contrat entre Véolia et Saint-Paul pour la distribution de l’eau arrive à terme dans un an. Et on ne connaissait pas jusque-là les intentions d’Huguette Bello en la matière. C’est désormais chose faite : le conseil municipal votera aujourd’hui un retour en régie municipale. Coup dur pour Véolia mais aussi pour Alain Bénard.
Une surprise et un coup politique. Huguette Bello évince Véolia de la distribution de l’eau à Saint-Paul. Beaucoup n’auraient pas parié un centime sur une telle hypothèse il y a encore quelques mois tant ses opposants n’ont cessé de dénoncer les liens entre la députée-maire et la multinationale. Quoi qu’il en soit, Véolia n’assurera plus le service de l’eau potable sur la commune à partir du 14 juillet 2010, terme du contrat d’affermage signé en 2002. Le conseil municipal doit voter une délibération en ce sens cet après-midi. À l’issue de deux études réalisées par les cabinets spécialisés Calia et G2C qui ont établi la liste des avantages et inconvénients des deux systèmes, privé et public, le choix d’un retour en régie municipale a été retenu. C’est donc la Créole, déjà en charge de l’assainissement, qui élargira ses compétences pour alimenter les plus de 38 000 abonnés. “Nous avons la volonté d’améliorer encore le service de l’eau et de l’assainissement pour l’usager” nous a expliqué hier soir, l’élu en charge du dossier, un Jocelyn Flahaut lapidaire, soucieux de ne pas en dire trop avant le conseil. Outre les motifs techniques et économiques sur lequels nous aurons l’occasion de revenir, Huguette Bello procède avant tout à un choix éminemment politique, à plus d’un titre. Politique d’abord puisque Saint-Paul s’offre une maîtrise totalement publique de la gestion de l’eau. Une idéologie en vogue, après des décennies de recours aux sociétés privées. Une idéologie à laquelle adhérent de plus en plus de collectivités dont la ville de Paris dernièrement.
Alain Bénard doublé
Politique ensuite car cette option ravit au moins une composante de la majorité. Il s’agit bien sûr des Verts qui avaient fait de cette question une condition sine qua none à leur alliance. Christophe Pomez la joue aujourd’hui “collectif” : “C’est un travail fait en commun après un vrai débat contradictoire. Il s’agit d’un choix bien calculé, mûrement réfléchi même s’il fallait prendre une décision assez tôt. Nous aurons une vraie politique de l’eau sur notre territoire, c’est une grande satisfaction”. Politique enfin puisque Huguette Bello coupe littéralement l’herbe sous les pieds d’Alain Bénard* dont le retour de l’eau en régie était le thème de débat favori. Dans une perspective de campagne électorale à venir, il s’agit d’un coup dur, à n’en pas douter. Et ce d’autant que lundi matin encore, l’ancien maire fustigeait les hésitations de sa rivale sur ce dossier. “L’incapacité politique, l’indécision, les déchirures internes de cette municipalité l’empêchent de se prononcer sur le devenir de la gestion de l’eau (…) À ce jour, la mairie ne s’est attachée ni aide technique ni ide juridique”. Les élus de la majorité en question devraient trouver un malin plaisir à lire à haute et intelligible voix l’intégralité des deux rapports commandés. La municipalité détaillera cet après midi les conditions et les conséquences de ce retour au service public pendant le conseil qui devrait être le dernier avant de probables nouvelles élections. Sollicité pour une réaction, Alain Bénard n’a pas donné suite
Romain Latournerie
CLICANOO.COM | Publié le 29 juillet 2009
Une surprise et un coup politique. Huguette Bello évince Véolia de la distribution de l’eau à Saint-Paul. Beaucoup n’auraient pas parié un centime sur une telle hypothèse il y a encore quelques mois tant ses opposants n’ont cessé de dénoncer les liens entre la députée-maire et la multinationale. Quoi qu’il en soit, Véolia n’assurera plus le service de l’eau potable sur la commune à partir du 14 juillet 2010, terme du contrat d’affermage signé en 2002. Le conseil municipal doit voter une délibération en ce sens cet après-midi. À l’issue de deux études réalisées par les cabinets spécialisés Calia et G2C qui ont établi la liste des avantages et inconvénients des deux systèmes, privé et public, le choix d’un retour en régie municipale a été retenu. C’est donc la Créole, déjà en charge de l’assainissement, qui élargira ses compétences pour alimenter les plus de 38 000 abonnés. “Nous avons la volonté d’améliorer encore le service de l’eau et de l’assainissement pour l’usager” nous a expliqué hier soir, l’élu en charge du dossier, un Jocelyn Flahaut lapidaire, soucieux de ne pas en dire trop avant le conseil. Outre les motifs techniques et économiques sur lequels nous aurons l’occasion de revenir, Huguette Bello procède avant tout à un choix éminemment politique, à plus d’un titre. Politique d’abord puisque Saint-Paul s’offre une maîtrise totalement publique de la gestion de l’eau. Une idéologie en vogue, après des décennies de recours aux sociétés privées. Une idéologie à laquelle adhérent de plus en plus de collectivités dont la ville de Paris dernièrement.
