
«Dépérissement de la flore littorale», «lessives toxiques: y’en a marre», «législation hypocrite». Le thème des détergents ne laisse pas indifférents de nombreux chercheurs et militants écologistes. Créé en 1998, le Collectif des scientifiques pour des détergents sans danger pour l’environnement avait l’espoir de contribuer à l’évolution de la réglementation sur les détergents dans l’Union européenne. Les amendements qu’ils ont proposés n’ont finalement pas été retenus et le règlement mis en application le 8 octobre 2005 les a profondément déçus (1).
Ce texte impose aux tensioactifs, constituants majeurs des détergents, une biodégradabilité ultime (transformation en eau et gaz carbonique) de 60% avant 28 jours. Auparavant, il était question de biodégradabilité primaire, qui n’entraîne que la perte des propriétés fonctionnelles du produit, et elle était fixée à 80% en 21 jours. «C’est bien de parler de biodégradabilité ultime. Mais une fois les 60% dégradés, que deviennent les 40% restants?» interroge Bernard Mermod, rapporteur du collectif.
L’association de protection des milieux naturels Les jardiniers de la mer et le collectif de scientifiques remettent surtout en cause les annexes du règlement communautaire. Avant commercialisation, les tests de biodégradabilité sont réalisés composant par composant et non sur la totalité du produit final. Ils sont menés dans un milieu aéré, alors que des produits sont aussi retrouvés dans des environnements dépourvus d’oxygène comme les sédiments.
Le 2 octobre, le Conseil d'Etat a rejeté une demande des Jardiniers de la mer concernant la modification de l'article 2 du décret du 24 décembre 1987 sur le déversement des détergents (2). Les membres de l’association travaillent à la réimplantation de posidonies en Méditerranée. Ils associent la disparition de ces plantes marines à fleurs à une contamination par les détergents rejetés en mer. Sur le littoral, des dommages importants ont également été observés sur des pins. Les embruns chargés notamment de tensioactifs, dissolvent la cuticule de cire protectrice des aiguilles, ce qui permet à l’air marin chargé de sel de brûler les arbres. «Malheureusement, sans une catastrophe épouvantable comme un gros problème au niveau de l’eau potable ou une forte pression de la part des consommateurs, la réglementation ne changera pas», estime Bernard Mermod.
Certaines sociétés se sont cependant lancées dans la production et la commercialisation de détergents respectueux de l’environnement. «En Belgique, de nombreuses collectivités locales utilisent des produits nettoyants écologiques. En France, on est en retard. Pourtant, les tensio-actifs d’origine végétale ne coûtent pas forcément plus cher que ceux d’origine chimique et ils ont la même efficacité», indique Loïc Jounot, président de Vecteur éco, fournisseur de produits nettoyants écologiques.
«Au lieu de dépenser de l’argent pour remettre en permanence les stations d’épuration aux normes, cela coûterait moins cher d’indemniser les savonniers pour qu’ils remplacent les molécules toxiques par des molécules d’origine végétale. Il faut donc s’attaquer au problème en amont et non pas en aval au niveau des eaux usées», explique Andrée Sougy, présidente des Jardiniers de la mer.
(1) Règlement (CE) n° 648/2004 du Parlement européen et du Conseil du 31 mars 2004 relatif aux détergents
(2) Décret n°87-1055 du 24 décembre 1987 relatif au déversement des détergents dans les eaux superficielles, souterraines et de mer dans les limites territoriales ainsi qu'à la mise en vente et à la distribution de ces produits
Ce texte impose aux tensioactifs, constituants majeurs des détergents, une biodégradabilité ultime (transformation en eau et gaz carbonique) de 60% avant 28 jours. Auparavant, il était question de biodégradabilité primaire, qui n’entraîne que la perte des propriétés fonctionnelles du produit, et elle était fixée à 80% en 21 jours. «C’est bien de parler de biodégradabilité ultime. Mais une fois les 60% dégradés, que deviennent les 40% restants?» interroge Bernard Mermod, rapporteur du collectif.
L’association de protection des milieux naturels Les jardiniers de la mer et le collectif de scientifiques remettent surtout en cause les annexes du règlement communautaire. Avant commercialisation, les tests de biodégradabilité sont réalisés composant par composant et non sur la totalité du produit final. Ils sont menés dans un milieu aéré, alors que des produits sont aussi retrouvés dans des environnements dépourvus d’oxygène comme les sédiments.
Le 2 octobre, le Conseil d'Etat a rejeté une demande des Jardiniers de la mer concernant la modification de l'article 2 du décret du 24 décembre 1987 sur le déversement des détergents (2). Les membres de l’association travaillent à la réimplantation de posidonies en Méditerranée. Ils associent la disparition de ces plantes marines à fleurs à une contamination par les détergents rejetés en mer. Sur le littoral, des dommages importants ont également été observés sur des pins. Les embruns chargés notamment de tensioactifs, dissolvent la cuticule de cire protectrice des aiguilles, ce qui permet à l’air marin chargé de sel de brûler les arbres. «Malheureusement, sans une catastrophe épouvantable comme un gros problème au niveau de l’eau potable ou une forte pression de la part des consommateurs, la réglementation ne changera pas», estime Bernard Mermod.
Certaines sociétés se sont cependant lancées dans la production et la commercialisation de détergents respectueux de l’environnement. «En Belgique, de nombreuses collectivités locales utilisent des produits nettoyants écologiques. En France, on est en retard. Pourtant, les tensio-actifs d’origine végétale ne coûtent pas forcément plus cher que ceux d’origine chimique et ils ont la même efficacité», indique Loïc Jounot, président de Vecteur éco, fournisseur de produits nettoyants écologiques.
«Au lieu de dépenser de l’argent pour remettre en permanence les stations d’épuration aux normes, cela coûterait moins cher d’indemniser les savonniers pour qu’ils remplacent les molécules toxiques par des molécules d’origine végétale. Il faut donc s’attaquer au problème en amont et non pas en aval au niveau des eaux usées», explique Andrée Sougy, présidente des Jardiniers de la mer.
(1) Règlement (CE) n° 648/2004 du Parlement européen et du Conseil du 31 mars 2004 relatif aux détergents
(2) Décret n°87-1055 du 24 décembre 1987 relatif au déversement des détergents dans les eaux superficielles, souterraines et de mer dans les limites territoriales ainsi qu'à la mise en vente et à la distribution de ces produits