David Pessey de la Coalition Ghanéenne venu par

David Pessey est représentant de la Coalition ghanéenne contre la privatisation de l'eau (NCAP), une association composée notamment de syndicalistes et d'écologistes qui se bat depuis cinq ans au Ghana pour obtenir davantage de transparence dans le processus de modernisation en cours du système de gestion de l'eau. Même si Suez ne fait pas partie des entreprises intéressées par ce marché, il a tenu à défiler à l'invitation de l'ONG les Amis de la Terre devant l'assemblée générale de la multinationale. Par «solidarité».
Pourquoi êtes-vous venu manifester aujourd'hui à Paris ?
Parce que le Ghana est menacé par ce même processus de privatisation de l'eau qui a conduit Suez à s'implanter dans un certain nombre de pays pour ramasser la mise à leurs dépens. C'est un processus très pernicieux qui s'effectue sous l'égide de la Banque mondiale. Au Ghana, depuis une dizaine d'années, celle-ci pose comme condition à son aide financière la privatisation du secteur de l'eau. Une réformequi exclut de fait l'entreprise nationale, qui a d'autant moins les moyens de soumissionner qu'elle est déjà très endettée.
Ce processus de privatisation a été entamé il y a quelques années, l'air de rien, quand le gouvernement a entrepris de séparer le système des égouts de celui de l'eau, puis le système des eaux rurales de celui des eaux urbaines. Le Ghana étant un pays très pauvre, où 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, principalement en dehors des villes, l'idée était d'isoler le système des eauxrurales, qui fait perdre beaucoup d'argent aux autorités, afin de «rendre la mariée plus présentable».
L'entreprise nationale étant déjà endettée, l'entrée d'investisseurs privés dans le système n'était peut-être pas une mauvaise idée ?
Le problème d'un monopole mal géré ne peut pas être réglé par une privatisation. Qu'il faille réformer la gestion publique de l'eau au Ghana, tout le monde en convient. Sur dix ans, il aurait fallu 1,3 milliard de dollars d'investissements pour que celle-ci fonctionne comme il faut. Mais il y a, à nos yeux, deux critères à respecter impérativement : la transparence et l'implication des entreprises locales. Or, chez nous, il n'est question que de l'entrée de firmes étrangères et le plus grand secret entoure l'opération. Par ailleurs, l'arrivée d'entreprises privées n'implique pas forcément l'injection d'argent frais. Au fil du temps, ces firmes ont baissé le montant des sommes qu'elles étaient prêtes à investir dans le projet. Les autorités n'ayant aucun intérêt à cela, on a de forts soupçons de corruption.
Où en êtes-vous actuellement ?
En 2001, le gouvernement a changé. On pensait que le nouveau allait mettre un terme au processus ou, du moins, y mettre de l'ordre. Mais cela a été pire : non seulement il était moins transparent, mais il s'est mis à lancer des campagnes contre notre coalition en disant qu'on faisait tout pour empêcher la modernisation du système et donc l'accès de l'eau à tous. Or, depuis ce changement politique, les prix de l'eau ont augmenté de 250 % ! Nous n'avons pas faibli. Et la Banque mondiale a dû revoir sa stratégie. Au début, elle devait «prêter» 103 millions de dollars au gouvernement s'il réformait son système des eaux urbaines. Devant notre indignation le Ghana est déjà suffisamment endetté comme ça , elle a accepté il y a quelques mois de transformer ce prêt en don. Et l'appel d'offres lancé auprès d'opérateurs privés ne propose plus une concession mais un contrat de gestion, c'est-à-dire que l'opérateur travaillera pour le compte du gouvernement. Mais nous sommes persuadés que le contrat permettra à l'opérateur de devenir investisseur à terme. Les dossiers des entreprises viennent d'être remis au gouvernement mais on ne sait rien. Nous n'avons appris qu'il y a quelques semaines, et par la bande, que Suez n'était pas candidate !... Si nous nous manifestons ainsi c'est parce que nous savons que les entreprises ont un point faible, leurs actionnaires, qui abhorrent toute contre-publicité .
Pourquoi êtes-vous venu manifester aujourd'hui à Paris ?
Parce que le Ghana est menacé par ce même processus de privatisation de l'eau qui a conduit Suez à s'implanter dans un certain nombre de pays pour ramasser la mise à leurs dépens. C'est un processus très pernicieux qui s'effectue sous l'égide de la Banque mondiale. Au Ghana, depuis une dizaine d'années, celle-ci pose comme condition à son aide financière la privatisation du secteur de l'eau. Une réformequi exclut de fait l'entreprise nationale, qui a d'autant moins les moyens de soumissionner qu'elle est déjà très endettée.
Ce processus de privatisation a été entamé il y a quelques années, l'air de rien, quand le gouvernement a entrepris de séparer le système des égouts de celui de l'eau, puis le système des eaux rurales de celui des eaux urbaines. Le Ghana étant un pays très pauvre, où 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, principalement en dehors des villes, l'idée était d'isoler le système des eauxrurales, qui fait perdre beaucoup d'argent aux autorités, afin de «rendre la mariée plus présentable».
L'entreprise nationale étant déjà endettée, l'entrée d'investisseurs privés dans le système n'était peut-être pas une mauvaise idée ?
Le problème d'un monopole mal géré ne peut pas être réglé par une privatisation. Qu'il faille réformer la gestion publique de l'eau au Ghana, tout le monde en convient. Sur dix ans, il aurait fallu 1,3 milliard de dollars d'investissements pour que celle-ci fonctionne comme il faut. Mais il y a, à nos yeux, deux critères à respecter impérativement : la transparence et l'implication des entreprises locales. Or, chez nous, il n'est question que de l'entrée de firmes étrangères et le plus grand secret entoure l'opération. Par ailleurs, l'arrivée d'entreprises privées n'implique pas forcément l'injection d'argent frais. Au fil du temps, ces firmes ont baissé le montant des sommes qu'elles étaient prêtes à investir dans le projet. Les autorités n'ayant aucun intérêt à cela, on a de forts soupçons de corruption.
Où en êtes-vous actuellement ?
En 2001, le gouvernement a changé. On pensait que le nouveau allait mettre un terme au processus ou, du moins, y mettre de l'ordre. Mais cela a été pire : non seulement il était moins transparent, mais il s'est mis à lancer des campagnes contre notre coalition en disant qu'on faisait tout pour empêcher la modernisation du système et donc l'accès de l'eau à tous. Or, depuis ce changement politique, les prix de l'eau ont augmenté de 250 % ! Nous n'avons pas faibli. Et la Banque mondiale a dû revoir sa stratégie. Au début, elle devait «prêter» 103 millions de dollars au gouvernement s'il réformait son système des eaux urbaines. Devant notre indignation le Ghana est déjà suffisamment endetté comme ça , elle a accepté il y a quelques mois de transformer ce prêt en don. Et l'appel d'offres lancé auprès d'opérateurs privés ne propose plus une concession mais un contrat de gestion, c'est-à-dire que l'opérateur travaillera pour le compte du gouvernement. Mais nous sommes persuadés que le contrat permettra à l'opérateur de devenir investisseur à terme. Les dossiers des entreprises viennent d'être remis au gouvernement mais on ne sait rien. Nous n'avons appris qu'il y a quelques semaines, et par la bande, que Suez n'était pas candidate !... Si nous nous manifestons ainsi c'est parce que nous savons que les entreprises ont un point faible, leurs actionnaires, qui abhorrent toute contre-publicité .