Ancien salarié de Vivendi, Jean-Luc Touly exhorte les élus dieppois à revenir à un modèle de régie pour la gestion de l'eau
La question est épineuse. Faut-il préférer une régie intercommunale à une délégation de service public en matière de gestion de l'eau ? Le groupe des Alternatifs de Dieppe a souhaité relancer le débat mercredi soir à la maison Jacques-Prévert en invitant Jean-Luc Touly, ancien salarié de Vivendi, président de l'association pour le contrat mondial de l'eau et auteur d'ouvrages sulfureux dénonçant les pratiques des entreprises privées du secteur de l'eau. Depuis cinq années, il a animé plus de six cents débats en France et milite pour la remunicipalisation de l'eau. Il a échangé mercredi avec des colistiers de Sébastien Jumel (PCF) et Jean Bazin (UMP), tous deux candidats aux municipales à Dieppe. Entretien.
Le retour à une régie n'est-il pas un peu utopiste ? Est-ce vraiment faisable ?
Jean-Luc Touly : « Bien sûr que c'est possible ! Il y a des villes et même des communautés d'agglomération - c'est le cas de Dieppe dont la compétence de l'eau appartient à l'agglomération - comme celle de Cherbourg qui ont opéré ce retour ces dernières années. Le maire de Neufchâteau est revenu à une régie en 2001.
01.02.2008
Histoire d'eau à la Dieppoise
Militant CGT, licencié de Vivendi suite à ses livres dénonçant la main-mise de Multinationales comme Veolia ou la Lyonnaise des Eaux pratiquant un véritable pillage des usagers de cette ressource vitale, l'eau, Jean-Luc Touly a jeté mercredi un véritable « pavé dans la mare » dieppoise en animant le débat « Faut-il remunicipaliser l'eau ? » organisé par les Alternatifs.
BILAN DU DEBAT (20 minutes)
Premier point important : des citoyens, surtout des responsables associatifs locaux, ont engagé la discussion ensemble et avec les représentants des candidats. C'est une première expérience de démocratie directe, de bas en haut, non encadrée par les principales forces politiques organisées qui y ont cependant participé, en apportant leurs réponses et interrogations. Nous contribuerons à ce que cela se produise de nouveau et sur d'autres questions tout aussi centrales.
Second point à souligner : la constitution en cours, suite à cette réunion d'un Collectif de l'Eau qui, au-delà des questions de principe et des généralités, se mettra au travail avec l'aide de la Convergence pour les Services Publics et de Jean-Luc Touly pour étudier dans le détail le dossier local de l'eau, quel que soit le résultat des élections et la politique menée demain par les élus.
Les avis émis par les candidats sont bien sûr à noter et à méditer!
Jean Bazin et ses amis se prononcent pour « un audit ». Certains citoyens pensent que c'est « mieux que rien »... certes! Dommage que cela n'ait pas été fait depuis 7 ans que Jean Bazin tient les finances de Dieppe avec son ex-leader Edouard Leveau. C'est un peu facile dans cette circonstance de tout rejeter sur « ce que les Communistes ont fait en 1991 », non ?
Les représentants du PT pensent que le « retour à la régie municipale » en rupture avec l'agglomération est LA solution. Affirmer un choix inébranlable pour le Service Public : oui ! Mais attention aux formules magiques : ET LES AUTRES COMMUNES de l'agglo, n'ont-elles pas droit elles aussi à un retour au service public? Faut-il se contenter de constater que les Communautés d'Agglomération ont un fonctionnement non-démocratique, et c'est un fait (absence d'élections et de contrôle citoyen), ou se battre pour leur démocratisation ? Nous y reviendrons.
Sébastien Jumel a pris quant à lui l'engagement de « faire un diagnostic de la situation » et c'est bien le minimum nécessaire! Il se prononce pour « le renforcement partout des services publics » mais « n'exclut aucune solution » : c'est un début mais il faut aller plus loin. Car ne faut-il pas justement exclure la poursuite de la surfacturation des usagers, le pillage de la ressource eau par une multinationale avide de profits, et la corruption dans l'opacité qu'elle génère partout en France?
Sébastien Jumel est par contre le seul candidat à s'être justement prononcé pour « une nationalisation pour l'égalité, la continuité et la péréquation tarifaire du service ». Tel est le point sur lequel un militant de Dieppe3D était d'ailleurs intervenu à la réunion de mercredi. Un point essentiel et la réponse nous satisfait. Avec toutefois cette précision nécessaire : sans attendre pour autant le « grand soir » où un gouvernement révolutionnaire de salut social serait élu pour mettre ce programme en oeuvre : on risquerait -qui sait?- d'attendre longtemps...alors que des mesures de sauvegarde immédiates sont possibles sur le plan local. Des mesures à portée limitée, c'est vrai : c'est pour cela que nous soutenons Jumel qui est le seul à situer clairement sa candidature dans le cadre de la lutte contre la politique de Sarkozy, désolé Bruno, mais le "municipalisme" et la "Défense de la République Une et Universelle", ça ne fait pas tout à fait le compte !
