
Paru le Lundi 03 Décembre 2007
PHILIPPE BACH
Tout d'abord, alors que ce texte ne vise qu'à ancrer dans la Constitution un monopole de fait – depuis des lustres les SIG assument cette tâche qui leur revenait si naturellement que personne n'avait songé sérieusement à verrouiller sur le plan légal cette mission –, les partis de droite ont mené une guerre de tranchées contre ce texte pour tenter de l'invalider.
C'est donc bien que cette initiative heurte leurs velléités dérégulatrices visant à confier au privé tout ce qui peut rapporter aux actionnaires. Et tant pis si cela se fait au détriment du contrôle démocratique, de l'environnement et des intérêts des consommateurs lambda qui font les frais d'une libéralisation qui rime avec privatisation, ententes cartellaires et hausse des tarifs pour les particuliers. Il convient toutefois de rester lucide. La libéralisation a été voulue et votée par les Chambres fédérales ce printemps. Avec le soutien malheureux de la gauche socialiste et des Verts. Confier un monopole aux SIG ne permettra que d'agir dans un cadre dérégulé, donc sur les marges. Ce qui ne signifie pas que le canton sera démuni.
Il pourra agir pour impulser une politique fondée sur la durabilité plutôt que d'encourager une guerre des prix à coup d'électrons nucléaires bradés. Et il convient de garder à l'esprit que cette dichotomie entre une législation fédérale – voire européenne – et un petit canton soi-disant impuissant est fausse. Le même argument avait servi pour justifier l'inaction des autorités genevoises contre Superphénix, le surgénérateur de Creys-Malville. A coups de mobilisations populaires, de pressions politiques et même de combats juridiques, il avait pu être mis fin à cet immobilisme complice. En clair: le problème est politique et ce sont bien les affrontements sur le terrain – certes inégal – qui peuvent inverser le cours de l'histoire. En cela, le soutien aux deux initiatives doit être vu comme le début d'un combat de longue haleine plutôt que comme un aboutissement.
En votant «oui», le canton rappellerait sa vocation antinucléaire tout en donnant, pour l'eau, le message qu'il s'agit d'un bien commun patrimonial qu'il convient de ne pas soumettre à la main invisible des marchés. Un rappel utile alors que le canton s'apprête à entrer dans le processus de la nouvelle constituante où bien des choses risquent d'être remises à plat, y compris les acquis que l'on croyait le plus solidement ancrés comme la vocation antinucléaire du canton du bout du lac.
PHILIPPE BACH
Tout d'abord, alors que ce texte ne vise qu'à ancrer dans la Constitution un monopole de fait – depuis des lustres les SIG assument cette tâche qui leur revenait si naturellement que personne n'avait songé sérieusement à verrouiller sur le plan légal cette mission –, les partis de droite ont mené une guerre de tranchées contre ce texte pour tenter de l'invalider.
C'est donc bien que cette initiative heurte leurs velléités dérégulatrices visant à confier au privé tout ce qui peut rapporter aux actionnaires. Et tant pis si cela se fait au détriment du contrôle démocratique, de l'environnement et des intérêts des consommateurs lambda qui font les frais d'une libéralisation qui rime avec privatisation, ententes cartellaires et hausse des tarifs pour les particuliers. Il convient toutefois de rester lucide. La libéralisation a été voulue et votée par les Chambres fédérales ce printemps. Avec le soutien malheureux de la gauche socialiste et des Verts. Confier un monopole aux SIG ne permettra que d'agir dans un cadre dérégulé, donc sur les marges. Ce qui ne signifie pas que le canton sera démuni.
Il pourra agir pour impulser une politique fondée sur la durabilité plutôt que d'encourager une guerre des prix à coup d'électrons nucléaires bradés. Et il convient de garder à l'esprit que cette dichotomie entre une législation fédérale – voire européenne – et un petit canton soi-disant impuissant est fausse. Le même argument avait servi pour justifier l'inaction des autorités genevoises contre Superphénix, le surgénérateur de Creys-Malville. A coups de mobilisations populaires, de pressions politiques et même de combats juridiques, il avait pu être mis fin à cet immobilisme complice. En clair: le problème est politique et ce sont bien les affrontements sur le terrain – certes inégal – qui peuvent inverser le cours de l'histoire. En cela, le soutien aux deux initiatives doit être vu comme le début d'un combat de longue haleine plutôt que comme un aboutissement.
En votant «oui», le canton rappellerait sa vocation antinucléaire tout en donnant, pour l'eau, le message qu'il s'agit d'un bien commun patrimonial qu'il convient de ne pas soumettre à la main invisible des marchés. Un rappel utile alors que le canton s'apprête à entrer dans le processus de la nouvelle constituante où bien des choses risquent d'être remises à plat, y compris les acquis que l'on croyait le plus solidement ancrés comme la vocation antinucléaire du canton du bout du lac.