
Pauvre en eau, le Nord – Pas-de-Calais dispose aussi de réseaux de distribution vieillissants.
Si les stocks d’eau ne manquent pas, leur qualité se dégrade. Une alternative s’impose.
MATHIEU HÉBER Près de 2 milliards d’euros. C’est, selon l’Agence de l’eau Artois-Picardie, le montant estimé des travaux nécessaires à la politique de l’eau entre 2007 et 2012. Pas de grand fleuve, peu de relief : naturellement, la région ne dispose pas de ressources importantes. Et les cours d’eau « se caractérisent par la faiblesse de leur débit », indique l’Agence de l’eau. À titre de comparaison, « à lui seul, le Rhône a un débit moyen (1 700 m³ par seconde) de plus de dix fois supérieur à l’ensemble des cours d’eau du bassin (120 m³/s) ». L’essentiel de nos ressources en eau potable est issu en fait du sous-sol : 96 % de l’eau potable vient de nappes phréatiques.
Or, si ces nappes ne posent pas de problème quantitatif – les pluies et les échanges avec les rivières compensent le niveau des prélèvements –, « la qualité des eaux souterraines se dégrade lentement, en nitrates notamment ». Autre problème : les réseaux d’assainissement sont vieillissants.
Pour atteindre les standards européens en matière de qualité de l’eau, « nous devons accélérer les travaux pour éviter tout contentieux » , résume Alain Strébelle, le directeur de l’Agence de l’eau Artois-Picardie. « Certains travaux n’attendent pas », ajoute-t-il, faisant allusion au bassin minier, où « la plupart des réseaux datent du plan Marshall » (Nord éclair du 14 février).
Quelle part d’eau s’échappe ?
Dans la métropole lilloise, dont les réseaux vieillissent eux aussi (40 ans en moyenne), on réfléchit à de nouvelles approches. « Nous prenons des mesures pour protéger nos nappes phréatiques », assure Francis Vercamer, vice-président (UDF) de Lille Métropole Communauté urbaine (LMCU), en charge de l’eau. Ses objectifs : baisse des consommations, amélioration du réseau et nouveaux forages. « Trois politiques à court, moyen et long terme,, résume le maire de Hem. On n’a pas suffisamment renouvelé le réseau. ». Quelle quantité d’eau puisée s’échappe ainsi dans les fuites du réseau ? 20 %, 40 % ? Les chiffres varient selon les interlocuteurs.
Mais pour les élus, renouveler le réseau peut se traduire par des surcoûts sur la facture. « Ou on a du courage politique, ou on n’en a pas » , tranche Paul Raoult (lire ci-contre). Pour le sénateur-maire (PS) du Quesnoy et président du Syndicat intercommunal d’eau du Nord (Siden), qui réunit plus de 500 communes de la région, la question ne souffre aucun débat : « Je ne vise pas forcément Lille, mais les délégataires (les entreprises qui gèrent l’eau pour le compte des collectivités, ndlr) ont-ils vu plus loin que le bout de leur nez ? »
Nouveaux forages ?
Si la métropole lilloise, principal bassin de consommation dans la région, manque d’eau, d’où viendront ses nouvelles ressources ? De nouveaux forages ? Du Pas-de-Calais ? « Nous serons vigilants dans notre rôle de château d’eau pour ces étrangers », ironise Dominique Dupilet, président (PS) du conseil général du Pas-de-Calais.
Autre question : faut-il puiser encore plus d’eau pour alimenter les réseaux traditionnels alors que, comme le rappelle Francis Vercamer, « 3 % seulement de l’eau potable sert à l’alimentation et (que) le reste est utilisé pour la lessive, les douches, le jardin... » ? •
Si les stocks d’eau ne manquent pas, leur qualité se dégrade. Une alternative s’impose.
MATHIEU HÉBER Près de 2 milliards d’euros. C’est, selon l’Agence de l’eau Artois-Picardie, le montant estimé des travaux nécessaires à la politique de l’eau entre 2007 et 2012. Pas de grand fleuve, peu de relief : naturellement, la région ne dispose pas de ressources importantes. Et les cours d’eau « se caractérisent par la faiblesse de leur débit », indique l’Agence de l’eau. À titre de comparaison, « à lui seul, le Rhône a un débit moyen (1 700 m³ par seconde) de plus de dix fois supérieur à l’ensemble des cours d’eau du bassin (120 m³/s) ». L’essentiel de nos ressources en eau potable est issu en fait du sous-sol : 96 % de l’eau potable vient de nappes phréatiques.
Or, si ces nappes ne posent pas de problème quantitatif – les pluies et les échanges avec les rivières compensent le niveau des prélèvements –, « la qualité des eaux souterraines se dégrade lentement, en nitrates notamment ». Autre problème : les réseaux d’assainissement sont vieillissants.
Pour atteindre les standards européens en matière de qualité de l’eau, « nous devons accélérer les travaux pour éviter tout contentieux » , résume Alain Strébelle, le directeur de l’Agence de l’eau Artois-Picardie. « Certains travaux n’attendent pas », ajoute-t-il, faisant allusion au bassin minier, où « la plupart des réseaux datent du plan Marshall » (Nord éclair du 14 février).
Quelle part d’eau s’échappe ?
Dans la métropole lilloise, dont les réseaux vieillissent eux aussi (40 ans en moyenne), on réfléchit à de nouvelles approches. « Nous prenons des mesures pour protéger nos nappes phréatiques », assure Francis Vercamer, vice-président (UDF) de Lille Métropole Communauté urbaine (LMCU), en charge de l’eau. Ses objectifs : baisse des consommations, amélioration du réseau et nouveaux forages. « Trois politiques à court, moyen et long terme,, résume le maire de Hem. On n’a pas suffisamment renouvelé le réseau. ». Quelle quantité d’eau puisée s’échappe ainsi dans les fuites du réseau ? 20 %, 40 % ? Les chiffres varient selon les interlocuteurs.
Mais pour les élus, renouveler le réseau peut se traduire par des surcoûts sur la facture. « Ou on a du courage politique, ou on n’en a pas » , tranche Paul Raoult (lire ci-contre). Pour le sénateur-maire (PS) du Quesnoy et président du Syndicat intercommunal d’eau du Nord (Siden), qui réunit plus de 500 communes de la région, la question ne souffre aucun débat : « Je ne vise pas forcément Lille, mais les délégataires (les entreprises qui gèrent l’eau pour le compte des collectivités, ndlr) ont-ils vu plus loin que le bout de leur nez ? »
Nouveaux forages ?
Si la métropole lilloise, principal bassin de consommation dans la région, manque d’eau, d’où viendront ses nouvelles ressources ? De nouveaux forages ? Du Pas-de-Calais ? « Nous serons vigilants dans notre rôle de château d’eau pour ces étrangers », ironise Dominique Dupilet, président (PS) du conseil général du Pas-de-Calais.
Autre question : faut-il puiser encore plus d’eau pour alimenter les réseaux traditionnels alors que, comme le rappelle Francis Vercamer, « 3 % seulement de l’eau potable sert à l’alimentation et (que) le reste est utilisé pour la lessive, les douches, le jardin... » ? •