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Ce 4 avril 1986, un homme en sang débarque aux urgences de l'hôpital Saint-Louis. Dix minutes plus tôt, sa Golf GTI a essuyé le feu nourri de deux motards place du Colonel-Fabien, dans l'est parisien. L'homme a 26 ans, une balle de 11,43 millimètres dans le dos et aucune envie de répondre à la police. "Je ne comprends pas les mobiles, je ne me connais pas d'ennemis", assure juste Ahmed Djouhri, qui nie avoir riposté à l'assaut.
Un "résumé des premières investigations" de la brigade criminelle, daté du 21 août 1989 et consulté par Challenges, indique pourtant que le "test atomique" sur ses mains a prouvé qu'il s'est bien servi d'une arme de 9 millimètres. Un an plus tôt, le même Djouhri avait déjà fait l'objet d'un "contrat", échappant à la mort en brisant le silencieux de l'arme d'un malfaiteur notoire, David Taieb, dans un restaurant des Halles, le Jacky's. Ce dernier sera retrouvé abattu au Pecq quelques mois plus tard. Le rapport de police fait ces rapprochements, mais n'aboutira jamais à une quelconque poursuite. "Le caractère fantaisiste de ce rapport est démontré par le fait que je n'ai jamais été entendu, ne serait-ce que comme simple témoin", assène depuis Djouhri dans ses droits de réponse.
Plus de vingt-cinq ans plus tard, le jeune Ahmed a laissé place à Monsieur Alexandre, son surnom dans le business. Changement de prénom, changement de statut aussi: Alexandre Djouhri, résident suisse, est désormais le conseiller influent des grands groupes industriels français, de Veolia à Alstom. On le voit embarquer dans le Falcon 7X de Serge Dassault. Fréquenter Henri Proglio, le patron de Veolia, puis d'EDF Conseiller le PDGd'Alstom, Patrick Kron. Epauler celui de Veolia, Antoine Frérot. Le gamin de Saint-Denis, élevé à Sarcelles loin des écoles de l'élite, est même parvenu à se frayer un chemin sous les lambris dorés du sommet de l'Etat: le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, reconnaît des " relations amicales " avec un homme qu'il qualifie de " très au courant des affaires du monde, des affaires industrielles ". L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin est un ami. Même Bernard Squarcini, patron de la DCRI, le contre-espionnage français, ne tarit pas d'éloges sur le personnage: " Djouhri sert notre pays et le bleu, blanc, rouge, assurait-il au Nouvel Observateur en 2010. Bien sûr, il fait des affaires pour lui, mais il en fait profiter le drapeau. "
Ce 4 avril 1986, un homme en sang débarque aux urgences de l'hôpital Saint-Louis. Dix minutes plus tôt, sa Golf GTI a essuyé le feu nourri de deux motards place du Colonel-Fabien, dans l'est parisien. L'homme a 26 ans, une balle de 11,43 millimètres dans le dos et aucune envie de répondre à la police. "Je ne comprends pas les mobiles, je ne me connais pas d'ennemis", assure juste Ahmed Djouhri, qui nie avoir riposté à l'assaut.
Un "résumé des premières investigations" de la brigade criminelle, daté du 21 août 1989 et consulté par Challenges, indique pourtant que le "test atomique" sur ses mains a prouvé qu'il s'est bien servi d'une arme de 9 millimètres. Un an plus tôt, le même Djouhri avait déjà fait l'objet d'un "contrat", échappant à la mort en brisant le silencieux de l'arme d'un malfaiteur notoire, David Taieb, dans un restaurant des Halles, le Jacky's. Ce dernier sera retrouvé abattu au Pecq quelques mois plus tard. Le rapport de police fait ces rapprochements, mais n'aboutira jamais à une quelconque poursuite. "Le caractère fantaisiste de ce rapport est démontré par le fait que je n'ai jamais été entendu, ne serait-ce que comme simple témoin", assène depuis Djouhri dans ses droits de réponse.
Plus de vingt-cinq ans plus tard, le jeune Ahmed a laissé place à Monsieur Alexandre, son surnom dans le business. Changement de prénom, changement de statut aussi: Alexandre Djouhri, résident suisse, est désormais le conseiller influent des grands groupes industriels français, de Veolia à Alstom. On le voit embarquer dans le Falcon 7X de Serge Dassault. Fréquenter Henri Proglio, le patron de Veolia, puis d'EDF Conseiller le PDGd'Alstom, Patrick Kron. Epauler celui de Veolia, Antoine Frérot. Le gamin de Saint-Denis, élevé à Sarcelles loin des écoles de l'élite, est même parvenu à se frayer un chemin sous les lambris dorés du sommet de l'Etat: le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, reconnaît des " relations amicales " avec un homme qu'il qualifie de " très au courant des affaires du monde, des affaires industrielles ". L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin est un ami. Même Bernard Squarcini, patron de la DCRI, le contre-espionnage français, ne tarit pas d'éloges sur le personnage: " Djouhri sert notre pays et le bleu, blanc, rouge, assurait-il au Nouvel Observateur en 2010. Bien sûr, il fait des affaires pour lui, mais il en fait profiter le drapeau. "