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REVUE DE PRESSE

L'Expansion : Les batailles de l'or bleu

D'ici à 2050, les besoins mondiaux en eau auront doublé... De quoi compliquer encore la gestion et la préservation de ce liquide vital. Des pays du Sud à ceux du Nord, de la source au vert, audit d'un enjeu planétaire.



L'Expansion : Les batailles de l'or bleu
Remorquer des icebergs de l'Arctique vers l'Europe ? Non, ce n'est pas un scénario de science-fiction ! L'hypothèse est très sérieusement envisagée par Thames Water, le principal fournisseur d'eau en Grande-Bretagne, pour lutter contre la pire sécheresse depuis un siècle. Des mesures de rationnement ont déjà été prises : interdiction d'arroser les jardins et de laver les voitures. Dans certaines régions du royaume, selon les autorités, il y aurait moins d'eau disponible qu'au Soudan ! Un comble pour l'humide Angleterre, mais presque une habitude pour la France, où, chaque été, on s'attend à connaître une pénurie ici ou là. A la fin de juin, des restrictions avaient déjà été décidées dans au moins 23 départements. Plus généralement, la sécheresse menace de sévir dans le Bassin parisien, le Nord et la région Rhône-Alpes.

A l'inverse, le nord de l'Allemagne a été durement frappé par des inondations record de l'Elbe au printemps. En Hongrie et en Roumanie, des milliers de personnes ont été hâtivement évacuées après une crue exceptionnelle du Danube. Autant de situations qui viennent rappeler, s'il en était besoin, l'impact dévastateur de l'absence de l'eau ou de son trop-plein, conséquence ou non des changements climatiques en cours. Une donnée largement ignorée dans nos pays occidentaux, tant nous nous sommes habitués à ce qui est encore un luxe inaccessible pour une grande partie de l'humanité : de l'eau potable, disponible à volonté, à un tarif dérisoire. Pour 1 euro par jour en moyenne, soit moins que le prix d'une tasse de café, chaque Français consomme environ 150 litres d'eau par jour... De quoi relativiser les polémiques sur le coût de l'eau en France !

De l'eau bon marché, propre et à profusion, voilà en tout cas un rêve fou pour la plupart des habitants de la planète. Près de la moitié de la population mondiale n'a accès ni à l'eau potable ni aux services d'assainissement. C'est sans conteste le plus grand défi sanitaire et économique du XXIe siècle. Nettement moins « visible » que les famines ou les conflits liés à l'approvisionnement en énergie, la bataille de l'eau demeure néanmoins un enjeu stratégique majeur. « La mauvaise qualité de l'eau est la première cause de mortalité dans le monde », a récemment rappelé devant les députés français Nelly Olin, la ministre de l'Ecologie. Les chiffres divergent, mais le constat de la Banque mondiale fait consensus parmi les experts : l'insuffisance et l'insalubrité de l'eau provoquent la mort de six enfants par minute dans le monde. Soit 3 millions de décès par an ! « L'absence de l'eau ou sa mauvaise qualité tuent dix fois plus que toutes les guerres réunies », a insisté Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau, lors du forum de Mexico, en mars dernier.

Le paysage mondial est affligeant. Après six mois de sécheresse, près de 8 millions de personnes sont actuellement menacées de mort dans la corne de l'Afrique, selon l'Unicef. En Chine, la faible pluviométrie a réduit à néant une grande partie des récoltes de blé, compromettant la sécurité alimentaire dans l'ouest et le nord du pays, d'après l'Agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. « On parle beaucoup de la sécurité énergétique, mais pas assez de la sécurité aquatique », regrette Jamal Saghir, directeur de l'eau à la Banque mondiale.

L'eau, on l'oublie trop souvent, est pourtant la clef de voûte du développement. Sans eau suffisante, il n'y a pas de bonne santé possible, donc pas de force de travail productive. En outre, quand les enfants doivent marcher plusieurs heures par jour pour aller chercher de l'eau à un puits, l'éducation passe à la trappe (voir le reportage sur le Congo, page 72). L'Organisation mondiale de la santé estime que cette pénurie constitue une perte sèche de 458 milliards d'euros pour la croissance, soit l'équivalent de 1 % du PIB mondial. « Dans beaucoup de régions du monde, selon qu'on aura ou non accès à l'eau, on sera riche ou pauvre », constate Jamal Saghir.

Les besoins vont devenir de plus en plus pressants. La demande mondiale d'eau double tous les trente ans. La population du globe va passer de 6 à 9 milliards de personnes d'ici à 2050. A cette date, le quart des pays de la planète connaîtront un grave manque d'eau, principalement au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie, estime l'ingénieur Nguyen Tien-Duc, auteur de La guerre de l'eau aura-t-elle lieu ? (Johanet, 2004).