Alain Bénard doublé
Politique ensuite car cette option ravit au moins une composante de la majorité. Il s’agit bien sûr des Verts qui avaient fait de cette question une condition sine qua none à leur alliance. Christophe Pomez la joue aujourd’hui “collectif” : “C’est un travail fait en commun après un vrai débat contradictoire. Il s’agit d’un choix bien calculé, mûrement réfléchi même s’il fallait prendre une décision assez tôt. Nous aurons une vraie politique de l’eau sur notre territoire, c’est une grande satisfaction”. Politique enfin puisque Huguette Bello coupe littéralement l’herbe sous les pieds d’Alain Bénard* dont le retour de l’eau en régie était le thème de débat favori. Dans une perspective de campagne électorale à venir, il s’agit d’un coup dur, à n’en pas douter. Et ce d’autant que lundi matin encore, l’ancien maire fustigeait les hésitations de sa rivale sur ce dossier. “L’incapacité politique, l’indécision, les déchirures internes de cette municipalité l’empêchent de se prononcer sur le devenir de la gestion de l’eau (…) À ce jour, la mairie ne s’est attachée ni aide technique ni ide juridique”. Les élus de la majorité en question devraient trouver un malin plaisir à lire à haute et intelligible voix l’intégralité des deux rapports commandés. La municipalité détaillera cet après midi les conditions et les conséquences de ce retour au service public pendant le conseil qui devrait être le dernier avant de probables nouvelles élections. Sollicité pour une réaction, Alain Bénard n’a pas donné suite
Romain Latournerie
CLICANOO.COM | Publié le 29 juillet 2009
Comme nous l’annoncions hier, le dossier de l’eau a dominé le conseil municipal de Saint-Paul hier. La municipalité a officialisé le retour de la distribution en régie municipale entre deux attaques à l’encontre d’un Alain Bénard absent.
C’est donc désormais voté : le contrat d’affermage pour la distribution de l’eau ne sera pas reconduit avec Véolia en juillet 2010. Les élus de la majorité ont validé hier en conseil municipal le retour au service public, à travers la Régie La Créole, déjà en charge de l’assainissement. “Gérer en régie le service de l’eau doit impérativement aller de pair avec une gestion sans faille de ce service, qui, faut-il le rappeler, doit être équilibré en recettes et en dépenses”, a annoncé Huguette Bello en préambule à l’ouverture de la séance. Façon de rassurer ses administrés mais également certains de ses conseillers municipaux, visiblement inquiets de voir le scénario des années 1980 se reproduire. La distribution de l’eau était également gérée en régie à l’époque et l’aventure s’était soldée par un montant d’impayés de 11 millions d’euros. Jocelyn Flahaut, président de la Créole a lui aussi pris un maximum de précautions dans son discours de présentation. “N’hésitez pas chers collègues à venir nous poser toutes les questions que vous souhaitez, afin qu’il n’y ait plus aucun tabou”, a-t-il lancé aux autres élus. Et pour tâcher de convaincre les derniers sceptiques, les objectifs immédiats de ce futur service public ont été intégrés à la délibération. La Créole s’engagera en effet à maintenir le prix actuel de l’eau sur une période d’au moins trois ans et à atteindre un seuil de 90% de recouvrement des factures, avec l’aide du trésor public. À long terme, la régie devra également améliorer le rendement du réseau de 1% par an et investir 40 millions d’euros d’ici 2015. Les besoins sont en effet énormes avec un taux de perte en ligne de 45% que l’adjoint Vert Jean Erpeldinger estime à “8 millions de m3 d’eau par an”.
Autre inquiétude manifestée par l’adjoint à l’aménagement, Emmanuel Séraphin qui a interrogé le conseil sur le devenir des employés de Véolia. “Ils étaient auparavant employés de la régie et ils sont partis au moment de la délégation de service public. Ils feront marche arrière et seront parfaitement accueillis à la Créole”, lui a répondu Jocelyn Flahaut. Une volonté de prudence manifestée également par Huguette Bello à l’égard de Véolia. “Au-delà de notre décision, nous avons toujours eu du respect pour notre partenaire. Ce n’est pas un choix que nous faisons contre eux”. Les multiples prises de paroles sur ce dossier ont aussi été l’occasion de fustiger l’ancien maire, accusé de parcourir en ce moment la ville pour demander aux gens de ne plus payer l’eau. “À ce propos, je précise que le CCAS peut aider toute l’année les gens qui ont les problèmes avec leur facture et nous n’attendons pas seulement les élections pour regarder 350 factures comme notre prédécesseur, a poursuivi Huguette Bello. L’enquête en cours montre d’ailleurs qu’il ne s’agissait pas que de personnes en difficulté”.
