
Le projet est tombé comme un couperet. Si la France veut échapper à une amende de l'Europe d'environ 100 millions d'euros, elle doit faire un geste fort pour que ses eaux de rivières, utilisées à la distribution d'eau potable, passent enfin sous la norme de 50 mg de nitrates par litre. Résultat, le 13 février, le préfet de région a annoncé la fermeture de quatre prises d'eau potable (dont celle de Plouvorn, près de Morlaix) et des mesures drastiques sur cinq autres bassins versants, dont celui de l'Aber-Wrac'h. En clair, les agriculteurs devront réduire la fertilisation des sols en azote (qui se transforme en nitrates) d'environ un tiers. L'eau de l'Aber-Wrac'h a dépassé en 2006 pendant environ 200 jours les 50 mg de nitrates. Dès 2009, ces dépassements devront se limiter à 18 jours.
Un problème de laitiers
Aujourd'hui, le pompage de l'eau de l'Aber-Wrac'h n'est possible que grâce à une dérogation de trois ans, obtenue en 2004. Elle n'est donc valable que jusqu'à la fin de cette année. Ensuite ? Mystère. Cela dépendrait de la bonne volonté des agriculteurs à suivre les nouvelles orientations de l'État. À moins que celui-ci ne revoie sa copie.
Déjà, Pierre Adam, maire de Kernilis et président du syndicat mixte du Bas Léon juge les propositions « inacceptables du point de vue économiques et inadaptées du point de vue écologique ». D'abord parce que cette forte baisse sur la fertilisation remettrait en cause bon nombre d'exploitations. Il y en a 148 sur le bassin-versant et 60 % de l'activité provient de l'élevage de vaches laitières. Des élevages en dessous de la moyenne départementale et plutôt « petits ou moyens », selon François Plougastel, élu FDSEA. Il s'attend à ce que cela soit eux qui trinquent. Parce que les élevages porcins, plus solides financièrement, se sont déjà équipés en bonne partie de systèmes de traitement des excédents de lisier (66 % de résorption serait réalisée). On peut d'ailleurs se demander si les éleveurs laitiers ne paient pas aujourd'hui les excès de la production porcine...
Rappelons que les deux cantons concernés sont classés en super Zes (zones en excédents structurels), c'est-à-dire que les élevages produisent bien plus de déjection que les surfaces de terres agricoles ne peuvent en absorber par épandage classique).
D'un point de vue agronomique, il assure que cette réduction à 140 unités d'azote à l'hectare (contre 205 actuellement) ne permettrait même pas de faire pousser l'herbe dans de bonnes conditions pour assurer un fourrage suffisant aux bêtes. Il faudrait donc multiplier les hectares de maïs (moins gourmand en azote), avec les effets pervers que cela peut avoir, sur l'usage accru de pesticides par exemple. L'autre solution serait de réduire le cheptel de moitié et ce, après avoir régularisé bon nombre de truies illégales ! « Cela ne passera pas. C'est une catastrophe pour la Bretagne », assène l'éleveur.
Déjà, Pierre Adam, maire de Kernilis et président du syndicat mixte du Bas Léon juge les propositions « inacceptables du point de vue économiques et inadaptées du point de vue écologique ». D'abord parce que cette forte baisse sur la fertilisation remettrait en cause bon nombre d'exploitations. Il y en a 148 sur le bassin-versant et 60 % de l'activité provient de l'élevage de vaches laitières. Des élevages en dessous de la moyenne départementale et plutôt « petits ou moyens », selon François Plougastel, élu FDSEA. Il s'attend à ce que cela soit eux qui trinquent. Parce que les élevages porcins, plus solides financièrement, se sont déjà équipés en bonne partie de systèmes de traitement des excédents de lisier (66 % de résorption serait réalisée). On peut d'ailleurs se demander si les éleveurs laitiers ne paient pas aujourd'hui les excès de la production porcine...
Rappelons que les deux cantons concernés sont classés en super Zes (zones en excédents structurels), c'est-à-dire que les élevages produisent bien plus de déjection que les surfaces de terres agricoles ne peuvent en absorber par épandage classique).
