
La problématique de l’eau occupe de plus en plus une place importante dans l’agenda politique actuel, au niveau local, des régions, des pays, comme au niveau des continents et du monde. Et pour cause.
En raison des prélèvements excessifs et déraisonnés effectués ces 50 dernières années à travers le monde pour des buts agricoles (irrigation par pulvérisation), industriels (tous secteurs confondus), énergie (nucléaire : plus de 40.000 grands barrages construits depuis 1950) on ne compte plus les fleuves qui ne portent plus l’eau à la mer (le Colorado a été parmi les premiers), les mers intérieures (le lac Baïkal, la Mer morte, le lac Tanganyika…) en train de disparaître, les nappes phréatiques qui se vident et dont le niveau baisse dangereusement (notamment aux Etats-Unis, en Inde et en Chine, pays confrontés à des graves problèmes d’approvisionnements hydriques).
En outre, la pollution et la contamination de l’eau par des substances toxiques (ces dernières années, une importance accrue est prise par la contamination induite par les déchets humains d’une population vieillissante à forte médicalisation…) est l’origine d’une raréfaction croissante de l’eau potable saine.
Point n’est nécessaire de parler des dévastations des ressources hydriques liées aux conflits grandissants autour de l’eau entre Etats appartenants au même bassin hydrographique (exemples du bassin du Sénégal, du Niger, du Tigres et de l’Euphrate, du Jourdan, du Nil…), causés par l’affirmation abusive d’une souveraineté nationale sur les eaux traversant le territoire national et par le refus de traiter l’eau comme un bien commun.
Bref, loin d’être traitée et valorisée comme un bien essentiel et in substituable à la vie pour tous et dans l’intérêt de tous les habitants de la planète, l’eau est traitée surtout et principalement comme le nouveau « or du monde », l’or bleu, comme le pétrole a été et reste, pour l’instant, l’or noir du monde, cause donc de guerres.
Conséquence : nos sociétés considèrent que le droit à l’eau, le droit à la vie, n’appartient pas à tout le monde et que dans 20 ans il y aura encore des milliards de personnes qui n’auront pas accès à l’eau potable saine et aux services hygiéniques car ils seront pauvres… Qui plus est, au lieu de renforcer les capacités des pouvoirs publics, du local au mondial, à assurer une gestion durable et efficace de l’eau et de l’accès à l’eau pour tous, nos sociétés sont en train de privatiser les services de l’eau et réduire l’eau à une marchandise, comme toute autre boisson, laissée aux aléas des marchés et du profite des entreprises privées. On laisse faire du profit à partir de ce qu’est un droit humain. La fois dans la fable « le privé est beau », « le privé est efficace » est de retour, alors que le chemin à emprunter est celui de faire du public un public juste, efficace, transparent, démocratique.
Cette tendance est inacceptable et inadmissible à tous points de vue, surtout du point de vue humain, social. Je formule les vœux que votre colloque puisse affirmer avec clarté et rigueur le caractère de bien public de l’eau, de sa propriété, de sa gestion et de son contrôle, dans le cadre d’une réelle participation des citoyens. Je suis convaincu que le peuple corse dont la culture est fortement enracinée dans l’amour de la nature, de la terre, est en mesure de transmettre avec force ce message moderne et puissant, prophétique, d’amour envers l’eau, envers la vie.
Avec mes meilleurs vœux
par Mario Soares
Lisbonne, le 30 octobre 2004
En raison des prélèvements excessifs et déraisonnés effectués ces 50 dernières années à travers le monde pour des buts agricoles (irrigation par pulvérisation), industriels (tous secteurs confondus), énergie (nucléaire : plus de 40.000 grands barrages construits depuis 1950) on ne compte plus les fleuves qui ne portent plus l’eau à la mer (le Colorado a été parmi les premiers), les mers intérieures (le lac Baïkal, la Mer morte, le lac Tanganyika…) en train de disparaître, les nappes phréatiques qui se vident et dont le niveau baisse dangereusement (notamment aux Etats-Unis, en Inde et en Chine, pays confrontés à des graves problèmes d’approvisionnements hydriques).
En outre, la pollution et la contamination de l’eau par des substances toxiques (ces dernières années, une importance accrue est prise par la contamination induite par les déchets humains d’une population vieillissante à forte médicalisation…) est l’origine d’une raréfaction croissante de l’eau potable saine.
Point n’est nécessaire de parler des dévastations des ressources hydriques liées aux conflits grandissants autour de l’eau entre Etats appartenants au même bassin hydrographique (exemples du bassin du Sénégal, du Niger, du Tigres et de l’Euphrate, du Jourdan, du Nil…), causés par l’affirmation abusive d’une souveraineté nationale sur les eaux traversant le territoire national et par le refus de traiter l’eau comme un bien commun.
Bref, loin d’être traitée et valorisée comme un bien essentiel et in substituable à la vie pour tous et dans l’intérêt de tous les habitants de la planète, l’eau est traitée surtout et principalement comme le nouveau « or du monde », l’or bleu, comme le pétrole a été et reste, pour l’instant, l’or noir du monde, cause donc de guerres.
Conséquence : nos sociétés considèrent que le droit à l’eau, le droit à la vie, n’appartient pas à tout le monde et que dans 20 ans il y aura encore des milliards de personnes qui n’auront pas accès à l’eau potable saine et aux services hygiéniques car ils seront pauvres… Qui plus est, au lieu de renforcer les capacités des pouvoirs publics, du local au mondial, à assurer une gestion durable et efficace de l’eau et de l’accès à l’eau pour tous, nos sociétés sont en train de privatiser les services de l’eau et réduire l’eau à une marchandise, comme toute autre boisson, laissée aux aléas des marchés et du profite des entreprises privées. On laisse faire du profit à partir de ce qu’est un droit humain. La fois dans la fable « le privé est beau », « le privé est efficace » est de retour, alors que le chemin à emprunter est celui de faire du public un public juste, efficace, transparent, démocratique.
Cette tendance est inacceptable et inadmissible à tous points de vue, surtout du point de vue humain, social. Je formule les vœux que votre colloque puisse affirmer avec clarté et rigueur le caractère de bien public de l’eau, de sa propriété, de sa gestion et de son contrôle, dans le cadre d’une réelle participation des citoyens. Je suis convaincu que le peuple corse dont la culture est fortement enracinée dans l’amour de la nature, de la terre, est en mesure de transmettre avec force ce message moderne et puissant, prophétique, d’amour envers l’eau, envers la vie.
Avec mes meilleurs vœux
par Mario Soares
Lisbonne, le 30 octobre 2004