
Module de manganèse
Bien que le manganèse soit le métal le plus répandu, avec le fer, dans l'eau souterraine, sa concentration maximale n'est pas réglementée au Québec. Les résultats de l'étude proposée pourraient constituer la base d'une recommandation pour une concentration maximale de manganèse dans l'eau potable protégeant la santé des enfants. "L'objectif principal de ce projet est de tester l'hypothèse selon laquelle l'exposition d'enfants d'âge scolaire au manganèse dans l'eau affecte négativement leurs comportements et leurs habiletés cognitives et neuromotrices" explique Donna Mergler. L'association entre l'exposition à des niveaux élevés de manganèse par inhalation et des effets neurotoxiques est bien connue, particulièrement en milieu de travail. Les effets potentiels de l'exposition au manganèse par l'eau potable sont par contre beaucoup moins bien documentés.
Quatre études ont été menées sur le sujet : deux portaient sur les adultes (en Allemagne et en Grèce) et deux sur les enfants (en Chine et au Bangladesh). Une étude chez l'adulte a montré des signes neurologiques en lien avec l'augmentation de la concentration de manganèse dans l'eau ; l'autre n'a pas montré d'effet. Les deux études menées sur les enfants ont montré une association entre l'exposition au manganèse dans l'eau et des déficits intellectuels et moteurs chez des enfants de 10 à 13 ans.
Les chercheurs ont récemment complété une étude pilote auprès de 46 enfants d'une municipalité où l'eau de l'aqueduc avait une forte teneur en manganèse. Ils ont observé une association significative entre :
l'exposition au manganèse dans l'eau et la concentration de manganèse dans les cheveux ;
la concentration de manganèse dans les cheveux et des comportements hyperactifs à l'école.
Dans plusieurs régions du Québec, et ailleurs au Canada, on retrouve des concentrations élevées de manganèse dans l'eau potable. Dans ce contexte, les chercheurs estimaient qu'une étude d'envergure devait être menée sur les risques de l'exposition au manganèse via l'eau.
Étude épidémiologique. Ainsi, avec la subvention des IRSC, les chercheurs pourront réaliser une étude épidémiologique transversale auprès d'enfants de quatre municipalités, avec des concentrations de manganèse dans l'eau de l'aqueduc comme suit : très basse (<50 µg/L), basse (~150 µg/L), moyenne (~300 µg/L) et haute (~600 µg/L). Les familles seront recrutées via les écoles primaires des municipalités ciblées. Les chercheurs recruterons 400 enfants âgés entre 7 et 12 ans qui vivent dans des maisons desservies par l'aqueduc (100 enfants par municipalité).
La batterie de tests pour l'évaluation des enfants sera la suivante : Wechsler Abbreviated Scale of Intelligence (quotient intellectuel), California Verbal Learning Test (mémoire), Digit Span (mémoire de travail), Continuous Performance Test (attention), test d'interférence mot-couleur de la batterie D-KEFS (inhibition), Fingertapping (vitesse motrice) et Santa Ana (dextérité manuelle). Les enfants seront aussi évalués par un parent et un enseignant avec les questionnaires Achenbach (émotions et comportements), l'Échelle révisée de Conners (comportements hyperactifs) et le Lerner (tempérament). Des informations sur les variables qui pourraient influencer les résultats à ces tests seront également récoltées, dont l'âge, l'éducation parentale, le revenu familial, l'histoire médicale et les stress périnataux.
Pour caractériser l'exposition, les variations spatiales et temporelles des concentrations de manganèse dans l'aqueduc des quatre municipalités seront évaluées. La concentration de manganèse sera mesurée dans l'eau de la maison. Des données sur la diète et sur la quantité d'eau du robinet ingérée seront récoltées. La concentration de manganèse dans des aliments préparés avec de l'eau du robinet des quatre municipalités à l'étude sera mesurée (par exemple, des pâtes et du riz). Ces données serviront à calculer l'apport en manganèse par l'eau et par l'alimentation. De plus, une mèche de cheveux sera prélevée pour l'analyse de la concentration de manganèse.
L'analyse statistique visera à évaluer : i) les facteurs qui contribuent à la concentration de manganèse dans les cheveux, et ii) la relation entre l'exposition au manganèse et les évaluations neurofonctionnelles (scores aux tests) en tenant compte des covariables.
