LE MONDE
LOS ANGELES
Pour plaire à leur clientèle, certaines stations de ski du Colorado doivent désormais nettoyer leurs pistes "sales" avec de la neige artificielle. Et les agriculteurs, dont l'alimentation en eau dépend de la fonte progressive des neiges, s'inquiètent : la poussière qui s'est déposée sur la couche de neige et de glace en accélère la fonte, déréglant le rythme de l'écoulement vers les cours d'eau et modifiant les volumes d'eau disponibles pour l'irrigation.
Car la neige blanche réfléchit le rayonnement du soleil tandis que la couche de poussière ocre absorbe l'énergie solaire, entraînant une fonte des neiges rapide et prématurée. Cette année, le dégel a ainsi été avancé d'environ trente-cinq jours, avec une fonte qui s'est terminée vers le 10 avril pour une neige qui tenait habituellement jusqu'au 15 mai. Certains sommets, normalement blancs à la mi-mai, sont totalement dénudés.
Ce phénomène a provisoirement saturé les réserves en eau, mais les agriculteurs et les éleveurs craignent d'en manquer avant la fin de saison car - par contrecoup - les cours d'eau risquent de se trouver à sec bien avant les récoltes d'été. Ce bouleversement du calendrier de la fonte des neiges pourrait donc accélérer la sécheresse observée actuellement dans l'Ouest américain.
DOUZE "BOLS DE POUSSIÈRE"
Les tempêtes de poussière sont un phénomène climatique courant dans les plaines arides de l'Ouest, qui leur a valu le surnom de dust bowl ("bol de poussière") depuis les années 1930. On avait enregistré à l'époque un pic de pollution atmosphérique dû à la poussière, phénomène alors attribué à l'érosion des terres par une exploitation agricole excessive et immortalisé par John Steinbeck dans Les Raisins de la colère.
Cette année, douze tempêtes de poussière ont soufflé dans la région, qui avait enregistré une moyenne annuelle de huit tempêtes les trois années précédentes, mais seulement trois en 2003. "Le phénomène est très fort cette année, constate Jason Neff, géologue à l'université de Colorado, à Boulder. Il se passe quelque chose, mais nous ne savons pas exactement quoi ! L'étude de l'impact des tempêtes de poussière sur l'environnement est récente"
Des dépôts de poussière aux effets comparables sur le cycle de l'eau ont été observés récemment en Asie, sur les sommets de l'Himalaya, et en Afrique, sur le Kilimandjaro.
Certains experts de l'US Geological Survey estiment que le réchauffement climatique pourrait aggraver l'aridité et l'érosion des sols, et que l'Ouest américain pourrait connaître, d'ici à 2050, un nouveau phénomène de dust bowl, d'une amplitude similaire à celle des années de la Grande Dépression. Cette région, normalement désertique et aride, sort d'un cycle de cinquante années anormalement humides.
Claudine Mulard
Article paru dans l'édition du 05.06.09
LOS ANGELES
Pour plaire à leur clientèle, certaines stations de ski du Colorado doivent désormais nettoyer leurs pistes "sales" avec de la neige artificielle. Et les agriculteurs, dont l'alimentation en eau dépend de la fonte progressive des neiges, s'inquiètent : la poussière qui s'est déposée sur la couche de neige et de glace en accélère la fonte, déréglant le rythme de l'écoulement vers les cours d'eau et modifiant les volumes d'eau disponibles pour l'irrigation.
Car la neige blanche réfléchit le rayonnement du soleil tandis que la couche de poussière ocre absorbe l'énergie solaire, entraînant une fonte des neiges rapide et prématurée. Cette année, le dégel a ainsi été avancé d'environ trente-cinq jours, avec une fonte qui s'est terminée vers le 10 avril pour une neige qui tenait habituellement jusqu'au 15 mai. Certains sommets, normalement blancs à la mi-mai, sont totalement dénudés.
Ce phénomène a provisoirement saturé les réserves en eau, mais les agriculteurs et les éleveurs craignent d'en manquer avant la fin de saison car - par contrecoup - les cours d'eau risquent de se trouver à sec bien avant les récoltes d'été. Ce bouleversement du calendrier de la fonte des neiges pourrait donc accélérer la sécheresse observée actuellement dans l'Ouest américain.
DOUZE "BOLS DE POUSSIÈRE"
Les tempêtes de poussière sont un phénomène climatique courant dans les plaines arides de l'Ouest, qui leur a valu le surnom de dust bowl ("bol de poussière") depuis les années 1930. On avait enregistré à l'époque un pic de pollution atmosphérique dû à la poussière, phénomène alors attribué à l'érosion des terres par une exploitation agricole excessive et immortalisé par John Steinbeck dans Les Raisins de la colère.
Cette année, douze tempêtes de poussière ont soufflé dans la région, qui avait enregistré une moyenne annuelle de huit tempêtes les trois années précédentes, mais seulement trois en 2003. "Le phénomène est très fort cette année, constate Jason Neff, géologue à l'université de Colorado, à Boulder. Il se passe quelque chose, mais nous ne savons pas exactement quoi ! L'étude de l'impact des tempêtes de poussière sur l'environnement est récente"
Des dépôts de poussière aux effets comparables sur le cycle de l'eau ont été observés récemment en Asie, sur les sommets de l'Himalaya, et en Afrique, sur le Kilimandjaro.
Certains experts de l'US Geological Survey estiment que le réchauffement climatique pourrait aggraver l'aridité et l'érosion des sols, et que l'Ouest américain pourrait connaître, d'ici à 2050, un nouveau phénomène de dust bowl, d'une amplitude similaire à celle des années de la Grande Dépression. Cette région, normalement désertique et aride, sort d'un cycle de cinquante années anormalement humides.
Claudine Mulard
Article paru dans l'édition du 05.06.09