sur les mérites comparés de la gestion publique ou privée de l’eau. Contrairement à la vulgate libérale, les régies municipales affichent souvent des tarifs moins chers que les concessions privées - la différence pouvant atteindre 70 %. Les comparaisons, noyées sous un fatras de considérations techniques et comptables, ne sont pas toujours aisées. Mais le fait est là : à 1,69 euro le m3, l’eau du Sedif est parmi les plus chères de France.
Au côté du communiste Patrick Braouezec, président de l’agglomération de Saint-Denis, Philippe Kaltenbach, maire socialiste de Clamart, tente de fédérer les élus de gauche : «Au-delà des anciennes pratiques de corruption et quelles que soient les arguties, Veolia s’est suffisamment goinfré.» Mardi dernier, une trentaine de représentants ont décidé de présenter un candidat favorable à un retour en régie contre André Santini, président du Sedif depuis un quart de siècle. Le maire d’Issy-les-Moulineaux et ministre de la Fonction publique avait été précédemment réélu par acclamations. «Le Sedif est une machine à lever la main quatre fois par an en écoutant le show de Santini», soupire un élu.
L’arithmétique électorale n’y est pour rien, malgré un léger rééquilibrage depuis les dernières municipales (sur les 144 communes, 70 sont classées à droite, 67 à gauche, plus trois Modem et quatre divers), car l’opposition privé-public transcende le clivage droite-gauche. Le communiste Jacques Perreux, conseiller général du Val-de-Marne, en vient à rappeler : «Quand on est de gauche, normalement, je dis bien normalement, on est pour une gestion publique de l’eau.» Mais les marchands de flotte - oubliés des nationalisations de 1981 - ont toujours su brouiller les cartes électorales. Le PCF n’a inscrit le retour en régie dans son programme qu’à l’occasion de son dernier congrès.
Dans l’équipe sortante du Sedif, l’apparenté communiste Jean-Pierre Brard, député-maire de Montreuil, était un fidèle soutient d’André Santini. Vainqueur contre lui en mars, Dominique Voynet se dit partisane de «nettoyer les écuries» du Sedif, mais redoute une «victoire à la Pyrrhus» : «Les majors de l’eau ont anticipé la nécessité d’afficher une baisse des prix. Mais le débat reste aux mains de techniciens formés par elles.»
Malin comme un singe, André Santini se dit ouvert à tout, observant de près la scène parisienne (lire ci-dessous). La renégociation du contrat Sedif «va être l’événement du siècle», prophétise-t-il. Pour mieux préparer le terrain, il a commandé une batterie d’audits que les nouveaux représentants du Sedif devront avaler en quelques semaines.
Tiers-monde. Santini veut faire oublier sa proximité avec les distributeurs d’eau. Egalement président du Comité de bassin Seine-Normandie, il avait réussi l’exploit de faire nommer, au titre de représentant des usagers, un dirigeant de Veolia Eau… En 2005, il défendait une loi permettant d’affecter 1 % des budgets eau en faveur du tiers-monde asséché. Un élan humanitaire qu’il explicitait devant ses collègues députés : «C’est aussi un moyen de compléter utilement la conquête de marchés par les grands groupes français.»
Avant même de naître, le Grand Paris a les pieds dans l’eau. Bertrand Delanoë envisage de remunicipaliser la distribution d’eau tout en se réservant la faculté d’en sous-traiter une partie à Suez ou Veolia. Le mouvement est déjà enclenché et ne tiendra pas du big-bang. La révolution, c’est que Eaux de Paris pourra commercialiser sa production alentours. La capitale dispose d’un avantage compétitif : une eau de qualité puisée dans des sources éloignées puis acheminée par aqueduc, facturée 0,9 euro le m3. Le Sedif, lui, doit puiser dans les fleuves une eau qu’il faut davantage potabiliser, d’où un prix plus élevé. Paris alimente déjà Eurodisney. En 1998, la capitale avait tenté de chiper au Sedif l’alimentation de Rungis à prix discount. Santini avait alors menacé Tiberi et sa tentative de «débauchage». Condamné à 100 000 euros d’amende, Santini peste depuis contre cette «marchandisation» de l’eau. Le Sedif change aujourd’hui de tactique et tente d’amadouer Delanoë : dans une tribune publiée par les Echos, Santini propose que «les services de production d’eau du Grand Paris s’associent pour optimiser et mutualiser leurs coûts de production».
