
Mais ce dossier reste l'un des rares où l'on sent un conflit latent entre l'Etat et la région, qui accepte mal que la préfète de région en fasse une victoire personnelle. «J'avais mandat conjoint du ministre de l'Agriculture et de la ministre de l'Ecologie, explique Bernadette Malgorn. Nous avons été vite. Chaque agriculteur a, depuis 2003, un livret pour une utilisation maîtrisée des fumures, de préférence de l'azote organique. Et la mise en place des stations de compostage du lisier s'est faite à un rythme soutenu, avec des aides de l'Etat allant jusqu'à 50 à 60% de l'investissement.»
«Avec l'effort financier que l'on demande aux usagers, heureusement qu'ils peuvent enfin boire l'eau du robinet! tempère Jean-Yves Le Drian. Mais il n'y a pas de quoi être optimiste: la pollution des rivières et des cours d'eau, principales sources d'approvisionnement, reste forte dans une cinquantaine de bassins versants. Au rythme actuel, nous ne serons pas aux normes européennes prévues pour 2015!»
Jean-Yves Le Drian a réclamé en vain, avec son collègue Adrien Zeller, président (UMP) de la région Alsace, la gestion de l'eau par la région dans le cadre du droit à l'expérimentation. A l'automne dernier, le conseil régional avait financé un sondage, peu apprécié à la préfecture de région, qui montrait que la qualité de l'eau était la première préoccupation des Bretons en matière d'environnement et que, pour son amélioration, ils faisaient plus confiance à la région (27%) et aux communes (26%) qu'à l'Etat (17%), 68% estimant que ce dossier devait être confié à la région. Le 18 mai dernier, Paris a une nouvelle fois dit non aux deux présidents de région, la ministre de l'Ecologie, Nelly Olin, ajoutant, avec un paternalisme non dénué de cynisme, que cela éviterait à la région de payer les pénalités européennes pour non-respect des normes de qualité de l'eau...
par Eric Conan