L'eau de Vivendi, les vérités inavouables de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly (préface de D. Mitterrand) aux Editions ALIAS (18 euros)

Le livre sur " les vérités inavouables " de Vivendi et de la Compagnie générale des eaux.
Un Dossier explosif.
De bons tuyaux pour faire du liquide
C’est une enquête menée de l’intérieur. Par un salarié de la Générale des eaux indigné, Jean-Luc Touly, aidé par le journaliste d’investigation, Roger Lenglet. Il y est question de capitaux siphonnés vers des comptes off shore et aujourd’hui volatilisés, de manipulations diverses, de rapports explosifs que l’on a préféré garder sous le coude, de pratiques d’influence et de financements occultes... Autant de sujets qui font du livre l’Eau de Vivendi, les vérités inavouables (1), que l’Humanité s’est procuré, un brûlot explosif dont le séjour en librairie pourrait être écourté par des procédures en référé.
L’ouvrage débute sur l’étude du cas de Paris, qualifié par les auteurs de " plus éloquente illustration " de l’opacité qui serait entretenue au niveau national par les entreprises en charge de la distribution de l’eau, à savoir : la CGE (groupe Veolia Environnement), la Lyonnaise des eaux (groupe Suez) et la SAUR (groupe Bouygues). Les auteurs s’appuient sur plusieurs rapports et audits commandés par la Ville de Paris. Ils affirment que les compagnies gérant l’eau de la capitale (la CEP, filiale de la CGE, et EFPE, filiale de la Lyonnaise), non seulement, entretiendraient une opacité sur les comptes rendus financiers qu’elles doivent fournir, mais aussi, réaliseraient sur le dos des Parisiens de conséquents bénéfices et marges annuels, pouvant aller jusqu’à 40 %, pour ce qui concerne la CEP, en 2001 (lire l’Humanité du 20 août 2003). Cela contreviendrait au principe selon lequel l’argent de l’eau doit payer l’eau, et rien de plus.
Les auteurs s’étonnent également que Bertrand Delanoë et son adjointe chargée de l’eau, Myriam Constantin, n’aient pas jugé bon de communiquer rapidement l’audit consacré au GIE Facturation (regroupant la CEP et EFPE), en leur possession depuis décembre 2002. Ils ont en effet attendu septembre 2003 pour le faire, arguant que la médiatisation du document aurait pu nuire à la sérénité des négociations qui devaient s’engager entre les deux groupes et la Ville. " Pour le moins, estiment les auteurs, cette position contrevient au débat démocratique qui devrait s’imposer. " L’adjoint communiste au collectivités d’Île-de-France, Pierre Mansat, s’était par ailleurs inquiété, de ce que " l’exécutif négocie sur un dossier aussi lourd sans en informer les élus ".
Autre exemple, l’audit de 1997 commandé par le Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF, lequel rassemble des maires de toute obédience politique) et concernant les comptes de la CGE sur la région. Il y est clairement affirmé que d’énormes économies auraient pu être réalisées, notamment en réduisant " la rémunération du délégataire (la CGE) " de l’ordre de 30 %. " Il est étonnant, estiment les auteurs, que le SEDIF, qui a pris l’initiative de cet audit, n’ait pas daigné suivre les recommandations [de l’audit] . À quelle fin a-t-il donc été mené ? ", s’interrogent Jean-Luc Touly et Roger Lenglet. .
Quittons la France pour les verts paysages irlandais. Lorsque Jean-Marie Messier, entre 1996 et 1997, réorganise la CGE et crée le groupe Vivendi, il met en place un système financier qui externalise des sommes colossales accumulées depuis plusieurs années par la CGE au titre des provisions pour renouvellement. Ces provisions sont prélevées sur les factures d’eau afin de réaliser des travaux d’entretien et de remplacement du réseau (tuyaux, filtres, etc.). Évaluées par Jean-Luc Touly et Roger Lenglet à 27 milliards de francs (4,5 milliards d’euros), ces provisions auraient été " canalisées " vers une société irlandaise répondant au doux nom de General Re Financial Products. Patrick Spillaert, secrétaire général de l’actuelle CGE (qui n’est aujourd’hui qu’une filiale de Veolia), estime que les sommes en jeu sont inférieures, mais refuse en revanche de se prononcer sur le fond du sujet (lire l’entretien ci-dessous). Que sont devenues ces provisions, auquel tout usager de l’eau a contribué ? Mystère. Le directeur financier actuel de la CGE, Henri Problio, se contentant de répondre qu’elles seront " reconstituées ". Par de l’argent que l’on prendra aux usagers, sans doute ! .