Signataires de l'appel pour une gestion publique de l'eau du Sedif :
Elus :
Philippe KALTENBACH, Maire de Clamart, Président de la CA Sud de Seine, délégué.
Christian METAIRIE, Vice-Président de la CA du Val de Bièvre, délégué.
Dominique VOYNET, Sénatrice, Maire de Montreuil, déléguée.
Patrick BRAOUEZEC, Député, Président de la CA Plaine Commune
Jacques PERREUX, Vice-Président du Conseil Général du Val de Marne. Délégué.
François LAMY, Député-Maire de Palaiseau, Président de la CA du Plateau de Saclay
Gilbert ROGER, Maire de Bondy, 1er vice-président du CG93.
Simone MATHIEU – Maire de Viry-Chatillon, déléguée.
Ali ZAHI adjoint au maire de Bondy, délégué.
Madjid MESSAOUDENE, délégué de St Denis Plaine Commune.
François RIVET, Conseiller Municipal Antony, Conseiller d’Agglomération des Hauts de Bièvres.
M. THELLIA, délégué de Fresnes.
B BENEDICTE, délégué de Fontenay-sous-Bois
Jean-Pierre FRIES, délégué de Chevilly-Larue.
Gabriel AMARD, délégué de Viry-Châtillon.
Frédéric ZENOU délégué du Kremlin-Bicêtre.
Franck PERILLAT, délégué de Villejuif.
Michel CHATENENT, délégué de l’Ile-Saint-Denis
Sylvie VASSALO, déléguée de Vitry sur Seine.
Marcel BOYER, délégué d'Ecouen.
Claire COMPAIN, conseillère municipale déléguée à l'eau - Montreuil
Jean-Paul LE GALLOU, Montreuil.
Elisabeth LOICHOT, Conseillère municipale d’Ivry-sur-Seine, Déléguée aux Eco-quartiers dans les opérations d’urbanisme. Présidente du groupe des élu-es Vert-es.
Benoît WILLOT, Conseiller municipal de Joinville-le-Pont.
Vincent DUGUET, Conseiller municipal "Bondy autrement". Militant communiste unitaire (ACU).
Mourad CHIKAOUI, vice-Président de l’agglomération de Val de France (Sarcelles), délégué.
Frédérique DENIS, conseillère municipale de Noisy-le-Grand.
Sylvie DUFFRENE, maire adjointe de Noisy-le-Grand et conseillère régionale.
Maïté CHAMBAUD, Maire adjointe de Noisy-le-Grand.
Michel RIZZO, maire adjoint de Noisy-le-Grand.
Gilles OBERRIEDER, conseiller municipal délégué de Noisy-le-Grand.
Michel ELBOODE, Conseiller Municipal de Noisy-le-Grand.
Fatah AGGOUNE, Maire adjoint de Gentilly, Conseiller communautaire, délégué titulaire de Gentilly représentant la CA de val de Bièvre.
Cécile RANGUIN, déléguée suppléante et Maire adjointe de Saint Denis.
Hervé RIVIERES, délégué d'Ivry sur Seine.
P.ATHUILL, délégué, au nom de la majorité municipale de Chelles.
Xavier NGUYEN, Secrétaire de la section PS de Wissous (91)
Patrick MONARD.
Gisela BAUMANN.
Associations :
Jean-Luc TOULY, ACME.
Marc LAIME, ACME.
Jean-Claude OLIVA, coordination eau île de France.
Nicolas VOISIN, en tant que secrétaire de l'association Elus Associations Usagers (EAU).
Jean-Yves MARSOUIN, au nom du CL Attac St Ouen, Ile St Denis, Saint Denis, Epinay.
Nicolas LASMAN, au nom du groupe Attac Clamart.
Séverine TESSIER, présidente de l’association ANTICOR.
