La commune de Pleumeur Bodou ne renouvelle son contrat avec la CGE
Toute la Gaule est occupée par Vivendi (et ses consœurs).
Toute ? Non !
Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur.
Pleumeur – Bodou, dans le Côtes d’Armor.
La mairie vient de décider de ne pas renouveler le contrat d’affermage de 12 ans « eau et assainissement » avec la CGE (Compagnie Générale des Eaux, filiale de Véolia Environnement - Vivendi).
Fort dépitée, la CGE, n’a pas joué fair play, en refusant de passer le relais en douceur
(Prolonger le contrat de 3 ou 6 mois), violant ainsi le principe de continuité du service public.
L’opposition de droite municipale, ici alliée objective de la CGE, s’est déchaînée contre la décision du maire.
Historique :
Le contrat de la commune de Pleumeur-Bodou avec Veolia arrivant à expiration, son conseil municipal souhaitait retirer ce marché à l'entreprise privée.
En juin 2004, la ville de Lannion (20 000 habitants), voisine, s’était portée candidate. Sa régie municipale des eaux a le droit d’être fermière de Pleumeur ; saine concurrence avec les multinationales de l’eau.
Les deux communes ont un maire socialiste : proximité politique utile pensions-nous.
Les élus Verts de Lannion ont soutenu ce projet : si le service public est efficace, autant le montrer concrètement. Pour une fois que l’on n’est pas sur la défensive ! La maîtrise de l’eau par une collectivité est éminemment politique.
Lannion, outre un prix de l’eau très bas, possède une Commission Consultative des Services Publics, gage d’une relation permanente avec les associations et les citoyens.
Pour autant, les élus Verts n’ont pas voulu mettre en péril les finances du service public municipal : les comptes Pleumeur - Lannion auraient été séparés, le réseau de Pleumeur est en bon état, la régie de Lannion vend déjà toute l’eau potable consommée à Pleumeur ET il est plus facile de négocier entre communes qu’avec une multinationale.
Après débat, et pour des raisons inexplicables, une majorité d’élus de la gauche plurielle de Lannion n’a pas voulu poursuivre la candidature d’affermage de Pleumeur. On peut s’étonner que ces mêmes élus votent des motions pour la défense d’EDF ou pour le maintien de la poste en milieu rural …mais quand il faut faire ce que l’on dit ? ? ?
Restait à Pleumeur plusieurs solutions : mise en régie et aide technique de Lannion par convention, imiter la Communauté de Communes de Lanvollon, régie rejointe par d’autres communes, implication de la Communauté d’Agglomération Lannion -Trégor (qui n’a pas la compétence eau).
Un groupe de citoyens s’est constitué à Pleumeur pour la reconquête du service public et a rencontré plusieurs fois le maire. Une rencontre publique, en présence du maire, a réuni 60 citoyens motivés par le service public, par la qualité de l’eau et par le prix. Bel exemple de démocratie participative.
Vivendi et ses pratiques :
Un détail curieux. Dans ses comptes d’exploitation remis à la commune, la CGE prétend perdre de l’argent chaque année depuis 1995 sur l’eau. Or, dans la négociation pour renouvellement du contrat de 12 ans, elle était prête à baisser les tarifs de 16 %. D’où vient cette contradiction ?
Soit ,elle a fait un geste commercial, dans la crainte de perdre d’autres communes du secteur de Perros – Guirrec où elle est bien implantée, mais va répercuter ce coût sur d’autres collectivités .
Soit les comptes financiers rendus à la commune ne sont pas clairs.
Hypothèse confirmée par un rapport de la Cour des Comptes Nationale sur les comptes des sociétés privées de l’eau. Elle relève de nombreuses anomalies (charges de structures gonflées, prolongation de contrat abusif, utilisation de filiales sans mise en concurrence, redevance d’usage, garanties de renouvellement, produits financiers non déclarés etc.…) et conclut qu’il faut relever les bénéfices déclarés de 50 à 100 % pour avoir la vérité.
D’après Bercy, le P.P.P. (Partenariat Public - Privé) est paré de toutes les vertus : plus efficace, plus productif, plus expert, pression de la concurrence ... il faudrait le prouver ! Le privé est en moyenne 20 % plus cher que le public et a tendance à proposer les solutions technologiques les plus sophistiquées (membranes, U.V. …) au détriment de la prévention.
A Quimper, la CGE a renouvelé son contrat en baissant ses tarifs, au dernier moment et juste en - dessous du prix de l’étude pour une régie.
A Rennes, le PS – PC a rempilé avec la CGE, malgré la campagne des Verts et de l’UDB.
La Communauté de Communes de Lanvollon a été politique et pragmatique à la fois : elle a repris la compétence eau et a traité des marchés de services en découpant le service des eaux en différents tronçons. Elle a des marchés plus courts (et non une délégation de service public), apprend son métier progressivement et a gagné 15 % sur le prix.
Le rôle des élus politiques est de faire de la politique, concrètement. Se réapproprier la gestion de l’eau, plutôt que déléguer un service public aux multinationales, semble évident. Ainsi, ils sont responsables du prix de la qualité, du service rendu, de l’environnement devant leurs électeurs.
Pour faire face aux multinationales, il faut aussi acquérir une expertise technique et juridique : ce pourrait être le rôle de la Communauté d’Agglomération ou du Conseil Régional.
L’eau est un bien commun et doit être un service public…au service du public.
