
Avez-vous été surpris par l’étude de l’UFC-Que choisir ?
Jacques Perreux. Non. Mais cette étude a le mérite de révéler au grand public ce que tous les observateurs dénoncent depuis des années. Je ne sais pas si les chiffres de l’UFC sont parfaitement exacts, mais une chose est sûre : les profits des deux grandes multinationales qui se partagent le secteur (Veolia-Général des eaux et Suez-Lyonnaise des eaux) sont très importants. Cette situation ne peut plus durer. L’eau est un service public. Or l’opacité pratiquée par les délégataires privés fait que, progressivement, les représentants du peuple perdent toute maîtrise de la gestion. C’est grave d’un point de vue économique et social (aujourd’hui, de plus en plus de familles ont du mal à payer leur facture d’eau) mais aussi d’un point de vue écologique et éthique. L’eau est un bien fragile, fondamental pour le développement de l’humanité. On ne peut pas en laisser la gestion à quelques actionnaires qui pensent bénéfices et sûrement pas développement durable.
Que préconisez-vous ?
Jacques Perreux. Il faut revenir à une gestion publique, transparente et démocratique. Mais dans un premier temps, aux vues des chiffres annoncées par l’UFC, et de toutes les alertes déjà émises par les commissions régionales des comptes, il faut que la représentation nationale diligente une commission d’enquête. Elle doit porter à la fois sur les montants pratiqués et sur les moyens à mettre en oeuvre pour que les élus locaux ne soient pas, à ce point, dépossédés de la gestion de l’eau. Ensuite, on pourrait imaginer de compléter la facture de l’usager. Dessus figurent tous les acteurs de l’eau qui perçoivent une part du montant (producteur, distributeur, etc.) sauf un : l’actionnaire ! Si l’on veut une totale transparence sur les bénéfices de l’eau, il doit apparaître aussi... Enfin, à moyen terme, se pose la question cruciale de ne pas renouveler les contrats de délégation au privé, dont beaucoup arrivent à terme dans les années à venir. À l’image de ce que va faire le PCF en mars prochain, à Paris, il faut organiser des débats citoyens sur cette question, en apportant tous les éléments contradictoires.
Justement, la gestion publique a-t-elle fait la preuve de sa pertinence ?
Jacques Perreux. Tout à fait. Le rapport Tavernier a déjà établi que, dans le cadre d’une régie publique de la distribution, l’eau est moins chère de 23 % pour les communes et de 44 % pour les communautés d’agglomération. D’ailleurs, les villes qui sont repassées du privé au public, comme Grenoble, Cherbourg ou Châtellerault, ont toutes observé des prix en baisse, jusqu’à parfois 30 %. Rappelons, enfin, que la France est un cas quasi unique : à part l’Angleterre, tous les grands pays capitalistes, comme le Japon, le Canada ou les États-Unis, mais aussi la majorité des pays européens, ont une gestion publique de l’eau.
Pour l'humanité : Entretien réalisé par Laurent Mouloud
Jacques Perreux. Non. Mais cette étude a le mérite de révéler au grand public ce que tous les observateurs dénoncent depuis des années. Je ne sais pas si les chiffres de l’UFC sont parfaitement exacts, mais une chose est sûre : les profits des deux grandes multinationales qui se partagent le secteur (Veolia-Général des eaux et Suez-Lyonnaise des eaux) sont très importants. Cette situation ne peut plus durer. L’eau est un service public. Or l’opacité pratiquée par les délégataires privés fait que, progressivement, les représentants du peuple perdent toute maîtrise de la gestion. C’est grave d’un point de vue économique et social (aujourd’hui, de plus en plus de familles ont du mal à payer leur facture d’eau) mais aussi d’un point de vue écologique et éthique. L’eau est un bien fragile, fondamental pour le développement de l’humanité. On ne peut pas en laisser la gestion à quelques actionnaires qui pensent bénéfices et sûrement pas développement durable.
Que préconisez-vous ?
Jacques Perreux. Il faut revenir à une gestion publique, transparente et démocratique. Mais dans un premier temps, aux vues des chiffres annoncées par l’UFC, et de toutes les alertes déjà émises par les commissions régionales des comptes, il faut que la représentation nationale diligente une commission d’enquête. Elle doit porter à la fois sur les montants pratiqués et sur les moyens à mettre en oeuvre pour que les élus locaux ne soient pas, à ce point, dépossédés de la gestion de l’eau. Ensuite, on pourrait imaginer de compléter la facture de l’usager. Dessus figurent tous les acteurs de l’eau qui perçoivent une part du montant (producteur, distributeur, etc.) sauf un : l’actionnaire ! Si l’on veut une totale transparence sur les bénéfices de l’eau, il doit apparaître aussi... Enfin, à moyen terme, se pose la question cruciale de ne pas renouveler les contrats de délégation au privé, dont beaucoup arrivent à terme dans les années à venir. À l’image de ce que va faire le PCF en mars prochain, à Paris, il faut organiser des débats citoyens sur cette question, en apportant tous les éléments contradictoires.
Justement, la gestion publique a-t-elle fait la preuve de sa pertinence ?
Jacques Perreux. Tout à fait. Le rapport Tavernier a déjà établi que, dans le cadre d’une régie publique de la distribution, l’eau est moins chère de 23 % pour les communes et de 44 % pour les communautés d’agglomération. D’ailleurs, les villes qui sont repassées du privé au public, comme Grenoble, Cherbourg ou Châtellerault, ont toutes observé des prix en baisse, jusqu’à parfois 30 %. Rappelons, enfin, que la France est un cas quasi unique : à part l’Angleterre, tous les grands pays capitalistes, comme le Japon, le Canada ou les États-Unis, mais aussi la majorité des pays européens, ont une gestion publique de l’eau.
Pour l'humanité : Entretien réalisé par Laurent Mouloud