Fatras. Le Sedif, c’est quatre millions d’usagers consommant 300 milliards de litres par an. Le principal client - au monde ! - de Veolia. Il fait figure de symbole dans le débat sur les mérites comparés de la gestion publique ou privée de l’eau. Contrairement à la vulgate libérale, les régies municipales affichent souvent des tarifs moins chers que les concessions privées - la différence pouvant atteindre 70 %. Les comparaisons, noyées sous un fatras de considérations techniques et comptables, ne sont pas toujours aisées. Mais le fait est là : à 1,69 euro le m3, l’eau du Sedif est parmi les plus chères de France.
Au côté du communiste Patrick Braouezec, président de l’agglomération de Saint-Denis, Philippe Kaltenbach, maire socialiste de Clamart, tente de fédérer les élus de gauche : «Au-delà des anciennes pratiques de corruption et quelles que soient les arguties, Veolia s’est suffisamment goinfré.» Mardi dernier, une trentaine de représentants ont décidé de présenter un candidat favorable à un retour en régie contre André Santini, président du Sedif depuis un quart de siècle. Le maire d’Issy-les-Moulineaux et ministre de la Fonction publique avait été précédemment réélu par acclamations. «Le Sedif est une machine à lever la main quatre fois par an en écoutant le show de Santini», soupire un élu.
L’arithmétique électorale n’y est pour rien, malgré un léger rééquilibrage depuis les dernières municipales (sur les 144 communes, 70 sont classées à droite, 67 à gauche, plus trois Modem et quatre divers), car l’opposition privé-public transcende le clivage droite-gauche. Le communiste Jacques Perreux, conseiller général du Val-de-Marne, en vient à rappeler : «Quand on est de gauche, normalement, je dis bien normalement, on est pour une gestion publique de l’eau.» Mais les marchands de flotte - oubliés des nationalisations de 1981 - ont toujours su brouiller les cartes électorales. Le PCF n’a inscrit le retour en régie dans son programme qu’à l’occasion de son dernier congrès.
Dans l’équipe sortante du Sedif, l’apparenté communiste Jean-Pierre Brard, député-maire de Montreuil, était un fidèle soutient d’André Santini. Vainqueur contre lui en mars, Dominique Voynet se dit partisane de «nettoyer les écuries» du Sedif, mais redoute une «victoire à la Pyrrhus» : «Les majors de l’eau ont anticipé la nécessité d’afficher une baisse des prix. Mais le débat reste aux mains de techniciens formés par elles.»
Malin comme un singe, André Santini se dit ouvert à tout, observant de près la scène parisienne (lire ci-dessous). La renégociation du contrat Sedif «va être l’événement du siècle», prophétise-t-il. Pour mieux préparer le terrain, il a commandé une batterie d’audits que les nouveaux représentants du Sedif devront avaler en quelques semaines.
Tiers-monde. Santini veut faire oublier sa proximité avec les distributeurs d’eau. Egalement président du Comité de bassin Seine-Normandie, il avait réussi l’exploit de faire nommer, au titre de représentant des usagers, un dirigeant de Veolia Eau… En 2005, il défendait une loi permettant d’affecter 1 % des budgets eau en faveur du tiers-monde asséché. Un élan humanitaire qu’il explicitait devant ses collègues députés : «C’est aussi un moyen de compléter utilement la conquête de marchés par les grands groupes français.»
Avant même de naître, le Grand Paris a les pieds dans l’eau. Bertrand Delanoë envisage de remunicipaliser la distribution d’eau tout en se réservant la faculté d’en sous-traiter une partie à Suez ou Veolia. Le mouvement est déjà enclenché et ne tiendra pas du big-bang. La révolution, c’est que Eaux de Paris pourra commercialiser sa production alentours. La capitale dispose d’un avantage compétitif : une eau de qualité puisée dans des sources éloignées puis acheminée par aqueduc, facturée 0,9 euro le m3. Le Sedif, lui, doit puiser dans les fleuves une eau qu’il faut davantage potabiliser, d’où un prix plus élevé. Paris alimente déjà Eurodisney. En 1998, la capitale avait tenté de chiper au Sedif l’alimentation de Rungis à prix discount. Santini avait alors menacé Tiberi et sa tentative de «débauchage». Condamné à 100 000 euros d’amende, Santini peste depuis contre cette «marchandisation» de l’eau. Le Sedif change aujourd’hui de tactique et tente d’amadouer Delanoë : dans une tribune publiée par les Echos, Santini propose que «les services de production d’eau du Grand Paris s’associent pour optimiser et mutualiser leurs coûts de production».
