
En Hongrie, la majorité des maisons sont raccordées à la distribution d’eau. L’état du système d’égoutage est beaucoup plus mauvais, malgré les énormes investissements publics dans ce secteur. Le rôle de l’investissement privé a été marginal jusqu’aujourd’hui. Après la période de transition, les améliorations ont principalement été financées par l’état avec le co-financement de l’Union Européenne et de la Banque Mondiale.
Dans les années 1980, seulement 33 sociétés (28 propriété de municipalités et 5 propiété de l’état) géraient le système de l’eau en Hongrie. Après le changement de système, la loi sur le Gouvernement Local a transféré la responsabilité de l’eau potable vers les autorités locales. Les municipalités avaient le droit de refuser le transfert, et dans certains cas elles l’ont fait. Beaucoup de municipalités ont essayé de créer leur propre système d’eau. Il y a actuellement 350 compagnies d’eau avec des propriétés partagées (c’est-à-dire dont l’état est propriétaire, ou une municipalité, ou sous une concession) qui fournissent de l’eau. Environ 40% de l’eau est fournie par des sociétés privées, comme : VEOLIA, SUEZ, RWE, E-ON, BERLINWATERS.
La privatisation a été largement influencée par des considérations budgétaires. Par exemple, quand Budapest Waterworks a été (partiellement) privatisée, la société était en bonne situation et bien gérée. En 1997 le gouvernement local de Budapest décida de privatiser le système d’eau de la ville. Il fut vendu à un consortium Franco-Allemand (pour la fourniture d’eau: RWE-Thames avec SUEZ, et dans le cas de l’égoutage: RWE-Thames avec VIVENDI) pour environ 75 millions de dollars, à savoir 25% plus une action du service de l’eau et les droits de gestion pour 25 ans.
Au début, les accords semblaient des succès, mais les problèmes ont rapidement fait surface: malgré la perte considérable en 1998 (HUF 1.5 milliards), le management s’est attribué des honoraires se montant à HUF 2 milliards. Ils purent agir ainsi parce que les honoraires n’étaient pas liés au bénéfice du service, mais aux réductions de coût. La relation entre la ville et le propriétaire français empira en 1999 et une partie du contrat fut annulée. Ce cas et l’expérience de la ville de Pecs montrent les problèmes typiques de la privatisation de l’eau, à savoir:
- Les consommateurs doivent payer aussi les honoraires de gestion ou les bénéfices des investisseurs;
- Les propriétaires privés peuvent n’être intéressés que par les réductions de coût;
- Seul le gouvernement local peut être sensible aux questions sociales, spécialement avant les élections, tandis que les investisseurs privés ont tendance à ne pas l’être;
- Un contrat d’abord considéré à l’épreuve des balles peut s’avérer défaillant;
- Le sous-investissement peut apparaître;
- La démocratie est affaiblie.
Budapest, le 18 février 2008.
Matyas Benyik
ATTAC Hongrie
Référence: Zsolt Boda et Gabor Scheiring: La privatisation de l’eau dans le contexte de la transition,
Public Services Yearbook 2005/6, pp. 95 - 101. TNI, Amsterdam, the Netherlands.