Veolia l'accuse de diffamation

Jean-Luc Touly transforme son procès en tribune politique.
"Aux États-Unis les lanceurs d'alerte, Ils ont des Awards. En France… Ils sont renvoyés au tribunal ! Je fais juste partie d'une bande de joyeux lurons qui essayent de dénoncer des dysfonctionnements. » Emmitouflé dans son grand manteau solennel, sourire à toute épreuve et gestuelle théâtrale, Jean-Luc Touly ne veut surtout pas donner l'impression d'un quelconque stress.
En face de lui, dans cette 17e chambre du tribunal d'instance de Paris se trouve pourtant un mastodonte. Hier le conseiller régional des élus d'opposition à Wissous à dû répondre des accusations de diffamation dont l'accuse Veolia.
7 heures d'audience et sept témoins à la barre
Le géant mondial de l'eau et de l'assainissement de l'eau lui reproche des propos qui seraient selon l'avocat des mensonges éhontés dans le film "Water makes Money". Vu par près de 2 millions de spectateurs et téléspectateurs depuis septembre 2010, Jean-Luc Touly y assurait s'être vu proposer 1 million d'euros de la part de Véolia pour quitter le groupe et ainsi arrêter la mauvaise publicité qu'il aime lui faire. Dans ce plaidoyer anti industriels de l'eau, l'élu écologiste parlait aussi de « corruption » et de « système mafieux ».
Pendant près de sept heures d'audience, le trublion Touly s'est livré à un discours politique sur la nécessité de sortir de l'hégémonie des multinationales de l'eau, évoquant une opacité nuisible à « l'intérêt des consommateurs ».
« Je suis le seul salarié de Veolia à les attaquer de front, je suis un emmerdeur. Quand j'ai été embauché en 1976, mes tests de graphologie disaient « personne inhibée. Ils ont vu le reste », s'amuse l'élu qui parcoure la France pour défendre le retour aux régies publiques de l'eau.
À la barre, sept témoins se succèdent de l'adjointe au maire de Paris à I'expert comptable en passant par son voisin de Viry-Châtillon, le président de l'agglomération Viry-Grigny, également défenseur des régies, Gabriel Amard. Tous tiennent le même discours très critique. Mais dans une plaidoirie où il pèse chaque mot, Christophe Bigot, L'avocat de Veolia, s'agace. « La plupart de vos témoins nous parlent de Suez ! » pointe l'avocat, jugeant que le discours de Touly se base sur des documents fantômes, des témoins indirects et des pièces farfelues ».
Il y a une vraisemblance dans ce qui est annoncé », estime pour sa part la procureure, évoquant le million d'euros. Le tribunal en décidera le 28 mars, date du délibéré.
Florence Méréo
Les remous d'un documentaire sur la gestion de l'eau devant le tribunal
PARIS - Un salarié de Veolia poursuivi en diffamation par son employeur pour des propos tenus dans un documentaire intitulé Water makes money, qui dénonce la gestion privée de l'eau par les multinationales, a renouvelé jeudi ses accusations à l'encontre de l'entreprise.
Dans le documentaire, Jean-Luc Touly, affirmait que Veolia lui avait proposé un million d'euros pour qu'il renonce à la publication d'un livre dans lequel il mettait en cause son employeur en 2003.
Se définissant comme un lanceur d'alertes, il a réitéré ses accusations devant le tribunal correctionnel de Paris, mensonge éhonté selon l'avocat de Veolia, Me Christophe Bigot.
Veolia demande à M. Touly et l'association qui diffuse le film un euro de dommages et intérêts et le retrait des passages litigieux, ainsi qu'une publication judiciaire.
L'entreprise conteste également un passage dans lequel M. Touly crie corruption, corruption, lors du vote du Sedif (Syndicat des eaux d'Ile-de-France) choisissant la délégation de service public au privé plutôt que la régie publique en 2008.
Il a expliqué qu'il protestait en fait car l'écran de télévision retransmettant la séance avait été coupé lors du vote.
Pendant plus de trois heures, M. Touly, conseiller régional EELV d'Ile-de-France, a répété qu'il dénonçait un système généralisé, lançant à l'avocat de Veolia: Chaque fois que vous me ferez un procès, on l'utilisera comme une tribune politique.