Le partage de l'eau est déjà au coeur des grandes tensions mondiales, notamment au Moyen-Orient. La question de l'eau est sous-jacente dans le conflit israélo-palestinien. La moitié de l'approvisionnement de l'Etat hébreu provient de la Cisjordanie et des affluents du Jourdain. Le contrôle des débits du Tigre et de l'Euphrate empoisonne les relations entre la Syrie, l'Irak et la Turquie. Quant à l'Inde et au Pakistan, ils ont dû faire appel à la médiation de la Banque mondiale pour éviter que leur contentieux sur l'utilisation des eaux de l'Indus ne dégénère en une nouvelle escalade militaire.

Cette tension entre les zones arides et les régions humides s'explique en partie par l'inégale répartition de l'eau sur la planète. « Dix pays se partagent actuellement les deux tiers de la ressource mondiale, relève Nguyen Tien-Duc, au premier rang desquels se trouvent des géants comme le Brésil, la Russie et le Canada. » Jusqu'à présent, les médiations internationales et l'aide publique ont permis d'atténuer les conflits liés à l'eau. « Mais les voies diplomatiques seront-elles encore efficaces dans cinquante ans, lorsque le monde aura besoin de deux fois plus d'eau qu'aujourd'hui ? » s'inquiète Nguyen Tien-Duc.

Le paradoxe, c'est que l'eau ne manque pas. Elle recouvre 70 % de la surface de la planète. Mais elle est salée à 97 %, donc inutilisable à l'état brut. Sur les 3 % d'eau douce, 2 % sont inaccessibles car gelées dans les glaciers des montagnes et des pôles. Il ne reste donc que 1 % de l'eau du globe pour subvenir à nos besoins, dans les lacs, les rivières, les cours d'eau et les nappes souterraines.

La nouvelle donne du XXIe siècle vient noircir un peu plus le décor, avec l'explosion démographique et l'urbanisation anarchique, souvent sur les bandes côtières. 10 % de la population mondiale vivaient dans des villes en 1900. Le ratio est passé à 50 % aujourd'hui, au sein de mégalopoles comptant parfois plusieurs dizaines de millions d'habitants. « Plus les gens sont tassés, plus il y a de pollution et plus il est compliqué de rendre l'eau potable », résume Antoine Frérot, directeur général de Veolia Eau.

Un rêve fou : De l'eau bon marché, propre et à profusion...

L'Expansion : Les batailles de l'or bleu
De l'eau bon marché, propre et à profusion, voilà en tout cas un rêve fou pour la plupart des habitants de la planète. Près de la moitié de la population mondiale n'a accès ni à l'eau potable ni aux services d'assainissement. C'est sans conteste le plus grand défi sanitaire et économique du XXIe siècle. Nettement moins « visible » que les famines ou les conflits liés à l'approvisionnement en énergie, la bataille de l'eau demeure néanmoins un enjeu stratégique majeur. « La mauvaise qualité de l'eau est la première cause de mortalité dans le monde », a récemment rappelé devant les députés français Nelly Olin, la ministre de l'Ecologie. Les chiffres divergent, mais le constat de la Banque mondiale fait consensus parmi les experts : l'insuffisance et l'insalubrité de l'eau provoquent la mort de six enfants par minute dans le monde. Soit 3 millions de décès par an ! « L'absence de l'eau ou sa mauvaise qualité tuent dix fois plus que toutes les guerres réunies », a insisté Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau, lors du forum de Mexico, en mars dernier.

Le paysage mondial est affligeant. Après six mois de sécheresse, près de 8 millions de personnes sont actuellement menacées de mort dans la corne de l'Afrique, selon l'Unicef. En Chine, la faible pluviométrie a réduit à néant une grande partie des récoltes de blé, compromettant la sécurité alimentaire dans l'ouest et le nord du pays, d'après l'Agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. «On parle beaucoup de la sécurité énergétique, mais pas assez de la sécurité aquatique », regrette Jamal Saghir, directeur de l'eau à la Banque mondiale.

L'eau, on l'oublie trop souvent, est pourtant la clef de voûte du développement. Sans eau suffisante, il n'y a pas de bonne santé possible, donc pas de force de travail productive. En outre, quand les enfants doivent marcher plusieurs heures par jour pour aller chercher de l'eau à un puits, l'éducation passe à la trappe (voir le reportage sur le Congo, page 72). L'Organisation mondiale de la santé estime que cette pénurie constitue une perte sèche de 458 milliards d'euros pour la croissance, soit l'équivalent de 1 % du PIB mondial. « Dans beaucoup de régions du monde, selon qu'on aura ou non accès à l'eau, on sera riche ou pauvre », constate Jamal Saghir.

