La manifestation, qui a rassemblé une dizaine de personnes, s'est déroulée le jour où Veolia, Suez Environnement, la Saur (groupe Séché Environnement) et Derichebourg, associé à l'allemand Remondis, devaient déposer leur offre pour le renouvellement du plus grand contrat de distribution d'eau en Europe.
Après avoir occupé pendant plus d'une heure l'entrée du bâtiment, dont ils avaient orné la façade d'une banderole "Sedif pompe à fric", les manifestants du collectif "S.eau.S. Ile-de-France" ont obtenu de rencontrer le président du syndicat depuis 1983, le député-maire (NC) d'Issy-les-Moulineaux André Santini.
L'échange, relativement tendu, s'est achevé avec l'engagement de M. Santini de soumettre à l'ordre du jour du prochain comité syndical, qui réunit les 144 représentants des communes desservies par le Sedif, la question des économies réalisables dans le cadre du prochain contrat.
"Je le soumettrai à l'ordre du jour, mais le comité peut refuser de l'examiner", a toutefois prévenu M. Santini.
Marché de l'eau en Ile-de-France: trois candidats ont déposé une offre (AFP)
Trois groupes, Veolia, Suez Environnement et Derichebourg, ont déposé vendredi une offre auprès du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) pour l'énorme contrat de distribution d'eau dans 144 communes de la région, a-t-on appris auprès de sources concordantes.
Veolia, Suez Environnement et Derichebourg, associé pour cet appel d'offres à l'allemand Remondis, ont confirmé à l'AFP que leur offre avait bien été déposée vendredi auprès du syndicat.
Une porte-parole de la Saur, le quatrième candidat présélectionné par le Sedif en avril, n'était pas en mesure pour sa part d'indiquer en début de soirée si le groupe avait bien déposé une offre.
De son côté, le Sedif a annoncé dans un communiqué avoir reçu trois offres vendredi, sans préciser l'identité des candidats ayant postulé pour ce contrat de plusieurs milliards d'euros.
Veolia et Suez, respectivement numéro un et deux mondial de l'eau, se partagent l'essentiel du marché de la distribution d'eau en France.
Spécialiste notamment de la collecte et de la valorisation des déchets, Derichebourg a, quant à lui, créé pour cet appel d'offres une entreprise commune baptisée Dedis avec l'allemand Remondis (eau et recyclage).
Le Sedif fournit en eau potable quelque quatre millions de Franciliens.
Veolia (ex-Générale des Eaux) gère ce service depuis 1923, sous forme d'une délégation de service public. D'un montant de 371 millions d'euros annuels, le dernier contrat, signé en 1962, expire fin 2010.
L'appel d'offres porte sur un contrat d'une durée de 10 ans, éventuellement prolongeable à 12 ans. Il évoque notamment l'instauration d'une "tarification sociale" et une rémunération "plafonnée" du délégataire, précise le communiqué du Sedif.
Les plis comportant les offres doivent être ouverts la semaine prochaine par la commission de délégation de service public du Sedif, qui comprend cinq élus. Celle-ci rendra à la mi-janvier un avis sur les offres et sur leur admission à la phase de négociations, qui débutera en février.
Le prochain contrat sera ensuite définitivement attribué après un vote des élus du Sedif qui doit avoir lieu au printemps.
Ce marché -le plus important dans la distribution d'eau en Europe- constituant une de ses plus belles vitrines mondiales, Veolia a déjà prévenu que le groupe se battrait "jusqu'au bout" pour le conserver.
Ses concurrents, eux, dénoncent à mots à peine couverts l'avantage déjà acquis par le sortant, qui gère le service depuis 87 ans. Suez Environnement avait en particulier défendu en vain la division du marché en lots, jugeant qu'un appel d'offres portant sur tout le marché avantageait Veolia qui connaît parfaitement le réseau.
Outre la question d'un éventuel allotissement, le renouvellement du contrat a donné lieu depuis plusieurs mois à d'autres polémiques, notamment sur le prix de l'eau distribuée ou le choix d'une régie publique ou d'une délégation de service public.
L'UFC Que Choisir avait notamment évalué la "surfacturation" de l'eau francilienne à 90 millions d'euros par an. Une étude commandée par le Sedif lui-même avait ensuite suggéré que des économies de 35 à 42 millions d'euros par an pouvaient être réalisées en rénovant le mode de gestion actuel.
Une dizaine de membres d'un collectif d'usagers ont brièvement occupé le siège parisien du Sedif vendredi matin pour dénoncer "l'opacité" du syndicat et les "surfacturations".
