L'Inde imprégnée de ses pesticides

Par Pierre PRAKASH
Et la saga rebondit.
La controverse avait éclaté lorsqu'une influente ONG écologiste, le Centre pour la science et l'environnement (CSE), avait publié un rapport, début août, révélant la présence d'alarmants taux de pesticides dans des dizaines d'échantillons prélevés aux quatre coins du pays. Cinq Etats fédérés avaient immédiatement banni les boissons concernées des écoles, des hôpitaux, voire des administrations, tandis que le Kerala, dirigé par le Parti communiste, avait, lui, carrément interdit la production et la vente des sodas sur tout son territoire. Saisie par les deux marques, la Haute Cour du Kerala a finalement annulé cette interdiction, vendredi dernier, arguant que seul le gouvernement fédéral avait le pouvoir de prendre une telle décision.
«Nocives».
Manifestement soulagés, Pepsi et Coca se sont fendus de communiqués laissant entendre que ce verdict était une preuve irréfutable de leur innocence. «Ce jugement (...) valide clairement notre ferme confiance dans la qualité et la sécurité de nos produits», clamait ainsi le premier, tandis que Coca-Cola India affirmait avoir «toujours été totalement confiant dans la sécurité de (ses) boissons gazeuses en Inde». Des déclarations pour le moins trompeuses puisque le jugement en question n'a en réalité rien à voir avec la présence ou non de pesticides dans ces boissons. Les juges ont certes estimé que les autorités kéralaises s'étaient alignées un peu trop rapidement sur l'étude du CSE sans chercher à confirmer ses résultats, mais, au final, c'est sur une question de simple juridiction qu'ils ont appuyé leur verdict, et non pas sur la question de santé publique.
Toujours prêt à en découdre, le CSE souligne ainsi que le jugement «ne change rien», les boissons concernées étant «toujours aussi nocives». Et de rappeler que le principal problème, dans cette histoire, est que le gouvernement fédéral n'a toujours pas mis en place la réglementation pourtant promise depuis trois ans, lorsque le CSE avait révélé pour la première fois la présence de pesticides dans les colas.
Prête depuis des mois, la législation est en effet restée dans les tiroirs du Bureau of Indian Standards. Motif : «Il y a une collusion totale entre les entreprises concernées et le gouvernement, qui ne veut pas effrayer les investisseurs étrangers», affirme Sunita Narain, la directrice du CSE. Une accusation qui contient probablement du vrai puisque, dans le cas des autres produits alimentaires (eau minérale, fruits, légumes, etc.), les législations existent et ont même été récemment renforcées.
Eduquer. Conséquence d'une utilisation excessive de produits chimiques dans l'agriculture, quasiment tous les aliments, en Inde, contiennent en effet des résidus de pesticides, souvent en quantités bien plus importantes que ce que l'on retrouve dans les canettes des marques américaines. Les chiffres sur le sujet sont rares et partiels, mais, même par bribes, les quelques études disponibles laissent pour le moins dubitatif. Pas plus tard qu'en août, des tests effectués par le ministère de l'Agriculture sur un marché de la capitale, New Delhi, montraient ainsi que les fruits et légumes contenaient des taux de pesticides et de métaux lourds 30 à 50 fois plus élevés que les limites autorisées. Même le lait de vache est gravement contaminé, avec des taux parfois 3 000 fois supérieurs à ce que prévoit la législation attendue pour les sodas.
«C'est vrai que toute la chaîne alimentaire est touchée, concède Sunita Narain, mais la différence est que ces produits le lait, les fruits, les légumes ont une valeur nutritive, alors que les colas, eux, n'apportent absolument rien à l'organisme.» Certes, mais le fait est que les Indiens sont beaucoup plus nombreux à boire du lait ou du thé que du coca. De l'avis de nombreux experts, l'urgence, en réalité, serait d'éduquer les paysans qui aspergent leurs champs jusqu'à quinze fois par jour sur la manière d'utiliser les pesticides. Coca et Pepsi, par contre, constituent une cible idéale pour médiatiser la question. En espérant que le débat en cours fera sortir les autorités de leur torpeur.