Il dénonçait également dans le film corruption, système mafieux, conflit d'intérêts, propos qui visaient les dirigeants syndicaux des entreprises de distribution de l'eau, qu'il accuse d'avoir touché de l'argent, en acceptant par exemple des heures supplémentaires fictives.
L'eldorado dans le domaine de l'eau, c'est terminé, a-t-il poursuivi, jusqu'à ma mort, je continuerai le combat.
Diffusé en 2010 au cinéma, le film a été rediffusé mardi dernier par Arte. Il a été vu au total par près de deux millions de spectateurs et téléspectateurs, selon M. Touly.
Plus la chappe de plomb est lourde, plus la liberté d'expression doit être forte pour compenser, a déclaré son avocate, Me Léa Forestier, plaidant la relaxe.
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 28 mars.
(©AFP / 14 février 2013 20h52)
http://www.presseurop.eu/fr/content/news-brief/3404091-l-eau-au-centre-de-la-premiere-initiative-citoyenne
[Procès Touly / Véolia : l’eau comme bien commun contre la gestion privée
14 février 2013]url: http://blogs.mediapart.fr/blog/ivan-villa/140213/proces-touly-veolia-l-eau-comme-bien-commun-contre-la-gestion-privee
Journal d'ARTE 14 février 19h45 :
Un reportage sera diffusé sur Télessonne ce soir à 18h
http://www.reporterre.net/spip.php?article3850
Dans le documentaire, Jean-Luc Touly, affirmait que Veolia lui avait proposé un million d'euros pour qu'il renonce à la publication d'un livre dans lequel il mettait en cause son employeur en 2003.
Se définissant comme un lanceur d'alertes, il a réitéré ses accusations devant le tribunal correctionnel de Paris, mensonge éhonté selon l'avocat de Veolia, Me Christophe Bigot.
Veolia demande à M. Touly et l'association qui diffuse le film un euro de dommages et intérêts et le retrait des passages litigieux, ainsi qu'une publication judiciaire.
L'entreprise conteste également un passage dans lequel M. Touly crie corruption, corruption, lors du vote du Sedif (Syndicat des eaux d'Ile-de-France) choisissant la délégation de service public au privé plutôt que la régie publique en 2008.
Il a expliqué qu'il protestait en fait car l'écran de télévision retransmettant la séance avait été coupé lors du vote.
Pendant plus de trois heures, M. Touly, conseiller régional EELV d'Ile-de-France, a répété qu'il dénonçait un système généralisé, lançant à l'avocat de Veolia: Chaque fois que vous me ferez un procès, on l'utilisera comme une tribune politique.
Il dénonçait également dans le film corruption, système mafieux, conflit d'intérêts, propos qui visaient les dirigeants syndicaux des entreprises de distribution de l'eau, qu'il accuse d'avoir touché de l'argent, en acceptant par exemple des heures supplémentaires fictives.
L'eldorado dans le domaine de l'eau, c'est terminé, a-t-il poursuivi, jusqu'à ma mort, je continuerai le combat.
Diffusé en 2010 au cinéma, le film a été rediffusé mardi dernier par Arte. Il a été vu au total par près de deux millions de spectateurs et téléspectateurs, selon M. Touly.
Plus la chappe de plomb est lourde, plus la liberté d'expression doit être forte pour compenser, a déclaré son avocate, Me Léa Forestier, plaidant la relaxe.
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 28 mars.
(©AFP / 14 février 2013 20h52)
http://www.presseurop.eu/fr/content/news-brief/3404091-l-eau-au-centre-de-la-premiere-initiative-citoyenne
[Procès Touly / Véolia : l’eau comme bien commun contre la gestion privée
14 février 2013]url: http://blogs.mediapart.fr/blog/ivan-villa/140213/proces-touly-veolia-l-eau-comme-bien-commun-contre-la-gestion-privee
Journal d'ARTE 14 février 19h45 :
Un reportage sera diffusé sur Télessonne ce soir à 18h
http://www.reporterre.net/spip.php?article3850