Le Figaro
Le Syndicat des eaux d’Ile-de-France a reçu vendredi les dossiers de Veolia, Suez Environnement et Derichebourg, tous trois candidats au renouvellement du contrat de gestion de l’eau de 144 communes.
Deux caisses en bois de 1,80 m × 1,20 m, 200 kg de papiers… Il aura fallu un camion pour apporter le dossier de Suez Environnement au siège du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), à Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Il aura aussi fallu mobiliser plus de 30 salariés pendant plusieurs mois pour préparer ce dossier. Coût de l’opération pour Suez Environnement : 7,5 millions d’euros. Le groupe concourt, face à Veolia et au tandem franco-allemand Derichebourg-Remondis, pour remporter le contrat remis en jeu par le Sedif. L’enjeu est considérable. C’est le plus important contrat du genre en Europe. Il représente un chiffre d’affaires de l’ordre de 350 millions d’euros par an sur dix ou douze ans, soit de 3,5 à 4 milliards d’euros au total, pour gérer l’alimentation en eau potable de 144 communes de la région parisienne.
Veolia gère cette délégation de service public depuis 1923 et il est bien décidé à garder ce contrat, qui représente 6,7 % de son chiffre d’affaires dans l’eau en France et une part plus importante encore de ses bénéfices. «Nous nous battrons jusqu’au bout», a affirmé Antoine Frérot, lundi, quelques jours après son arrivée aux commandes du leader mondial de l’environnement. En face, les concurrents misent sur l’innovation. «On va loin dans la proposition», affirme Isabelle Kocher, directrice générale de Lyonnaise des Eaux, filiale de Suez Environnement. Le principal challenger de Veolia a mis l’accent sur les services aux consommateurs, la gouvernance et la protection de l’environnement.
«Surfacturation»
Le refus du Sedif de morceler ce marché en plusieurs lots avantage l’opérateur sortant. «Quand on visite une usine pendant deux heures, il est difficile d’avoir la même connaissance que quelqu’un qui la gère depuis autant d’années», déplore Pascale Perez, patronne du consortium Derichebourg-Remondis. Le sujet de la division du contrat, défendue en vain par Suez Environnement au printemps, a rejailli ces derniers jours. «Des élus vont écrire au président de l’Autorité de la concurrence pour qu’elle se saisisse du dossier», vient d’indiquer Christian Métairie, premier adjoint au maire d’Arcueil, membre du comité du Sedif.
Au-delà de l’allotissement, qui pourrait être gage d’une meilleure mise en concurrence, c’est surtout le prix de l’eau et la gestion du service qui alimentent les polémiques. L’association de consommateurs UFC-Que choisir avait évalué l’an dernier la «surfacturation» de l’eau francilienne à 90 millions d’euros par an. Une étude commandée par le Sedif lui-même montre que des économies de 35 à 42 millions d’euros par an peuvent être réalisées en modifiant la gestion. Veolia devra donc probablement faire des concessions sur les tarifs pour conserver le contrat.
André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux et président du Sedif depuis 1983, s’est dit «convaincu que le syndicat obtiendra une baisse des prix». Il a prévu aussi de renforcer le contrôle de l’opérateur et d’introduire une tarification sociale pour les utilisateurs en difficulté. Les Franciliens en sauront plus dans quelques mois. Après l’ouverture des offres le 10 décembre, le Sedif entamera des discussions avec chacun des opérateurs et fera son choix fin mars.
Paris changera de régime en 2010
À Paris, Veolia et Suez environnement perdront leur contrat le 1er janvier. Les deux groupes se partagent la gestion des eaux de la capitale depuis des années : Veolia sur la rive droite de la Seine, Suez environnement sur la rive gauche. Mais le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a décidé de «remunicipaliser» ce service qui sera désormais géré par un établissement public unique, la régie Eau de Paris.
En principe, ce passage en régie permettra d’économiser 30 millions d’euros par an, alors que la future structure réalisera un chiffre d’affaires de l’ordre de 230 millions. Mais les Parisiens n’auront pas l’impression de profiter de ces économies puisqu’elles seront totalement «réinvesties». Bertrand Delanoë s’engage en revanche à stabiliser la part du coût concernant l’eau potable jusqu’à la fin de son mandat de maire, en 2014. Cela n’empêchera pas la facture globale de continuer, comme partout, à grimper chaque année, en raison de l’évolution des diverses taxes et de l’augmentation des coûts d’assainissement.