Si les tentatives et affaires de corruption d’élus ont fait depuis quelques années la une des journaux, la mansuétude à laquelle certains syndicaliste du groupe Vivendi auraient eu droit, selon Jean-Luc Touly et Roger Lenglet, n’a jamais fait l’objet d’une grande publicité. Selon les auteurs de Vivendi, les vérités inavouables, " un étonnant système de distribution de primes "exceptionnelles"" aurait été " activement développé sous la houlette de Jean-Marie Messier ". Ainsi, écrivent-ils, " quand un syndicaliste passe délégué syndical central (permanent, NDLR), il se voit gratifié au minimum de dix-huit ans d’ancienneté, voire trente ans ". Interrogé par l’Humanité, Jean-Marie Lambert, directeur des ressources humaines de la CGE, arrivé début 2003, nie que de tels procédés existent actuellement. En revanche, précise-t-il, il existait, avant 1996, dans une filiale nommée la Compagnie des eaux de la banlieue de Paris, " des dispositions spécifiques pour garantir l’évolution de carrière des délégués syndicaux ". En l’occurrence, un accord assurait une " bonne note par principe aux délégués syndicaux, note qui avait une incidence sur la prime ". Lorsque les questions se font plus précises, notamment à propos d’un permanent UNSA qui aurait bénéficié de 3 300 francs d’heures supplémentaires mensuelles forfaitaires, ainsi que le précise le livre, Jean-Marie Lambert se dit étonné. Mais il vérifiera. " Car il faut quand même le vérifier. " .
Cyrille Poy.
(1) L’Eau de Vivendi. Les vérités inavouables, de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly. Éditions Alias. 2003. 194 pages. 17,95 euros. .
Un Dossier explosif.
De bons tuyaux pour faire du liquide
C’est une enquête menée de l’intérieur. Par un salarié de la Générale des eaux indigné, Jean-Luc Touly, aidé par le journaliste d’investigation, Roger Lenglet. Il y est question de capitaux siphonnés vers des comptes off shore et aujourd’hui volatilisés, de manipulations diverses, de rapports explosifs que l’on a préféré garder sous le coude, de pratiques d’influence et de financements occultes... Autant de sujets qui font du livre l’Eau de Vivendi, les vérités inavouables (1), que l’Humanité s’est procuré, un brûlot explosif dont le séjour en librairie pourrait être écourté par des procédures en référé.
L’ouvrage débute sur l’étude du cas de Paris, qualifié par les auteurs de " plus éloquente illustration " de l’opacité qui serait entretenue au niveau national par les entreprises en charge de la distribution de l’eau, à savoir : la CGE (groupe Veolia Environnement), la Lyonnaise des eaux (groupe Suez) et la SAUR (groupe Bouygues). Les auteurs s’appuient sur plusieurs rapports et audits commandés par la Ville de Paris. Ils affirment que les compagnies gérant l’eau de la capitale (la CEP, filiale de la CGE, et EFPE, filiale de la Lyonnaise), non seulement, entretiendraient une opacité sur les comptes rendus financiers qu’elles doivent fournir, mais aussi, réaliseraient sur le dos des Parisiens de conséquents bénéfices et marges annuels, pouvant aller jusqu’à 40 %, pour ce qui concerne la CEP, en 2001 (lire l’Humanité du 20 août 2003). Cela contreviendrait au principe selon lequel l’argent de l’eau doit payer l’eau, et rien de plus.
Les auteurs s’étonnent également que Bertrand Delanoë et son adjointe chargée de l’eau, Myriam Constantin, n’aient pas jugé bon de communiquer rapidement l’audit consacré au GIE Facturation (regroupant la CEP et EFPE), en leur possession depuis décembre 2002. Ils ont en effet attendu septembre 2003 pour le faire, arguant que la médiatisation du document aurait pu nuire à la sérénité des négociations qui devaient s’engager entre les deux groupes et la Ville. " Pour le moins, estiment les auteurs, cette position contrevient au débat démocratique qui devrait s’imposer. " L’adjoint communiste au collectivités d’Île-de-France, Pierre Mansat, s’était par ailleurs inquiété, de ce que " l’exécutif négocie sur un dossier aussi lourd sans en informer les élus ".
