
un article d'UNIVERS NATURE :
En 2005, sous l’impulsion du gouvernement turc, le projet Ilisu renaissait de ses cendres et trouvait de nouveaux investisseurs, notamment auprès d’entreprises suisses (Alstom, Stucki, Colenco et Maggia) intéressées pour fournir des générateurs et autres équipements électriques. Néanmoins, au regard de l’échec passé, celles-ci imposèrent des garanties quant à la prise en compte de l’impact sur l’environnement et les populations locales.
Au cours des mois de novembre et de décembre 2007, un Comité d’Experts (Committee of Experts - CoE) nommé par les agences de crédit à l’exportation suisse, allemande et autrichienne, impliquées dans le projet, se rendent sur les lieux. Or, force leur est de constater que les engagements pris par la Turquie, à la signature des contrats en mars 2007, ne sont pas respectés. Selon l’association internationale les Amis de la Terre, ce pays aurait massivement bafoué les quelque 150 conditions apposées au projet, relevant à la fois de considérations environnementales, sociales et politiques. Si ce barrage d’une puissance de 1 200 MW venait à voir le jour, il entraînerait l’inondation d’une surface de 313 km2 où se trouvent 52 villages et 15 villes moyennes. Cela équivaudrait au déplacement de quelque 78 000 personnes dont une majorité de Kurdes.
Mais, si les expatriations autour du site d’Ilisu ont d’ores et déjà commencé, les compensations financières versées aux premières personnes déplacées se sont révélées extrêmement insuffisantes. Plus inquiétant encore, aucun site de relocalisation des populations affectées n’a pour l’heure été identifié.
D’un point de vue environnemental, le bilan est tout aussi négatif. En juillet dernier, aucune étude de recensement de la biodiversité terrestre et aquatique des zones concernées n’avait ainsi pu être fournie. Au regard de quoi, aucun plan de management environnemental n’a été réalisé.
La même indifférence pèse sur les richesses historiques et ethnologiques de cette zone, laquelle accueille pourtant de nombreux sites archéologiques à l’image de la ville médiévale de Hasankeyf, vieille de 10 000 ans.
Par ailleurs, en l’absence d’étude d’impact quant aux répercussions possibles de cette construction sur la répartition des eaux du Tigre entre la Turquie et les pays situés en aval du barrage, un tel aménagement pourrait favoriser des conflits futurs et fragiliser le contexte politique au sein de ces régions.
A la lumière de ces éclaircissements, la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche ont activé une clause du contrat prévoyant le retrait de leurs garanties. Ils ont accordé un délai de 60 jours à la Turquie pour rétablir la situation, une échéance impossible à tenir aux dires des Amis de la Terre. Face à cette évolution du dossier, l’association a appelé la banque française la Société Générale à suivre le pas et à se retirer de l’opération.
Cécile Cassier
impact culturel du barrage d'ILISU
En 2005, sous l’impulsion du gouvernement turc, le projet Ilisu renaissait de ses cendres et trouvait de nouveaux investisseurs, notamment auprès d’entreprises suisses (Alstom, Stucki, Colenco et Maggia) intéressées pour fournir des générateurs et autres équipements électriques. Néanmoins, au regard de l’échec passé, celles-ci imposèrent des garanties quant à la prise en compte de l’impact sur l’environnement et les populations locales.
Au cours des mois de novembre et de décembre 2007, un Comité d’Experts (Committee of Experts - CoE) nommé par les agences de crédit à l’exportation suisse, allemande et autrichienne, impliquées dans le projet, se rendent sur les lieux. Or, force leur est de constater que les engagements pris par la Turquie, à la signature des contrats en mars 2007, ne sont pas respectés. Selon l’association internationale les Amis de la Terre, ce pays aurait massivement bafoué les quelque 150 conditions apposées au projet, relevant à la fois de considérations environnementales, sociales et politiques. Si ce barrage d’une puissance de 1 200 MW venait à voir le jour, il entraînerait l’inondation d’une surface de 313 km2 où se trouvent 52 villages et 15 villes moyennes. Cela équivaudrait au déplacement de quelque 78 000 personnes dont une majorité de Kurdes.
Mais, si les expatriations autour du site d’Ilisu ont d’ores et déjà commencé, les compensations financières versées aux premières personnes déplacées se sont révélées extrêmement insuffisantes. Plus inquiétant encore, aucun site de relocalisation des populations affectées n’a pour l’heure été identifié.
D’un point de vue environnemental, le bilan est tout aussi négatif. En juillet dernier, aucune étude de recensement de la biodiversité terrestre et aquatique des zones concernées n’avait ainsi pu être fournie. Au regard de quoi, aucun plan de management environnemental n’a été réalisé.
La même indifférence pèse sur les richesses historiques et ethnologiques de cette zone, laquelle accueille pourtant de nombreux sites archéologiques à l’image de la ville médiévale de Hasankeyf, vieille de 10 000 ans.
Par ailleurs, en l’absence d’étude d’impact quant aux répercussions possibles de cette construction sur la répartition des eaux du Tigre entre la Turquie et les pays situés en aval du barrage, un tel aménagement pourrait favoriser des conflits futurs et fragiliser le contexte politique au sein de ces régions.
A la lumière de ces éclaircissements, la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche ont activé une clause du contrat prévoyant le retrait de leurs garanties. Ils ont accordé un délai de 60 jours à la Turquie pour rétablir la situation, une échéance impossible à tenir aux dires des Amis de la Terre. Face à cette évolution du dossier, l’association a appelé la banque française la Société Générale à suivre le pas et à se retirer de l’opération.
Cécile Cassier
impact culturel du barrage d'ILISU