À 2,81 euros le mètre cube TTC, l’eau potable parisienne n’est pas la plus chère de France. La fourniture et l’assainissement de l’eau coûtent en moyenne 3,01 euros TTC par mètre cube dans les grandes villes françaises, estimait il y a un an la Fédération des entreprises de l’eau.
Après avoir occupé pendant plus d'une heure l'entrée du bâtiment, dont ils avaient orné la façade d'une banderole "Sedif pompe à fric", les manifestants du collectif "S.eau.S. Ile-de-France" ont obtenu de rencontrer le président du syndicat depuis 1983, le député-maire (NC) d'Issy-les-Moulineaux André Santini.
L'échange, relativement tendu, s'est achevé avec l'engagement de M. Santini de soumettre à l'ordre du jour du prochain comité syndical, qui réunit les 144 représentants des communes desservies par le Sedif, la question des économies réalisables dans le cadre du prochain contrat.
"Je le soumettrai à l'ordre du jour, mais le comité peut refuser de l'examiner", a toutefois prévenu M. Santini.
Marché de l'eau en Ile-de-France: trois candidats ont déposé une offre (AFP)
Trois groupes, Veolia, Suez Environnement et Derichebourg, ont déposé vendredi une offre auprès du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) pour l'énorme contrat de distribution d'eau dans 144 communes de la région, a-t-on appris auprès de sources concordantes.
Veolia, Suez Environnement et Derichebourg, associé pour cet appel d'offres à l'allemand Remondis, ont confirmé à l'AFP que leur offre avait bien été déposée vendredi auprès du syndicat.
Une porte-parole de la Saur, le quatrième candidat présélectionné par le Sedif en avril, n'était pas en mesure pour sa part d'indiquer en début de soirée si le groupe avait bien déposé une offre.
De son côté, le Sedif a annoncé dans un communiqué avoir reçu trois offres vendredi, sans préciser l'identité des candidats ayant postulé pour ce contrat de plusieurs milliards d'euros.
Veolia et Suez, respectivement numéro un et deux mondial de l'eau, se partagent l'essentiel du marché de la distribution d'eau en France.
Spécialiste notamment de la collecte et de la valorisation des déchets, Derichebourg a, quant à lui, créé pour cet appel d'offres une entreprise commune baptisée Dedis avec l'allemand Remondis (eau et recyclage).
Le Sedif fournit en eau potable quelque quatre millions de Franciliens.
Veolia (ex-Générale des Eaux) gère ce service depuis 1923, sous forme d'une délégation de service public. D'un montant de 371 millions d'euros annuels, le dernier contrat, signé en 1962, expire fin 2010.
L'appel d'offres porte sur un contrat d'une durée de 10 ans, éventuellement prolongeable à 12 ans. Il évoque notamment l'instauration d'une "tarification sociale" et une rémunération "plafonnée" du délégataire, précise le communiqué du Sedif.
Les plis comportant les offres doivent être ouverts la semaine prochaine par la commission de délégation de service public du Sedif, qui comprend cinq élus. Celle-ci rendra à la mi-janvier un avis sur les offres et sur leur admission à la phase de négociations, qui débutera en février.
Le prochain contrat sera ensuite définitivement attribué après un vote des élus du Sedif qui doit avoir lieu au printemps.
Ce marché -le plus important dans la distribution d'eau en Europe- constituant une de ses plus belles vitrines mondiales, Veolia a déjà prévenu que le groupe se battrait "jusqu'au bout" pour le conserver.
Ses concurrents, eux, dénoncent à mots à peine couverts l'avantage déjà acquis par le sortant, qui gère le service depuis 87 ans. Suez Environnement avait en particulier défendu en vain la division du marché en lots, jugeant qu'un appel d'offres portant sur tout le marché avantageait Veolia qui connaît parfaitement le réseau.
Outre la question d'un éventuel allotissement, le renouvellement du contrat a donné lieu depuis plusieurs mois à d'autres polémiques, notamment sur le prix de l'eau distribuée ou le choix d'une régie publique ou d'une délégation de service public.
L'UFC Que Choisir avait notamment évalué la "surfacturation" de l'eau francilienne à 90 millions d'euros par an. Une étude commandée par le Sedif lui-même avait ensuite suggéré que des économies de 35 à 42 millions d'euros par an pouvaient être réalisées en rénovant le mode de gestion actuel.
Une dizaine de membres d'un collectif d'usagers ont brièvement occupé le siège parisien du Sedif vendredi matin pour dénoncer "l'opacité" du syndicat et les "surfacturations".
Le Figaro
Le Syndicat des eaux d’Ile-de-France a reçu vendredi les dossiers de Veolia, Suez Environnement et Derichebourg, tous trois candidats au renouvellement du contrat de gestion de l’eau de 144 communes.