Les besoins vont devenir de plus en plus pressants. La demande mondiale d'eau double tous les trente ans. La population du globe va passer de 6 à 9 milliards de personnes d'ici à 2050. A cette date, le quart des pays de la planète connaîtront un grave manque d'eau, principalement au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie, estime l'ingénieur Nguyen Tien-Duc, auteur de La guerre de l'eau aura-t-elle lieu ? (Johanet, 2004).

Le partage de l'eau est déjà au coeur des grandes tensions mondiales, notamment au Moyen-Orient. La question de l'eau est sous-jacente dans le conflit israélo-palestinien. La moitié de l'approvisionnement de l'Etat hébreu provient de la Cisjordanie et des affluents du Jourdain. Le contrôle des débits du Tigre et de l'Euphrate empoisonne les relations entre la Syrie, l'Irak et la Turquie. Quant à l'Inde et au Pakistan, ils ont dû faire appel à la médiation de la Banque mondiale pour éviter que leur contentieux sur l'utilisation des eaux de l'Indus ne dégénère en une nouvelle escalade militaire.

Cette tension entre les zones arides et les régions humides s'explique en partie par l'inégale répartition de l'eau sur la planète. « Dix pays se partagent actuellement les deux tiers de la ressource mondiale, relève Nguyen Tien-Duc, au premier rang desquels se trouvent des géants comme le Brésil, la Russie et le Canada. » Jusqu'à présent, les médiations internationales et l'aide publique ont permis d'atténuer les conflits liés à l'eau. « Mais les voies diplomatiques seront-elles encore efficaces dans cinquante ans, lorsque le monde aura besoin de deux fois plus d'eau qu'aujourd'hui ? » s'inquiète Nguyen Tien-Duc.

Le paradoxe, c'est que l'eau ne manque pas. Elle recouvre 70 % de la surface de la planète. Mais elle est salée à 97 %, donc inutilisable à l'état brut. Sur les 3 % d'eau douce, 2 % sont inaccessibles car gelées dans les glaciers des montagnes et des pôles. Il ne reste donc que 1 % de l'eau du globe pour subvenir à nos besoins, dans les lacs, les rivières, les cours d'eau et les nappes souterraines.

La nouvelle donne du XXIe siècle vient noircir un peu plus le décor, avec l'explosion démographique et l'urbanisation anarchique, souvent sur les bandes côtières. 10 % de la population mondiale vivaient dans des villes en 1900. Le ratio est passé à 50 % aujourd'hui, au sein de mégalopoles comptant parfois plusieurs dizaines de millions d'habitants. « Plus les gens sont tassés, plus il y a de pollution et plus il est compliqué de rendre l'eau potable », résume Antoine Frérot, directeur général de Veolia Eau.

Essor industriel

L'Expansion : Les batailles de l'or bleu
Cette explosion démographique (plus de 60 millions d'habitants de plus chaque année, l'équivalent de la population de la France !) accroît automatiquement la pression sur l'agriculture pour nourrir ces bouches supplémentaires. Mais ce secteur, qui absorbe déjà 70 % de l'eau consommée sur la planète, est aussi celui qui en gaspille le plus. Près de la moitié de l'eau utilisée dans l'irrigation, essentiellement dans les rizières d'Asie, est perdue à cause de fuites dans les canalisations. L'agriculture est excessivement gourmande : pour produire 1 kilo de nourriture, il faut en moyenne 2 tonnes d'eau...

Autre nouveauté de ce début de siècle : l'envolée de la croissance des pays émergents et leur essor industriel. Or l'industrie, elle aussi, est très vorace en eau. Elle absorbe déjà 20 % de la consommation mondiale, car l'eau est indispensable à la réalisation des produits finis : il faut ainsi 11 000 litres d'eau pour produire 1 tonne d'acier et 8 000 litres pour fabriquer une voiture.

Une demande croissante et une pollution galopante : en apparence, le tableau ne porte guère à l'optimisme. Pourtant, il y a de bonnes nouvelles. A commencer par la plus importante : « A la différence du pétrole, la consommation de l'eau ne diminue pas le stock, insiste Antoine Frérot. L'eau est empruntée à la nature, elle n'est pas détruite. » Autrement dit, il n'y aura pas moins d'eau dans cinquante ans. Autre bonne nouvelle : les technologies pour traiter, distribuer et assainir l'eau existent. Elles ont largement fait leurs preuves. Dans ce domaine, la France peut s'enorgueillir d'une véritable expertise. Les deux poids lourds du secteur, Veolia et Suez, sont les premiers opérateurs mondiaux des services de l'eau.