Autre exemple, l’audit de 1997 commandé par le Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF, lequel rassemble des maires de toute obédience politique) et concernant les comptes de la CGE sur la région. Il y est clairement affirmé que d’énormes économies auraient pu être réalisées, notamment en réduisant " la rémunération du délégataire (la CGE) " de l’ordre de 30 %. " Il est étonnant, estiment les auteurs, que le SEDIF, qui a pris l’initiative de cet audit, n’ait pas daigné suivre les recommandations [de l’audit] . À quelle fin a-t-il donc été mené ? ", s’interrogent Jean-Luc Touly et Roger Lenglet. .
Quittons la France pour les verts paysages irlandais. Lorsque Jean-Marie Messier, entre 1996 et 1997, réorganise la CGE et crée le groupe Vivendi, il met en place un système financier qui externalise des sommes colossales accumulées depuis plusieurs années par la CGE au titre des provisions pour renouvellement. Ces provisions sont prélevées sur les factures d’eau afin de réaliser des travaux d’entretien et de remplacement du réseau (tuyaux, filtres, etc.). Évaluées par Jean-Luc Touly et Roger Lenglet à 27 milliards de francs (4,5 milliards d’euros), ces provisions auraient été " canalisées " vers une société irlandaise répondant au doux nom de General Re Financial Products. Patrick Spillaert, secrétaire général de l’actuelle CGE (qui n’est aujourd’hui qu’une filiale de Veolia), estime que les sommes en jeu sont inférieures, mais refuse en revanche de se prononcer sur le fond du sujet (lire l’entretien ci-dessous). Que sont devenues ces provisions, auquel tout usager de l’eau a contribué ? Mystère. Le directeur financier actuel de la CGE, Henri Problio, se contentant de répondre qu’elles seront " reconstituées ". Par de l’argent que l’on prendra aux usagers, sans doute ! .
Si les tentatives et affaires de corruption d’élus ont fait depuis quelques années la une des journaux, la mansuétude à laquelle certains syndicaliste du groupe Vivendi auraient eu droit, selon Jean-Luc Touly et Roger Lenglet, n’a jamais fait l’objet d’une grande publicité. Selon les auteurs de Vivendi, les vérités inavouables, " un étonnant système de distribution de primes "exceptionnelles"" aurait été " activement développé sous la houlette de Jean-Marie Messier ". Ainsi, écrivent-ils, " quand un syndicaliste passe délégué syndical central (permanent, NDLR), il se voit gratifié au minimum de dix-huit ans d’ancienneté, voire trente ans ". Interrogé par l’Humanité, Jean-Marie Lambert, directeur des ressources humaines de la CGE, arrivé début 2003, nie que de tels procédés existent actuellement. En revanche, précise-t-il, il existait, avant 1996, dans une filiale nommée la Compagnie des eaux de la banlieue de Paris, " des dispositions spécifiques pour garantir l’évolution de carrière des délégués syndicaux ". En l’occurrence, un accord assurait une " bonne note par principe aux délégués syndicaux, note qui avait une incidence sur la prime ". Lorsque les questions se font plus précises, notamment à propos d’un permanent UNSA qui aurait bénéficié de 3 300 francs d’heures supplémentaires mensuelles forfaitaires, ainsi que le précise le livre, Jean-Marie Lambert se dit étonné. Mais il vérifiera. " Car il faut quand même le vérifier. " .
Cyrille Poy.
(1) L’Eau de Vivendi. Les vérités inavouables, de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly. Éditions Alias. 2003. 194 pages. 17,95 euros. .
De l'eau dans le prétoire de Jean-Pierre Hue chez L'Harmattan

L'auteur, Jean Pierre Hue est l'un des animateurs de l'association Action Citoyenne d'Yvetôt. est également professeur dans l'agglomération rouennaise
Dans ce livre, comme nous le dit la quatrième de couverture, " l'auteur développe une analyse juridique inédite de la marchandisation du monde et propose à ses millions de victimes quelques moyens simples pour l'affronter". Il revient également sur le combat qu'il a mené contre la Sade (groupe Vivendi), pour refuser de payer l'eau quand celle-ci est polluée…
Les annexes apportent quelques tuyaux bien utiles pour qui veut lutter contre les multinationales de l'eau ou contre la mondialisation libérale en général (bibliographie, liste de sites, jurisprudences, statuts d'associations…).
