l'événement froid à 8 200 ans.

"L'explication généralement avancée à ce brusque changement est la vidange subite d'immenses lacs d'Amérique du Nord dans l'Atlantique, sous l'effet du recul de la calotte glaciaire qui recouvrait à l'époque le Canada actuel, explique le paléoclimatologue Didier Paillard, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE). Il se serait passé ce qui se passe parfois dans les régions montagneuses où un lac peut se déverser brutalement dans une vallée sous l'effet du recul d'un glacier qui le verrouillait."
L'apport massif d'eau douce dans l'Atlantique aurait ainsi fortement ralenti la circulation des courants marins qui tempèrent les climats en évacuant la chaleur de la zone intertropicale vers le nord de l'Europe. D'où cette mini-glaciation dans l'Atlantique nord.
L'étude de sédiments marins, publiée fin juin dans la revue Science, confirme ce scénario. En le révisant légèrement. Selon les travaux d'Ian Hall, chercheur à l'université de Cardiff (Royaume-Uni) "l'événement froid à 8 200 ans" serait en réalité la somme de deux événements successifs. Les carottages effectués font remonter ces deux coups de froid à 8 490 et 8 290 ans, sans doute provoqués par le brusque écoulement de deux lacs géants dans l'actuelle baie de l'Hudson.
Malgré le réchauffement, risque-t-on, dans les prochaines décennies, un nouvel "événement froid" sur l'Europe ? Certains climatologues ne l'excluent pas et précisent que le recul des glaciers contribue à alimenter l'Atlantique en eau douce et, donc, à freiner le Gulf Stream... Ce ralentissement est déjà observable (Le Monde du 2 décembre 2005), mais nul n'est aujourd'hui capable de dire s'il pourra supplanter ou seulement limiter, localement, les effets du réchauffement.
Stéphane Foucart
LE MONDE | 07.07.06