L'eau tue plus que toutes les guerres

M. Gérard Borvon
Deux élus socialistes finistériens étaient au nombre des représentants français à Mexico. Kofi Yagnane y représentait les départements français et Louis Le Pensec les communes et régions d'Europe. Ce vendredi 31 mars ils s'exprimaient dans le journal Ouest-France.
Une belle introduction sur le milliard d'êtres humains qui n'ont pas accès à l'eau et sur "l'eau de mauvaise qualité qui tue dix fois plus que les guerres" et soudain un éloge de la France qui serait une "très bonne élève" dans le domaine de la coopération pour l'eau et qui pourra encore mieux faire grâce à l'excellente loi Oudin;
Soyons justes. Il semble que nos élus aient également entendu, sur place, les propositions de Danielle Mitterrand : "La privatisation n'est pas une réponse magique. C'est à la collectivité locale de rester maître de la distribution d'eau" déclare Kofi Yamgnane.
Sans doute faudra-t-il faire relire à nos élus l'introduction de André Santini à la loi qui porte son nom. Il comprendront peut-être que cette "excelente loi" a pour premier objectif d'aider à la privatisation de l'eau dans le monde par les grands groupes français de l'eau.
Entre le choix de André Santini : l'eau, marchandise aux mains de Véolia, Suez et consorts et celui de Danielle Mitterrand : une eau libre et gratuite, il leur faudra bien choisir.
S-eau-S
Une belle introduction sur le milliard d'êtres humains qui n'ont pas accès à l'eau et sur "l'eau de mauvaise qualité qui tue dix fois plus que les guerres" et soudain un éloge de la France qui serait une "très bonne élève" dans le domaine de la coopération pour l'eau et qui pourra encore mieux faire grâce à l'excellente loi Oudin;
Soyons justes. Il semble que nos élus aient également entendu, sur place, les propositions de Danielle Mitterrand : "La privatisation n'est pas une réponse magique. C'est à la collectivité locale de rester maître de la distribution d'eau" déclare Kofi Yamgnane.
Sans doute faudra-t-il faire relire à nos élus l'introduction de André Santini à la loi qui porte son nom. Il comprendront peut-être que cette "excelente loi" a pour premier objectif d'aider à la privatisation de l'eau dans le monde par les grands groupes français de l'eau.
Entre le choix de André Santini : l'eau, marchandise aux mains de Véolia, Suez et consorts et celui de Danielle Mitterrand : une eau libre et gratuite, il leur faudra bien choisir.
S-eau-S
L'article : Jugez plutôt !

Louis Le Pensec et Kofi Yamgnane, vice-présidents du conseil général, de retour du forum mondial de l'eau à Mexico. De retour du forum mondial de l'eau, à Mexico, Louis Le Pensec et Kofi Yamgnane témoignent : le contrôle de l'eau devient un enjeu planétaire.
Après Kyoto, Mexico : le 4e forum mondial de l'eau y a réuni 140 pays dont, pour la première fois, les collectivités locales qui se voient ainsi reconnaître un rôle central dans la gestion de l'eau. Kofi Yamgnane y représentait les départements français, Louis Le Pensec les communes et régions d'Europe.
Les femmes asservies
Objectif de ce forum : « Le droit à l'eau. La tâche est immense », constate Louis Le Pensec. Un milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau ; 2,5 milliards n'ont pas d'assainissement ; 1,7 million d'hommes meurent chaque année de maladies diarrhéiques, « en fait l'eau de mauvaise qualité tue dix fois plus que les guerres, sur l'ensemble du globe ». Enfin, dernier constat, c'est dans les pays les plus pauvres que l'eau est la plus chère, « ce qui fait que l'eau joue un rôle majeur dans l'émancipation des femmes : la corvée d'eau asservit des centaines de millions de femmes ».
Pour remplir l'objectif de diviser par deux le nombre des exclus de l'eau, d'ici à 2015, l'effort financier est estimé à « quelque 30 milliards de dollars par an ». Et la France, en ce domaine, s'avère plutôt très bonne élève (368 millions d'euros par an). Mais c'est insuffisant, malgré l'excellente loi Oudin, votée voilà un an, qui permet aux syndicats d'eau d'affecter jusqu'à 1 % de leurs recettes aux actions de coopération Nord-Sud en faveur de l'eau.
