Cet après midi, Veolia nous a reçus en grande pompe pour nous présenter les travaux d’Esther Duflo : « évaluation des impacts de l’accès à l’eau potable sur le développement humain ».
Après une introduction des actions de Veolia par Monsieur Antoine Frérot qui a resitué l’action de l’Entreprise dans le cadre des Objectifs du Millénaires pour le Développement (OMD) et de la grande difficulté d’un milliard d’humains dans leur quête de l’accès à l’eau potable entrainant la mort de 34000 personnes chaque jour, nous avons écouté avec attention les résultats fort intéressants de l’étude de Madame Esther Duflo.
Seulement, il y a un hic. L’étude en question ne porte en aucune manière sur le 1 milliard de personnes en danger mais bien sur les 2 milliards suivant qui ont accès à l’eau potable mais pas dans des conditions de distribution individuelle.
Il est donc essentiel de savoir de qui on parle. Veolia nous dit : il faut aider les plus pauvres. Mais elle ne le fait pas, en tout cas pas dans l’action liée à cette étude !
Vous allez me dire : Quelle différence entre les deux populations ?
Une énorme : les deux milliards de population en question sont une base très intéressante de clients potentiels.
Veolia est donc bien dans une démarche de business « bottom of pyramide » avec l’espoir de voir le cercle des consommateurs « pauvres » s’agrandir. Il n’y a donc pas réellement de volonté humaniste même si il faut saluer cette amélioration du service d’accès à l’eau mais sans tomber dans le panneau : nous aidons les plus pauvres.
C’est faux, ils sont certes pauvres vis-à-vis de nous mais loin d’être les plus pauvres. Pour preuve les résultats de l’enquête montrent que l’amélioration du service n’a eu aucun impact sur la santé des enfants.
Je ne peux m’empêcher d’éclairer aussi un autre résultat de cette enquête par une réaction de la salle. L’étude nous apprend en effet qu’avec le temps gagné, les habitants concernés ont plus de loisirs et plus de temps pour regarder la télévision et visiter leurs amis.
Monsieur Gérard Payen, conseiller de Monsieur Ban Ki Moon de s’interroger : « c’est surprenant que cela n’entraine pas plus d'activités économiques ? »
J’ai cru un instant qu’il allait nous sortir la formule du « travailler plus pour gagner plus » !
Esther Duflo de lui répondre qu’elle trouve plutôt encourageant de voir qu’une population peut avoir à l’esprit un simple bonheur supplémentaire et pas forcément des ressources financières supplémentaires.
J’adore ! Enfin une vision sociétale pour demain !
J’invite les acteurs privés de l’eau à toujours faire très attention à la sémantique afin de ne pas nous faire croire qu’ils aident les plus pauvres alors qu’ils prospectent habilement de nouveaux clients.
Une proposition pour eux : imaginez que lorsque Veolia ou Suez se lancent dans un marché à l’international au sud du monde, leur action entraine parallèlement la mise en œuvre d’un fond d’aide aux plus pauvres par le biais de l’aide au développement mis en œuvre par la société civile à l’image des obligations actuelles des sociétés pétrolières dans les contreparties à verser aux contrats.
Cela permettrait alors à la fois d’apporter un service de qualité dans les banlieues urbaines tout en trouvant enfin les moyens d’aider réellement les plus pauvres d’entre nous.
Si demain, Veolia et Suez arrêtent de nous vanter uniquement leurs mérites mais acceptent de promouvoir l’action vers les plus pauvres en parallèle de la volonté de la France de vendre ses entreprises à l’international, alors nous aurions probablement un début de solution à proposer pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement !
Emmanuel POILANE, Directeur de la Fondation France Liberté
www.france-libertes.fr
Après une introduction des actions de Veolia par Monsieur Antoine Frérot qui a resitué l’action de l’Entreprise dans le cadre des Objectifs du Millénaires pour le Développement (OMD) et de la grande difficulté d’un milliard d’humains dans leur quête de l’accès à l’eau potable entrainant la mort de 34000 personnes chaque jour, nous avons écouté avec attention les résultats fort intéressants de l’étude de Madame Esther Duflo.
Seulement, il y a un hic. L’étude en question ne porte en aucune manière sur le 1 milliard de personnes en danger mais bien sur les 2 milliards suivant qui ont accès à l’eau potable mais pas dans des conditions de distribution individuelle.
Il est donc essentiel de savoir de qui on parle. Veolia nous dit : il faut aider les plus pauvres. Mais elle ne le fait pas, en tout cas pas dans l’action liée à cette étude !
Vous allez me dire : Quelle différence entre les deux populations ?
Une énorme : les deux milliards de population en question sont une base très intéressante de clients potentiels.
Veolia est donc bien dans une démarche de business « bottom of pyramide » avec l’espoir de voir le cercle des consommateurs « pauvres » s’agrandir. Il n’y a donc pas réellement de volonté humaniste même si il faut saluer cette amélioration du service d’accès à l’eau mais sans tomber dans le panneau : nous aidons les plus pauvres.
C’est faux, ils sont certes pauvres vis-à-vis de nous mais loin d’être les plus pauvres. Pour preuve les résultats de l’enquête montrent que l’amélioration du service n’a eu aucun impact sur la santé des enfants.
Je ne peux m’empêcher d’éclairer aussi un autre résultat de cette enquête par une réaction de la salle. L’étude nous apprend en effet qu’avec le temps gagné, les habitants concernés ont plus de loisirs et plus de temps pour regarder la télévision et visiter leurs amis.
Monsieur Gérard Payen, conseiller de Monsieur Ban Ki Moon de s’interroger : « c’est surprenant que cela n’entraine pas plus d'activités économiques ? »
J’ai cru un instant qu’il allait nous sortir la formule du « travailler plus pour gagner plus » !
Esther Duflo de lui répondre qu’elle trouve plutôt encourageant de voir qu’une population peut avoir à l’esprit un simple bonheur supplémentaire et pas forcément des ressources financières supplémentaires.
J’adore ! Enfin une vision sociétale pour demain !
J’invite les acteurs privés de l’eau à toujours faire très attention à la sémantique afin de ne pas nous faire croire qu’ils aident les plus pauvres alors qu’ils prospectent habilement de nouveaux clients.
Une proposition pour eux : imaginez que lorsque Veolia ou Suez se lancent dans un marché à l’international au sud du monde, leur action entraine parallèlement la mise en œuvre d’un fond d’aide aux plus pauvres par le biais de l’aide au développement mis en œuvre par la société civile à l’image des obligations actuelles des sociétés pétrolières dans les contreparties à verser aux contrats.
Cela permettrait alors à la fois d’apporter un service de qualité dans les banlieues urbaines tout en trouvant enfin les moyens d’aider réellement les plus pauvres d’entre nous.
Si demain, Veolia et Suez arrêtent de nous vanter uniquement leurs mérites mais acceptent de promouvoir l’action vers les plus pauvres en parallèle de la volonté de la France de vendre ses entreprises à l’international, alors nous aurions probablement un début de solution à proposer pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement !
Emmanuel POILANE, Directeur de la Fondation France Liberté
www.france-libertes.fr