Cette nouvelle organisation doit permettre à Henri Proglio, 60 ans, de garder un rôle déterminant à la tête du groupe de services à l'environnement, qu'il a rejoint en 1973 comme stagiaire, et dont il a gravi tous les échelons avant d'en prendre la tête.
Le fait que ce fils de commerçants d'origine italienne, réputé proche de la droite, puisse présider dans les prochains mois aux destinées des deux géants (161 000 salariés et 64,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires à EDF, 336 000 salariés et 36,2 milliards d'euros de ventes pour Veolia) suscite des critiques, d'autant que le premier est public et le deuxième privé.
« Allier l'eau et l'électricité n'a d'autre sens que d'éloigner un peu plus EDF de son statut d'entreprise publique », estime le sénateur PS Roland Courteau. De son côté, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir s'est inquiétée que Veolia puisse profiter de ses liens avec EDF pour obtenir des collectivités locales des contrats sur l'eau qui ne seraient pas dans l'intérêt des usagers. « Comment est-il possible de nommer à la tête d'une entreprise publique quelqu'un qui aurait en tête les intérêts d'une entreprise privée ? », s'est pour sa part interrogé le président du MoDem, François Bayrou.
Conflits d'intérêts, logique industrielle douteuse, cette situation inédite pose aussi la question de la disponibilité du futur patron. « Cela paraît une charge de travail écrasante de présider deux entreprises aussi immenses », souligne Daniel Lebègue, président de l'Institut français des administrateurs (IFA), tout en soulignant que dans les grandes entreprises françaises, les pouvoirs sont concentrés entre les mains de quelques dizaines de dirigeants.
Outre EDF et Veolia, Henri Proglio est aussi membre du conseil d'administration du groupe Lagardère, de CNP Assurances, de la banque Natixis et de Dassault Aviation. W