Signataires de l'appel pour une gestion publique de l'eau du Sedif :
Elus :
Philippe KALTENBACH, Maire de Clamart, Président de la CA Sud de Seine, délégué.
Christian METAIRIE, Vice-Président de la CA du Val de Bièvre, délégué.
Dominique VOYNET, Sénatrice, Maire de Montreuil, déléguée.
Patrick BRAOUEZEC, Député, Président de la CA Plaine Commune
Jacques PERREUX, Vice-Président du Conseil Général du Val de Marne. Délégué.
François LAMY, Député-Maire de Palaiseau, Président de la CA du Plateau de Saclay
Gilbert ROGER, Maire de Bondy, 1er vice-président du CG93.
Simone MATHIEU – Maire de Viry-Chatillon, déléguée.
Ali ZAHI adjoint au maire de Bondy, délégué.
Madjid MESSAOUDENE, délégué de St Denis Plaine Commune.
François RIVET, Conseiller Municipal Antony, Conseiller d’Agglomération des Hauts de Bièvres.
M. THELLIA, délégué de Fresnes.
B BENEDICTE, délégué de Fontenay-sous-Bois
Jean-Pierre FRIES, délégué de Chevilly-Larue.
Gabriel AMARD, délégué de Viry-Châtillon.
Frédéric ZENOU délégué du Kremlin-Bicêtre.
Franck PERILLAT, délégué de Villejuif.
Michel CHATENENT, délégué de l’Ile-Saint-Denis
Sylvie VASSALO, déléguée de Vitry sur Seine.
Marcel BOYER, délégué d'Ecouen.
Claire COMPAIN, conseillère municipale déléguée à l'eau - Montreuil
Jean-Paul LE GALLOU, Montreuil.
Elisabeth LOICHOT, Conseillère municipale d’Ivry-sur-Seine, Déléguée aux Eco-quartiers dans les opérations d’urbanisme. Présidente du groupe des élu-es Vert-es.
Benoît WILLOT, Conseiller municipal de Joinville-le-Pont.
Vincent DUGUET, Conseiller municipal "Bondy autrement". Militant communiste unitaire (ACU).
Mourad CHIKAOUI, vice-Président de l’agglomération de Val de France (Sarcelles), délégué.
Frédérique DENIS, conseillère municipale de Noisy-le-Grand.
Sylvie DUFFRENE, maire adjointe de Noisy-le-Grand et conseillère régionale.
Maïté CHAMBAUD, Maire adjointe de Noisy-le-Grand.
Michel RIZZO, maire adjoint de Noisy-le-Grand.
Gilles OBERRIEDER, conseiller municipal délégué de Noisy-le-Grand.
Michel ELBOODE, Conseiller Municipal de Noisy-le-Grand.
Fatah AGGOUNE, Maire adjoint de Gentilly, Conseiller communautaire, délégué titulaire de Gentilly représentant la CA de val de Bièvre.
Cécile RANGUIN, déléguée suppléante et Maire adjointe de Saint Denis.
Hervé RIVIERES, délégué d'Ivry sur Seine.
P.ATHUILL, délégué, au nom de la majorité municipale de Chelles.
Xavier NGUYEN, Secrétaire de la section PS de Wissous (91)
Patrick MONARD.
Gisela BAUMANN.
Associations :
Jean-Luc TOULY, ACME.
Marc LAIME, ACME.
Jean-Claude OLIVA, coordination eau île de France.
Nicolas VOISIN, en tant que secrétaire de l'association Elus Associations Usagers (EAU).
Jean-Yves MARSOUIN, au nom du CL Attac St Ouen, Ile St Denis, Saint Denis, Epinay.
Nicolas LASMAN, au nom du groupe Attac Clamart.
Séverine TESSIER, présidente de l’association ANTICOR.