Nécessité faisant loi, la technologie s'affine. « A ressource équivalente, nous arrivons à alimenter des populations plus nombreuses, souligne Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez Environnement. Partout dans le monde, nous sommes entrés dans une ère d'économie de l'eau. » L'agriculture israélienne a fait des progrès remarquables dans l'irrigation grâce à la généralisation d'un arrosage sélectif (goutte-à-goutte, microdispersion). Les innovations dans le dessalement ont rendu cette option beaucoup plus attractive. « En vingt ans, le coût du dessalement de l'eau de mer est passé de 2 à 0,75 dollar le mètre cube, et ce marché augmente de 15 % par an », souligne Jean-Louis Chaussade. Très répandu dans les pays du Golfe, le dessalement se développe aussi sur le pourtour de la Méditerranée et alimente déjà en eau potable 1,5 % de la population mondiale, soit près de 100 millions d'individus. Le groupe américain General Electric achève la construction en Algérie de la plus grande usine de dessalement d'Afrique.

Mais toutes ces innovations suffiront-elles pour atteindre les « objectifs du millénaire » proclamés par les Nations unies en 2000 : diviser par deux, d'ici à 2015, le nombre de personnes dans le monde n'ayant pas accès à une eau de bonne qualité ? Michel Camdessus, l'ancien directeur du FMI, qui a supervisé un rapport de l'ONU sur l'eau en 2003, estime qu'entre 20 et 30 milliards de dollars d'investissements par an seront nécessaires pour réaliser ce programme. On en est aujourd'hui très loin.

Mais l'enjeu n'est pas seulement financier. L'avenir de l'eau, c'est aussi une question de démocratie et de gouvernance. Pour la première fois, le Forum mondial de l'eau, à Mexico, en mars dernier, a abordé ouvertement une question jusque-là taboue : la corruption endémique dans les pays en développement. Le détournement des aides, le racket dont sont victimes les opérateurs privés et l'inefficacité de nombreuses régies publiques, qui gèrent 90 % des ressources d'eau de la planète, constituent un frein considérable au développement des réseaux de distribution. « Les pays donateurs sont, à juste titre, de plus en plus méfiants », note Jaques Oudin, président du Comité national de l'eau, rattaché au ministère de l'Ecologie.

C'est pourquoi la Banque mondiale et le FMI multiplient les prêts aux collectivités locales, afin d'éviter la gabegie des Etats. Une démarche que Michel Camdessus a l'habitude d'expliquer en citant l'un de ses interlocuteurs africains : « Au niveau local, il est plus difficile de voler car il y a moins d'argent et beaucoup plus d'yeux pour voir ! » En outre, « l'eau se stocke très bien mais se transporte difficilement, d'où l'intérêt de produire au plus près du lieu de consommation, souligne Antoine Frérot. Plus c'est local, plus c'est simple. Or les régimes non démocratiques rechignent à décentraliser, car cela suppose un partage du pouvoir. »

Autre obstacle : l'inconstance des gouvernements. En Argentine et en Bolivie, pour prendre des exemples récents (lire page 84), on n'a pas hésité à annuler des contrats conclus pour trente ans. Si l'on veut que l'eau pour tous devienne une réalité, les pays les plus concernés doivent relever un double défi, insiste Jean-Louis Chaussade. « Les entreprises ne peuvent réaliser des investissements lourds que si elles bénéficient d'un cadre juridique fiable, dit-il. Et les prêteurs doivent être assurés que leur argent va là où il doit aller. Le noeud du problème de l'eau, c'est la bonne gouvernance et la transparence. » Celle de l'eau claire.


Pour en savoir plus

L'Expansion : Les batailles de l'or bleu
Livres

« Quand meurent les grands fleuves, enquête sur la crise mondiale de l'eau », Fred Pearce (Calmann-Lévy).
Brillant tour du monde sur les problématiques de l'eau. Riche et enrichissant.

« La guerre de l'eau aura-t-elle lieu ? »
Nguyen Tien-Duc (Editions Johanet).
Une analyse géostratégique des effets de l'explosion démographique sur la gestion de l'eau.




Sites

www.unesco. org/water/wwap
Rapport 2006 de l'ONU, très complet, sur l'évaluation des ressources mondiales en eau.

www.oieau.org
Site de l'Office international de l'eau, qui réunit les acteurs publics et privés impliqués dans la gestion de l'eau



Festivals

« L'eau fait son cinéma »
Domaine national de Saint-Cloud, du 29 juin au 1er juillet.
www.filmssouslesetoiles.com

« Photo, nature et paysage de La Gacilly » (Morbihan), jusqu'au 30 septembre. « L'eau dans tous ses états » en dix expositions photographiques en plein air.
www.festivalphoto.lagacilly.com

Le Musée de l'eau, à Pont-en-Royans (Isère).
Muséographie dynamique sur le thème de l'eau.
www.musee-eau.com


Samedi 1 Juillet 2006
Lundi 3 Juillet 2006
L'Expansion
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