Dans ce livre, comme nous le dit la quatrième de couverture, " l'auteur développe une analyse juridique inédite de la marchandisation du monde et propose à ses millions de victimes quelques moyens simples pour l'affronter". Il revient également sur le combat qu'il a mené contre la Sade (groupe Vivendi), pour refuser de payer l'eau quand celle-ci est polluée…
Les annexes apportent quelques tuyaux bien utiles pour qui veut lutter contre les multinationales de l'eau ou contre la mondialisation libérale en général (bibliographie, liste de sites, jurisprudences, statuts d'associations…).
Sortie du livre de Marc Laimé : Le dossier de l'eau : Pénurie, pollution et corruption, aux éditions du Seuil.

Assurer à chaque être humain l'accès à l'eau potable, telle est la principale problématique des sociétés du XXIe siècle. Le journaliste et sociologue Marc Laimé livre les résultats alarmistes de son enquête sur la question de l'eau.
L'eau, res publica ou marchandise de Riccardo Petrella, aux éditions La Dispute.

acqua.linda@club-internet.fr
L'Eau, res publica ou marchandise, sous la direction de Ricardo Petrella est coordonné par Jean-Claude Oliva, aux éditions La Dispute, 16 euros.
Quinze millions de personnes meurent chaque année d'une eau contaminée. Un milliard et demi souffrent de son manque et deux milliards et demi n'ont pas accès à l'assainissement. Face à cette situation dramatique, les sociétés multinationales cherchent à s'imposer comme seul recours possible pour pallier l'impéritie de nombreux États.
La conférence des Nations unies de Dublin en 1992 a fait de l'eau un bien économique, ouvrant la voie à sa privatisation.
À l'appui de diverses instances internationales complices (UE, Banque mondiale), voire de certaines ONG, nombre de pays en développement s'y trouvent réduits. Or les firmes ne s'intéressent qu'à l'approvisionnement des populations solvables. Reconnaître l'eau comme patrimoine commun de l'humanité, à ce titre non commercialisable, est donc primordial. Du statut de l'eau dépend la vie de millions d'êtres humains. Car les exemples ne manquent pas, d'Atlanta aux États-Unis à Cochabamba en Bolivie, qui soulignent l'inadéquation d'une gestion privée. Le passage du public au privé se traduit immanquablement par une baisse de la qualité des services et une hausse des tarifs.
Pour autant, la solution préconisée par cet ouvrage collectif n'est pas étatique. La formule qui ressort de ces récits d'expériences et recherches d'alternatives est certes publique, mais avant tout participative. La " véritable cogestion donnant au peuple organisé le pouvoir de délibération sur l'usage des ressources hydriques " a fait ses preuves depuis longtemps dans l'État brésilien du Rio Grande do Sul, souligne par exemple Jurandir Santos de Novaes, économiste et directrice de la planification urbaine et de la gestion de la ville de Belém do Para.
Vandana Shiva, l'altermondialiste indienne, évoquant l'assèchement des eaux de surface par l'agriculture productiviste, ne manque pas d'humour : " L'être humain a besoin de peu d'eau en réalité. C'est Coca-Cola qui en utilise beaucoup pour laver ses bouteilles. " Pour surmonter la pénurie, là il faut réhabiliter les cultures vivrières et associer à l'ingénierie moderne les savoirs locaux ancestraux, en particulier ceux des femmes du tiers-monde, confrontées depuis des siècles à ce problème.
Le système capitaliste ne saurait, compte tenu de sa nature même, offrir à tous les habitants de la planète un accès correct à l'eau, résume, dans sa contribution, Ricardo Petrella, professeur à l'Université catholique de Louvain. Il faut donc le chasser de la préservation de ce droit humain pour fonder un service public mondial de l'eau. Alors que mille milliards de dollars sont engloutis chaque année dans les dépenses militaires, il suffirait de 40 milliards annuels pour fournir à chacun le minimum (40 à 50 litres par jour et par personne) pour vivre. Ainsi, poursuit Jacques Perreux, vice-président du conseil général du Val-de-Marne, " le rêve communiste de mise en commun des richesses, des savoirs et des pouvoirs (...) pourrait commencer à naître et à prendre corps. En plus du bienfait immédiat, concret, mesurable en vies sauvées (...), le rapport des hommes entre eux serait bouleversé ". C'est même un nouveau " principe d'humanité " qui prendrait racine : l'autre monde possible dont rêvent tant de femmes et d'hommes.
