
En à peine 10 ans, une cinquantaine de collectivités locales importantes ( Paris, Castres, Rouen, Grenoble, Cherbourg, Digne, départements des Landes...) ont décidé de leur reprendre la gestion de la distribution de l'eau pour la confier à des équipes publiques. Et même si elles ne sautent pas forcément le pas, beaucoup d'autres villes se posent aujourd'hui la question de la "remunicipalisation" au moment du renouvellement de leur contrat. Il faut dire que les élus ont de quoi s'interroger : presque partout où elle existe, l'exploitation publique en régie s'avère plus intéressante pour les usagers que la délégation à des entreprises privées.

Ses dernières facturent en effet leur service nettement plus cher (de 20 % à 40 %, il y a 20 ans, d'environ 12 % en aujourd'hui), alors qu'elles fournissent une eau de qualité quasiment comparable. Et qu'elles entretiennent les réseaux de tuyaux avec moins d'empressement et d'efficacité. Ce qui ne les a pourtant pas empêchées de rafler 71 % des parts de marché de la distribution.
Longtemps les trois compagnies ont profité du désintérêt des élus pour ses histoires complexes de tuyaux et de flux. Elles ont également su user d'arguments très convaincants : embauche d'élus ou de membres de leur famille, voyage d'études au soleil, mise à disposition des collectivités locales de fonds importants ( les droits d'entrée ), sans parler du financement occulte à large échelle des partis politiques, dont elles se sont fait une spécialité. Depuis que la loi Sapin en 1993 a prohibé ces pratiques, les associations de consommateurs ont enfin pu décrypter les comptes particulièrement opaques des majors de la flotte et elles ont mis au jour une longue série d'abus : contrats de longue durée qui ligotent les collectivités, surfacturation de service, surdimensionnement des infrastructures, marges astronomiques (près de 60 % à Marseille ou en Île-de-France) et frais pantagruéliques à tous les étages.
Longtemps les trois compagnies ont profité du désintérêt des élus pour ses histoires complexes de tuyaux et de flux. Elles ont également su user d'arguments très convaincants : embauche d'élus ou de membres de leur famille, voyage d'études au soleil, mise à disposition des collectivités locales de fonds importants ( les droits d'entrée ), sans parler du financement occulte à large échelle des partis politiques, dont elles se sont fait une spécialité. Depuis que la loi Sapin en 1993 a prohibé ces pratiques, les associations de consommateurs ont enfin pu décrypter les comptes particulièrement opaques des majors de la flotte et elles ont mis au jour une longue série d'abus : contrats de longue durée qui ligotent les collectivités, surfacturation de service, surdimensionnement des infrastructures, marges astronomiques (près de 60 % à Marseille ou en Île-de-France) et frais pantagruéliques à tous les étages.

Alors que les trois quarts des contrats seront renouvelés d'ici 2015, les géants privés de l'eau seront désormais contraints de revoir leurs prétentions pour pouvoir rester dans la course. Lors des dernières renégociations, ils ont accepté des remises moyennes de plus de 15 % par rapport au contrat précédent pour la distribution de l'eau -c'est le cas par exemple à Lyon - et de 7 % pour l'assainissement. Certaines compagnies ont même été jusqu'à concéder une restitution des sommes trop perçues, comme à Bordeaux. Le match public-privé se joue désormais à armes égales et c'est une excellente nouvelle pour les clients contribuables.
Dominique Foing