Après avoir identifié les tests pour lesquels des relations dose-réponse sont statistiquement significatives, les chercheurs appliqueront l'approche benchmark-dose pour déterminer le niveau d'exposition associé à un accroissement du risque d'effets adverse.
*CINBIOSE
*IRSC
Édition du 12 mars 2007, volume 6, numéro 7
Quatre études ont été menées sur le sujet : deux portaient sur les adultes (en Allemagne et en Grèce) et deux sur les enfants (en Chine et au Bangladesh). Une étude chez l'adulte a montré des signes neurologiques en lien avec l'augmentation de la concentration de manganèse dans l'eau ; l'autre n'a pas montré d'effet. Les deux études menées sur les enfants ont montré une association entre l'exposition au manganèse dans l'eau et des déficits intellectuels et moteurs chez des enfants de 10 à 13 ans.
Les chercheurs ont récemment complété une étude pilote auprès de 46 enfants d'une municipalité où l'eau de l'aqueduc avait une forte teneur en manganèse. Ils ont observé une association significative entre :
l'exposition au manganèse dans l'eau et la concentration de manganèse dans les cheveux ;
la concentration de manganèse dans les cheveux et des comportements hyperactifs à l'école.
Dans plusieurs régions du Québec, et ailleurs au Canada, on retrouve des concentrations élevées de manganèse dans l'eau potable. Dans ce contexte, les chercheurs estimaient qu'une étude d'envergure devait être menée sur les risques de l'exposition au manganèse via l'eau.
Étude épidémiologique. Ainsi, avec la subvention des IRSC, les chercheurs pourront réaliser une étude épidémiologique transversale auprès d'enfants de quatre municipalités, avec des concentrations de manganèse dans l'eau de l'aqueduc comme suit : très basse (<50 µg/L), basse (~150 µg/L), moyenne (~300 µg/L) et haute (~600 µg/L). Les familles seront recrutées via les écoles primaires des municipalités ciblées. Les chercheurs recruterons 400 enfants âgés entre 7 et 12 ans qui vivent dans des maisons desservies par l'aqueduc (100 enfants par municipalité).
La batterie de tests pour l'évaluation des enfants sera la suivante : Wechsler Abbreviated Scale of Intelligence (quotient intellectuel), California Verbal Learning Test (mémoire), Digit Span (mémoire de travail), Continuous Performance Test (attention), test d'interférence mot-couleur de la batterie D-KEFS (inhibition), Fingertapping (vitesse motrice) et Santa Ana (dextérité manuelle). Les enfants seront aussi évalués par un parent et un enseignant avec les questionnaires Achenbach (émotions et comportements), l'Échelle révisée de Conners (comportements hyperactifs) et le Lerner (tempérament). Des informations sur les variables qui pourraient influencer les résultats à ces tests seront également récoltées, dont l'âge, l'éducation parentale, le revenu familial, l'histoire médicale et les stress périnataux.
Pour caractériser l'exposition, les variations spatiales et temporelles des concentrations de manganèse dans l'aqueduc des quatre municipalités seront évaluées. La concentration de manganèse sera mesurée dans l'eau de la maison. Des données sur la diète et sur la quantité d'eau du robinet ingérée seront récoltées. La concentration de manganèse dans des aliments préparés avec de l'eau du robinet des quatre municipalités à l'étude sera mesurée (par exemple, des pâtes et du riz). Ces données serviront à calculer l'apport en manganèse par l'eau et par l'alimentation. De plus, une mèche de cheveux sera prélevée pour l'analyse de la concentration de manganèse.
L'analyse statistique visera à évaluer : i) les facteurs qui contribuent à la concentration de manganèse dans les cheveux, et ii) la relation entre l'exposition au manganèse et les évaluations neurofonctionnelles (scores aux tests) en tenant compte des covariables.
Après avoir identifié les tests pour lesquels des relations dose-réponse sont statistiquement significatives, les chercheurs appliqueront l'approche benchmark-dose pour déterminer le niveau d'exposition associé à un accroissement du risque d'effets adverse.
*CINBIOSE
*IRSC
Édition du 12 mars 2007, volume 6, numéro 7