Théophile Hazebroucq
Quinze millions de personnes meurent chaque année d'une eau contaminée. Un milliard et demi souffrent de son manque et deux milliards et demi n'ont pas accès à l'assainissement. Face à cette situation dramatique, les sociétés multinationales cherchent à s'imposer comme seul recours possible pour pallier l'impéritie de nombreux États.
La conférence des Nations unies de Dublin en 1992 a fait de l'eau un bien économique, ouvrant la voie à sa privatisation.
À l'appui de diverses instances internationales complices (UE, Banque mondiale), voire de certaines ONG, nombre de pays en développement s'y trouvent réduits. Or les firmes ne s'intéressent qu'à l'approvisionnement des populations solvables. Reconnaître l'eau comme patrimoine commun de l'humanité, à ce titre non commercialisable, est donc primordial. Du statut de l'eau dépend la vie de millions d'êtres humains. Car les exemples ne manquent pas, d'Atlanta aux États-Unis à Cochabamba en Bolivie, qui soulignent l'inadéquation d'une gestion privée. Le passage du public au privé se traduit immanquablement par une baisse de la qualité des services et une hausse des tarifs.
Pour autant, la solution préconisée par cet ouvrage collectif n'est pas étatique. La formule qui ressort de ces récits d'expériences et recherches d'alternatives est certes publique, mais avant tout participative. La " véritable cogestion donnant au peuple organisé le pouvoir de délibération sur l'usage des ressources hydriques " a fait ses preuves depuis longtemps dans l'État brésilien du Rio Grande do Sul, souligne par exemple Jurandir Santos de Novaes, économiste et directrice de la planification urbaine et de la gestion de la ville de Belém do Para.
Vandana Shiva, l'altermondialiste indienne, évoquant l'assèchement des eaux de surface par l'agriculture productiviste, ne manque pas d'humour : " L'être humain a besoin de peu d'eau en réalité. C'est Coca-Cola qui en utilise beaucoup pour laver ses bouteilles. " Pour surmonter la pénurie, là il faut réhabiliter les cultures vivrières et associer à l'ingénierie moderne les savoirs locaux ancestraux, en particulier ceux des femmes du tiers-monde, confrontées depuis des siècles à ce problème.
Le système capitaliste ne saurait, compte tenu de sa nature même, offrir à tous les habitants de la planète un accès correct à l'eau, résume, dans sa contribution, Ricardo Petrella, professeur à l'Université catholique de Louvain. Il faut donc le chasser de la préservation de ce droit humain pour fonder un service public mondial de l'eau. Alors que mille milliards de dollars sont engloutis chaque année dans les dépenses militaires, il suffirait de 40 milliards annuels pour fournir à chacun le minimum (40 à 50 litres par jour et par personne) pour vivre. Ainsi, poursuit Jacques Perreux, vice-président du conseil général du Val-de-Marne, " le rêve communiste de mise en commun des richesses, des savoirs et des pouvoirs (...) pourrait commencer à naître et à prendre corps. En plus du bienfait immédiat, concret, mesurable en vies sauvées (...), le rapport des hommes entre eux serait bouleversé ". C'est même un nouveau " principe d'humanité " qui prendrait racine : l'autre monde possible dont rêvent tant de femmes et d'hommes.
Théophile Hazebroucq
Le Manifeste de l'Eau de Riccardo Petrella

Principe fondateur
Le contrat mondial de l'eau se fonde sur la reconnaissance de l'eau en tant que bien vital patrimonial commun mondial. L'eau n'est pas une ressource naturelle comme les autres. Elle est une ressource irremplaçable, non-substituable, ce qui en fait plus qu'une ressource, c'est-à-dire un bien vital pour tout être vivant et l'ensemble de l'écosystème Terre.
Tout être humain a le droit, in-dividuellement et collectivement, d'avoir accès au bien vital.
L'accès à l'eau et l'obligation de sa conservation pour la survie "ap-partiennent" à l'humanité, collectivement; ils ne sauraient pas faire l'objet d'une appropriation individuelle "privée". Son utilisation et sa conservation sont le produit de l'histoire de l'homme, un "patrimoine" de connaissances, de pratiques, d'outils, d'organisations sur lequel aucun individu ne peut avoir de titre de propriété personnelle privé, d'où le caractère patrimonial commun du "bien-eau".
