
Jusqu’alors, seule la production de l’eau était sous régime municipal, gérée par la petite société Eau de Paris, dirigée par Anne LeStrat, adjointe au maire et exmilitante Verte. Mais le très gros morceau, la
distribution de l’eau et ses 1800 km de canalisations, ainsi que la facturation aux clients, était détenu par deux filiales de Veolia et de La Lyonnaise-Suez, dont le contrat arrive à échéance fin 2009.
L’écho de ce choix politique, alors que s’effrite l’idée encore largement partagée en France que
les services de l’eau ne sauraient être correctement gérés que par le privé, sera guetté dans les 142municipalités du Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif): elles doivent se prononcer le 11décembre sur la reconduction de la délégation de la distribution de l’eau à la plus grosse filiale française de Veolia(2). À Paris, le vote du Nouveau Centre sera dûment interprété : son président, André Santini, tient aussi le Sedif, et milite ouvertement pour la délégation au privé.
Anne LeStrat, qui présidera la nouvelle régie parisienne, est déjà aux prises avec ses premiers soucis. Il lui faudra réussir l’intégration, dans la nouvelle structure, de fonctionnaires (issus d’Eau de Paris et d’autres services de la ville) et de salariés du régime privé (venus des filiales de Veolia et de Suez, mais aussi d’Eau de Paris pour certains), qui devront avoir accepté une convention collective
unique d’ici à2012.
Au nom de «l’efficacité», mais aussi par contrainte juridique, ce n’est pas un pur service municipal qui sera créé, mais une régie «à autonomie financière et personnalité morale» : dirigée par des fonctionnaires de la ville(3), elle aura une liberté de manoeuvre importante, notamment pour embaucher sous statut privé. Un choix critiqué par quelques syndicalistes du public. Mais la vraie bronca, Anne LeStrat l’a essuyée il y a un mois devant l’Observatoire parisien de l’eau, instance de concertation qui regroupe des usagers, des élus, des syndicats et des partenaires de la ville. Àla diatribe antirégie d’un élu UMP ont répondu les applaudissements d’une vingtaine de syndicalistes du privé – de Veolia et Suez, surtout–, qui se déclarent inquiets pour leur avenir au sein de la régie. Ils pourraient mener une action coup-de-poing lors de la réunion du conseil de Paris. Du côté des partisans de la municipalisation de l’eau, on soupçonne une tentative de déstabilisation venue des deux mastodontes de l’eau, qui ne seraient pas mécontents de prendre une revanche sur Paris.
PATRICK PIRO
(1) Voir Politis n° 975.
(2) Voir Politis n° 1023.
(3) Le conseil d’administration comportera aussi des représentants
d’association.
distribution de l’eau et ses 1800 km de canalisations, ainsi que la facturation aux clients, était détenu par deux filiales de Veolia et de La Lyonnaise-Suez, dont le contrat arrive à échéance fin 2009.
L’écho de ce choix politique, alors que s’effrite l’idée encore largement partagée en France que
les services de l’eau ne sauraient être correctement gérés que par le privé, sera guetté dans les 142municipalités du Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif): elles doivent se prononcer le 11décembre sur la reconduction de la délégation de la distribution de l’eau à la plus grosse filiale française de Veolia(2). À Paris, le vote du Nouveau Centre sera dûment interprété : son président, André Santini, tient aussi le Sedif, et milite ouvertement pour la délégation au privé.
Anne LeStrat, qui présidera la nouvelle régie parisienne, est déjà aux prises avec ses premiers soucis. Il lui faudra réussir l’intégration, dans la nouvelle structure, de fonctionnaires (issus d’Eau de Paris et d’autres services de la ville) et de salariés du régime privé (venus des filiales de Veolia et de Suez, mais aussi d’Eau de Paris pour certains), qui devront avoir accepté une convention collective
unique d’ici à2012.
Au nom de «l’efficacité», mais aussi par contrainte juridique, ce n’est pas un pur service municipal qui sera créé, mais une régie «à autonomie financière et personnalité morale» : dirigée par des fonctionnaires de la ville(3), elle aura une liberté de manoeuvre importante, notamment pour embaucher sous statut privé. Un choix critiqué par quelques syndicalistes du public. Mais la vraie bronca, Anne LeStrat l’a essuyée il y a un mois devant l’Observatoire parisien de l’eau, instance de concertation qui regroupe des usagers, des élus, des syndicats et des partenaires de la ville. Àla diatribe antirégie d’un élu UMP ont répondu les applaudissements d’une vingtaine de syndicalistes du privé – de Veolia et Suez, surtout–, qui se déclarent inquiets pour leur avenir au sein de la régie. Ils pourraient mener une action coup-de-poing lors de la réunion du conseil de Paris. Du côté des partisans de la municipalisation de l’eau, on soupçonne une tentative de déstabilisation venue des deux mastodontes de l’eau, qui ne seraient pas mécontents de prendre une revanche sur Paris.
PATRICK PIRO
(1) Voir Politis n° 975.
(2) Voir Politis n° 1023.
(3) Le conseil d’administration comportera aussi des représentants
d’association.