«On constate depuis dix à quinze ans qu'une exposition de longue durée à des taux faibles a quand même des conséquences»

...indique Branislav Petrusevski, le directeur du projet «filtre à eau antiarsenic» de l'Unesco. Consommer durant une dizaine d'années une eau contenant des taux d'arsenic de l'ordre de quelques dizaines de microgramme par litre entraîne rien moins que des cancers de la peau et des gangrènes. «Ses effets s'accumulent à long terme mais il n'existe aucun traitement à ces maladies.» Un sixième de la population mondiale n'a pas accès à une eau saine et plusieurs centaines de millions de personnes boivent une eau trop riche en arsenic, dont au moins 30 millions pour le seul Bangladesh.
Energie.
Comme bien souvent, l'élaboration d'un filtre n'est pas tant un problème technique qu'un enjeu financier. «Il existe plusieurs types de filtres à arsenic utilisés à grande échelle soit pour des opérations de potabilisation de nappe, ou de décontamination lors de pollution industrielle, explique Marie Zaiter-Alhouayek, doctorante au Laboratoire de mécanique des sols, structures et matériaux de l'Ecole centrale de Paris. Dans les deux cas, les procédés sont maîtrisés par de grands groupes industriels spécialisés en traitement des eaux.» Si le filtre à arsenic mis au point par les chercheurs de l'Institut pour l'éducation relative à l'eau de l'Unesco (IHE) n'est pas le premier, il est en revanche celui qui offre le meilleur rapport qualité-prix. De plus, il ne nécessite aucune source d'énergie. «La pollution en arsenic est surtout d'origine naturelle au Bangladesh : cet arsenic provient des sédiments de l'Himalaya et s'est accumulé dans les limons sous le delta du Bengale depuis deux millions d'années, poursuit Marie Zaiter-Alhouayek. Le sol de chaque côté de la frontière de l'Inde et du Bangladesh en est fortement pourvu. En creusant des puits de plus en plus profonds, la population n'a fait que ramener cet arsenic à la surface.» La concentration peut y atteindre 1,8 milligramme par litre d'eau.
Le filtre de l'IHE utilise du sable enrobé d'oxyde de fer :
l'oxyde capte l'arsenic contenu dans l'eau que l'on fait couler au travers de ce sable. Cette technique n'est pas nouvelle mais la production de ce sable ex nihilo revient assez cher. Le génie de la solution de l'IHE est de récupérer ce sable dans les usines de traitement des eaux, nombreuses en Europe. Au bout de quelques années, le sable utilisé dans ces usines se retrouve enrobé de ce fameux oxyde. «Avant on le jetait, rappelle Branislav Petrusevski, or son efficacité est comparable au sable artificiel.» Il ne reste plus qu'à remplir un simple tube de PVC, d'un diamètre de 30 cm pour 1 mètre de long, avec ce sable pour obtenir un filtre qui fournira cent litres d'eau par jour. Ce filtre de type «familial» est donc suffisant pour fournir une eau de boisson et de cuisine pour vingt personnes. Une douzaine de ces filtres sont testés à Khulna, dans le sud du Bangladesh, depuis février 2004. L'ONG Christian service society (CSS) réalise les tubes sur place en association avec l'IHE : ils annoncent un coût de revient de 35 euros par filtre. Une fois saturé en arsenic, au bout d'environ deux ans, le sable pourrait être utilisé pour faire des tuiles ! Selon l'IHE, ce sable serait incapable de relarguer l'arsenic.
Valeurs-limites.
Si le problème de l'arsenic est majeur dans certains pays pauvres, il n'épargne pas les pays plus riches : ainsi, la Grèce et la Hongrie font partie des plus touchés en Europe, avec des taux quinze à vingt fois supérieur aux valeurs-limites de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). C'est pourquoi l'IHE y teste des versions centralisées de son système, capables de traiter 50 000 m3 d'eau par jour. Le sable saturé serait cette fois-ci destiné à la construction de routes.
Energie.
Comme bien souvent, l'élaboration d'un filtre n'est pas tant un problème technique qu'un enjeu financier. «Il existe plusieurs types de filtres à arsenic utilisés à grande échelle soit pour des opérations de potabilisation de nappe, ou de décontamination lors de pollution industrielle, explique Marie Zaiter-Alhouayek, doctorante au Laboratoire de mécanique des sols, structures et matériaux de l'Ecole centrale de Paris. Dans les deux cas, les procédés sont maîtrisés par de grands groupes industriels spécialisés en traitement des eaux.» Si le filtre à arsenic mis au point par les chercheurs de l'Institut pour l'éducation relative à l'eau de l'Unesco (IHE) n'est pas le premier, il est en revanche celui qui offre le meilleur rapport qualité-prix. De plus, il ne nécessite aucune source d'énergie. «La pollution en arsenic est surtout d'origine naturelle au Bangladesh : cet arsenic provient des sédiments de l'Himalaya et s'est accumulé dans les limons sous le delta du Bengale depuis deux millions d'années, poursuit Marie Zaiter-Alhouayek. Le sol de chaque côté de la frontière de l'Inde et du Bangladesh en est fortement pourvu. En creusant des puits de plus en plus profonds, la population n'a fait que ramener cet arsenic à la surface.» La concentration peut y atteindre 1,8 milligramme par litre d'eau.
Le filtre de l'IHE utilise du sable enrobé d'oxyde de fer :
l'oxyde capte l'arsenic contenu dans l'eau que l'on fait couler au travers de ce sable. Cette technique n'est pas nouvelle mais la production de ce sable ex nihilo revient assez cher. Le génie de la solution de l'IHE est de récupérer ce sable dans les usines de traitement des eaux, nombreuses en Europe. Au bout de quelques années, le sable utilisé dans ces usines se retrouve enrobé de ce fameux oxyde. «Avant on le jetait, rappelle Branislav Petrusevski, or son efficacité est comparable au sable artificiel.» Il ne reste plus qu'à remplir un simple tube de PVC, d'un diamètre de 30 cm pour 1 mètre de long, avec ce sable pour obtenir un filtre qui fournira cent litres d'eau par jour. Ce filtre de type «familial» est donc suffisant pour fournir une eau de boisson et de cuisine pour vingt personnes. Une douzaine de ces filtres sont testés à Khulna, dans le sud du Bangladesh, depuis février 2004. L'ONG Christian service society (CSS) réalise les tubes sur place en association avec l'IHE : ils annoncent un coût de revient de 35 euros par filtre. Une fois saturé en arsenic, au bout d'environ deux ans, le sable pourrait être utilisé pour faire des tuiles ! Selon l'IHE, ce sable serait incapable de relarguer l'arsenic.
Valeurs-limites.
Si le problème de l'arsenic est majeur dans certains pays pauvres, il n'épargne pas les pays plus riches : ainsi, la Grèce et la Hongrie font partie des plus touchés en Europe, avec des taux quinze à vingt fois supérieur aux valeurs-limites de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). C'est pourquoi l'IHE y teste des versions centralisées de son système, capables de traiter 50 000 m3 d'eau par jour. Le sable saturé serait cette fois-ci destiné à la construction de routes.