Les conditions et les moyens d'accès à l'eau et de sa conservation ne sont pas non plus une question "individuelle" mais une tâche et une responsabilité de l'ensemble des êtres humains, ce qui renforce son caractère de bien patrimonial co [ m]mail:mun. Or si l'eau est un bien vital patrimonial commun évident pour toute communauté humaine "locale" (le village, la ville, la région, le pays, et.), les modalités, les conditions et les moyens de son utilisation, promotion et conservation sont structurellement liés à son caractère de bien vital pour l'ensemble de l'écosystème Terre. Le sujet primaire de la patrimonialité commune de l'eau est l'humanité, la communauté mondiale, d'où inéluctablement le caractère de "bien mondial" de l'eau.
[
Le contrat mondial de l'eau se fonde sur la reconnaissance de l'eau en tant que bien vital patrimonial commun mondial. L'eau n'est pas une ressource naturelle comme les autres. Elle est une ressource irremplaçable, non-substituable, ce qui en fait plus qu'une ressource, c'est-à-dire un bien vital pour tout être vivant et l'ensemble de l'écosystème Terre.
Tout être humain a le droit, in-dividuellement et collectivement, d'avoir accès au bien vital.
L'accès à l'eau et l'obligation de sa conservation pour la survie "ap-partiennent" à l'humanité, collectivement; ils ne sauraient pas faire l'objet d'une appropriation individuelle "privée". Son utilisation et sa conservation sont le produit de l'histoire de l'homme, un "patrimoine" de connaissances, de pratiques, d'outils, d'organisations sur lequel aucun individu ne peut avoir de titre de propriété personnelle privé, d'où le caractère patrimonial commun du "bien-eau".
Les conditions et les moyens d'accès à l'eau et de sa conservation ne sont pas non plus une question "individuelle" mais une tâche et une responsabilité de l'ensemble des êtres humains, ce qui renforce son caractère de bien patrimonial co [ m]mail:mun. Or si l'eau est un bien vital patrimonial commun évident pour toute communauté humaine "locale" (le village, la ville, la région, le pays, et.), les modalités, les conditions et les moyens de son utilisation, promotion et conservation sont structurellement liés à son caractère de bien vital pour l'ensemble de l'écosystème Terre. Le sujet primaire de la patrimonialité commune de l'eau est l'humanité, la communauté mondiale, d'où inéluctablement le caractère de "bien mondial" de l'eau.
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S-Eau-S L'eau en danger de Gérard Borvon, chez Golias.

La Bretagne est malade, et comme de nombreux indices laissent à penser, le mal est contagieux. Avec 50% des captages dépassant les 50 mg de nitrates par litre d'eau et le retour des algues vertes sur les plages chaque été, la cote d'alerte est largement dépassée. Le "modèle" agricole breton se lit d'abord dans les statistiques. La Bretagne produit aujourd'hui, sur 6% de la surface agricole française, 20% de sa production laitière, 60% de sa production porcine, 40% de sa production de volaille.
Une telle explosion ne pouvait se produire sans de profonds bouleversements.
Naturellement, les pollutions de toutes sortes sont au rendez-vous. Nitrates, pesticides, métaux lourds..., tous les clignotants sont au rouge. C'est l'inquiétant bilan de ce progrès que développe ce livre.
Gérard Borvon alerte l'opinion publique pour aider à résister à l'emprise des différents lobbies qui imposent leur stratégie de monopole et d'argent.
Dans le même temps, cet ouvrage aide à la prise de conscience d'un problème qui affecte l'ensemble de l'humanité. En effet, selon les experts réunis à l'initiative de l'O.N.U. en février 1999 à Genève, les deux tiers de la planète pourraient rencontrer des problèmes d'approvisionnement et près d'un milliard de personnes pourraient être concernées par une crise majeure de l'eau à l'horizon 2025.
Une telle explosion ne pouvait se produire sans de profonds bouleversements.
Naturellement, les pollutions de toutes sortes sont au rendez-vous. Nitrates, pesticides, métaux lourds..., tous les clignotants sont au rouge. C'est l'inquiétant bilan de ce progrès que développe ce livre.
Gérard Borvon alerte l'opinion publique pour aider à résister à l'emprise des différents lobbies qui imposent leur stratégie de monopole et d'argent.
