L'Histoire du barrage illusoire

(1) Je soutiens la lutte antibarrage depuis quelque temps et toutes les luttes anticorruption au Japon, constructions de barrage illicites, corruptions politiques préfectorales et ministérielles "dangô", constructions de travaux publics en tout genre, corruption administrative et judiciaire, lutte antimafia, etc...
Je suis auteur et analyste, (disons indépendant et alternatif), et au coeur d'une certaine actualité de l'eau au Japon...Je vous propose, pour votre rubrique "on nous écrit" cette histoire-entretien autour d'une lutte civile paysanne des années 1967 à nos jours contre les constructeurs du barrage d'Ogawa-Ibaraki. Une affaire qui n'est pas terminée en 2006 et qui se déroule dans un contexte environnemental antibarrage, d'accusations civiles et de procédures judiciaires intenses. La lutte japonaise pour l'eau naturelle, les espaces ruraux préservés et les "green dams" est très dense, complexe, riche.
Je vous propose, donc, une exploration de ce qu'il m'est quotidiennement donné de connaître. Je vis en Ibaraki, en milieu rural, en contact constant avec la nature et les mouvements...
Je suis auteur et analyste, (disons indépendant et alternatif), et au coeur d'une certaine actualité de l'eau au Japon...Je vous propose, pour votre rubrique "on nous écrit" cette histoire-entretien autour d'une lutte civile paysanne des années 1967 à nos jours contre les constructeurs du barrage d'Ogawa-Ibaraki. Une affaire qui n'est pas terminée en 2006 et qui se déroule dans un contexte environnemental antibarrage, d'accusations civiles et de procédures judiciaires intenses. La lutte japonaise pour l'eau naturelle, les espaces ruraux préservés et les "green dams" est très dense, complexe, riche.
Je vous propose, donc, une exploration de ce qu'il m'est quotidiennement donné de connaître. Je vis en Ibaraki, en milieu rural, en contact constant avec la nature et les mouvements...
Profonde réforme de la structure hydrologique du Japon dans les années 1960/1970

Le Japon amorce dans les années 1960/1970 une profonde réforme de sa structure hydrologique commerciale au nom de l'approvisionnement, de l'énergie et de la protection civile. La politique développementiste industrielle des barrages affectera les régions plongées dans le chaos psychologique, la précarité et la désespérance civile. Une génération disparaîtra emportée par le tsunami de béton qui envahira les rivières et les sources du Japon stérilisant la vie paysanne affaiblie par l'exode ininterrompu des populations vers les villes...
Rien ne justifiait, en fait, humainement, économiquement ou environnementalement, un tel bouleversement.
Tokyo tirera sans ménagement les ficelles de la république clientéliste et bananière. La corruption et l'endettement se répandront, pandémiques, dans toutes les préfectures. La catastrophe sera particulièrement sensible à Mito, Ibaraki. Les préfets tomberont les uns après les autres nourrissant les traumatismes, la colère et la fracture sociale, le divorce entre les villes arrogantes et le monde rural discriminé.
Shigeru Kobayashi, jeune fonctionnaire municipal à l'époque et l'un des leaders du mouvement paysan anti-barrage d'Ogawa, affrontera un désert de sel pendant plus de trente années....
(1) Réalisé par Christian Pose (conception et guide de l'entretien) et Mami Yoshikawa (interprète), à Kamiosé, Ibaraki, novembre/décembre 2006 "L'histoire du barrage illusoire" (2) (3)
Rien ne justifiait, en fait, humainement, économiquement ou environnementalement, un tel bouleversement.
Tokyo tirera sans ménagement les ficelles de la république clientéliste et bananière. La corruption et l'endettement se répandront, pandémiques, dans toutes les préfectures. La catastrophe sera particulièrement sensible à Mito, Ibaraki. Les préfets tomberont les uns après les autres nourrissant les traumatismes, la colère et la fracture sociale, le divorce entre les villes arrogantes et le monde rural discriminé.