Michel Blin, élu vert de Lannion, le 15 / 1 / 2005
Toute ? Non !
Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur.
Pleumeur – Bodou, dans le Côtes d’Armor.
La mairie vient de décider de ne pas renouveler le contrat d’affermage de 12 ans « eau et assainissement » avec la CGE (Compagnie Générale des Eaux, filiale de Véolia Environnement - Vivendi).
Fort dépitée, la CGE, n’a pas joué fair play, en refusant de passer le relais en douceur
(Prolonger le contrat de 3 ou 6 mois), violant ainsi le principe de continuité du service public.
L’opposition de droite municipale, ici alliée objective de la CGE, s’est déchaînée contre la décision du maire.
Historique :
Le contrat de la commune de Pleumeur-Bodou avec Veolia arrivant à expiration, son conseil municipal souhaitait retirer ce marché à l'entreprise privée.
En juin 2004, la ville de Lannion (20 000 habitants), voisine, s’était portée candidate. Sa régie municipale des eaux a le droit d’être fermière de Pleumeur ; saine concurrence avec les multinationales de l’eau.
Les deux communes ont un maire socialiste : proximité politique utile pensions-nous.
Les élus Verts de Lannion ont soutenu ce projet : si le service public est efficace, autant le montrer concrètement. Pour une fois que l’on n’est pas sur la défensive ! La maîtrise de l’eau par une collectivité est éminemment politique.
Lannion, outre un prix de l’eau très bas, possède une Commission Consultative des Services Publics, gage d’une relation permanente avec les associations et les citoyens.
Pour autant, les élus Verts n’ont pas voulu mettre en péril les finances du service public municipal : les comptes Pleumeur - Lannion auraient été séparés, le réseau de Pleumeur est en bon état, la régie de Lannion vend déjà toute l’eau potable consommée à Pleumeur ET il est plus facile de négocier entre communes qu’avec une multinationale.
Après débat, et pour des raisons inexplicables, une majorité d’élus de la gauche plurielle de Lannion n’a pas voulu poursuivre la candidature d’affermage de Pleumeur. On peut s’étonner que ces mêmes élus votent des motions pour la défense d’EDF ou pour le maintien de la poste en milieu rural …mais quand il faut faire ce que l’on dit ? ? ?
Restait à Pleumeur plusieurs solutions : mise en régie et aide technique de Lannion par convention, imiter la Communauté de Communes de Lanvollon, régie rejointe par d’autres communes, implication de la Communauté d’Agglomération Lannion -Trégor (qui n’a pas la compétence eau).
Un groupe de citoyens s’est constitué à Pleumeur pour la reconquête du service public et a rencontré plusieurs fois le maire. Une rencontre publique, en présence du maire, a réuni 60 citoyens motivés par le service public, par la qualité de l’eau et par le prix. Bel exemple de démocratie participative.
Vivendi et ses pratiques :
Un détail curieux. Dans ses comptes d’exploitation remis à la commune, la CGE prétend perdre de l’argent chaque année depuis 1995 sur l’eau. Or, dans la négociation pour renouvellement du contrat de 12 ans, elle était prête à baisser les tarifs de 16 %. D’où vient cette contradiction ?
Soit ,elle a fait un geste commercial, dans la crainte de perdre d’autres communes du secteur de Perros – Guirrec où elle est bien implantée, mais va répercuter ce coût sur d’autres collectivités .
Soit les comptes financiers rendus à la commune ne sont pas clairs.
Hypothèse confirmée par un rapport de la Cour des Comptes Nationale sur les comptes des sociétés privées de l’eau. Elle relève de nombreuses anomalies (charges de structures gonflées, prolongation de contrat abusif, utilisation de filiales sans mise en concurrence, redevance d’usage, garanties de renouvellement, produits financiers non déclarés etc.…) et conclut qu’il faut relever les bénéfices déclarés de 50 à 100 % pour avoir la vérité.
D’après Bercy, le P.P.P. (Partenariat Public - Privé) est paré de toutes les vertus : plus efficace, plus productif, plus expert, pression de la concurrence ... il faudrait le prouver ! Le privé est en moyenne 20 % plus cher que le public et a tendance à proposer les solutions technologiques les plus sophistiquées (membranes, U.V. …) au détriment de la prévention.
A Quimper, la CGE a renouvelé son contrat en baissant ses tarifs, au dernier moment et juste en - dessous du prix de l’étude pour une régie.
A Rennes, le PS – PC a rempilé avec la CGE, malgré la campagne des Verts et de l’UDB.
La Communauté de Communes de Lanvollon a été politique et pragmatique à la fois : elle a repris la compétence eau et a traité des marchés de services en découpant le service des eaux en différents tronçons. Elle a des marchés plus courts (et non une délégation de service public), apprend son métier progressivement et a gagné 15 % sur le prix.
Le rôle des élus politiques est de faire de la politique, concrètement. Se réapproprier la gestion de l’eau, plutôt que déléguer un service public aux multinationales, semble évident. Ainsi, ils sont responsables du prix de la qualité, du service rendu, de l’environnement devant leurs électeurs.
Pour faire face aux multinationales, il faut aussi acquérir une expertise technique et juridique : ce pourrait être le rôle de la Communauté d’Agglomération ou du Conseil Régional.
L’eau est un bien commun et doit être un service public…au service du public.
Michel Blin, élu vert de Lannion, le 15 / 1 / 2005