Dans le même temps, cet ouvrage aide à la prise de conscience d'un problème qui affecte l'ensemble de l'humanité. En effet, selon les experts réunis à l'initiative de l'O.N.U. en février 1999 à Genève, les deux tiers de la planète pourraient rencontrer des problèmes d'approvisionnement et près d'un milliard de personnes pourraient être concernées par une crise majeure de l'eau à l'horizon 2025.
L'or bleu de Maude Barlow et Tony Clarke.

L’Or bleu, un essai a été publié le 27 avril 2003 : ces auteurs sont canadiens MAUDE BARLOW ET TONY CLARKE
La commercialisation de la ressource la plus précieuse de la planète, l’eau, a un avenir prometteur, si l’on en croit l’ouvrage de Maude Barlow et Tony Clarke. Acheminée par navire-citerne, aqueduc, canal ou détournement de cours d’eau, voire par sacs scellés, l’eau n’échappera pas à l’ubiquiste logique marchande.
Loin d’être à l’abri, le Canada, quatrième pays le plus pourvu en ressources hydriques, devra composer avec un voisin méridional dont la soif semble insatiable. Le président Bush n’a-t-il pas déclaré, en juillet 2001, que l’eau du Canada devait être partagée avec les États-Unis ? À ce sujet, les auteurs nous apprennent l’existence du projet Grand Canal, visant à détourner l’eau des rivières qui se jettent dans la baie James, par l’entremise d’un réseau d’aqueduc.
La rareté de la ressource, causée par sa surexploitation, en amène plusieurs à chercher des solutions du côté de sa privatisation pure et simple. Le marché, nous disent ses défenseurs, serait le plus apte à assurer la pérennité des ressources hydriques, de même que sa répartition juste. Cependant, nous démontrent les auteurs, la réalité est tout autre. Des millions d’Argentins, de Sud-Africains et de Boliviens ont vu leur facture grimper à un niveau tel qu’il leur est impossible de payer.
Pendant ce temps, les profits des « barons de l’eau », telles les multinationales françaises Suez et Vivendi, ont grimpé à des niveaux faramineux. On estime en effet le commerce mondial de l’eau à 800 milliards de dollars américains. Devant cet assaut contre le « bien commun », la résistance s’organise, et ce, partout à travers le monde. Un chapitre entier de l’ouvrage est consacré aux luttes que mènent maints groupes communautaires, organisations non gouvernementales et activistes contre la privatisation, l’exportation de l’eau et, écrivent les auteurs, contre « ce que des militants indiens appellent la "Trinité impie" : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce ».
L’Or bleu est un livre engagé, et parfois même enragé, sur l’urgence d’agir vigoureusement et de façon concertée en vue de protéger un bien commun en voie de se transformer en bien privé.
Francis Boucher, journal Alternatives
L’OR BLEU, de Maude Barlow et Tony Clarke, Montréal, Boréal, 2002, 390 pages.
Capital n°133 octobre 2002, Enquête au coeur des multinationales, édition mille et une nuit mai 2001.
L'OMC le pouvoir invisible d'Agnès Bertrand et Laurence Kalafatides.
L'eau aux mains du secteur public de David Hall.
La pollution invisible de Larbi Bouguerra.
, des rapports de la Cour des Comptes (janvier 1997 et février2002), du Haut Conseil du secteur public ( décembre 1999), de la DGCCRP (aout et décembre 2000), du conseil économique et social du 15.11.2001, d'Yves Tavernier du 22 mai 2001 et de l'IFEN novembre et décembre 2001.
L'OMC le pouvoir invisible d'Agnès Bertrand et Laurence Kalafatides.
L'eau aux mains du secteur public de David Hall.
La pollution invisible de Larbi Bouguerra.
, des rapports de la Cour des Comptes (janvier 1997 et février2002), du Haut Conseil du secteur public ( décembre 1999), de la DGCCRP (aout et décembre 2000), du conseil économique et social du 15.11.2001, d'Yves Tavernier du 22 mai 2001 et de l'IFEN novembre et décembre 2001.
La ruée vers l'eau de Roger Cans.
