LES BACTÉRIES omniprésentes

LES BACTÉRIES sont omniprésentes sur notre planète et dans les sols. On en trouve même dans les couches géologiques profondes. C'est le cas du réservoir du Dogger qui s'étend sous le Bassin parisien, à plus de 2 000 mètres de profondeur en moyenne. Ce bassin sédimentaire, constitué de calcaire poreux, fournit encore actuellement une trentaine de stations géothermiques en Île-de-France. Les installations sont alimentées par une eau de mer fossile vieille de 65 à 25 millions d'années, dont la température oscille entre 55 °C et 85 °C. Les bactéries vivent là dans un milieu totalement dépourvu d'oxygène. «Quand on a commencé à capter l'eau chaude, on les a stressées et elles se sont mises à proliférer dans les tuyaux», expliquait Ioannis Ignatiadis, du BRGM (Bureau des ressources géologiques et minières), lors du congrès du Réseau national des biofilms qui s'est tenu la semaine dernière à Orléans.
La géothermie a été lancée en Île-de-France, après le deuxième choc pétrolier survenu en 1979. Elle permet de chauffer des appartements avec une dépense énergétique quasiment nulle. L'eau chaude est acheminée en surface où elle restitue sa chaleur à un réseau totalement indépendant qui alimente des chauffages domestiques et fournit également de l'eau chaude. Une fois refroidie, l'eau est ensuite réinjectée dans le Dogger. Une soixantaine de sites ont ainsi été creusés jusqu'en 1988. http://www.agores.org/Publications/Observer/OBSERV-geo131.pdf
La géothermie a été lancée en Île-de-France, après le deuxième choc pétrolier survenu en 1979. Elle permet de chauffer des appartements avec une dépense énergétique quasiment nulle. L'eau chaude est acheminée en surface où elle restitue sa chaleur à un réseau totalement indépendant qui alimente des chauffages domestiques et fournit également de l'eau chaude. Une fois refroidie, l'eau est ensuite réinjectée dans le Dogger. Une soixantaine de sites ont ainsi été creusés jusqu'en 1988. http://www.agores.org/Publications/Observer/OBSERV-geo131.pdf
Eau fossile corrosive
Les inconvénients causés par les bactéries dans les tuyauteries ne sont apparus que progressivement. L'eau fossile contenant du sulfure était déjà corrosive par elle-même, mais l'action des bactéries avait tendance à aggraver le phénomène. En effet, elles produisent du sulfure d'hydrogène, une substance extrêmement destructive pour l'acier des tubages, qui a aussi la particularité de fixer le fer et donc, de former des dépôts. «C'est un cercle vicieux, note Ioannis Ignatiadis, car les dépôts sont eux-mêmes corrosifs». La réduction du diamètre des puits par les dépôts empêchait le bon fonctionnement des installations. La corrosion des tubages entraînant des fuites faisait aussi courir le risque de contaminer les nappes d'eau potable stratégique de l'Albien et du Néocomien susceptibles d'alimenter la Région en cas de crise nucléaire ou chimique grave (voir infographie).
Il a fallu plusieurs années de recherche pour mettre au point un système d'injection de produits anticorrosion et biocides au départ du puits de captage traitant ainsi latotalité de la boucle géothermale. Ioannis Ignatiadis estime que la pollution est très limitée car, dès que l'injection de produits est stoppée, les bactéries recommencent à proliférer à l'image des légionelles dans les tours aéroréfrigérantes. Les solutions ont été trouvées, mais cela n'a pas empêché Gaz de France d'acheter plusieurs installations géothermiques à la fin des années 1990 pour les fermer définitivement, comme ce fut le cas à Évry. Cette installation était alors la deuxième station géothermique d'Europe.
Aujourd'hui, des filiales de Gaz de France exploitent quatre sites (Meaux, Chelles, Le Blanc-Mesnil et Ris-Orangis) en couplant géothermie et recours au gaz. «Ce n'est plus du tout le même esprit qu'à l'origine. Ce qui compte pour eux, c'est avant tout le réseau de chaleur pour vendre du gaz», confie un ingénieur qui souhaite garder l'anonymat. Au salon des énergies renouvelables la semaine dernière à Paris, on reconnaissait sur le stand de l'Ademe qu'une vraie relance de la géothermie ne peut plus se contenter de déclarations. La technique est désormais très fiable grâce notamment aux tuyaux en matériaux composites et elle permet de ne pas émettre de CO2. Encore faut-il le vouloir.
Yves Miserey
20 juin 2006
Il a fallu plusieurs années de recherche pour mettre au point un système d'injection de produits anticorrosion et biocides au départ du puits de captage traitant ainsi latotalité de la boucle géothermale. Ioannis Ignatiadis estime que la pollution est très limitée car, dès que l'injection de produits est stoppée, les bactéries recommencent à proliférer à l'image des légionelles dans les tours aéroréfrigérantes. Les solutions ont été trouvées, mais cela n'a pas empêché Gaz de France d'acheter plusieurs installations géothermiques à la fin des années 1990 pour les fermer définitivement, comme ce fut le cas à Évry. Cette installation était alors la deuxième station géothermique d'Europe.
Aujourd'hui, des filiales de Gaz de France exploitent quatre sites (Meaux, Chelles, Le Blanc-Mesnil et Ris-Orangis) en couplant géothermie et recours au gaz. «Ce n'est plus du tout le même esprit qu'à l'origine. Ce qui compte pour eux, c'est avant tout le réseau de chaleur pour vendre du gaz», confie un ingénieur qui souhaite garder l'anonymat. Au salon des énergies renouvelables la semaine dernière à Paris, on reconnaissait sur le stand de l'Ademe qu'une vraie relance de la géothermie ne peut plus se contenter de déclarations. La technique est désormais très fiable grâce notamment aux tuyaux en matériaux composites et elle permet de ne pas émettre de CO2. Encore faut-il le vouloir.
Yves Miserey
20 juin 2006