D'un point de vue agronomique, il assure que cette réduction à 140 unités d'azote à l'hectare (contre 205 actuellement) ne permettrait même pas de faire pousser l'herbe dans de bonnes conditions pour assurer un fourrage suffisant aux bêtes. Il faudrait donc multiplier les hectares de maïs (moins gourmand en azote), avec les effets pervers que cela peut avoir, sur l'usage accru de pesticides par exemple. L'autre solution serait de réduire le cheptel de moitié et ce, après avoir régularisé bon nombre de truies illégales ! « Cela ne passera pas. C'est une catastrophe pour la Bretagne », assène l'éleveur.
Que l'État paye
Enfin, selon Pierre Adam, ce tour de vis serait inutile et le cap de 2009 trop rapproché, car « même si on arrêtait toute activité agricole, on n'y arriverait pas ». En effet, « la rivière est alimentée à 56 % par des nappes de profondeur ». Et cette eau-là, même si tous les apports en azote cessaient brusquement, serait encore chargée pendant « cinq à sept ans », le temps que le stock se renouvelle.
Le monde agricole semble uni pour dénoncer un geste brutal de l'État, qui tranche avec une longue tolérance. La directive européenne en question date de 1975. Elle n'a été traduite en droit français que dans les années 1990.
Michel Tanné, élu UDSEA à la Chambre d'agriculture, rappelle que les efforts consentis depuis 10 ans en faveur de l'environnement se sont d'abord faits « sur la base du volontariat ». Même sentiment chez Pierre Adam : « L'État aurait dû réagir plus tôt, nous obliger à des mises aux normes. Qu'il paye les pénalités ». C'est mettre un peu vite de côté les vieilles résistances de la profession. Claude Guiavarc'h, conseiller général de Lannilis s'en prend lui au syndicat majoritaire : « la FDSEA a retardé les dossiers au maximum, dans l'espoir d'un revirement politique ».
Mais même l'association, Eau et Rivières, à l'origine de la plainte à Bruxelles, pour dénoncer le cas de la Bretagne, fustige la réaction de Paris, qui préfère « casser le thermomètre » en fermant des captages. Reste que c'est elle qui est la première visée par la colère des agriculteurs (saccage de bureaux à Brest), sans un mot de la préfecture ou de la chambre d'agriculture pour dénoncer le vandalisme. Aujourd'hui, l'association redoute de se trouver entre le marteau et l'enclume.
Sébastien PANOU.
Pompée à Kernilis, l'eau de l'Aber Wrac'h est traitée puis acheminée vers 36 communes dont 12 sont entièrement dépendantes.
Ouest-France
Le monde agricole semble uni pour dénoncer un geste brutal de l'État, qui tranche avec une longue tolérance. La directive européenne en question date de 1975. Elle n'a été traduite en droit français que dans les années 1990.
Michel Tanné, élu UDSEA à la Chambre d'agriculture, rappelle que les efforts consentis depuis 10 ans en faveur de l'environnement se sont d'abord faits « sur la base du volontariat ». Même sentiment chez Pierre Adam : « L'État aurait dû réagir plus tôt, nous obliger à des mises aux normes. Qu'il paye les pénalités ». C'est mettre un peu vite de côté les vieilles résistances de la profession. Claude Guiavarc'h, conseiller général de Lannilis s'en prend lui au syndicat majoritaire : « la FDSEA a retardé les dossiers au maximum, dans l'espoir d'un revirement politique ».
Mais même l'association, Eau et Rivières, à l'origine de la plainte à Bruxelles, pour dénoncer le cas de la Bretagne, fustige la réaction de Paris, qui préfère « casser le thermomètre » en fermant des captages. Reste que c'est elle qui est la première visée par la colère des agriculteurs (saccage de bureaux à Brest), sans un mot de la préfecture ou de la chambre d'agriculture pour dénoncer le vandalisme. Aujourd'hui, l'association redoute de se trouver entre le marteau et l'enclume.
Sébastien PANOU.
Pompée à Kernilis, l'eau de l'Aber Wrac'h est traitée puis acheminée vers 36 communes dont 12 sont entièrement dépendantes.
Ouest-France