La ruée vers l’eau, Roger Cans, Gallimard - Folio, coll. Le Monde actuel, Paris, 2001, 224 pages, 46 FF, 7,01 Euros
L’ouvrage du journaliste Roger Cans est, dans sa première moitié, une source d’informations d’une grande richesse en matière de traitement et de distribution des eaux. On y trouve de nombreuses données chiffrées particulièrement intéressantes (par exemple, le prix du m3 d’eau en France qui varie de 4,80 à 33,90 F) et quelquefois surprenantes (par exemple, la surabondance d’apport d’eau en irrigation n’améliore pas forcément les rendements en maïs). Il est en même temps très pédagogique par ses encarts très bien documentés qui permettent, par exemple, de découvrir - ou mieux connaître - le rôle des agences de l’eau ou de se familiariser, en peu de mots, avec l’eutrophisation des eaux de rivières. Bref, un ouvrage qui rappelle un édition plus spécialisée dont on retrouve du reste le format et l’abondante bibliographie. Dans la seconde moitié, qui justifie mieux le titre de l’ouvrage, l’auteur présente, en premier lieu, l’action des groupes multinationaux dans le domaine de l’eau et, au dernier chapitre, les conflits entre nations - ou régions - là où la ressource en eau est faible. Mais l’essentiel est consacré aux multinationales œuvrant dans ce domaine et, principalement, aux deux géants français : Vivendi (ex Compagnie Générale des eaux) et la Lyonnaise des eaux. La réussite de ces deux groupes semble contrarier l’auteur qui cite la " mainmise de la Générale sur les marchés français et étrangers ", sa progression " insolente " du chiffre d’affaires et qui la soupçonne, sous couvert d’aide humanitaire, de rechercher des marchés en Chine (Vivendi Waters a envoyé en 1998 des unités mobiles de traitement des eaux à l’intention des populations victimes d’inondations).
G. Marseguerra
L’ouvrage du journaliste Roger Cans est, dans sa première moitié, une source d’informations d’une grande richesse en matière de traitement et de distribution des eaux. On y trouve de nombreuses données chiffrées particulièrement intéressantes (par exemple, le prix du m3 d’eau en France qui varie de 4,80 à 33,90 F) et quelquefois surprenantes (par exemple, la surabondance d’apport d’eau en irrigation n’améliore pas forcément les rendements en maïs). Il est en même temps très pédagogique par ses encarts très bien documentés qui permettent, par exemple, de découvrir - ou mieux connaître - le rôle des agences de l’eau ou de se familiariser, en peu de mots, avec l’eutrophisation des eaux de rivières. Bref, un ouvrage qui rappelle un édition plus spécialisée dont on retrouve du reste le format et l’abondante bibliographie. Dans la seconde moitié, qui justifie mieux le titre de l’ouvrage, l’auteur présente, en premier lieu, l’action des groupes multinationaux dans le domaine de l’eau et, au dernier chapitre, les conflits entre nations - ou régions - là où la ressource en eau est faible. Mais l’essentiel est consacré aux multinationales œuvrant dans ce domaine et, principalement, aux deux géants français : Vivendi (ex Compagnie Générale des eaux) et la Lyonnaise des eaux. La réussite de ces deux groupes semble contrarier l’auteur qui cite la " mainmise de la Générale sur les marchés français et étrangers ", sa progression " insolente " du chiffre d’affaires et qui la soupçonne, sous couvert d’aide humanitaire, de rechercher des marchés en Chine (Vivendi Waters a envoyé en 1998 des unités mobiles de traitement des eaux à l’intention des populations victimes d’inondations).
G. Marseguerra
La Guerre de l'eau : Privation, pollution et profit de Vandana Shiva

- La Guerre de l'eau : Privation, pollution et profit de Vandana Shiva (Ed. PARANGON L'AVENTURINE) 13.00 € / 85.27 FF
Dans La Guerre de l'eau, Vandana Shiva analyse l'érosion historique du droit communautaire sur l'eau, au crible de ses connaissances scientifiques et sociales. Elle examine le marché international de l'eau, la construction de barrages, et décrit la destruction de la terre et l'asservissement des pauvres qui sont privés de leurs droits sur ce précieux bien commun. Elle fait apparaître qu'un certain nombre des plus importants conflits de notre temps - le conflit israélo-palestinien par exemple - sont le plus souvent déguisés en guerres ethniques ou religieuses. Le véritable objet de ces conflits est le contrôle de ressources naturelles vitales. La Guerre de l'eau célèbre le rôle spirituel et traditionnel de l'eau dans les communautés à travers l'histoire et nous alerte sur le fait que la privatisation de l'eau menace les cultures et les moyens de subsistance partout dans le monde.