La privatisation de l’eau et de l’électricité dans les pays africains fait surtout l’affaire des compagnies multinationales installées en Europe, mais elle rend plus difficiles les conditions de vie des populations qui continuent de souffrir des

Plusieurs participants ont soutenu cette idée à une conférence organisée par la municipalité de Rome et Inter Press service (IPS), la semaine dernière, et focalisée largement sur les efforts de l’Europe pour aider l’Afrique à réaliser les OMD, de même que le rôle individuel que peuvent jouer les villes des nations riches et la communication.
Alfredo Luigi Mantica , le sous-secrétaire au ministère des Affaires étrangères d’Italie, a déclaré son opposition a toute politique de privatisation des secteurs de l’eau et de l’électricité en Afrique, estimant que les systèmes de privatisation initiés en Europe ne devraient pas être exportés en Afrique où ils ne réussissent pas généralement.
"La privatisation de l’eau et de l’électricité dans les pays africains fait surtout l’affaire des compagnies multinationales installées en Europe, mais elle rend plus difficiles les conditions de vie des populations qui continuent de souffrir des pénuries d’eau et des délestages", a expliqué Mantica. Les secteurs de l’eau et de l’électricité connaissent de plus en plus une gestion privée dans de nombreux pays africains. A cet égard, les intervenants a la réunion de Rome ont beaucoup déploré les conséquences des politiques de privatisation de ces deux secteurs dans la vie quotidienne des populations africaines dont la grande majorité vit sous le seuil de pauvreté avec moins d’un dollar par jour.
"Les privatisations des sociétés d’eau et d’électricité opérées dans le continent ont davantage bénéficié aux multinationales implantées en Europe", a déclaré également Vincent Foly, un journaliste du Bénin. Il impute néanmoins la responsabilité des faillites de ces deux secteurs - stratégiques pour le développement humain - aux dirigeants africains qui, selon lui, se plient aux diktats de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
"Les deux institutions financières internationales leur imposent de se débarrasser des secteurs de l’eau et de l’électricité qui sont pourtant des instruments de souveraineté nationale. Mais malgré cela, la situation dans l’approvisionnement en eau et en électricité ne s’améliore pas, si elle ne n’empire", se plaint Foly.
Le Sénégal a connu depuis avril 1996, une privatisation du volet hydraulique, avec la création de deux sociétés distinctes chargées principalement de la production et de la distribution du liquide précieux. Ces deux nouvelles entités ont été confiées respectivement à la Sénégalaise des eaux (SDE) et à la Société nationale des eaux (SONES).
Malgré tout, les populations sénégalaises continuent toujours de vivre des pénuries prolongées d’eau. La vieillesse des outils de production est souvent avancée par les responsables de la SONES pour expliquer les longues coupures qui privent les populations d’eau potable.
" L’eau continue de nous manquer, mais les factures tombent tous les bimestres et coûtent de plus en plus chères", déplorent les consommateurs sénégalais.
Concernant l’énergie électrique, l’expérience avortée de la privatisation de la Société nationale d’électricité du Sénégal, cédée dans un premier temps à la société canadienne Hydro-Quebec, avant d’être rachetée par l’Etat, n’a pas non plus réduit les délestages intempestifs dans ce pays d’Afrique de l’ouest.
Le Cameroun et Madagascar connaissent actuellement les mêmes difficultés bien que leurs sociétés nationales d’énergie électrique aient été vendues respectivement à une compagnie américaine et à une firme allemande.
En moyenne, 1,5 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, dont 400 millions en Afrique, selon l’ONG ’Eau vive" basée à Bamako, au Mali.
L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est considéré comme un droit fondamental de l’être humain, selon le Comité des Nations Unies pour les droits économiques et sociaux. Cette reconnaissance fait suite à la déclaration du millénaire, adoptée par les Nations Unies, en 2000, qui fixe pour objectif de réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Njeri Mewanghi Kinyoho , la représentante de la Coalition mondiale de lutte contre la pauvreté en Afrique (GCPA-AFRIQUE), a exprimé également son opposition a toute privatisation de l’eau et de l’électricité en Afrique.. " Nous ne voulons pas que les multinationales européennes viennent nous exploiter en Afrique. Les populations africaines doivent être associées à toute décision de privatisation", exige Kinyoho.
La représentante de GCPA-AFRIQUE a dénoncé, par ailleurs, le non-respect, par les pays développés, de leur engagement à consacrer 0,7 pour cent de leur produit national brut (PNB) au développement de l’Afrique. Selon elle, la lutte contre la pauvreté pourrait progresser grâce au respect de cet engagement, mais également par le biais de l’accroissement des différentes aides au développement consenties au continent africain.
