Plus d'eau. L'ultime solution : le recyclage des eaux usées.

Goulburn et ses 22 000 habitants sont installés sur une terre à moutons, ces derniers ayant fait l'histoire et la gloire de cette ville du bush, une des plus anciennes du pays, à une heure de voiture de la capitale fédérale, Canberra. Les gens d'ici sont des durs à cuire, habitués à un ciel qui n'en fait qu'à sa tête. Ils savent qu'un jour la terre peut se craqueler de soif et, l'autre, se noyer dans des déluges. Mais depuis cinq ans, la sécheresse s'est installée à Goulburn comme si elle avait l'intention d'y boire jusqu'à la dernière goutte.
Quatorze mois de réserves. Il y a deux ans, le conseil municipal a instauré les restrictions d'eau les plus sévères possible, creusé de nouveaux puits, planté un tuyau d'urgence dans la rivière, vidé la piscine municipale, réduit l'eau et la durée des douches des 580 détenus de la prison... Mais il ne reste plus que quatorze mois de réserves. Le principal bassin est presque vide et, déjà, les canalisations s'obstruent régulièrement parce qu'il n'y circule pas suffisamment d'eau. La plupart des terrains de jeu de la ville ont dû être fermés pour éviter que les enfants se blessent sur un sol aussi dur que du béton. Goulburn se tanne comme un vieux cuir.
L'ultime solution semble être le recyclage des eaux usées. C'est bien l'avis du maire de Goulburn, Paul Stephenson, qui a lancé une vaste opération de consultation populaire. D'ici cinq mois, il choisira entre la construction d'une usine de 40 millions de dollars australiens (23,8 millions d'euros) pour transformer les eaux usées en eau potable et l'alternative d'aller chercher de l'eau jusqu'à Sydney ou à Canberra (guère mieux lotis que Goulburn), ou bien d'approfondir les réservoirs existants, voire d'en ouvrir d'autres...
Quatorze mois de réserves. Il y a deux ans, le conseil municipal a instauré les restrictions d'eau les plus sévères possible, creusé de nouveaux puits, planté un tuyau d'urgence dans la rivière, vidé la piscine municipale, réduit l'eau et la durée des douches des 580 détenus de la prison... Mais il ne reste plus que quatorze mois de réserves. Le principal bassin est presque vide et, déjà, les canalisations s'obstruent régulièrement parce qu'il n'y circule pas suffisamment d'eau. La plupart des terrains de jeu de la ville ont dû être fermés pour éviter que les enfants se blessent sur un sol aussi dur que du béton. Goulburn se tanne comme un vieux cuir.
L'ultime solution semble être le recyclage des eaux usées. C'est bien l'avis du maire de Goulburn, Paul Stephenson, qui a lancé une vaste opération de consultation populaire. D'ici cinq mois, il choisira entre la construction d'une usine de 40 millions de dollars australiens (23,8 millions d'euros) pour transformer les eaux usées en eau potable et l'alternative d'aller chercher de l'eau jusqu'à Sydney ou à Canberra (guère mieux lotis que Goulburn), ou bien d'approfondir les réservoirs existants, voire d'en ouvrir d'autres...
Une solution rejetée par la population

Stephenson veut éviter à sa ville la bataille rangée de Toowoomba, ville de l'Etat du Queensland qui, lors d'un référendum en juillet, a rejeté à 62 % l'idée de consommer ses eaux usées.
Que le procédé de recyclage proposé soit l'un des plus performants n'a rien changé à l'affaire. Ses adversaires n'ont pas lésiné sur les moyens pour convaincre les habitants qu'il était hors de question d'avaler l'eau des toilettes ; ils ont utilisé toutes les ficelles, du dégoût à la fierté nationale en passant par la peur d'attraper d'étranges maladies. L'ironie de l'histoire est que beaucoup d'Australiens boivent déjà, sans le savoir, les eaux usées et recyclées de leurs voisins. Chaque ville qui traite ses eaux usées les rejette ensuite dans une rivière où, en aval, une autre agglomération va puiser de quoi alimenter ses réservoirs, avant de rejeter à son tour ses eaux usées et traitées dans la rivière.
