
Le gouverneur de la province, dont le chef-lieu est Harbin, Zhang Zuoji, a ordonné aux hôpitaux de se tenir prêts à faire face à d'éventuels cas d'empoisonnement.
"Si des cas d'empoisonnement se déclarent, nous devons concentrer toute notre énergie et tous nos efforts pour les soigner, faire en sorte qu'il y ait suffisamment d'équipements, de personnel et de médicaments", a déclaré le gouverneur, cité par un journal local.
Zhang a promis de boire le premier verre d'eau tirée des robinets une fois le danger de pollution passé.
Selon un porte-parole des autorités provinciales, la nappe de pollution a atteint jeudi le niveau des berges du Songhua où Harbin puise son eau et devrait le dépasser samedi.
Les habitants de la ville, l'un des plus importantes de Chine, ont réagi de manière contrastée, alternant stoïcisme et peur. Mais aucun signe de panique n'est pour le moment perceptible à Harbin.
La population continue dans sa majorité à vaquer à ses occupations en se rendant notamment à son travail. Les magasins et les restaurants sont toujours ouverts.
"C'est inquiétant parce que cette pollution peut n'avoir ni couleur, ni odeur identifiables, donc ce sera difficile de dire quand elle sera partie", raconte Hong Shan, un retraité de la fonction publique faisant sa gymnastique au bord du fleuve. "Il appartient aux autorités de nous tenir informés, nous ne pouvons rien dire nous-mêmes".
Les billets de train ou d'autocar pour quitter Harbin se font néanmoins de plus en plus rares, et certains habitants s'apprêtent à mettre leurs enfants à l'abri, le temps que la pollution passe et en attendant la rentrée des classes prévue à la fin du mois.
Mercredi, le Premier ministre, Wen Jiabao, a présidé un conseil des ministres consacré à cette pollution. "La situation de notre pays au niveau de l'environnement reste sombre", a déclaré le Conseil d'Etat cité par Chine nouvelle.
MOSCOU MINIMISE LA MENACE
Les autorités provinciales du Heilongjiang ont conseillé à la population d'Harbin d'éviter les berges du Songhua pour éviter d'être contaminés par les produits polluants, a ajouté Chine nouvelle.
Mercredi, les habitants avaient quitté en masse la ville à la suite de la coupure de son alimentation en eau potable la veille à minuit.
Cette coupure était initialement prévue pour durer quatre jours mais, devant le mouvement de panique, les autorités ont rétabli l'eau provisoirement pour permettre aux habitants de faire le maximum de réserves d'eau potable avant que la pollution ne les en empêche.
"Nous prendrons une décision dans quatre jours en fonction de la qualité de l'eau à ce moment-là", a déclaré mercredi un responsable. Entre-temps, selon lui, "il y aura suffisamment d'eau" car les habitants ont tous constitué d'importantes réserves, de l'eau a été acheminée d'ailleurs et il existe "des réserves souterraines saines".
Un responsable de l'administration de l'environnement, cité par Chine nouvelle, a fait valoir que les affluents importants qui rejoignent le fleuve en aval d'Harbin contribueraient à atténuer ensuite le degré de pollution du cours d'eau, qui rejoint plusieurs centaines de km plus loin le fleuve Amour, à la frontière russe.
Selon le vice-ministre de l'Environnement Zhang Lijun cité par Chine nouvelle, Pékin et Moscou vont établir une ligne rouge téléphonique spécifique pour se concerter sur cette question. "La partie chinoise attache une grande importance aux nuisances et à l'impact que pourrait avoir cette pollution chez notre voisin russe", a ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Liu Jianchao, lors d'une conférence de presse.
L'ambassadeur de Russie en Chine, Sergeï Razov, a cherché jeudi à minimiser la menace pour son pays. "Les Chinois pensent que les eaux polluées atteindront le territoire russe avant le 8 décembre. Mais, d'ici là, la concentration de substances devrait retrouver un niveau normal pour des raisons purement naturelles, dont le fait que trois grandes rivières se jettent dans le Songhua", a-t-il dit sur la première chaîne de télévision russe.
Selon le ministère russe des Situations d'urgence, les tests révèlent qu'aucun produit dangereux n'a, à ce jour, atteint le fleuve Amour en territoire russe.