A ce propos, elle a cité le cas du Nigeria qui consacre près de 30 à 40 pour cent de son revenu national au remboursement de sa dette évaluée à plus de 49 milliards de dollars , expliquant ainsi les difficultés des pays africains à atteindre les OMD dans les dix prochaines années.
Huit OMD ont été convenus par des dirigeants de la planète au cours du Sommet du millénaire de l’ONU à New York en 2000. En plus de la diminution de la mortalité infantile et maternelle, les objectifs visent, entre autres, à réduire l’extrême pauvreté dans le monde, l’inégalité dans l’éducation primaire, dans le genre, et dans les échanges commerciaux, d’ici à 2015.
Outre le problème de la privatisation de l’eau et de l’électricité, la vente des armes en Afrique a été dénoncée par le responsable du bureau italien au parlement européen, Giovanni Salimbeni, comme un autre handicap à la réalisation des OMD.
" Le commerce des armes en Afrique sape les efforts de développement", soutient Salimbeni, soulignant également le paradoxe pour les pays riches de vendre des armes de guerre à ce continent pauvre. Selon lui, ces armes sont les sources d’interminables conflits meurtriers alors que les pays fournisseurs déclarent, au même moment, qu’ils cherchent à contribuer au développement de l’Afrique.
L’accent particulier accordé à l’Afrique dans la réalisation des OMD se justifie largement par l’échec des efforts de développement de nombreux pays africains, selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), intitulé ’L’Afrique et les Objectifs du millénaire pour le développement’, publié en 2004.
Depuis 1990, le nombre de personnes démunies a augmenté dans plus du tiers des pays où les études du rapport ont été menées, selon le PNUD. Le rapport souligne que la fragilité du secteur agricole, la faible diversification des secteurs productifs, le taux élevé et persistant du chômage, le déficit des services sociaux élémentaires, le bas niveau des revenus et la faible compétitivité commerciale ont souvent sapé profondément les efforts de réduction de la pauvreté en Afrique.
Environ 150 personnes ont participé à la rencontre de Rome, y compris des représentants gouvernementaux, des délégués de l’ONU et de la société civile, ainsi que journalistes.
Une revue des progrès, qui ont été accomplis depuis le sommet de 2000 dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, sera organisée à New York, en septembre prochain.
Par Abdou Faye, 2 juin 2005
Alfredo Luigi Mantica , le sous-secrétaire au ministère des Affaires étrangères d’Italie, a déclaré son opposition a toute politique de privatisation des secteurs de l’eau et de l’électricité en Afrique, estimant que les systèmes de privatisation initiés en Europe ne devraient pas être exportés en Afrique où ils ne réussissent pas généralement.
"La privatisation de l’eau et de l’électricité dans les pays africains fait surtout l’affaire des compagnies multinationales installées en Europe, mais elle rend plus difficiles les conditions de vie des populations qui continuent de souffrir des pénuries d’eau et des délestages", a expliqué Mantica. Les secteurs de l’eau et de l’électricité connaissent de plus en plus une gestion privée dans de nombreux pays africains. A cet égard, les intervenants a la réunion de Rome ont beaucoup déploré les conséquences des politiques de privatisation de ces deux secteurs dans la vie quotidienne des populations africaines dont la grande majorité vit sous le seuil de pauvreté avec moins d’un dollar par jour.
"Les privatisations des sociétés d’eau et d’électricité opérées dans le continent ont davantage bénéficié aux multinationales implantées en Europe", a déclaré également Vincent Foly, un journaliste du Bénin. Il impute néanmoins la responsabilité des faillites de ces deux secteurs - stratégiques pour le développement humain - aux dirigeants africains qui, selon lui, se plient aux diktats de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
"Les deux institutions financières internationales leur imposent de se débarrasser des secteurs de l’eau et de l’électricité qui sont pourtant des instruments de souveraineté nationale. Mais malgré cela, la situation dans l’approvisionnement en eau et en électricité ne s’améliore pas, si elle ne n’empire", se plaint Foly.
Le Sénégal a connu depuis avril 1996, une privatisation du volet hydraulique, avec la création de deux sociétés distinctes chargées principalement de la production et de la distribution du liquide précieux. Ces deux nouvelles entités ont été confiées respectivement à la Sénégalaise des eaux (SDE) et à la Société nationale des eaux (SONES).