Un matin, dans un futur pas si lointain, dans une des grandes villes que compte l'Australie, quelqu'un ouvrira un robinet, puis un autre. Mais à la place de l'eau qui coule, il n'y aura plus qu'un sifflement dans des canalisations vides. C'est le scientifique, environnementaliste et écrivain australien Tim Flannery qui fait cette prédiction et, si ses collègues ne sont pas aussi pessimistes dans leurs commentaires, ils ont presque tous noirci le tableau de leurs hypothèses. «Je ne pense pas qu'aucun de nous s'attendait à voir le climat se modifier de cette manière au cours des cinq dernières années. Je pensais que le climat allait changer mais que cela prendrait une trentaine d'années, expliquait, il y a quelques jours, le Pr Peter Cullen, de la National Water Commission. Les gouvernements doivent considérer toutes les options disponibles comme le recyclage et la désalinisation. Je ne pense pas que nous ayons les moyens d'être doctrinaires et de rejeter quoi que ce soit. L'Australie se dessèche rapidement.»
Que le procédé de recyclage proposé soit l'un des plus performants n'a rien changé à l'affaire. Ses adversaires n'ont pas lésiné sur les moyens pour convaincre les habitants qu'il était hors de question d'avaler l'eau des toilettes ; ils ont utilisé toutes les ficelles, du dégoût à la fierté nationale en passant par la peur d'attraper d'étranges maladies. L'ironie de l'histoire est que beaucoup d'Australiens boivent déjà, sans le savoir, les eaux usées et recyclées de leurs voisins. Chaque ville qui traite ses eaux usées les rejette ensuite dans une rivière où, en aval, une autre agglomération va puiser de quoi alimenter ses réservoirs, avant de rejeter à son tour ses eaux usées et traitées dans la rivière.
Un matin, dans un futur pas si lointain, dans une des grandes villes que compte l'Australie, quelqu'un ouvrira un robinet, puis un autre. Mais à la place de l'eau qui coule, il n'y aura plus qu'un sifflement dans des canalisations vides. C'est le scientifique, environnementaliste et écrivain australien Tim Flannery qui fait cette prédiction et, si ses collègues ne sont pas aussi pessimistes dans leurs commentaires, ils ont presque tous noirci le tableau de leurs hypothèses. «Je ne pense pas qu'aucun de nous s'attendait à voir le climat se modifier de cette manière au cours des cinq dernières années. Je pensais que le climat allait changer mais que cela prendrait une trentaine d'années, expliquait, il y a quelques jours, le Pr Peter Cullen, de la National Water Commission. Les gouvernements doivent considérer toutes les options disponibles comme le recyclage et la désalinisation. Je ne pense pas que nous ayons les moyens d'être doctrinaires et de rejeter quoi que ce soit. L'Australie se dessèche rapidement.»
En train de paniquer.

«Comme le désert de Gobi», titrait, il y a trois mois, le Sydney Morning Herald, l'un des principaux quotidiens. b[«Comme les sables mouvants... la sécheresse se rapproche des grandes villes australiennes.»]b
Sydney, Canberra, Melbourne, Brisbane, Adelaide et Perth subissent la crise de l'eau. Et tout le monde redoute, avec l'arrivée de l'été, le retour des incendies. Perth est la ville la plus mal en point. Les précipitations sur la capitale de l'Australie de l'Ouest n'ont cessé de diminuer depuis 1970. Son usine de désalinisation n'est pas encore opérationnelle qu'elle envisage déjà d'en construire une deuxième, pour parer à l'effondrement de ses réserves, ou bien de tirer une immense conduite d'eau de plus de 2 000 km pour aller chercher de l'eau dans l'extrême nord du pays. «Je pense que les gouvernements, les bureaucrates et les ingénieurs spécialistes de l'eau sont en train de paniquer. Ils proposent des réservoirs encore plus grands, des canalisations plus grosses, commente le Dr Stuart Blanch, du World Wildlife Fund (WWF). A quoi cela sert-il si ces réservoirs restent à moitié vides ?»