Shigeru Kobayashi, jeune fonctionnaire municipal à l'époque et l'un des leaders du mouvement paysan anti-barrage d'Ogawa, affrontera un désert de sel pendant plus de trente années....
(1) Réalisé par Christian Pose (conception et guide de l'entretien) et Mami Yoshikawa (interprète), à Kamiosé, Ibaraki, novembre/décembre 2006 "L'histoire du barrage illusoire" (2) (3)
Un entretien exclusif avec l'historien japonais Shigeru Kobayashi

Shigeru Kobayashi évoque les temps forts d'une action civile en milieu rural au Japon, préfecture d'Ibaraki, communes d'Ogawa et de Miwa. Cet entretien met en évidence tant l'inertie politique crapuleuse des élus que l'impuissance des opposants, paysans pour la plupart, dépouillés de leurs droits constitutionnels par les pouvoirs publics
Shigeru KOBAYASHI
Shigeru Kobayashi Né en 1931A Kamiosé, ville de Hitachiomiya, préfecture d'Ibaraki.
Il exercera le métier dagriculteur en même temps que celui de conseiller municipal. Il sera également Président du conseil municipal d'Ogawa. Il exercera 7 mandats en tant que conseiller municipal à Ogawa tout en étant Président du comité agricole affrontant le problème du barrage départemental d'Ogawa. Il est actuellement Président du Club des Etudes Culturelles au Pays Natal d'Ogawa et membre du Comité du Conseil des Enseignants de l'Histoire d'Ibaraki.
Shigeru Kobayashi, bonjour, vous avez été conseiller municipal d'Ogawa pendant près de trente ans, vous êtes paysan et historien d'Hongo, et aux dernières élections muncipales d'Hitachiomiya vous avez soutenu le Parti communiste japonais... Mon propos concernera l'opposition paysanne à la construction du barrage d'Ogawa. Une affaire qui remonte aux années 1967-1968 et qui se terminera il y a quelques années seulement. Un drame qui affectera durablement la vie des communautés paysannes de Miwa et d'Ogawa (préfecture d'Ibaraki)...
Vous êtes l'auteur d'un volumineux ouvrage consacré à la lutte antibarrage - dans la grande tradition des luttes antibarrage au Japon - qui opposera les communautés rurales aux élus, une lutte inégale, psychologiquement épuisante, traumatisante. Elle durera plus de trente ans, "pour rien", écrirez-vous, d'où le titre de l'ouvrage : "L'histoire du barrage illusoire".
En contre-point, puisqu'il s'agit de réflexions, d'histoire et de mémoire civile, je vous propose ce document de la Commission Mondiale des Barrages impliquant représentants de peuples indigènes, gouvernements, société civile, écologistes, chercheurs-enseignants académiques, ingénieurs, populations déportées et secteur privé, intitulé "Barrages et Développement : Un nouveau cadre pour la prise de décision". Ce document du 16 novembre 2000 recencera les points-clefs nécessaires à la construction de 45 000 grands barrages dans le monde - des projets soutenus par la Banque Mondiale et le FMI.
Je remarque que les critères humains, techniques et économiques retenus pour les projets de construction de barrages géants : Turquie, Norvège, États-Unis, Zambie, Zimbabwe, Thaïlande, Pakistan, Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine, Russie, et ceux retenus pour des projets plus modestes ne relevant pas du FMI ou de la Banque Mondiale, ceux par exemple des régions et des municipalités japonaises, sont les mêmes.
Je remarque également que dans les deux cas le chaos économique et environemental infligé aux populations ainsi que l'infraction psychique (due à l'imposition des projets sans droits) et le traumatisme psychologique (dû à l'absence d'affiliation sociale) vécus par les habitants déportés sont strictement les mêmes.
Dans les deux cas les pouvoirs publics n'attendent pas de réponses aux questions qu'ils soulèvent. Les réponses ne seront lisibles que dans les pages du double processus historique des orientations politiques et du capitalisme; un double processus généralement corruptif, liberticide, homicide...