Et la saga rebondit.
La controverse avait éclaté lorsqu'une influente ONG écologiste, le Centre pour la science et l'environnement (CSE), avait publié un rapport, début août, révélant la présence d'alarmants taux de pesticides dans des dizaines d'échantillons prélevés aux quatre coins du pays. Cinq Etats fédérés avaient immédiatement banni les boissons concernées des écoles, des hôpitaux, voire des administrations, tandis que le Kerala, dirigé par le Parti communiste, avait, lui, carrément interdit la production et la vente des sodas sur tout son territoire. Saisie par les deux marques, la Haute Cour du Kerala a finalement annulé cette interdiction, vendredi dernier, arguant que seul le gouvernement fédéral avait le pouvoir de prendre une telle décision.
«Nocives».
Manifestement soulagés, Pepsi et Coca se sont fendus de communiqués laissant entendre que ce verdict était une preuve irréfutable de leur innocence. «Ce jugement (...) valide clairement notre ferme confiance dans la qualité et la sécurité de nos produits», clamait ainsi le premier, tandis que Coca-Cola India affirmait avoir «toujours été totalement confiant dans la sécurité de (ses) boissons gazeuses en Inde». Des déclarations pour le moins trompeuses puisque le jugement en question n'a en réalité rien à voir avec la présence ou non de pesticides dans ces boissons. Les juges ont certes estimé que les autorités kéralaises s'étaient alignées un peu trop rapidement sur l'étude du CSE sans chercher à confirmer ses résultats, mais, au final, c'est sur une question de simple juridiction qu'ils ont appuyé leur verdict, et non pas sur la question de santé publique.
Toujours prêt à en découdre, le CSE souligne ainsi que le jugement «ne change rien», les boissons concernées étant «toujours aussi nocives». Et de rappeler que le principal problème, dans cette histoire, est que le gouvernement fédéral n'a toujours pas mis en place la réglementation pourtant promise depuis trois ans, lorsque le CSE avait révélé pour la première fois la présence de pesticides dans les colas.
Prête depuis des mois, la législation est en effet restée dans les tiroirs du Bureau of Indian Standards. Motif : «Il y a une collusion totale entre les entreprises concernées et le gouvernement, qui ne veut pas effrayer les investisseurs étrangers», affirme Sunita Narain, la directrice du CSE. Une accusation qui contient probablement du vrai puisque, dans le cas des autres produits alimentaires (eau minérale, fruits, légumes, etc.), les législations existent et ont même été récemment renforcées.
Eduquer. Conséquence d'une utilisation excessive de produits chimiques dans l'agriculture, quasiment tous les aliments, en Inde, contiennent en effet des résidus de pesticides, souvent en quantités bien plus importantes que ce que l'on retrouve dans les canettes des marques américaines. Les chiffres sur le sujet sont rares et partiels, mais, même par bribes, les quelques études disponibles laissent pour le moins dubitatif. Pas plus tard qu'en août, des tests effectués par le ministère de l'Agriculture sur un marché de la capitale, New Delhi, montraient ainsi que les fruits et légumes contenaient des taux de pesticides et de métaux lourds 30 à 50 fois plus élevés que les limites autorisées. Même le lait de vache est gravement contaminé, avec des taux parfois 3 000 fois supérieurs à ce que prévoit la législation attendue pour les sodas.
«C'est vrai que toute la chaîne alimentaire est touchée, concède Sunita Narain, mais la différence est que ces produits le lait, les fruits, les légumes ont une valeur nutritive, alors que les colas, eux, n'apportent absolument rien à l'organisme.» Certes, mais le fait est que les Indiens sont beaucoup plus nombreux à boire du lait ou du thé que du coca. De l'avis de nombreux experts, l'urgence, en réalité, serait d'éduquer les paysans qui aspergent leurs champs jusqu'à quinze fois par jour sur la manière d'utiliser les pesticides. Coca et Pepsi, par contre, constituent une cible idéale pour médiatiser la question. En espérant que le débat en cours fera sortir les autorités de leur torpeur.