Malgré tout, les populations sénégalaises continuent toujours de vivre des pénuries prolongées d’eau. La vieillesse des outils de production est souvent avancée par les responsables de la SONES pour expliquer les longues coupures qui privent les populations d’eau potable.
" L’eau continue de nous manquer, mais les factures tombent tous les bimestres et coûtent de plus en plus chères", déplorent les consommateurs sénégalais.
Concernant l’énergie électrique, l’expérience avortée de la privatisation de la Société nationale d’électricité du Sénégal, cédée dans un premier temps à la société canadienne Hydro-Quebec, avant d’être rachetée par l’Etat, n’a pas non plus réduit les délestages intempestifs dans ce pays d’Afrique de l’ouest.
Le Cameroun et Madagascar connaissent actuellement les mêmes difficultés bien que leurs sociétés nationales d’énergie électrique aient été vendues respectivement à une compagnie américaine et à une firme allemande.
En moyenne, 1,5 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, dont 400 millions en Afrique, selon l’ONG ’Eau vive" basée à Bamako, au Mali.
L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est considéré comme un droit fondamental de l’être humain, selon le Comité des Nations Unies pour les droits économiques et sociaux. Cette reconnaissance fait suite à la déclaration du millénaire, adoptée par les Nations Unies, en 2000, qui fixe pour objectif de réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Njeri Mewanghi Kinyoho , la représentante de la Coalition mondiale de lutte contre la pauvreté en Afrique (GCPA-AFRIQUE), a exprimé également son opposition a toute privatisation de l’eau et de l’électricité en Afrique.. " Nous ne voulons pas que les multinationales européennes viennent nous exploiter en Afrique. Les populations africaines doivent être associées à toute décision de privatisation", exige Kinyoho.
La représentante de GCPA-AFRIQUE a dénoncé, par ailleurs, le non-respect, par les pays développés, de leur engagement à consacrer 0,7 pour cent de leur produit national brut (PNB) au développement de l’Afrique. Selon elle, la lutte contre la pauvreté pourrait progresser grâce au respect de cet engagement, mais également par le biais de l’accroissement des différentes aides au développement consenties au continent africain.
A ce propos, elle a cité le cas du Nigeria qui consacre près de 30 à 40 pour cent de son revenu national au remboursement de sa dette évaluée à plus de 49 milliards de dollars , expliquant ainsi les difficultés des pays africains à atteindre les OMD dans les dix prochaines années.
Huit OMD ont été convenus par des dirigeants de la planète au cours du Sommet du millénaire de l’ONU à New York en 2000. En plus de la diminution de la mortalité infantile et maternelle, les objectifs visent, entre autres, à réduire l’extrême pauvreté dans le monde, l’inégalité dans l’éducation primaire, dans le genre, et dans les échanges commerciaux, d’ici à 2015.
Outre le problème de la privatisation de l’eau et de l’électricité, la vente des armes en Afrique a été dénoncée par le responsable du bureau italien au parlement européen, Giovanni Salimbeni, comme un autre handicap à la réalisation des OMD.
" Le commerce des armes en Afrique sape les efforts de développement", soutient Salimbeni, soulignant également le paradoxe pour les pays riches de vendre des armes de guerre à ce continent pauvre. Selon lui, ces armes sont les sources d’interminables conflits meurtriers alors que les pays fournisseurs déclarent, au même moment, qu’ils cherchent à contribuer au développement de l’Afrique.
L’accent particulier accordé à l’Afrique dans la réalisation des OMD se justifie largement par l’échec des efforts de développement de nombreux pays africains, selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), intitulé ’L’Afrique et les Objectifs du millénaire pour le développement’, publié en 2004.
Depuis 1990, le nombre de personnes démunies a augmenté dans plus du tiers des pays où les études du rapport ont été menées, selon le PNUD. Le rapport souligne que la fragilité du secteur agricole, la faible diversification des secteurs productifs, le taux élevé et persistant du chômage, le déficit des services sociaux élémentaires, le bas niveau des revenus et la faible compétitivité commerciale ont souvent sapé profondément les efforts de réduction de la pauvreté en Afrique.
Environ 150 personnes ont participé à la rencontre de Rome, y compris des représentants gouvernementaux, des délégués de l’ONU et de la société civile, ainsi que journalistes.
Une revue des progrès, qui ont été accomplis depuis le sommet de 2000 dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, sera organisée à New York, en septembre prochain.
Par Abdou Faye, 2 juin 2005