Il ressort finalement que les coûts de l'économie développementiste en terme de souffrance, de perte, d'exclusion et de précarité sont les mêmes pour un grand comme pour un petit projet, qu'il soit conçu au nom de la protection civile (contrôle des innondations, pluies et rivières) ou encore au nom du développement des ressources en eau ou en énergie.
L'interview la suite
Shigeru KOBAYASHI
Shigeru Kobayashi Né en 1931A Kamiosé, ville de Hitachiomiya, préfecture d'Ibaraki.
Il exercera le métier dagriculteur en même temps que celui de conseiller municipal. Il sera également Président du conseil municipal d'Ogawa. Il exercera 7 mandats en tant que conseiller municipal à Ogawa tout en étant Président du comité agricole affrontant le problème du barrage départemental d'Ogawa. Il est actuellement Président du Club des Etudes Culturelles au Pays Natal d'Ogawa et membre du Comité du Conseil des Enseignants de l'Histoire d'Ibaraki.
Shigeru Kobayashi, bonjour, vous avez été conseiller municipal d'Ogawa pendant près de trente ans, vous êtes paysan et historien d'Hongo, et aux dernières élections muncipales d'Hitachiomiya vous avez soutenu le Parti communiste japonais... Mon propos concernera l'opposition paysanne à la construction du barrage d'Ogawa. Une affaire qui remonte aux années 1967-1968 et qui se terminera il y a quelques années seulement. Un drame qui affectera durablement la vie des communautés paysannes de Miwa et d'Ogawa (préfecture d'Ibaraki)...
Vous êtes l'auteur d'un volumineux ouvrage consacré à la lutte antibarrage - dans la grande tradition des luttes antibarrage au Japon - qui opposera les communautés rurales aux élus, une lutte inégale, psychologiquement épuisante, traumatisante. Elle durera plus de trente ans, "pour rien", écrirez-vous, d'où le titre de l'ouvrage : "L'histoire du barrage illusoire".
En contre-point, puisqu'il s'agit de réflexions, d'histoire et de mémoire civile, je vous propose ce document de la Commission Mondiale des Barrages impliquant représentants de peuples indigènes, gouvernements, société civile, écologistes, chercheurs-enseignants académiques, ingénieurs, populations déportées et secteur privé, intitulé "Barrages et Développement : Un nouveau cadre pour la prise de décision". Ce document du 16 novembre 2000 recencera les points-clefs nécessaires à la construction de 45 000 grands barrages dans le monde - des projets soutenus par la Banque Mondiale et le FMI.
Je remarque que les critères humains, techniques et économiques retenus pour les projets de construction de barrages géants : Turquie, Norvège, États-Unis, Zambie, Zimbabwe, Thaïlande, Pakistan, Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine, Russie, et ceux retenus pour des projets plus modestes ne relevant pas du FMI ou de la Banque Mondiale, ceux par exemple des régions et des municipalités japonaises, sont les mêmes.
Je remarque également que dans les deux cas le chaos économique et environemental infligé aux populations ainsi que l'infraction psychique (due à l'imposition des projets sans droits) et le traumatisme psychologique (dû à l'absence d'affiliation sociale) vécus par les habitants déportés sont strictement les mêmes.
Dans les deux cas les pouvoirs publics n'attendent pas de réponses aux questions qu'ils soulèvent. Les réponses ne seront lisibles que dans les pages du double processus historique des orientations politiques et du capitalisme; un double processus généralement corruptif, liberticide, homicide...
Il ressort finalement que les coûts de l'économie développementiste en terme de souffrance, de perte, d'exclusion et de précarité sont les mêmes pour un grand comme pour un petit projet, qu'il soit conçu au nom de la protection civile (contrôle des innondations, pluies et rivières) ou encore au nom du développement des ressources en eau ou en énergie.
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