Le recyclage des eaux usées séduit les zones affectées par la sécheresse

LE MONDE | 22.03.07
A l'heure actuelle, seules 2 % des eaux épurées dans le monde sont réutilisées. Mais les perspectives sont florissantes, et les entreprises françaises de l'eau - Suez, Veolia, Saur - se disputent ce terrain. Les capacités mondiales pourraient tripler dans les dix ans à venir. Déjà utilisé en Australie, dans le sud des Etats-Unis, dans le sud de l'Europe, le recyclage devrait progresser encore dans ces régions, et s'implanter dans des zones, comme la Chine, le Proche-Orient, l'Afrique du Nord, qui s'équipent progressivement de stations d'épuration, condition nécessaire au développement du recyclage. Cependant, 2,6 milliards d'habitants de la planète ne disposent même pas d'un assainissement de base, c'est-à-dire de la simple évacuation des eaux usées. La réutilisation reste donc, pour l'instant, un recours réservé aux pays riches.
L'IMPACT DU "FACTEUR BEURK"
"La technique consiste à ajouter une boucle supplémentaire dans le cycle de l'eau, explique Geneviève Leboucher, du département marketing municipal chez Veolia-eau. On retarde son retour vers la mer." Elle permet de diminuer le prélèvement sur des ressources naturelles trop sollicitées. La méthode employée pour retraiter l'eau dépend à la fois de la qualité des eaux usées initiales et du type de réutilisation projeté. Quand une désinfection classique suffit pour arroser un golf ou des pelouses, plusieurs traitements poussés sont requis pour l'utilisation dans l'industrie ou pour l'irrigation agricole, afin de supprimer polluants et germes pathogènes. Le coût supplémentaire s'échelonne de 0,1 à 0,5 centime d'euro le m3.
Techniquement, l'eau recyclée pourrait être utilisée comme eau potable, comme à Windhoek (Namibie) ou Singapour. Mais le frein psychologique subsiste. En Australie, la cité de Toowoomba, consultée par référendum, s'est opposée à 60 % à ce qu'un quart de son eau potable provienne d'eaux usées. Le "yuck factor", ou "facteur beurk" l'a emporté, alors que le pays vit sa cinquième année de sécheresse consécutive.
Les écologistes australiens, qui soutiennent le recyclage, moins consommateur d'énergie que le dessalement, dénoncent une campagne menée par l'opposition municipale, qui a joué sur la peur des habitants. Les résidents de Goulburn, une autre ville australienne, n'auront pas le choix : ils consommeront de l'eau potable recyclée en 2008. Le référendum a tout simplement été annulé par les autorités.
En France, cette option n'est pas envisagée pour l'instant, même si le recyclage est aussi en plein essor. L'eau retraitée est utilisée pour arroser des golfs, des pelouses, ou pour irriguer des cultures, par exemple en baie du Mont-Saint-Michel.
Gaëlle Dupont
A l'heure actuelle, seules 2 % des eaux épurées dans le monde sont réutilisées. Mais les perspectives sont florissantes, et les entreprises françaises de l'eau - Suez, Veolia, Saur - se disputent ce terrain. Les capacités mondiales pourraient tripler dans les dix ans à venir. Déjà utilisé en Australie, dans le sud des Etats-Unis, dans le sud de l'Europe, le recyclage devrait progresser encore dans ces régions, et s'implanter dans des zones, comme la Chine, le Proche-Orient, l'Afrique du Nord, qui s'équipent progressivement de stations d'épuration, condition nécessaire au développement du recyclage. Cependant, 2,6 milliards d'habitants de la planète ne disposent même pas d'un assainissement de base, c'est-à-dire de la simple évacuation des eaux usées. La réutilisation reste donc, pour l'instant, un recours réservé aux pays riches.
L'IMPACT DU "FACTEUR BEURK"
"La technique consiste à ajouter une boucle supplémentaire dans le cycle de l'eau, explique Geneviève Leboucher, du département marketing municipal chez Veolia-eau. On retarde son retour vers la mer." Elle permet de diminuer le prélèvement sur des ressources naturelles trop sollicitées. La méthode employée pour retraiter l'eau dépend à la fois de la qualité des eaux usées initiales et du type de réutilisation projeté. Quand une désinfection classique suffit pour arroser un golf ou des pelouses, plusieurs traitements poussés sont requis pour l'utilisation dans l'industrie ou pour l'irrigation agricole, afin de supprimer polluants et germes pathogènes. Le coût supplémentaire s'échelonne de 0,1 à 0,5 centime d'euro le m3.
Techniquement, l'eau recyclée pourrait être utilisée comme eau potable, comme à Windhoek (Namibie) ou Singapour. Mais le frein psychologique subsiste. En Australie, la cité de Toowoomba, consultée par référendum, s'est opposée à 60 % à ce qu'un quart de son eau potable provienne d'eaux usées. Le "yuck factor", ou "facteur beurk" l'a emporté, alors que le pays vit sa cinquième année de sécheresse consécutive.
Les écologistes australiens, qui soutiennent le recyclage, moins consommateur d'énergie que le dessalement, dénoncent une campagne menée par l'opposition municipale, qui a joué sur la peur des habitants. Les résidents de Goulburn, une autre ville australienne, n'auront pas le choix : ils consommeront de l'eau potable recyclée en 2008. Le référendum a tout simplement été annulé par les autorités.
En France, cette option n'est pas envisagée pour l'instant, même si le recyclage est aussi en plein essor. L'eau retraitée est utilisée pour arroser des golfs, des pelouses, ou pour irriguer des cultures, par exemple en baie du Mont-Saint-Michel.
Gaëlle Dupont