Immédiatement, il a diminué le prix de l'eau de 24 %. Il n'a pas attendu la fin du contrat de 30 ans qui le liait à un délégataire privé. Il l'a rompu ! Bien sûr, il doit faire face maintenant à des recours juridiques de son ancien prestataire. »
La question est épineuse. Faut-il préférer une régie intercommunale à une délégation de service public en matière de gestion de l'eau ? Le groupe des Alternatifs de Dieppe a souhaité relancer le débat mercredi soir à la maison Jacques-Prévert en invitant Jean-Luc Touly, ancien salarié de Vivendi, président de l'association pour le contrat mondial de l'eau et auteur d'ouvrages sulfureux dénonçant les pratiques des entreprises privées du secteur de l'eau. Depuis cinq années, il a animé plus de six cents débats en France et milite pour la remunicipalisation de l'eau. Il a échangé mercredi avec des colistiers de Sébastien Jumel (PCF) et Jean Bazin (UMP), tous deux candidats aux municipales à Dieppe. Entretien.
Le retour à une régie n'est-il pas un peu utopiste ? Est-ce vraiment faisable ?
Jean-Luc Touly : « Bien sûr que c'est possible ! Il y a des villes et même des communautés d'agglomération - c'est le cas de Dieppe dont la compétence de l'eau appartient à l'agglomération - comme celle de Cherbourg qui ont opéré ce retour ces dernières années. Le maire de Neufchâteau est revenu à une régie en 2001.
01.02.2008
Histoire d'eau à la Dieppoise
Militant CGT, licencié de Vivendi suite à ses livres dénonçant la main-mise de Multinationales comme Veolia ou la Lyonnaise des Eaux pratiquant un véritable pillage des usagers de cette ressource vitale, l'eau, Jean-Luc Touly a jeté mercredi un véritable « pavé dans la mare » dieppoise en animant le débat « Faut-il remunicipaliser l'eau ? » organisé par les Alternatifs.
BILAN DU DEBAT (20 minutes)
Premier point important : des citoyens, surtout des responsables associatifs locaux, ont engagé la discussion ensemble et avec les représentants des candidats. C'est une première expérience de démocratie directe, de bas en haut, non encadrée par les principales forces politiques organisées qui y ont cependant participé, en apportant leurs réponses et interrogations. Nous contribuerons à ce que cela se produise de nouveau et sur d'autres questions tout aussi centrales.
Second point à souligner : la constitution en cours, suite à cette réunion d'un Collectif de l'Eau qui, au-delà des questions de principe et des généralités, se mettra au travail avec l'aide de la Convergence pour les Services Publics et de Jean-Luc Touly pour étudier dans le détail le dossier local de l'eau, quel que soit le résultat des élections et la politique menée demain par les élus.
Les avis émis par les candidats sont bien sûr à noter et à méditer!
Jean Bazin et ses amis se prononcent pour « un audit ». Certains citoyens pensent que c'est « mieux que rien »... certes! Dommage que cela n'ait pas été fait depuis 7 ans que Jean Bazin tient les finances de Dieppe avec son ex-leader Edouard Leveau. C'est un peu facile dans cette circonstance de tout rejeter sur « ce que les Communistes ont fait en 1991 », non ?
Les représentants du PT pensent que le « retour à la régie municipale » en rupture avec l'agglomération est LA solution. Affirmer un choix inébranlable pour le Service Public : oui ! Mais attention aux formules magiques : ET LES AUTRES COMMUNES de l'agglo, n'ont-elles pas droit elles aussi à un retour au service public? Faut-il se contenter de constater que les Communautés d'Agglomération ont un fonctionnement non-démocratique, et c'est un fait (absence d'élections et de contrôle citoyen), ou se battre pour leur démocratisation ? Nous y reviendrons.
Sébastien Jumel a pris quant à lui l'engagement de « faire un diagnostic de la situation » et c'est bien le minimum nécessaire! Il se prononce pour « le renforcement partout des services publics » mais « n'exclut aucune solution » : c'est un début mais il faut aller plus loin. Car ne faut-il pas justement exclure la poursuite de la surfacturation des usagers, le pillage de la ressource eau par une multinationale avide de profits, et la corruption dans l'opacité qu'elle génère partout en France?
Sébastien Jumel est par contre le seul candidat à s'être justement prononcé pour « une nationalisation pour l'égalité, la continuité et la péréquation tarifaire du service ». Tel est le point sur lequel un militant de Dieppe3D était d'ailleurs intervenu à la réunion de mercredi. Un point essentiel et la réponse nous satisfait. Avec toutefois cette précision nécessaire : sans attendre pour autant le « grand soir » où un gouvernement révolutionnaire de salut social serait élu pour mettre ce programme en oeuvre : on risquerait -qui sait?- d'attendre longtemps...alors que des mesures de sauvegarde immédiates sont possibles sur le plan local. Des mesures à portée limitée, c'est vrai : c'est pour cela que nous soutenons Jumel qui est le seul à situer clairement sa candidature dans le cadre de la lutte contre la politique de Sarkozy, désolé Bruno, mais le "municipalisme" et la "Défense de la République Une et Universelle", ça ne fait pas tout à fait le compte !
Immédiatement, il a diminué le prix de l'eau de 24 %. Il n'a pas attendu la fin du contrat de 30 ans qui le liait à un délégataire privé. Il l'a rompu ! Bien sûr, il doit faire face maintenant à des recours juridiques de son ancien prestataire. »