Le nouvel Obs :

A l’heure des budgets serrés, évoquer la remunicipalisation de la gestion de l’eau n’est pas superflu. L’enquête – pas bouversante mais édifiante – de Roger Longlet et Jean-Luc Touly, détaille la rente très liquide des grands groupes privés, notamment à Paris et en région parisienne.
« L’Eau des multinationales », Fayard, 19 € .
« L’Eau des multinationales », Fayard, 19 € .
La Vie : Jean-Luc Touly, militant d'une eau propre
En février, cela fera trente ans
qu'il travaille chez Veolia Environnement,
ex-Vivendi,
ex-Compagnie générale des eaux.
Jean-Luc Touly, 52 ans, saura,
alors, si son employeur, après
trois tentatives infructueuses,
obtient son licenciement. Motif
? Avoir, dans un livre coécrit avec Roger Lenglet, dénoncé les
pratiques de sa société : facturations
abusives, opacité des
comptes, transfert à l'étranger
de milliards d'euros provisionnés
pour l'entretien des réseaux...
Un exemple ? « Si l'on additionne
la contribution aux frais
de personnel de tous les contrats, cela
dépasse largement Ia masse salariale
réelle de Veolia-eau. » L'agent de maîtrise administratif
reconnaît qu'il a mis du
temps pour y voir clair : «J'étais en
charge des comptes-rendus techniques
et financiers d'une vingtaine
de villes franciliennes. » Mais
comment s'attaquer à un système
sur lequel « des élus et des
syndicalistes ferment les yeux » ?
Après la publication du premier
livre, Veolia a obtenu un
euro symbolique de dommages
et intérêts et la suppression de
14 lignes. Aujourd'hui, les deux
compères récidivent dans un
second ouvrage (I). Car de la
Bolivie au Ghana en passant
par l'Argentine, les multinationales
françaises Veolia, Suez
et Saur, sont de plus en plus
contestées. À la satisfaction de
Jean-Luc Touly qui a succédé
à Danielle Mitterrand à la présidence
de l'association française
pour un contrat mondial
de l'eau. • Philippe Mariam
(1 ) L'Eau des multinationales
Les ventés inavouables, Fayard, 19 €