Concrètement, comment agir ? « Le modèle français de la gestion de l'eau par bassin est désormais accepté par tous », note Kofi Yamgnane. Deuxième piste : « Une tarification intelligente : on paye selon ses moyens. » Autre avancée sur le précédent sommet de Kyoto : « La privatisation n'est pas une réponse magique. C'est à la collectivité locale de rester maître de la distribution de l'eau », insiste Kofi Yamgnane. Dernière évidence : pas de développement sans eau, d'elle tout découle : électricité, santé, éducation. « Et, sans eau, l'immigration déferlera sur les pays nantis. »
Il n'y a d'ailleurs pas que les pays pauvres impliqués dans cette future guerre de l'eau qui se profile. Louis Le Pensec avance l'exemple du Jourdain, entre Israël et Palestine, ou encore « de la guerre du contrôle de l'eau, entre Canada et côte est des États-Unis ».
Comme le remarquait Michel Camdessus : l'eau, bien sans doute le plus précieux de l'être humain, reste orpheline d'une gouvernance mondiale. « Il lui faudrait une instance au sein de l'ONU, comme l'Unesco, l'OIT ou l'OMS. » Mais, les enjeux financiers et les tensions sont tels que, d'ici à ce qu'une telle instance puisse voire le jour... Louis Le Pensec s'avoue bien pessimiste.
vendredi 31 mars 2006
Christophe VIOLETTE.
Après Kyoto, Mexico : le 4e forum mondial de l'eau y a réuni 140 pays dont, pour la première fois, les collectivités locales qui se voient ainsi reconnaître un rôle central dans la gestion de l'eau. Kofi Yamgnane y représentait les départements français, Louis Le Pensec les communes et régions d'Europe.
Les femmes asservies
Objectif de ce forum : « Le droit à l'eau. La tâche est immense », constate Louis Le Pensec. Un milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau ; 2,5 milliards n'ont pas d'assainissement ; 1,7 million d'hommes meurent chaque année de maladies diarrhéiques, « en fait l'eau de mauvaise qualité tue dix fois plus que les guerres, sur l'ensemble du globe ». Enfin, dernier constat, c'est dans les pays les plus pauvres que l'eau est la plus chère, « ce qui fait que l'eau joue un rôle majeur dans l'émancipation des femmes : la corvée d'eau asservit des centaines de millions de femmes ».
Pour remplir l'objectif de diviser par deux le nombre des exclus de l'eau, d'ici à 2015, l'effort financier est estimé à « quelque 30 milliards de dollars par an ». Et la France, en ce domaine, s'avère plutôt très bonne élève (368 millions d'euros par an). Mais c'est insuffisant, malgré l'excellente loi Oudin, votée voilà un an, qui permet aux syndicats d'eau d'affecter jusqu'à 1 % de leurs recettes aux actions de coopération Nord-Sud en faveur de l'eau.
Concrètement, comment agir ? « Le modèle français de la gestion de l'eau par bassin est désormais accepté par tous », note Kofi Yamgnane. Deuxième piste : « Une tarification intelligente : on paye selon ses moyens. » Autre avancée sur le précédent sommet de Kyoto : « La privatisation n'est pas une réponse magique. C'est à la collectivité locale de rester maître de la distribution de l'eau », insiste Kofi Yamgnane. Dernière évidence : pas de développement sans eau, d'elle tout découle : électricité, santé, éducation. « Et, sans eau, l'immigration déferlera sur les pays nantis. »
Il n'y a d'ailleurs pas que les pays pauvres impliqués dans cette future guerre de l'eau qui se profile. Louis Le Pensec avance l'exemple du Jourdain, entre Israël et Palestine, ou encore « de la guerre du contrôle de l'eau, entre Canada et côte est des États-Unis ».
Comme le remarquait Michel Camdessus : l'eau, bien sans doute le plus précieux de l'être humain, reste orpheline d'une gouvernance mondiale. « Il lui faudrait une instance au sein de l'ONU, comme l'Unesco, l'OIT ou l'OMS. » Mais, les enjeux financiers et les tensions sont tels que, d'ici à ce qu'une telle instance puisse voire le jour... Louis Le Pensec s'avoue bien pessimiste.
vendredi 31 mars 2006
Christophe VIOLETTE.