Ce sont enfin les Verts qui se réjouissent de cette décision du conseil, répétant qu’ils l’avaient fortement appuyée dès le début du mandat. Eux aussi se sont adressés à Alain Bénard qui n’avait cessé de fustiger l’absence de décision sur ce dossier et dont on connaissait la volonté de procéder à ce retour en régie. “Qui a dit : A Saint-Paul l’eau est chère ? C’est l’ancien maire. Que lui répondre sinon les chiffres : le prix du m3 est de 1,51 euro en métropole, 0,91 à la Réunion et 0,67 à Saint-Paul. L’enjeu n’est pas là” lui a répondu Jean Erpeldinger.
Alain Bénard justement n’avait pas répondu à nos sollicitations mardi soir et n’a pas assisté au conseil hier. Forcé d’admettre qu’il n’avait pas anticipé cette décision, il s’est contenté d’un court communiqué dans l’après-midi dénonçant une “récupération” et une “manœuvre électorale”. Il s’agissait hier du dernier conseil municipal avant l’arrêt du Conseil d’Etat le 11 août prochain. Et il semble que la campagne a bel et bien débuté
R. Lt.
C’est donc désormais voté : le contrat d’affermage pour la distribution de l’eau ne sera pas reconduit avec Véolia en juillet 2010. Les élus de la majorité ont validé hier en conseil municipal le retour au service public, à travers la Régie La Créole, déjà en charge de l’assainissement. “Gérer en régie le service de l’eau doit impérativement aller de pair avec une gestion sans faille de ce service, qui, faut-il le rappeler, doit être équilibré en recettes et en dépenses”, a annoncé Huguette Bello en préambule à l’ouverture de la séance. Façon de rassurer ses administrés mais également certains de ses conseillers municipaux, visiblement inquiets de voir le scénario des années 1980 se reproduire. La distribution de l’eau était également gérée en régie à l’époque et l’aventure s’était soldée par un montant d’impayés de 11 millions d’euros. Jocelyn Flahaut, président de la Créole a lui aussi pris un maximum de précautions dans son discours de présentation. “N’hésitez pas chers collègues à venir nous poser toutes les questions que vous souhaitez, afin qu’il n’y ait plus aucun tabou”, a-t-il lancé aux autres élus. Et pour tâcher de convaincre les derniers sceptiques, les objectifs immédiats de ce futur service public ont été intégrés à la délibération. La Créole s’engagera en effet à maintenir le prix actuel de l’eau sur une période d’au moins trois ans et à atteindre un seuil de 90% de recouvrement des factures, avec l’aide du trésor public. À long terme, la régie devra également améliorer le rendement du réseau de 1% par an et investir 40 millions d’euros d’ici 2015. Les besoins sont en effet énormes avec un taux de perte en ligne de 45% que l’adjoint Vert Jean Erpeldinger estime à “8 millions de m3 d’eau par an”.
Autre inquiétude manifestée par l’adjoint à l’aménagement, Emmanuel Séraphin qui a interrogé le conseil sur le devenir des employés de Véolia. “Ils étaient auparavant employés de la régie et ils sont partis au moment de la délégation de service public. Ils feront marche arrière et seront parfaitement accueillis à la Créole”, lui a répondu Jocelyn Flahaut. Une volonté de prudence manifestée également par Huguette Bello à l’égard de Véolia. “Au-delà de notre décision, nous avons toujours eu du respect pour notre partenaire. Ce n’est pas un choix que nous faisons contre eux”. Les multiples prises de paroles sur ce dossier ont aussi été l’occasion de fustiger l’ancien maire, accusé de parcourir en ce moment la ville pour demander aux gens de ne plus payer l’eau. “À ce propos, je précise que le CCAS peut aider toute l’année les gens qui ont les problèmes avec leur facture et nous n’attendons pas seulement les élections pour regarder 350 factures comme notre prédécesseur, a poursuivi Huguette Bello. L’enquête en cours montre d’ailleurs qu’il ne s’agissait pas que de personnes en difficulté”.
Ce sont enfin les Verts qui se réjouissent de cette décision du conseil, répétant qu’ils l’avaient fortement appuyée dès le début du mandat. Eux aussi se sont adressés à Alain Bénard qui n’avait cessé de fustiger l’absence de décision sur ce dossier et dont on connaissait la volonté de procéder à ce retour en régie. “Qui a dit : A Saint-Paul l’eau est chère ? C’est l’ancien maire. Que lui répondre sinon les chiffres : le prix du m3 est de 1,51 euro en métropole, 0,91 à la Réunion et 0,67 à Saint-Paul. L’enjeu n’est pas là” lui a répondu Jean Erpeldinger.
Alain Bénard justement n’avait pas répondu à nos sollicitations mardi soir et n’a pas assisté au conseil hier. Forcé d’admettre qu’il n’avait pas anticipé cette décision, il s’est contenté d’un court communiqué dans l’après-midi dénonçant une “récupération” et une “manœuvre électorale”. Il s’agissait hier du dernier conseil municipal avant l’arrêt du Conseil d’Etat le 11 août prochain. Et il semble que la campagne a bel et bien débuté
R. Lt.