Deux caisses en bois de 1,80 m × 1,20 m, 200 kg de papiers… Il aura fallu un camion pour apporter le dossier de Suez Environnement au siège du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), à Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Il aura aussi fallu mobiliser plus de 30 salariés pendant plusieurs mois pour préparer ce dossier. Coût de l’opération pour Suez Environnement : 7,5 millions d’euros. Le groupe concourt, face à Veolia et au tandem franco-allemand Derichebourg-Remondis, pour remporter le contrat remis en jeu par le Sedif. L’enjeu est considérable. C’est le plus important contrat du genre en Europe. Il représente un chiffre d’affaires de l’ordre de 350 millions d’euros par an sur dix ou douze ans, soit de 3,5 à 4 milliards d’euros au total, pour gérer l’alimentation en eau potable de 144 communes de la région parisienne.
Veolia gère cette délégation de service public depuis 1923 et il est bien décidé à garder ce contrat, qui représente 6,7 % de son chiffre d’affaires dans l’eau en France et une part plus importante encore de ses bénéfices. «Nous nous battrons jusqu’au bout», a affirmé Antoine Frérot, lundi, quelques jours après son arrivée aux commandes du leader mondial de l’environnement. En face, les concurrents misent sur l’innovation. «On va loin dans la proposition», affirme Isabelle Kocher, directrice générale de Lyonnaise des Eaux, filiale de Suez Environnement. Le principal challenger de Veolia a mis l’accent sur les services aux consommateurs, la gouvernance et la protection de l’environnement.
«Surfacturation»
Le refus du Sedif de morceler ce marché en plusieurs lots avantage l’opérateur sortant. «Quand on visite une usine pendant deux heures, il est difficile d’avoir la même connaissance que quelqu’un qui la gère depuis autant d’années», déplore Pascale Perez, patronne du consortium Derichebourg-Remondis. Le sujet de la division du contrat, défendue en vain par Suez Environnement au printemps, a rejailli ces derniers jours. «Des élus vont écrire au président de l’Autorité de la concurrence pour qu’elle se saisisse du dossier», vient d’indiquer Christian Métairie, premier adjoint au maire d’Arcueil, membre du comité du Sedif.
Au-delà de l’allotissement, qui pourrait être gage d’une meilleure mise en concurrence, c’est surtout le prix de l’eau et la gestion du service qui alimentent les polémiques. L’association de consommateurs UFC-Que choisir avait évalué l’an dernier la «surfacturation» de l’eau francilienne à 90 millions d’euros par an. Une étude commandée par le Sedif lui-même montre que des économies de 35 à 42 millions d’euros par an peuvent être réalisées en modifiant la gestion. Veolia devra donc probablement faire des concessions sur les tarifs pour conserver le contrat.
André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux et président du Sedif depuis 1983, s’est dit «convaincu que le syndicat obtiendra une baisse des prix». Il a prévu aussi de renforcer le contrôle de l’opérateur et d’introduire une tarification sociale pour les utilisateurs en difficulté. Les Franciliens en sauront plus dans quelques mois. Après l’ouverture des offres le 10 décembre, le Sedif entamera des discussions avec chacun des opérateurs et fera son choix fin mars.
Paris changera de régime en 2010
À Paris, Veolia et Suez environnement perdront leur contrat le 1er janvier. Les deux groupes se partagent la gestion des eaux de la capitale depuis des années : Veolia sur la rive droite de la Seine, Suez environnement sur la rive gauche. Mais le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a décidé de «remunicipaliser» ce service qui sera désormais géré par un établissement public unique, la régie Eau de Paris.
En principe, ce passage en régie permettra d’économiser 30 millions d’euros par an, alors que la future structure réalisera un chiffre d’affaires de l’ordre de 230 millions. Mais les Parisiens n’auront pas l’impression de profiter de ces économies puisqu’elles seront totalement «réinvesties». Bertrand Delanoë s’engage en revanche à stabiliser la part du coût concernant l’eau potable jusqu’à la fin de son mandat de maire, en 2014. Cela n’empêchera pas la facture globale de continuer, comme partout, à grimper chaque année, en raison de l’évolution des diverses taxes et de l’augmentation des coûts d’assainissement.
À 2,81 euros le mètre cube TTC, l’eau potable parisienne n’est pas la plus chère de France. La fourniture et l’assainissement de l’eau coûtent en moyenne 3,01 euros TTC par mètre cube dans les grandes villes françaises, estimait il y a un an la Fédération des entreprises de l’eau.