L'Australie est le continent le plus vulnérable. Parce qu'il est le plus aride, il est particulièrement sensible à la sécheresse provoquée par un changement climatique dont le réchauffement de la planète semble être le principal responsable. Si elle n'a pas ratifié le protocole de Kyoto, l'Australie est par habitant un des pays qui produisent le plus de gaz responsables de l'effet de serre, un des plus polluants. Réduire les émissions de gaz serait sans doute la meilleure solution pour éviter que ce continent se transforme en un radeau de sable. Mais il faudra du temps. Une denrée devenue, en Australie, aussi rare que l'eau.
Par Florence DECAMP
Sydney, Canberra, Melbourne, Brisbane, Adelaide et Perth subissent la crise de l'eau. Et tout le monde redoute, avec l'arrivée de l'été, le retour des incendies. Perth est la ville la plus mal en point. Les précipitations sur la capitale de l'Australie de l'Ouest n'ont cessé de diminuer depuis 1970. Son usine de désalinisation n'est pas encore opérationnelle qu'elle envisage déjà d'en construire une deuxième, pour parer à l'effondrement de ses réserves, ou bien de tirer une immense conduite d'eau de plus de 2 000 km pour aller chercher de l'eau dans l'extrême nord du pays. «Je pense que les gouvernements, les bureaucrates et les ingénieurs spécialistes de l'eau sont en train de paniquer. Ils proposent des réservoirs encore plus grands, des canalisations plus grosses, commente le Dr Stuart Blanch, du World Wildlife Fund (WWF). A quoi cela sert-il si ces réservoirs restent à moitié vides ?»
L'Australie est le continent le plus vulnérable. Parce qu'il est le plus aride, il est particulièrement sensible à la sécheresse provoquée par un changement climatique dont le réchauffement de la planète semble être le principal responsable. Si elle n'a pas ratifié le protocole de Kyoto, l'Australie est par habitant un des pays qui produisent le plus de gaz responsables de l'effet de serre, un des plus polluants. Réduire les émissions de gaz serait sans doute la meilleure solution pour éviter que ce continent se transforme en un radeau de sable. Mais il faudra du temps. Une denrée devenue, en Australie, aussi rare que l'eau.
Par Florence DECAMP
Solution alternative : des femmes veulent danser nues pour la pluie

SYDNEY (AFP) - Des centaines de femmes de l'Etat australien de Victoria, victime d'une grave sécheresse qui frappe le sud-est du pays, sont prêtes à tout, y compris à se mettre toutes nues pour faire tomber la pluie.
Elles ont annoncé leur projet de danser en tenue d'Eve en mars prochain à Ouyen, dans le nord-ouest de l'Etat, à l'image d'un groupe de Népalaises qui aurait réussi à faire pleuvoir en recourant cette année à ce même rituel.
L'une des organisatrices, Lyn Healy, a dit à la radio ABC que les hommes de la ville seraient éloignés pendant que des centaines de femmes prendraient le bus vers des destinations tenues secrètes pour y danser nues. La danse se fera sans spectateurs ni caméras, a-t-elle indiqué.
L'est de l'Australie est victime de la pire sécheresse depuis des décennies. La production agricole est touchée et de nombreuses familles sont au bord de la ruine. Selon des chiffres publiés mercredi par le gouvernement, la sécheresse pourrait se traduire par une chute de la production agricole de trois milliards de dollars
Elles ont annoncé leur projet de danser en tenue d'Eve en mars prochain à Ouyen, dans le nord-ouest de l'Etat, à l'image d'un groupe de Népalaises qui aurait réussi à faire pleuvoir en recourant cette année à ce même rituel.
L'une des organisatrices, Lyn Healy, a dit à la radio ABC que les hommes de la ville seraient éloignés pendant que des centaines de femmes prendraient le bus vers des destinations tenues secrètes pour y danser nues. La danse se fera sans spectateurs ni caméras, a-t-elle indiqué.
L'est de l'Australie est victime de la pire sécheresse depuis des décennies. La production agricole est touchée et de nombreuses familles sont au bord de la ruine. Selon des chiffres publiés mercredi par le gouvernement, la sécheresse pourrait se traduire par une chute de la production agricole de trois milliards de dollars